Diotallevi se trouvait sur le seuil de sa pièce, et il faisait montre d'indulgence. L'indulgence de Diotallevi était toujours offensante, mais Belbo paraissait l'accepter, et précisément avec indulgence.
[...] dans le noir
je percevais une succession de bruissements, craquements, grincements . C'était la manière dont les musées, les bibliothèques, les antiques palais parlent dans leurs barbe, la nuit, ce ne sont que de vieilles armoires qui cherchent leur équilibre, des corniches qui réagissent à l'humidité vespéral, des plâtres qui s'écaillent, avares, un millimètre par siècle, des murailles qui baillent.
La superstition porte malchance.
On naît toujours sous un signe erroné, et être dignement au monde veut dire corriger jour après jour son horoscope.
Je suis Dieu, la même solitude, la même gloriole, la même désespérance pour n'être pas l'une de mes créatures comme tout le monde. Tout le monde qui vit dans ma lumière et moi qui vis dans le scintillement de ma ténèbre.
Je crois que l'on devient ce que notre père nous a enseigné dans les temps morts, quand il ne se souciait pas de nous éduquer. On se forme sur des déchets de sagesse.
Il y a quatre types idéals : le crétin, l'imbécile, le stupide et le fou. Le normal, c'est le mélange équilibré des quatre.
Proust a raison : la vie est mieux représentée par la mauvaise musique qu’elle ne l’est par une Missa Solemnis. L’art se moque de nous et nous rassure, il nous fait voir le monde comme les artistes voudraient qu’il fût. Le feuilleton fait semblant de plaisanter, mais au fond il nous fait voir le monde tel qu’il est, ou au moins tel qu’il sera.
[…] une fille à treize ans et demi est une femme ; un garçon, un morveux.
"Au lieu de faire dévier les prolétaires, mieux vaut prolétariser les déviants, et c'est plus facile, […]"