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3,93

sur 1210 notes
J'ai lu de nombreuses critiques négatives sur le style d'Ernaux... pour ma part j'aime beaucoup sa façon d'écrire, c'est fluide, ça coule, ça se lit tout seul. Elle explique clairement et avec des mots simples ce qu'elle vit, ce qu'elle pense. En revanche à partir de la moitié du livre ce style devient ennuyeux car il n'y a pas de changement de rythme c'est un peu comme si un disque était fait de chansons clones, mêmes rythmes, mêmes structures, même genre de mélodies... on s'ennuie, ça n'avance pas. le dernier quart du livre a été pour moi un chemin de croix car je voulais terminer mais ce n'était plus du tout le plaisir que j'avais ressenti au début de ma lecture.
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Certains auteurs impressionnent plus que d'autres, et quand en plus ils ont obtenu un Prix Nobel de littérature, et pour ma part, ça les "satellise" ! 😀

D'après moi, Annie Ernaux faisait partie de cette équipe d'auteurs probablement complexes à comprendre, pour ne pas dire... ennuyeux !

Erreur et... claque !

J'avais quand même, après avoir régulièrement vu son nom passer dans des émissions, décidé d'acheter cet ouvrage, 3€ en occasion chez Gibert... la fille qui ne prend aucun risque ! 😉

Bien m'en a pris. Lu quasiment d'une traite, j'ai été happée par ce morceau de sa vie. Je crois savoir que Annie Ernaux prend sa vie comme oeuvre de fond pour ses livres.

Je ne me considère pas du tout comme une féministe, je ne revendique rien ou si peu, mais le déroulé de l'histoire pourrait me faire changer d'avis... j'ai légèrement vacillé... 😉

L'histoire :

Il s'agit de la prise de conscience, au fur et à mesure de la vie de son jeune couple, de l'enfermement dans une vie de femme au foyer, de la narratrice qui a comme souhait d'être professeure.

Et pourtant, chez elle, dans sa famille, fille unique entourée de l'amour de ses deux parents, ça avait commencé de façon très "moderne". Une mère commerçante bossant beaucoup et tard, dans une épicerie-bar, un père aidant à la maison, très naturellement, pas le temps pour faire le ménage ou le repassage, et tout le monde s'en accommodait !

Une mère qui ne faisait pas d'elle une "petite princesse", pas une chochotte, pas une précieuse.

Et puis il y a eu l'école, les amies différentes, les règles au sens propre comme au figuré, la découverte des garçons, puis LE garçon, celui avec lequel la narratrice se marie. Et en quelques phrases, on sent qu'elle bascule, elle est prisonnière, il est trop tard pour reculer.

Peur de la solitude, du qu'en-dira-t-on, de se faire traiter de lesbienne, de manquer de moyens, et puis souvent, pas le choix, tout simplement !

Même avec le recul des années, j'ai trouvé que l'autrice était impressionnante de justesse, l'histoire est implacable, la mécanique huilée.

Annie est né en 1940, on parcourt donc les années 50 et 60. Années glamourisées, de nos jours...retournez-y si ça vous chante, mais sans moi ! 😛

Avec ou sans enfants, comme moi, je sens bien que notre génération de cinquantenaires a encore beaucoup souffert des habitudes données, même inconsciemment, par nos parents, et aïeux.

La forme :

Annie Ernaux m'a fait penser à Colette. Une indépendance commune, aucune ne mâche ses mots, et leur vie de femme à définir comme elles, elles l'entendaient.

La langue d'Annie Ernaux est presque une langue orale, association de phrases qu'on croit sorties de son esprit sans les trier, rythme soutenu, pas de chapitres, peu de respiration.
Il faut même attendre quelques phrases pour comprendre qu'elle a changé de sujet, et comprendre lequel. Mais ça fonctionne !

Bon, ça y est, je suis piquée, au prochain Ernaux ! Vous m'en conseillez un ou même plusieurs ? 😉
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Livre qui mérite bien son titre. le récit est glaçant, presque désincarné. Il est difficile de considérer qu'une vie puisse se résumer à cette succession d'épisodes abordés avec une rétro-analyse si froide, si négative.
C'est le contraire d'un livre "pour se sentir bien". C'est un livre pour que vous vous sentiez mal.
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Je ne comprends pas pourquoi je n'aime pas Annie Ernaux. Ce texte est d'une importance terrible, image d'un quotidien que nombre de femmes vivent, peinture d'une génération presque entière d'un sentiment de non-appartenance, d'imposture... Et pourtant. le style, définitivement, ne me convient pas. D'un récit socio-autobiographique, je ne retiens qu'une misère d'une platitude morne et laide. {10}

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Que j'aime Annie Ernaux. Sa plume à la fois sèche et admirable, faite de récoltes de petits gestes, de moindres riens, de miettes du quotidien et qu'elle transforme presque en épopée.
Ici, l'auteur revient sur l'identité même du féminin et ce qui constitue, façonne à son époque la grande construction du genre. Entre une mère émancipée, maîtresse de son épicerie – bar, un père doux et effacé, les rôles des parents, chez Annie Ernaux, semblent inversés à la norme ambiante. du moins, c'est ce que la société, ses relations, l'école finissent par lui faire entendre. Savoir cuisiner, faire la poussière (passage magistral sur ce voile doux qui modifie notre rapport aux objets), se maquiller, tenir sa maison, éduquer les enfants et faire en sorte qu'ils soient, propres, nourris, changés et calmes au retour du bon père de famille quand le soir, éreinté de travail et de sa journée, il vient se lover dans son foyer. Il est fou de constater comment en 1981, Annie Ernaux pose les bases de la fameuse charge mentale au sein des couples, l'injustice criante et silencieuse normalisée dans les foyers. Il y a tellement de choses à dire sur ce roman essentiel. Lisez-le.
Magistral.
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La femme gelée est un court roman que j'avais lu à mes 20 ans.
C'est avec le regard d'une femme de 53 ans et non plus de 20 que je me suis replongée dans cette autobiographie d'Annie Ernaux.

