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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La voix des oubliés,

Je remercie tout d'abord Babelio et les éditions Flammarion pour ce livre, reçu dans le cadre de la masse critique "NON-FICTION : UN ÉTÉ POUR PENSER" de juin 2023.

L'auteur de cette autobiographie, Didier Eribon, est un philosophe et sociologue français.

Je ne connaissais pas cet intellectuel, mais j'étais intéressée par son ouvrage suite à une publication sur le site de Facebook.

Dans cet essai, il parle de sa mère, de sa vie et des personnes âgées.

Il analyse un peu la vie de sa maman, une femme du peuple, femme de ménage et ouvrière, ; il décrit ses relations épisodiques avec elle, avec ses frères et surtout son déclin et son placement dans un EHPAD, où elle est décédée quelques semaines après son arrivée.

J'en vraiment adhéré aux paroles de ce livre, sur la vieillesse, l'handicap et la mort, les maisons de retraite, où les personnels de santé sont insuffisants.

Le style est clair, la lecture aisée et l'on sent les émotions lors de son récit.

Des soignants et autres professionnels écrivent sur la maltraitance des vieux, le manque de moyens des établissements de soins, la pensée du profit sur le dos des plus fragiles, rien ne change…

Il se veut le porte-voix des personnes âgées qui ne peuvent s'assembler, se syndiquer afin de défendre leurs droits. C'est très beau et je souscrit totalement à cette position.

Par contre, j'ai été déçue par le dernier tiers du livre qui emboîte le pas à une philosophie qui j'ai trouvé personnellement compliquée et difficile à suivre avec des références à des auteurs inconnus pour moi, et un style plus complexe à déchiffrer.

J'aurais aimé que cet auteur analyse plus les idées de sa mère : pourquoi est-elle raciste, pourquoi ne vote-t-elle plus à gauche lors des élections ?

Cela aurait permis de dresser un panorama plus précis des classes populaires, déçues de cette gauche, et qui participent à la montée du Front National. Surtout pour cette génération qui a connu le nazisme et la guerre…

J'aurais aimé qu'il revienne plus sur ses relations avec sa mère, ses frères expliquant peut-être qu'il ne se soit pas rendu aux obsèques de sa mère, alors qu'il lui rendait visite dans l'EPHAD...

