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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Érasme est avant tout homme de la renaissance, il a pour seul intérêt, seule vraie passion l'homme, le spectacle des hommes qui l'entourent. Il le veut plus libre et surtout plus sincère. Il revêt donc le visage de la folie plaidant sa cause. C'est par l'ironie souvent criante de vérité que dégage cette plaidoirie, qu'il s'en prend à toutes les incongruités de son siècle : superstitions, orgueil, lâcheté et avant tout l'hypocrisie ambiante des courtisans et du pouvoir religieux.)
Ironie et paradoxe sont donc les clés de cet ouvrage car l'humaniste de Rotterdam, qui se veut sage et philosophe, ne cesse de prétendre que les fous sont les plus heureux des hommes. D'autre part, il semble timidement ressortir de l'ouvrage que le bonheur humain n'est pas inconciliable avec une foi sincère.
Mais je n'aurais rien dit sur Érasme, rien d'important en tout cas, si je ne soulignais pas cet appétit de paix autant sociale qu'entre états, qui marque aussi l'avènement de l'esprit de la Renaissance.

Je me permettrais d'ajouter que la traduction de Claude Barousse rend le texte d'une lecture des plus agréables et contemporaines... on le croirait écrit hier tant dans le style que dans son propos.
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Pour les 555 ans de la naissance d'Erasme, la Maison d'Erasme, entendez le musée en quoi consiste aujourd'hui la maison où il a vécu brièvement à Bruxelles, a organisé une série de conférences. Je n'ai pu assister qu'à celle consacrée aux colloques, qui devraient être réédités. J'ai été tellement enthousiasmée par l'actualité et la modernité des extraits cités, que j'ai couru acheter L'Eloge de la folie.

Car là où j'imaginais que la traduction du latin allait être pesante et ennuyeuse à lire, c'est tout le contraire. L'oeuvre de traduction souligne au contraire que ce texte est loin d'être démodé. On a de la peine à croire du reste que ce texte n'ait pas été mis à l'index du temps d'Erasme, tant il est irrévérencieux. Mais quel humour ! Et quelle perspicacité, quelle intelligence !

Je me suis régalée.

