Certains auteurs impressionnent plus que d'autres, et quand en plus ils ont obtenu un
Prix Nobel de littérature, et pour ma part, ça les "satellise" ! 😀
D'après moi,
Annie Ernaux faisait partie de cette équipe d'auteurs probablement complexes à comprendre, pour ne pas dire... ennuyeux !
Erreur et... claque !
J'avais quand même, après avoir régulièrement vu son nom passer dans des émissions, décidé d'acheter cet ouvrage, 3€ en occasion chez Gibert... la fille qui ne prend aucun risque ! 😉
Bien m'en a pris. Lu quasiment d'une traite, j'ai été happée par ce morceau de sa vie. Je crois savoir que
Annie Ernaux prend sa vie comme oeuvre de fond pour ses livres.
Je ne me considère pas du tout comme une féministe, je ne revendique rien ou si peu, mais le déroulé de l'histoire pourrait me faire changer d'avis... j'ai légèrement vacillé... 😉
L'histoire :
Il s'agit de la prise de conscience, au fur et à mesure de la vie de son jeune couple, de l'enfermement dans une vie de femme au foyer, de la narratrice qui a comme souhait d'être professeure.
Et pourtant, chez elle, dans sa famille, fille unique entourée de l'amour de ses deux parents, ça avait commencé de façon très "moderne". Une mère commerçante bossant beaucoup et tard, dans une épicerie-bar, un père aidant à la maison, très naturellement, pas le temps pour faire le ménage ou le repassage, et tout le monde s'en accommodait !
Une mère qui ne faisait pas d'elle une "petite princesse", pas une chochotte, pas une précieuse.
Et puis il y a eu l'école, les amies différentes, les règles au sens propre comme au figuré, la découverte des garçons, puis LE garçon, celui avec lequel la narratrice se marie. Et en quelques phrases, on sent qu'elle bascule, elle est prisonnière, il est trop tard pour reculer.
Peur de la solitude, du qu'en-dira-t-on, de se faire traiter de lesbienne, de manquer de moyens, et puis souvent, pas le choix, tout simplement !
Même avec le recul des années, j'ai trouvé que l'autrice était impressionnante de justesse, l'histoire est implacable, la mécanique huilée.
Annie est né en 1940, on parcourt donc
les années 50 et 60. Années glamourisées, de nos jours...retournez-y si ça vous chante, mais sans moi ! 😛
Avec ou sans enfants, comme moi, je sens bien que notre génération de cinquantenaires a encore beaucoup souffert des habitudes données, même inconsciemment, par nos parents, et aïeux.
La forme :
Annie Ernaux m'a fait penser à Colette. Une indépendance commune, aucune ne mâche ses mots, et leur vie de femme à définir comme elles, elles l'entendaient.
La langue d'
Annie Ernaux est presque une langue orale, association de phrases qu'on croit sorties de son esprit sans les trier, rythme soutenu, pas de chapitres, peu de respiration.
Il faut même attendre quelques phrases pour comprendre qu'elle a changé de sujet, et comprendre lequel. Mais ça fonctionne !
Bon, ça y est, je suis piquée, au prochain Ernaux ! Vous m'en conseillez un ou même plusieurs ? 😉