Mort d'une duchesse

Pendant la Renaissance, dans la cité de Rocca, une cité italienne, coincée entre d'autres grandes cités, deux familles les di Torre et Bandini, se livrent une guerre sans merci, déstabilisant la situation économique et fragilisant l'équilibre politique précaire.
le duc Ludovico de Rocca a décidé, dans l'intérêt de tout le monde, que Léondro, le fils de Ugo Bandini,épouserait Cosima, la fille de Jacopo di Torre.
Aussi peu enthousiastes l'un que l'autre à cette idée, les deux familles rivalisent d'arguments pour éviter cette union.
Tandis que Jacopo di Torre organise l'enlèvement de sa fille, Léandro fait la cours à dame Violante, la fille du duc.
Mais Cosima est réellement enlevée et Léandro est retrouvée inconscient près du corps la duchesse, la femme du duc, morte poignardée dans ses appartements.
Tout en statuant sur la mise à mort prochaine de Léandro, le duc charge néanmoins le mystérieux Sigismondo de mener l'enquête. Ancien soldat, feru de latin, intelligent et charismatique celui ci se met en route.
Entrainant sur son chemin Benno, un serviteur de di Torre, renvoyé injustemenent et recueillant Biendello, un petit chien blanc auquel il manque une oreille, Sigismondo suit toutes les pistes qui se présentent.
Il va ainsi retrouver un vieil ami, Barley, un écossais, ancien soldat lui aussi et son redoutable accolyte, le très charmant mais très dangereux Angelo, un acrobate au visage d'ange capable de tuer sans sourciller, ainsi que la veuve d'un ancien camarade, Frederico Costa.
Tous ensemble, ils vont parvenir à démeler les fils de l'intrigue et à sauver l'avenir de la cité .

L'intrigue policière est interessante même si on sait assez vite qui est l'auteur de l'assassinat de la duchesse. L'époque est bien restituée sans peser sur le déroulement de l'histoire. Et un petit plus en ce qui me concerne j'ai appris grace à ce livre l'existance des esclaves circassiens au coeur même des cités De La Renaissance italienne pourtant dépeinte traditionnellement comme une période évoluée.

L'Italie du Quattrocento sert de cadre aux aventures du mystérieux Sigismondo, alias Hubert. Nous trouvons dans ce livre tous les ingrédients du romanesque : une belle enlevée, une duchesse mystérieusement assassinée, des querelles de familles séculaires à la Montaigu-Capulet, des nonnes machiavéliques et de solides gaillards.
Tout cela est assez convenu, mais le détail est précis, souvent humoristique, et les personnages sont gentiment troussés. Nous ne saurons rien de Sigismondo, sinon qu'il connaît assez de latin pour tromper son monde en habit ecclésiastique, qu'il manie l'épée comme un guerrier et qu'il ne dédaigne pas, à l'occasion, les veuves girondes. Il fredonne comme un bourdon tout en déjouant les supercheries de ses ennemis et les caprices des puissants. Sa générosité lui a attaché le pauvre Benno qui a vite découvert son talent, celui de ressembler à un idiot dont personne ne se méfie. Enfin, la troupe ne serait pas complète sans Biondello, le petit chien blanc doté d'une seule oreille qu'a recueilli Benno.
L'intrigue manque parfois de tension, le décor fait un peu opérette, mais il s'agit avant tout d'une petite fantaisie. Rien à voir avec la sombre histoire d' « Au nom de la rose » et son érudition éblouissante.

J'ai découvert un peu par hasard ce roman qui est loin d'être une nouveauté. Derrière son autrice se cache en fait un duo d'amies d'enfance; Jill Staynes et Margaret Storey. Même si ce n'est pas un coup de coeur, on est ici dans un bon cru de la fameuse collection Grands détectives. L'ambiance historique, cette renaissance italienne pleine de dîners grandioses, de querelles de nobles mais aussi de truands et de saltimbanques, fait un magnifique décor pour une enquête. On est vraiment dans une ambiance “cosy crime” parfaite pour un début d'automne pluvieux: si le fin mot de l'histoire n'est pas totalement une surprise, on se laisse emmener par ce mystérieux homme de l'ombre et son valet crasseux avec un vrai plaisir.

Comme Kate SEDLEY avec ses enquêtes de Roger le Colporteur au XVe siècle, Elisabeth EYRE, avec ses enquêtes de Sigismondo nous emporte, elle, dans la vie foisonnante de la Renaissance italienne.
Et c'est intéressant au même titre : l'enquête et l'époque que l'on découvre.

J'ai beaucoup aimé ce roman policier qui se passe à une époque rarement développée pour ce type de roman.
Il y a de l'action et l'enquête est bien enlevée.