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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jonas quitte Reykjavík  et se réfugie dans un village des fjords de l'Est de l'Islande. Là, il note dans un carnet de moleskine toutes les musiques qu'il entend dans les bruits du quotidien : ronronnement du réfrigérateur, bruits de moteurs etc.  Mais il ne cesse de minorer cette création et ne se revendique jamais comme compositeur.
On comprend petit à petit que sa vie de rédacteur publicitaire lui pèse , que son couple se délite et qu'un drame les a frappés : "Pourquoi nul ne s'enquiert de Joakim ? ". Comme autant de petit cailloux semés au fil du texte, les indices de cette souffrance jamais clairement énoncée apparaissent. Car c'est bien là le problème: Jonas ne peut parler à parler de choses importantes.
Il s'enfonce de plus en plus dans la solitude et les pertes successives jalonnent son parcours. Son identité elle-même peu à peu s'efface et cet itinéraire,tout en retenue, n'en devient que plus poignant. Un roman où quelques pointes d'humour (souvent noir) émergent d'une tonalité mélancolique et prenante. Un grand coup de coeur qui file sur l'étagère des indispensables.








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Troisième volet d'un triptyque sur la solitude et la création, j'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'auteur dans cette histoire consacrée cette fois-ci à la musique.

Le narrateur, Jónas l'entend partout la musique, dans tous les bruits du quotidien, qu'il écoute attentivement, du crépitement d'un feu au sifflement de la bouilloire. Il s'empresse de les transcrire dans son petit carnet en moleskine. Il a quitté Reykjavík où il n'arrivait plus à composer pour la maison d'un ami dans un fjord de l'est de l'Islande.

Nous saurons peu de choses sur Jónas. Il a un travail alimentaire dans la publicité, qu'il néglige de plus en plus. Il est question d'une femme Anna, avec qui il est au bord de la rupture. Un enfant est évoqué également, on devine un drame, sans aller plus loin.

Jónas ne cherche pas la compagnie, la solitude lui convient bien. Il va à l'épicerie du village, se promène, passe beaucoup de temps à ne rien faire, les yeux au plafond, attentif surtout aux bruits qu'il perçoit. Son quotidien est perturbé par la perte de son précieux carnet. C'est la certitude que toutes ses notes ne seront jamais jouées.

Tout cela doit donner un roman assez banal me direz-vous. Et bien pas du tout, au contraire. Il y a l'écriture, la narration, un charme qui court tout au long du livre, une certaine originalité aussi dans la manière d'appréhender l'existence. le ton est parfois d'une discrète ironie. Jónas est attachant, dans son impossibilité à parler de ce qui compte vraiment. Il sait qu'il devrait, surtout avec Anna, mais il n'y arrive pas.

