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EAN : 9782072710001
512 pages
Gallimard (06/04/2023)
4.05/5   81 notes
Résumé :
Rome. XVe siècle, au cœur de la Renaissance italienne. Alessandro Farnese, jeune aristocrate provincial promis à une carrière ecclésiastique, met son ambition au service d’une seule religion : sa famille.
Projeté dans les jeux de pouvoir entre Florence et Rome, soutenu par Laurent de Médicis, il compte sur l’influence de sa sœur, la sensuelle Giulia, maîtresse du pape Rodrigo Borgia, pour devenir cardinal. Usant de l’audace, de l’opportunisme et de l’élan amo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu l'ambition, les trafiquant d'éternité avec un intérêt croissant et qui n'a jamais faibli au cours des 500 pages.
C'est un tableau vivant, une fresque brillante qui s'ouvre au temps de la Renaissance Italienne marquée par le faste de la Cour de Laurent de Médicis et le règne licencieux du Pape Rodrigo Borgia.

Dans une Italie non unifiée qui se fait la guerre selon les cartes battues par l'Eglise, nous suivons le parcours haut en couleur de l'aristocrate désargenté Alessandro Farnese jusqu'aux arcanes du pouvoir suprême.

Ce roman historique et hautement romanesque est de l'art pur écrit par la main de maître de l'autrice Amélie de Bourbon Parme.
Il m'a captivée et j'en garde un souvenir éblouissant. Il est érudit sans excès et ostentation, d'une plume élégante et avec un rythme soutenu qui donne envie de connaître la suite. Gare aux nuits blanches !
L'amitié, l'amour, la famille sont aussi au coeur de ce roman palpitant qui me fait dire… vivement la parution du prochain tome.
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Proust écrivit : “L'ambition enivre plus que la gloire.” ou encore “On dédaigne volontiers un but qu'on n'a pas réussi à atteindre, ou qu'on a atteint définitivement. "
Voilà qui pourrait venir compléter les diverses citations qui ouvrent chacun des des 4 parties de ce magnifique roman historique. Citations que je ne résiste pas à reprendre dans ma critique tant elles sont indissociables des pages qu'elles introduisent.

Bandeau de couverture Portrait du cardinal Alessandro Farnese, peint par Raphaël aux alentours de 1510 et exposé au Musée de Capodimonte de Naples ;
Même musée, mais autre peintre Titien qui en 1543 peint le "Portrait de Paul III", le même avant de peindre 3 ans plus tard le "Portrait de Paul III avec ses petits-fils".
Revenons au tableau de Titien ou pose seul le pape Paul III où le vieux pontife pose revêtu de son camail rouge, sans son camauro sur la tête, la barbe blanche non taillée, le regard incroyablement pénétrant, et semblant porter tous les péchés du monde. Ce portrait fascinant laisse penser que cet homme-là était un sacré personnage.
Et c'est bien, la vie de ce personnage que nous livre Amelie de Bourbon Parme au fil des pages de ce premier volet de son triptyque, le bien-nommé l'Ambition...
Car les premières pages s'ouvrent sur un monologue, en forme de confession, de Paul III, que nous suivrons de 1486 à 1503 sous le nom d'Alessandro Farnese alors que sa destinée oscille entre le Rouge et le Noir...

Les événements relatés dans ce livre se déroulent de la deuxième moitié du XVe siècle jusqu'au milieu du XVIe siècle. Après le schisme d'Avignon, et l'exil d'une papauté hors de Rome, le pape Martin V revient en 1420 dans la capitale de la chrétienté. Il y entreprend la reconquête de sa ville et de ses États livrés à la convoitise des seigneurs locaux.

Le reste de l'Italie n'est qu'un vaste terrain de jeu où se mesure l'ambition des princes. Cinq États se livrent une guerre incessante pour agrandir leurs territoires, étendre leur influence, conforter leur légitimité au sein de leur propre clan : le royaume de Naples, le duché de Milan, la République de Venise, la République de Florence et les États de l'Église. Les frontières sont encore mouvantes : tout est possible à celui qui a du talent et du courage.

Les États de l'Église sont l'un des territoires les plus fragiles politiquement car la stabilité du pouvoir y est encore plus menacée qu'ailleurs. Pratiquement à chaque décennie, l'élection d'un nouveau pape bouleverse les équilibres, redistribue les rôles au sein du gouvernement de l'Église, renverse les clans.

