AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 76 notes
5
7 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sur les conseils d'un collègue, je me suis lancée dans la lecture de cet essai philosophique / témoignage / autobiographie alors que, je l'avoue sans rougir, j'aime les romans, j'aime qu'on me raconte des histoires, j'aime qu'on me fasse rêver.

Avec un titre pareil, Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple, j'étais à peu près sûre que, bien loin de me faire rêver, ce livre aller me pousser à songer à un sujet lourd et angoissant : la vieillesse. Celle de mes parents, puis la mienne et ce qu'elle infligera à ma fille.

Qu'on se le dise, c'est bien le thème central abordé par Didier Eribon. Mais je dois avouer que c'est bien fait, bien amené. Là où je craignais de ne pas pouvoir suivre une réflexion philosophique, l'auteur a fait preuve d'une belle faculté à se mettre à la portée du plus grand nombre. Quelques tournures de phrase et références à Sartre ou Simone de Beauvoir rappellent ça et là que nous avons à faire à un intellectuel mais sans que cela soit trop prononcé.

J'ai particulièrement apprécié la réflexion sur les classes sociales, sur le phénomène des transfuges de classe dont Eribon fait partie. L'honnêteté avec laquelle il a narré sa fuite de son milieu d'origine, son exaspération face à certaines réflexions dont il s'est radicalement éloigné... Une honnêteté d'autant plus remarquable à l'heure où sa mère se dirige à grands pas vers l'autre côté. Eribon décortique avec justesse et clairvoyance les signaux faibles de l'éloignement, la fuite, l'acceptation, la honte ou la peur d'avoir trahi ses origines.

J'ai un peu moins apprécié la fin du livre et les réflexions autour de la vieillesse, son exclusion de tous les concepts philosophiques et son incapacité par nature à se former en tant que groupe social pour promouvoir ses droits et sa situation. Pour autant, le vieillissement de la population française devrait nous pousser, à l'instar de l'auteur, à prendre en compte de manière plus systématique les personnes âgées dépendantes pour mieux s'occuper de nos aînés.
Commenter  J’apprécie          70
La lecture de ce livre est un miroir partiel. Il correspond à des situations que beaucoup d'entre nous avons vécu, vivent ou vivront. La nature est ainsi faite que s'occuper de ses aîné(e)s est inscrit dans une forme d'ordre naturel, même si je n'aime pas l'expression, l'ordre et la nature n'étant pas vraiment liés. La découverte d'une situation affective par le manque est un classique des relations humaines. Elle n'est plus là, elle me manque. Elle était vivante, je ne la voyais que rarement mais je savais qu'elle était présente, c'est ma mère. Socialement, culturellement, ma sortie de l'enfance libère des attaches affectives, au moins le croit-on nous permettant un épanouissement, une affirmation de soi, une libération "contre" l'adulte, le parent forcément oppresseur ou castrateur. La redécouverte, beaucoup plus tard, de cet univers d'une enfance disparue fait remonter des sentiments que l'on croyait enfouis à jamais, dont on s'était débarrassé. Ils gênent à ce moment précis, la maman, elle, a continué son chemin, comme une personne, différente, appartenant à un autre monde. le chemin de vie a été commun, il correspond à la construction de l'adulte que vous êtes devenu, un autre face à une mère qui elle, n'a pas changé fondamentalement. La confrontation intervient au grand jour. Puis vient le grand âge, la dépendance de l'un à l'autre, la nécessaire prise en compte de la différence, le respect ou le rejet, c'est selon les individus.
Dans le déroulé de ce vécu, les questionnements sont permanents, les réponses parcellaires voire inexistantes; Qui était-elle, avant ?
Les non-dits empoisonnent, les pudeurs stérilisent l'expression, créent les malentendus. le travail relationnel à posteriori devient impossible à réaliser.
Démonter dans l'urgence des mécanismes qui vous ont construits est un aveu d'impuissance. Il faut faire sans, le manque de réponses est aussi une réponse.
Bel ouvrage dont la fin est un peu complexe pour qui n'a pas les références, ce qui est mon cas.
Ouvrage touchant et sincère
A lire
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (286) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
856 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}