Finalement, une belle découverte d'un auteur engagé, mais dont les réflexions purement philosophiques m'ont perdue.
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J'avoue avoir craint de ne pas être à la hauteur d'un texte d'un sociologue et philosophe reconnu, le sentiment de ne pas avoir les "clés" pour lire ce récit.
Pourtant c'est avec un grand plaisir et une émotion de chaque instant que le livre d'ERIBON m'a transporté. Une réflexion d'une grande justesse sur les liens familiaux, sur la vieillesse, sur les choix des enfants pour leurs géniteurs (trices) une fois la dépendance survenue liée à une santé défaillante. Chacun(e) retrouvera des situations et problématiques évoquées (intimes, familiales, sociales, politiques) évoquant sa propre histoire. Seule la dernière partie du livre m'a paru ardue, moi qui n'ai pas fait de grandes études. Un grand merci aux Éditions Flammarion et à Babelio pour cet envoi qui m'a touché durablement.
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On peut lire ce témoignage comme une prolongation de « retour à Reims », puisqu'on y retrouve sa mère qui ayant perdu son autonomie est placée dans un ehpad et dont l'auteur va compléter l'histoire. le déchirement que provoque cette situation, pour la mère et les enfants est particulièrement bien décrit ainsi que le cheminement de la vie d'une femme du peuple qui aura cumulé et surmonté de nombreuses embûches. A partir de ce cas particulier, particulièrement significatif, Didier Eribon nous propose une réflexion approfondie sur la vieillesse en s'appuyant sur de nombreuses références littéraires et philosophiques, parfois difficiles à suivre pour un lecteur peu averti. L'ensemble constitue néanmoins une analyse remarquable sur le sujet.
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Essai sur la (grande) vieillesse et portrait de la mère de l'auteur dans ses derniers mois, semaines notamment à l'EHPAD.
Il analyse les déterminismes sociaux, "l'océan de l'impossible, de l'inenvisageable qu'avait été sa vie", une femme victime d'un ordre social injuste, une femme reléguée, humiliée.
Reléguée, elle l'est davantage encore à l'EHPAD où elle ne reste (elle ne survit) pourtant que sept semaines. La maison de retraite n'est pas un déménagement, c'est un arrachement au passé, un huis clos insupportable et permanent avec les autres pensionnaires, une perte d'intimité, un espace géographique réduit à peau de chagrin, une infantilisation, infériorisation, une invisibilisation, une dépersonnalisation totale. Les relations sont réduites à la famille proche. le temps comme l'espace prennent une autre signification, le futur annihilé.
Enfin le collectif, le "nous" n'existe plus. Les personnes affaiblies par une perte d'autonomie ne peuvent parler collectivement, elles ne sont que sujets et leur situation n'est connue qu'en extériorité : enfants, journalistes, soignants pas en intériorité.
Réflexion très intéressante. Nombreuses références littéraires et pistes de lecture futures.
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Si on a aimé, comme cela a été mon cas, « Retour à Reims », on retrouvera les mots justes de Didier Eribon, cette fois pour nommer la vieillesse, la dépendance, la perte et toujours la filiation.
Et c'est un grand soutien pour aider à comprendre ce qui se passe dans ces moments si douloureux tels que l'entrée d'un ou d'une proche en EHPAD, la fin de vie, la perte d'un parent, la mémoire et le souvenir… moments face auxquels nous sommes souvent bien démunis.
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Un livre que l'on ne lira pas de la même manière selon que sa propre mère est morte ou encore de ce monde. Il est question du phénomène de glissement des personnes âgées dans un EHPAD, de la dépendance et de tout ce que la vieillesse fait perdre de manière irréversible. L'auteur a fui un temps sa famille et en nourrit un inextinguible sentiment de culpabilité. Il essaie ici de la retrouver, de renouer avec sa mère et de comprendre après coup son comportement dans la vie. Il se remémore des épisodes de sa vie, analyse son comportement vis à vis des hommes politiques, explique le racisme dont elle faisait preuve par son vécu modeste de femme constamment soumise et dépendante. Il y voit une sorte de vengeance sur plus faibles qu'elle. Pour cette analyse, il regrette son manque d'éléments et de témoignages et se raccroche au dictionnaire du parler champenois pour avoir l'impression de l'entendre à nouveau. Il se réfère souvent aux ouvrages de Simone de Beauvoir, en particulier son livre intitulé « La vieillesse » et à celui de Norbert Elias intitulé « La solitude des mourants ». L'auteur semble avoir écrit ce livre pour lui même, pour se faire pardonner de façon posthume. Il doute de l'intérêt qu'il suscitera pour les autres puisqu'il écrit en fin d'ouvrage : « Quand on est jeune, ce sont des problèmes qui paraissent lointains ; quand on vieillit, on n'a guère envie de lire sur ce sujet déprimant ; et quand on est très vieux, on ne lit plus guère, et si on lit, on préfère lire autre chose ».
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Une quinzaine d'années après Retour à Reims, Didier Eribon se livre de nouveau à un délicat exercice de décryptage et d'analyse de sa vie personnelle et familiale. Cette fois, le point de départ est la perte d'autonomie inéluctable de sa mère, son placement en ehpad et son décès peu après. Il en tire un essai sociologique, philosophique et politique sur la vieillesse et sur la place faite aux personnes âgées dépendantes, dont personne ne porte la voix. L'auteur offre à la lecture les dernières semaines de sa mère, sans fard, mais avec beaucoup d'élégance. Il ne cherche ni à embellir la situation (il revient sans complaisance sur les propos racistes de sa mère), ni à tomber dans un ton pathétique excessif. On sait que leur relation fut compliquée, et que le décalage entre le fils et la mère était énorme. le propos personnel est touchant ; le propos théorique politique et philosophique est percutant. Didier Eribon parvient à dépasser une situation personnelle dont on sent pourtant encore les blessures sous-jacentes, pour extraire du parcours de sa mère quelques leçons sociologiques. J'ai été particulièrement intéressé par tous les propos sur le positionnement social, conscient ou non, de sa mère (solidarité ouvrière, mais rejet des étrangers, ce qui est une façon d'établir une hiérarchie des laissés-pour-compte). le chapitre intitulé "Scènes de la vie quotidienne", dans lequel l'auteur relate pêle-mêle des moments de vie de l'intimité familiale, dans ce qu'ils ont de révélateur, est très touchant. Un excellent ouvrage qui tisse témoignage personnel et essai politique.
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C'est l'histoire d'une femme précaire, de sa vie épuisante de travail en usine ou de ménages, payée au rabais, de sa vieillesse, de son placement en maison de retraite, de sa mort, lassée de vivre encore, sans repère, sans amour. de ce qu'elle aurait pu être, de ce qu'elle a été.
Narrée et décortiquée par son fils, le sociologue Didier Eribon, elle nous apparaît dans toute son humanité - navrante par certains aspects, fragile, amoureuse et fofolle, effrayante quelquefois, touchante souvent.

La vieillesse est tue, elle est cachée, pas assez étudiée. Eribon nous donne beaucoup de pistes, de lectures, pour y remédier, pour creuser encore plus son propos déjà hyper interessant.

Didier Eribon aborde également les Ephads, les maisons de retraites, les maltraitances - souvent dûes à des manquements financiers ou de personnels - que les personnes âgées subissent.

Etant la fille d'une vieille femme, pas toujours simple à vivre, j'ai pu prendre conscience de beaucoup de choses, des angoisses qu'elle peut taire - consciemment ou pas.
Je me souviens d'un bout de lecture dans le métro ou mon émotion est montée en flèche, je suis arrivée chez elle, me disant que horrible ou pas, je la prendrais dans mes bras pour lui montrer à quel point je l'aime (même si elle me rend dingue ;) ).

Un essai en retenue, en douceur, en justesse.

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