Pendant cette période qui précède la Réforme protestante, les évêques de Rome n'ont de cesse de restaurer et consolider leur pouvoir sur leurs États ainsi que leur prestige universel, en s'appuyant sur leurs familles et leurs alliés, souvent aux dépens de leur autorité spirituelle. La vie religieuse n'imposant pas le célibat avant de recevoir les ordres sacrés, la plupart des pontifes ont eu des enfants lorsqu'ils n'étaient que diacres ou débutants au sein des institutions de l'Église. Parfois à la tête d'une famille, ils se comportent comme des souverains et cherchent à donner à leur descendance ou à leurs parents proches un statut digne de leur fonction. À l'image des monarques, la frontière entre leur vie privée et leur vie publique est inexistante.
Alors certes, au début du XVIe siècle, la papauté se trouve en face d'un monde nouveau : dans le contexte de la Renaissance, elle assiste impuissante à la fin d'un monde et abandonne ses prétentions et ses concepts universalistes. Mais elle ne délaisse pas pour autant ce qui a pu la gangrèner : simonie, népotisme, achat d'indulgence, jubilés, pèlerinages, impôts,....

Tout commence au Château Saint-Ange  / « Il n'est point de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. »  Sénèque. Où Alessandro se retrouve prisonnier, mais pour combien de temps et déjà se mettront en place les rouages d'un microcosmes, d'une société au sein de la société, qu'il ne tardera pas à découvrir mais aussi à intégrer dans son "parcours" de vie.

L'intrigue se poursuit à Florence / « Tel un statutaire qui reçoit la charge et l'honneur de sculpter ta propre personne, tu te donnes, toi-même, la forme que tu auras préférée. » (Jean Pic de la Mirandole). Car il ira se réfugier dans la ville de Laurent le Magnifique, et côtoiera Michel-Ange, Pic de la Mirandole, Machiavel.
Ce protecteur des Arts, vouant créer "une Olympe peuplée d'érudits, d'hommes de lettres et autres philosophes. Il avait retenu ses paroles : « À Rome, nous sommes environnés de ruines ; à Florence, l'Antiquité est vivante : des hommes mettent en pratique ses concepts philosophiques et leur donnent de nouveaux développements. » Même son maître Pomponio Leto, pourtant ardent défenseur de la suprématie romaine, avait concédé son admiration pour Marsile Ficin, qui avait fondé grâce au grand-père de Laurent cette Académie platonicienne devenue célèbre dans toute l'Italie."

Puis le règne de Rodrigo Borgia nous est décrit par le prisme de Giulia Farnese « Je juge qu'il peut être vrai que la fortune soit l'arbitre de la moitié de nos actions, mais aussi qu'elle nous en laisse, à nous, gouverner l'autre moitié, ou à peu près. » Machiavel. Cette Giulia, soeur d'Alessandro sera la maîtresse d'Alexandre VI Borgia... Dans cette partie point de "débordements" comme on peut en lire tant dès qu'il s'agit des Borgia. "Elle se tenait si parfaitement en équilibre entre les reproches et la reconnaissance, la méfiance et la crédulité, la fraîcheur et la sensualité, comme un roseau souple et fort en même temps, qu'il était émerveillé de son savoir-faire instinctif. Un talent inné dont il brûlait de la récompenser tout le temps."

Et enfin Alessandro clôture ce premier volet en laissant la place à Silvia Ruffini / « Un cardinal en cour de Rome se doit d'agir avec froideur et lucidité. »  Paolo Cortesi
Alessandro écrit d'elle : " Ces quelques heures passées avec Silvia me donnèrent pour la première fois l'illusion que j'étais éternel.
Ma foi s'en trouva ravivée. Mon désir d'être à la hauteur de la dignité qu'on m'avait confiée en fut renforcé.
Ces heures me confirmaient ce que j'avais entrevu dans la prison du château Saint-Ange. Mais surtout elles me faisaient comprendre que les circonstances de notre rencontre n'étaient pour rien dans mon amour pour elle. Ce sentiment était d'une autre nature que ma reconnaissance, et bien davantage encore que ce frisson de désir ressenti entre les pierres. Il abolissait aussi la prudence dont je m'étais juré de faire preuve.
Je pressentais que Silvia me donnerait l'occasion de démontrer que je n'étais pas seulement un ambitieux au service des intérêts d'une famille, d'une lignée dont je voulais servir le nom.
Mais un homme qui ne voulait renoncer à aucun de ses désirs en dépit des règles auxquelles il devait se soumettre.
J'étais pris de vertige en pensant à la singularité de notre future trajectoire, en sentant que nous ne marcherions dans les pas d'aucun des êtres que nous connaissions – qu'aucune route ne pouvait me servir d'exemple."