Je termine par plusieurs extraits, qui montrent mieux que je ne saurais le faire, l'univers de l'auteur.
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
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« Requiem » de Gyrdir Eliasson est une noria d'oiseaux en plein vol. Un lâcher de crayons de couleur. Requiem, l'olympien musical.
« Je suis venu dans la maison pour composer de la musique ».
Jònas quitte Reykjavík, la distance insistante, prévisible, l'est de l'Islande, soupape de sécurité. Un village berceau, musical, l'antre de l'oncle de sa femme d'Anna. Matrice, repli, approuver la sérénité d'un lieu offrande, le calme d'une solitude cruciale. Fuir le monde d'avant, la finitude relationnelle avec Anna, chute libre, le silence n'est pas la panacée. Jònas est son, collecteur des syllabes musicales. Publicitaire côté ville, il nomme les paraboles, cherche l'image qui fusionnera, loin du bureau où ses sens s'égarent dans les méandres et les angoisses intestines. Maintenant, il est ici. En assise dans son initiation, les épreuves telles des vents contraires, cueillir les sons de la vie.
« Je ferme donc le carnet, acceptant de terminer la création musicale du jour sur des notes sombres, dans l'attente que le soleil resurgisse de ces nuages musiciens. »
Jònas déambule dans le village, apprivoise les hôtes, regards et petites attentions, repeindre la barrière de sa maison-grotte, chef-d'orchestre , ses pensées alignées, dignes, dans l'orée du temps présent. Les petits gestes du quotidien, pain pour la faim, l'eau pour la soif, poésies subliminales. D'un bruit surgit l'onde de choc, l'ode des souvenirs, les échappées d'un existentialisme aux abois.
« Chaque fois que je le joue sur le web, ce qui arrive rarement en fait, je vois la vieille femme tourbillonner dans sa robe fleurie sur le plancher de la cuisine, tel un papillon amiral aux ailes brisées. »
L'ère des petits riens à l'instar d'Amélie Poulain , de Philippe Delerm, le microcosme qui pourvoit au moindre bruissement. Des musiques qui encensent l'exaltation avec soi-même. Jònas est dans cette croisée des chemins, sensible à autrui. Lui, celui qui n'est pas du village mais va à l'enterrement du Moustachu, un devoir de respect, la gamme fédératrice et fraternelle.
« C'est drôle que la mort de quelqu'un puisse faire en sorte que l'on se se sente pas bien, alors que de son vivant on ne lui avait guère prêté attention. »
Jònas aime les carnets moleskine, doués à l'annonce de la parole de la nature, des objets, et des rappels pavloviens. Ils sont l'orchestre de son émancipation. Jònas au beau prénom qu'on aime de toutes nos forces. Ses fragilités, ses errances et les mélodies altières qui ne sont que son propre coeur qui bat et « s'éveille à l'idée d'un petit air pour violon et boîte de café. »
Ce livre bleu nuit requiem et chapelle est un parchemin salvateur.
Après Au bord de la Sandá (2018) et La fenêtre au sud (2020) Requiem complète sa trilogie sur la solitude et la création artistique. »
Ce livre qui peut se lire indépendamment est une merveille d'apaisement et de complétude. La solitude, un feu de cheminée dont chaque crépitement est requiem. Traduit à la perfection de l'islandais par Catherine Eyjólfsson. Publié par les majeures éditions La Peuplade qui prouvent une nouvelle fois une haute qualité éditoriale.
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"𝑱𝒆 𝒑𝒓𝒆́𝒇𝒆̀𝒓𝒆𝒓𝒂𝒊 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒕𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒔𝒐𝒏𝒔 𝒂𝒖𝒙 𝒎𝒐𝒕𝒔, 𝒔𝒊 𝒍'𝒂𝒍𝒕𝒆𝒓𝒏𝒂𝒕𝒊𝒗𝒆 𝒔𝒆 𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒏𝒕𝒆."

Jonas s'exile à la campagne, dans la maison d'été de l'oncle de sa femme, Andres. Il éprouve le besoin de s'isoler pour retrouver l'inspiration. Son travail de rédacteur publicitaire ne l'épanouit pas particulièrement et il en parle d'ailleurs très peu, y compris avec sa femme, avec qui il n'a plus beaucoup de relations. Là, dans cette maison loin de la ville, il goûte à la solitude, il écoute et note sur son Moleskine les sons qui l'inspirent : le bruit du café qui coule dans la cafetière, le bruit de la pluie, le bruit d'une scie, d'un moteur, le chant des oiseaux...

"𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒂𝒗𝒐𝒏𝒔 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒅𝒆𝒖𝒙 𝒋𝒆𝒕𝒆́𝒔 𝒂𝒖 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 𝒊𝒏𝒔𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒏𝒐𝒔 𝒔𝒂𝒄𝒔 𝒂̀ 𝒐𝒓𝒅𝒖𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒏𝒐𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒃𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒆𝒔𝒑𝒆𝒄𝒕𝒊𝒗𝒆𝒔, 𝒆𝒕 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒍𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒄𝒍𝒆𝒔 𝒔𝒆 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒓𝒂𝒃𝒂𝒕𝒕𝒖𝒔 𝒆𝒏 𝒎𝒆𝒔𝒖𝒓𝒆, 𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒆́𝒄𝒍𝒂𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆𝒔 𝒄𝒖𝒊𝒗𝒓𝒆𝒔 𝒅'𝒖𝒏 𝒐𝒓𝒄𝒉𝒆𝒔𝒕𝒓𝒆 𝒔𝒚𝒎𝒑𝒉𝒐𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒎'𝒆𝒔𝒕 𝒗𝒆𝒏𝒖 𝒂̀ 𝒍'𝒆𝒔𝒑𝒓𝒊𝒕 𝒆𝒕 𝒋𝒆 𝒎𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒅𝒆́𝒑𝒆̂𝒄𝒉𝒆́ 𝒅𝒆 𝒓𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒎𝒂𝒊𝒔𝒐𝒏 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒆𝒏 𝒅𝒊𝒓𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒂̀ 𝒎𝒐𝒏 𝒗𝒐𝒊𝒔𝒊𝒏."

Il essaie de composer malgré le peu d'estime qu'il a pour son travail.
Il se promène, effectue de menus travaux, écoute et regarde le monde qui l'entoure.

J'ai beaucoup aimé l'humour un peu cynique de ce personnage très attachant, distant du monde, qui vit et se pose des question sur les moindres petites choses : A qui appartient le chant d'un oiseau? Pourquoi les personnes qu'il rencontre réagissent de telle ou telle manière? Pourquoi ressent-il certaines émotions ?
Dans cette lecture, tout est doux, teinté de mélancolie et de musicalité. Les sons du monde mais également la musique intérieure qui fait que l'on est qui on est. On prend le temps, on écoute, on suspend le temps pour apprécier.

"... 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒆𝒏𝒅 𝒍𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝒔𝒖𝒑𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒃𝒍𝒆, 𝒄'𝒆𝒔𝒕 𝒅𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊𝒆𝒓"


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Jonas n'est ni un compositeur, ni un musicien. Il entend, dans les petites choses de la vie, des notes qu'il s'attache à retranscrire dans un carnet.
Aucune chance que quiconque ne joue ces notes un jour. Elles sont là pour Jonas, c'est tout.

Le temps d'un été Jonas part seul s'isoler dans un chalet dans les fjords de l'est, loin de Reykjavik, loin d'Anna sa compagne depuis 20 ans.
Jonas ne tisse aucune relation avec son nouvel entourage, à peine un signe de tête, un autre de la main, quelques mots à la supérette.

Dans ce dernier et troisième volume d'une trilogie sur les thèmes de la création artistique et de la solitude, il se passe encore moins de choses que dans les deux premiers, mais j'ai retrouvé avec grand plaisir la douce, poétique et mélancolique écriture de Gyrdir Eliasson.
Traduction Catherine Eyjolfsson
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le troisième roman de la trilogie de Eliasson, “Requiem”, est peut-être le plus optimiste, bien que faisant la part belle à la déréliction de la carrière du héros qui est un publiciste complètement désabusé. Il s'est réfugié dans la maison de l'oncle de sa femme, dans les territoires isolés de l'Est de l'Islande, au pied des montagnes. Cette fois c'est de musique qu'il s'agit. Notre héros est un hypersensible qui entend en permanence de la musique en toute chose. Et Jonas (car on connaît son prénom dans ce dernier opus) est obsédé par le désir de composer ce que les éléments du quotidien lui dictent sous forme de notes. Il écrit en permanence des fragments musicaux dans son précieux carnet. Là encore le héros s'éloigne lentement mais sûrement de toute vie sociale, obsédé par le désir de composer sans toutefois se reconnaître comme compositeur. La nature l'inspire, que ce soit dans le jardin qui entoure la maison ou le parc où il se promène parfois, et l'été renforce les sollicitations sonores qu'il s'efforce de retranscrire. Pourtant cette fois encore, un découragement s'insinue progressivement.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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