L'esprit artificiel

Raphaël Enthoven, écrit bien, très bien ! C'est clair, on a le sentiment de comprendre et même d'apprendre et de réfléchir. Mais tout cela, après quelques chapitres, m'a semblé tellement scolaire. Oui, tout est bien déroulé, c'est même parfois drôle ou même personnel (comme le veut la consigne ?). Les digressions permettent de s'échapper pour mieux revenir et bim : voilà ! C'est ça.

Alors, peut-on le lui reprocher ? Je ne sais pas, mais tout cela me laisse quand même l'impression d'avoir écouté un beau parleur.

Et pour le fond ? L'auteur prend le pari que la machine ne pourra jamais philosopher, qu'à tout jamais cela lui restera hors de portée. Et c'est là, justement, que se situe notre humanité.

Attend-on le tome deux, notre humanité n'est pas algorithmique ?
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Le dernier livre de Raphaël Enthoven est une exploration intéressante de la philosophie et de l'intelligence artificielle. J'ai particulièrement apprécié les parties où il parle de son expérience du bac de philo, admettant avec une honnêteté rafraîchissante qu'il a complètement raté cette épreuve, obtenant la pire des notes 11/20.
Il aborde également le sujet de l'intelligence artificielle avec une perspective évidente pour un philosophe; quelle que soit la sophistication d'une IA, elle ne pourra jamais le remplacer. Pour lui, une IA n'apprend pas à se poser des questions ni à y répondre de manière personnelle et originale. Quel que soit le prompt, le résultat sera toujours sans saveur, fade et dénué d'intérêt.

Il propose également que l'enseignement de la philosophie devrait commencer dès l'entrée au lycée, ce qui ne ferait pas de mal je trouve. Enthoven regrette la façon dont la dernière réforme du BAC a désacralisé cette matière. Cependant, il exagère un peu, déjà à mon époque, en 1990, on débutait les épreuves par cette matière, mais elle n'était plus si importante.

Il y a certain passages un peu allambiqués mais globalement c'est plaisant à lire. le côté naif de l'auteur me touche mais je pense qu'il est très optimiste. Pourquoi se compliquer la vie à lire tout ceux qui nous ont précédés, si une machine sait le faire en quelques minutes. Pourquoi réfléchir et se creuser la tête à répondre à des questions qui retournent un peu le cerveau. Quand je vois le niveau autour de moi et dans le champs culturel je me dis que l'effort n'est plus du tout au gout du jour et c'est ce qui risque de nous couter très cher !

Voilà une lecture qui m'a fait sortir de ma zone de confort. J'ai pris le temps de lire cet essai tranquillement car je dois avouer que j'ai souvent dû m'y prendre à deux fois pour bien comprendre où l'auteur voulait nous emmener. Celui-ci a choisi un vocabulaire riche, un style un peu alambiqué, et de là à se dire qu'il aurait pu faire un peu plus simple parfois, il n'y a qu'un pas. D'un autre côté, ceci est aussi ce qui fait l'intérêt de cet ouvrage. J'ai moins aimé, les références successives aux films car il me semble que l'on peut toujours interpréter ceux-ci comme bon nous semble et prêter aux réliasateurs des intentions qu'ils n'ont peut-être pas eues. Reste que quelques pensées m'ont marqué et que j'ai donc eu du plaisir à lire cet ouvrage assez court. L'auteur démontre avec brio que l'IA ne sera jamais philosophe... j'ai tendance à croire cela aussi. Par contre, il me semble que nous pouvons plus nous inquiéter de ce que l'IA va appauvrir encore plus une population dont l'intelligence collective semble déjà diminuer doucement au fil du temps qui passe. Mais pour ma part, avant d'incriminer l'IA, j'ai l'impression que nous pourrions nous poser des questions sur les écrans qui isolent les humains, et devant lesquels nombres de concitoyens passent un nombre d'heures déraisonnables à regarder du contenu sans intérêt (avis tout à fait personnel bien sûr :-)).

Sans doute parce que l'enthousiasme béat voire fanatique pour l'intelligence artificielle m'est étranger, cette lecture de Raphaël Enthoven, le temps d'un Bordeaux - Paris, ne pouvait que me plaire. Forcément remarquablement écrit avec ce style fluide et parfois urticant, c'est par la démonstration intellectuelle, gorgée d'arguments forts et imagés que vous pourrez renforcer votre conviction que la panacée du monde futur n'est pas dans l'intelligence artificielle. Il n'est pas davantage nécessaire d'en nourrir la moindre terreur. Une déclinaison de points de vue défendus avec beaucoup de pédagogie pour nous dire que cela va bien se passer. Une certitude, l'invasion promise par ses promoteurs aussi mytho que gourous autoproclamés, c'est pas pour demain, car l'intelligence risque de faire défaut.

Après avoir gagné haut la main contre l' IA sur l' épreuve du bac de philosophie, 20/11 sur le sujet " le bonheur est il affaire de raison" Raphaël Enthoven nous rassure sur l'avenir et les limites de l intelligence artificielle.
Le seul bémol de cet essai est qu'il n'est ( peut être) pas a la portée de tout un chacun et c'est bien dommage.
Vocabulaire très compliqué , explications philosophiques très complexes
A conseiller aux férus de philo ou aux lecteurs qui aiment sortir de leur zone de confort.