Et soyons fous effectivement !
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Éloge de la folie /Érasme (1466-1536)
Bien que né à Rotterdam, c'est en Angleterre qu'Érasme mit la dernière main à cette satire qu'il avait méditée tout au long de ses voyages. Dans l'Éloge de la Folie, il passe en revue toutes les sociétés de son temps et en détaille les vices et les ridicules avec un bon sens de tous les instants. Cette oeuvre, condamnée par la Sorbonne a eu une influence considérable sur la littérature du monde occidental et a été un des catalyseurs de la Réforme, dont Érasme fut un partisan.
L'examen satirique, qui fait constamment référence aux mythes de l'Antiquité, va porter non seulement sur les superstitions et les pratiques pieuses dans l'Église, mais aussi, faisant parler la déesse de la Folie, il développe une critique acerbe non seulement des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé, mais aussi de façon féroce des courtisans.
Malgré tout, il faut bien voir qu'Érasme, ayant conservé toute sa vie un fond de prudence extrême issu de son éducation monacale, avance à pas feutrés et fait montre à fleuret moucheté d'un humour redoutable et bienvenu. Et s'adressant à son ami fidèle Thomas Morus, il déclare que si l'amour-propre ne l'aveugle, il pense qu'il n'est pas tout à fait fou en faisant l'éloge de la folie, et affirme qu'il cherche plus à faire rire qu'à mordre :
« À l'exemple de Juvénal, je ne suis pas descendu dans la sentine des vices pour la remuer, j'ai plutôt passé gaiement en revue les ridicules que les turpitudes. »
Il ridiculise tous ces penseurs et ces sages, les hypocrites stoïciens, qui retenus par une fausse vergogne, se contentent de suborner quelque rhétoricien flagorneur ou quelque poète songe-creux, leur débitant, à beaux deniers comptants, leur panégyrique, autrement dit de gros mensonges !
L'absence de sagesse rend seule la vie agréable a dit Sophocle. Car les dieux les plus austères savent eux-mêmes sacrifier à la Folie ! Diane elle-même, oubliant tout à fait la modestie de son sexe, ne chassait plus rien dans les forêts que le bel Endymion pour qui elle mourait d'amour !
Aux stoïciens cependant, l'auteur concède qu'ils n'ont pas tort quand ils disent que la sagesse consiste à suivre la raison et la folie, au contraire, à suivre ses passions.
Il avoue sans honte mettre en pratique le proverbe populaire qui conseille de se louer soi-même si on ne rencontre personne d'autre pour le faire. Vive l'amour-propre, la flatterie, l'oubli, la paresse, la volupté, la démence, la bonne chère, la fête de la dive bouteille, en bref la Folie ! Rabelais plus tard s'en souviendra !
Évoquant sa naissance, Érasme reconnait qu'elle n'a pas été marquée par des pleurs et que sa vie ne connut que des délices : « car mes lèvres ont pressé le sein de deux nymphes complaisantes, l'ivresse, fille de Bacchus, et l'ignorance, fille de Pan, que vous pouvez voir parmi mes suivantes. »
Et les femmes alors ? « La femme est, il faut l'avouer, un animal inepte et fou, mais au demeurant plaisant et gracieux. » écrit l'auteur., et d'ajouter que ce qui recommande plus particulièrement les femmes aux hommes, c'est leur folie ! « Les hommes permettent tout aux femmes, pourvu qu'elles leur donnent en retour le plaisir ; or, qu'est-ce que le plaisir, sinon la Folie, le source du plus grand plaisir de la vie Sans les plaisirs, l'existence ne saurait échapper à l'ennui. !
Plus loin, Érasme écrit avec malice : « Deux obstacles sont à vaincre : la timidité, qui obscurcit les idées et amoindrit les moyens, et la crainte qui, en exagérant les dangers, détourne des grandes actions. La Folie pare merveilleusement à toutes les deux…Les hommes s'éloignent d'autant plus du bonheur qu'ils possèdent plus de sagesse. »
Plus loin, ce sont les comédiens, les musiciens, les orateurs et les poètes qui sont la cible, de par ce qu'il appelle « leur orgueil, leur jactance et leur morgue qui sont en raison directe de leur ignorance, ce qui ne les empêche pas de trouver chaussure à leurs pieds, car il ne faut jamais oublier, une chose a d'autant plus d'admirateurs qu'elle est inepte. »
« de tous les mortels, la classe la plus folle est sans contredit celle des marchands. le mensonge, le parjure, le vol, la friponnerie, l'imposture, ils mettent tout en oeuvre. » Gloire à eux !
Platon disait que la folie des amants est la plus douce des félicités. Érasme y souscrit en ajoutant par ailleurs que la vie des dévots est une espèce de folie. le passage sur les moines, les évêques, les cardinaux et les papes est des plus savoureux…
La dernière phrase adressée au lecteur : « Adieu donc, applaudissez, vivez en joie, et buvez sec, illustres adeptes de la Folie. » Magnifique !
Un grand texte humaniste et impertinent, d'une grande liberté d'expression, anticonformiste au possible, qui connut un immense succès à l'époque de sa parution, et que l'on lira tel un entremet avec délectation, même si certains passages touchent à l'ennui par leur longueur. Un exercice à haut risque que cet ouvrage provocateur plein d'insolence qui surprit nombre de ses contemporains, en des temps où l'hérésie se voyait condamner durement, temps de schismes et chasse aux sorcières. On peur supposer qu'en demandant l'assentiment de son amis Thomas More qui faisait alors autorité, Érasme cherchait une justification, une protection. Car oser ouvertement s'opposer aux excès mondains d'alors de la religion et de l'Église chrétienne tout en dénonçant le dogmatisme ainsi que le fanatisme religieux de son époque, aurait pu valoir le pire à l'écrivain. D'ailleurs en 1545 lors du Concile de Trente, le livre fut comme l'ensemble de son oeuvre mis à l'index. Cela n'a pas nui à sa popularité, bien au contraire.
On a pu dire à juste raison que ce petit livre subversif écrit en 1509 fut un texte fondateur de l'humanisme européen.