L'écriture est aussi fluide que le Tibre traversant la Rome de cette époque, les portraits dressés n'ont pas l'ostentation des Palais Romains ou Florentins, l'auteure nous livre des personnages vrais, complexes, ambivalents.
Des personnages aussi fragiles que peuvent l'être les ruines antiques mises au jour à cette époque.
Des apparences qui peuvent avoir la blancheur du marbre et la noirceur des desseins de la réalité.
On alterne entre l'ambiance lumineuse des paysages toscans et l'austérité des palais où se nouent les destins
Amelie de Bourbon Parme réussit ce tour de force que nous plonger dans une Rome que l'on croit connaître...

Et cette idée d'alterner avec ces "confessions-réflexions" d'Alessandro Farnese est absolument ingénieuse. Car ces passages viennent ponctuer le récit par un éclairage très personnel du futur Paul III.

Et pour terminer comme un hommage à ces exergues si bien choisies, le mot de la fin doit-il revenir à
- Quintillien rheteur latin : “L'ambition est un vice qui peut engendrer la vertu.” ou à
- Pierre l'ArétinL'ambition est le fumier de la gloire.”
À moins que ce ne soit un poète grec, Pindare, qui ait raison
“Sachons donc borner notre ambition : c'est un funeste délire que de soupirer après ce qu'on ne peut atteindre.”

Les tomes suivants nous donneront certainement la réponse...
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L'ambition raconte, sous forme romancée, la jeunesse d'Alexandre Farnèse, qui deviendra ultérieurement le pape Paul III.
Rien à dire sur l'aspect historique du roman, ou, plutôt, beaucoup de compliments. Bien sûr, l'aspect romancé a obligé Amélie de Bourbon-Parme à présenter comme acquis quelques points qui demeurent débattus par les historiens (comme par exemple les causes de la mort d'Alexandre VI). Reste cependant une plongée dans les règnes de deux papes marquants de la renaissance (Alexandre VI et Jules II), en passant par la cour de Laurent le Magnifique. Amélie de Bourbon Parme réussit à nous faire comprendre un peu mieux cette époque qui nous apparait aujourd'hui comme pure débauche et à nous faire apprécier certains protagonistes.
Hélas, le roman aurait gagné à recevoir un traitement éditorial plus approfondi. Quelques redites et quelques passages peu clairs alourdissent la lecture et c'est bien dommage. Je pense néanmoins que cette lecture, qui vient compléter la lecture précédente d'ouvrages historiques plus académiques me marquera durablement pour la compréhension de cette période.

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500 pages au coeur de la renaissance italienne.
Nous pouvons y croiser Laurent de Médicis et ses enfants lors de grands banquets fastueux.
Nous pouvons vivre les intrigues politiques et familiales de la famille Borgia.
Ou tout simplement suivre les péripéties du héros de cette histoire, Alessandro Farnese.
Pas un moment, je ne me suis ennuyée dans cette lecture qui m'a donnée l'impression de visiter cette époque et de rencontrer ces grands noms.
Je m'incrustais dans leur discussion, je me faufilais dans les couloirs du palais du Pape.
Ravie de cette découverte !

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J'ai lu ce livre à la demande de mon libraire qui était très intrigué par celui-ci. Un roman historique dense, premier tome d'une trilogie. Une fois l'accoutumance faite avec cette époque, le style de l'auteur et le genre littéraire, ce livre est plaisant à lire avec un rythme soutenu qui donne envie de connaître la suite. Exigeant par la densité et le propos, je dois reconnaître que je me suis perdue dans les personnages secondaires nombreux , ce qui ne gêne pas la compréhension globale.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les grilles de la forteresse se refermèrent sur un bruit interminable. Construit sur la rive droite du Tibre, ce gigantesque chaudron de murs circulaires enfermait les hommes et leurs questions dans un exil sphérique. En période troublée, les papes s'y réfugiaient pour se protéger des armées étrangères, mais surtout des ennemis de l'intérieur, ces forces hostiles qui contestaient leur pouvoir à l'intérieur des murailles. En pénétrant dans la galerie qui menait au premier étage, Alessandro sentit le poids du temps s'abattre presque physiquement sur ses épaules, le mur en brique suintait l'humidité. Dans l'air, une odeur de poussière, de suie et de passé. Au coeur de ce cylindre de pierre, il y avait un tombeau construit treize siècles plus tôt pour recueillir l'urne funéraire de l'empereur Hadrien. Ce mausolée était devenu une prison et les cellules funéraires avaient été converties en geôles.
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Novembre 1549

