[...] je persiste à regarder d'un drôle d’œil les gens dont le cœur, rétroactivement, s'interdit d'avoir aimé l'être dont ils s'aperçoivent , après des années d'amour, qu'il était cavaleur. Je veux bien qu'on cesse d'aimer. Mais comment peut-on cesser d'avoir aimé ? Comment nos sentiments peuvent-ils remonter le temps et s'annuler eux-mêmes ? Aimer n'appartient qu'à soi. Être aimé suspend le bonheur au caprice d'une autre.
Non.
On ne peut pas dire ça.
Je n'étais pas, je crois, ce qu'on appelle un "enfant battu",
Que resterait-il aux vraies victimes ?
J'ai hérité d'une insatisfaction dont le porteur à guéri au moment même où son caractère n'avait plus d'incidence sur le mien.
[...] C'est une illusion que j'aime combattre au quotidien, en rappelant aux tenants du "mieux avant" qu'il y a toujours eu, à toute époque, des gens pour penser que c'était mieux avant, et qu'un tel diagnostic renseigne davantage sur la psychologie de celui qui le porte que sur la réalité du monde où il joue à se sentir perdu. Reste qu'il n'ont pas tort. C'était peut-être mieux avant, après tout.
De là à croire que le passé se corrige autant que l'avenir, il n'y a qu'un pas, que mon père accomplissait sans peine, sous l'élan d'un lyrisme désinvolte qui ne l'engageait pas : "Nul ne sait, aimait-il dire en allumant sa cigarette, ce que le passé nous réserve."
Les souvenirs sont gigantesques quand ils jaillissent de la petite enfance.
J'étais à l'âge où l’on croit apprendre quelque chose à quelqu’un quand on détruit une illusion.
Ma mère aussi avait la main leste, mais elle était pianiste et ses doigts bénis n’avaient aucune force quand ils devenaient une arme.
L’identité d’un homme est forgée par les réactions qu’il a dû improviser devant la maladresse des siens. Il n’y a pas de mauvais parents. Simplement des leçons à tirer.
Changer de vie ou changer d’avis, c’est changer de déception.