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Et on prétend qu'on ne savait pas se marrer à l'orée du XVIe s. !
L'auteur nous parle du monde à travers le prisme de la Folie.
Érudition dans le fond et comique dans la forme. Une alliance qui fait le tour de force d'Erasme.
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Erasme nous surprends dans cette satire de la société des gens bien pensant.
L'auteur sous le masque de la folie critique avec insolence les grands de son époque, religieux, savants, tous sont ridiculisés et leurs défauts mis en avant.
Par ailleurs, de manière ironique il fait dire à la Folie : « Mais il n'est pas dans mon sujet d'examiner la vie des papes et des prêtres, j'aurais l'air de composer une satire au lieu de mon propre éloge, et l'on pourrait croire qu'en louant les mauvais princes j'ai l'intention de censurer les bons »
A l'époque ce livre connu déjà en grands succès populaire qui aujourd'hui encore ne se déments pas.
C'est un vrai plaisir que de le lire et je le conseille après tout L'éloge de la folie est et restera un des grands classiques de la littérature.
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Après la lecture de la bio d'Érasme par Stefan Zweig, voilà l'un des livres d'Érasme les plus célèbres, très grand texte mais texte court, bourré d'humour d'ironie et de bon sens, écrit vers 1500 mais étonnamment actuel dans le fond, pétri de références à Homére dans la forme : Éloge de la folie ! Incroyable rencontre tellement jubilatoire !!
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Que dire sur l'éloge de la Folie ? Eloge de l'intelligence en fait, de l'humilité, charge contre les extrémismes de tous ordres : contre les pharisiens quelle que soit leur génération ou religion, contre les amoureux du pouvoir, de l'argent, d'eux-même...
Erasme réussit le tour de force de rester léger, de ne pas paraître aigri tout en s'opposant à tout. Par son humour déjà, par un subtil positionnement entre religions antiques et chrétienne, aussi. Qui lui permet de filer entre les gouttes sans franchir le pont menant de la folie au sérieux et qui le ferait devenir la caricature de ce qu'il oppose. Mais aussi en ne ménageant pas ses mots contre les savants gorgés de lectures et de références, au cours de ce texte si érudit qu'il en deviendrait pédant...
Pédant si son fond, si son propos n'étaient pas si magistraux.
A lire avant de mourir, et de préférence suffisamment longtemps avant pour pouvoir s'en servir un petit peu.
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Il s'agit d'une thèse humoristique, rédigée en latin de manière volontairement savante, truffée à dessein de locutions grecques, découpée en 68 articles. Érasme y fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique acerbe des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé mais aussi les courtisans dont nous avons une satire mordante. Il existe une référence directe au genre au chapitre LX :
« Mais il n'est pas dans mon sujet d'examiner la vie des papes et des prêtres, j'aurais l'air de composer une satire au lieu de mon propre éloge, et l'on pourrait croire qu'en louant les mauvais princes j'ai l'intention de censurer les bons. »
Cette citation illustre bien le ton de l'oeuvre, où la Folie fait son propre éloge, mais un éloge transformé par Érasme en une véritable satire. Cette technique permet de surprendre le lecteur, d'affiner la dénonciation des travers de ses contemporains, et de rendre son propos plus efficace. Cet auteur a excellé dans le genre satirique. Ainsi, il est l'auteur des Colloques : une satire piquante des moeurs de son époque qui souligne son esprit indépendant. Mais dans L'Éloge de la Folie, la satire s'élargit et dépasse l'époque de son auteur pour atteindre la société humaine en général.
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Étudiant l'humanisme avec mes élèves de seconde bac pro, je souhaitais leur faire partager un dossier sur Erasme. Heureusement, je me suis abstenu de présenter un texte du divin Éloge de la folie. Premièrement parce qu'ils n'auraient rien compris, étant enseignant, je n'ai pas honte de dire qu'aucun élèves de 15 ans seraient en mesure de comprendre cela, tant le niveau est affligeant. Deuxièmement parce que je me suis réservé le soin de faire une étude personnel de cette essai. le nombre de référence à l'antiquité est stratosphérique, mais quelle délice de voir que beaucoup des dires d'Erasme sont encore d'actualité. Un petit clin d'oeil pour finir: Moria en Grec veut dire Folie, alors l'on comprends mieux l'usage qu'en a fait Tolkien dans son Seigneur des Anneaux.
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De la philosophie antiphilosophique, écrite par un théologien. Style clair, pertinent, drôle et profond. Fabuleux et nécessaire.
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Érasme a intitulé l'un de ses colloques :

Les pis qu'ont rien
Les Picon-bières
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Et puis plus rien !
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