La nuit enveloppe le palais du Vatican. J'ai ordonné aux camériers de plonger ma chambre dans l'obscurité totale. Je ne supporte plus ces lumières permanentes, ces torches qui brûlent la nuit, ces cierges qui traversent les âmes. C'est une des choses queje n'ai jamais aimée depuis mon arrivée au palais pontifical : la lumière perpétuelle, le jour ininterrompu, la nuit impossible. On voudrait m'environner de ces lampions jusqu'à la mort. Je les soupçonne de vouloir empêcher que le pape s'éclipse dans l'ombre, qu'il se mette à l'abri, de peur qu'il redevienne un homme, livré aux doutes et à la crainte. A défaut de pouvoir fuir vers les rives du lac Bolsena ou d'être veillé ici par Silvia, j'aspire seulement à la pénombre d'un confessionnal, à la simplicité d'une absolution, au dénuement d'une prière.

Je n'ai renoncé à rien. Ni au pouvoir, ni à la richesse, ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l'amour, ni à ma charge. J'ai laissé à d'autres le soin d'étre irréprochables et la folie des regrets.

(INCIPIT)
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La voix de Castellesi résonnait encore dans le conduit en pierre, qui parlait de la cour de Laurent de Médicis : une Olympe peuplée d'érudits, d'hommes de lettres et autres philosophes. Il avait, retenu ses paroles « A Rome, nous sommes environnés de ruines ; à Florence, l'Antiquité est vivante : des hommes mettent en pratique ses concepts philosophiques et leur donnent de nouveaux développements. »
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La rébellion de Pic contre un destin programmé depuis sa naissance lui avait fait sentir qu'il y avait dans les livres, la connaissance, les idées, plus d'aventure, plus de risque que dans n'importe quelle trajectoire militaire. D'autres combats pouvaient être menés différemment, et d'autres victoires pouvaient advenir sous la forme de révélations ou d'enrichissement, d'élévations ou de conquêtes.
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Ses étendards arboraient la puissante devise « Le temps revient » en forme de convocation : Laurent revendiquait ce retour vers un âge d'or où les valeurs de l'Antiquité s'imposaient à nouveau aux hommes de sa cité. Il s'y mêlait une nostalgie pour ce monde perdu, idéalisé, que les fouilles et les traductions d'ouvrages exhumaient chaque jour davantage.
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Video de Amélie de Bourbon Parme (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Amélie de Bourbon Parme
Alors que la papauté monnaye ses grâces pour affermir sa puissance politique, Amélie de Bourbon-Parme dresse le portrait romanesque et intime d'un homme d'Église au destin éblouissant, qui inspira à Stendhal « La Chartreuse de Parme ».
Quelques mots sur « L'ambition » :
Rome. XVe siècle, au coeur de la Renaissance italienne. Alessandro Farnese, jeune aristocrate provincial promis à une carrière ecclésiastique, met son ambition au service d'une seule religion : sa famille.
Projeté dans les jeux de pouvoir entre Florence et Rome, soutenu par Laurent de Médicis, il compte sur l'influence de sa soeur, la sensuelle Giulia, maîtresse du pape Rodrigo Borgia, pour devenir cardinal. Usant de l'audace, de l'opportunisme et de l'élan amoureux, Alessandro s'impose au sein d'une papauté corrompue et licencieuse sans se compromettre.
Il profite de l'extraordinaire effervescence humaniste, artistique et politique qui règne dans la péninsule italienne pour poser les fondations d'une aventure humaine et familiale qui le conduira au sommet de l'Église et de l'Europe.
Découvrez le livre https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/L-ambition Lisez un extrait https://www.edenlivres.fr/p/784893
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