J'ai été sensible à son histoire, qui est celle de ma grand-mère, de ma mère et la mienne de bien des façons.

Chaque mot m'a bouleversée. le tableau qu'elle peint de sa vie à travers son regard sincère est un souvenir qui remonte à ma mémoire.

Je suis de ces personnes qui n'ont pour tout souvenir de son enfance que quelques images, quelques mots, quelques bribes, quelques résidus dilués dans le temps. Cette période est presque un mystère pour moi.
Alors quand, au fil des pages, des bouts de mon enfance me sont revenus, quelle joie ! Quel bonheur ! Mais aussi quelle tristesse !

C'est une lecture qui m'a marquée, touchée, bouleversée, mais aussi réveillée.
Je garde ce livre près de moi, car je le relirai d'ici quelques années, c'est certain. Avec certainement un coeur plus apaisé, un doux sourire empreint de nostalgie aux lèvres.

Merci Annie ERNAUX pour ce retour dans ce passé que nous sommes tellement de femmes à partager ❤❤❤

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Difficile de savoir si on aime l'écriture d'Annie Ernaux. le fait est qu'elle a le mérite d'avoir un impact.

Pour être honnête, le début ne m'a pas transcendé, entre un remake de la Place et les multiples explications sur la découverte de sa sexualité, ses préjugés et ses appréhensions d'adolescence…

Cependant, ces débuts sont compréhensibles par la suite. Comment comprendre la femme qu'elle est devenue sans sa construction sexuelle (sexuée surtout)? Au fil des pages, ses questionnements de fille, d'étudiante, de jeune femme puis de femme mariée, de mère se font légitimes (bien que sa vision frôle la dolence par moments, seule critique que je peux faire).

On sent une colère dans son écriture, et malgré moi, je l'ai vécu, ce refus de vie, ce refoulement constant.

C'est un livre qui m'a bouleversée, peut-être car il touche quelque chose de personnel en moi. le fait est que c'est un livre majeur pour la construction de chaque femme, chaque homme que je mettrai au même plan que King Kong Théorie de V. Despentes, plus récemment. Je vous conseille vivement ce livre.
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J'ai commencé la lecture en me disant que c'était une t relecture des thèmes d'Annie Ernaux: l'enfance en Normandie, l'éloignement des parents et le sentiment de honte en grandissant et fréquentant un milieu scolaire plus élevé que celui d'origine. Puis les études universitaires et le choix d'une vie. Mais à partir de ce moment, un vrai tournant une vraie découverte et la description du sentiment d'enfermement petit à petit, de manière insidieuse devenir cette femme qu'on avait juré de ne jamais être. Être enfermée dans un rôle, dans un certain conformisme et de voir diminuée et obéissante dans son rôle d'épouse et de mère. Devoir s'effacer, se sacrifier. Il y a un peu de la femme mystifiée de Betty Friedan dans ce livre d'Annie Ernaux.
La fin est magistrale !
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Mon premier Annie Ernaux.
Elle-même première française à recevoir le Nobel de Littérature.
La curiosité était donc là, l'envie aussi, à la lecture de la quatrième de couverture.

Et me voilà assez empruntée pour rédiger cette chronique, car que dire de cette écriture à l'oralité si particulière, de cette sorte de logorrhée farfelue, sans respiration ? Qu'elle a failli m'étouffer, me perdre, mais aussi qu'elle m'a paradoxalement progressivement happée. C'est sur cette curieuse ambivalence que j'ai chevauché jusqu'à la fin, obligée souvent de lire à haute voix pour retrouver un rythme et un sens à ces absences de phrases, à ces accumulations de mots et d'expressions.

Telles les pièces d'un puzzle répandues en vrac, l'autrice déverse ses souvenirs et, d'une anecdote à l'autre, on progresse dans la reconstitution des étapes de sa vie, sur une vingtaine d'années, de son enfance à ses débuts de vie d'adulte.
Récit très autobiographique et intime, il nous livre également un témoignage socio-culturel riche et saisissant sur la société française durant la deuxième moitié du 20ème siècle, et sur la condition féminine à cette période.

C'est particulièrement ce qui m'a plu et emportée, sans doute parce que je ne pouvais rester insensible à ce qui faisait tant écho en moi.

Comment, insidieusement, malgré une éducation avant-gardiste qui ne l'y prédisposait pas, malgré un esprit libre, ouvert et indépendant, comment Annie, telle de nombreuses autres femmes, a-t-elle peu à peu glissé dans le moule formaté par la société : celui de la bonne ménagère et de la bonne mère avant tout, contrainte d'abandonner progressivement ses aspirations personnelles et ses ambitions professionnelles ? Est-il vraiment possible pour une femme de réussir à concilier équitablement les différents rôles ?

C'est l'histoire d'une frustration devant l'injustice des inégalités homme-femme, d'une immense solitude face à la « charge mentale » féminine, d'une colère et d'une révolte bientôt étouffées et muées en résilience, en enfermement progressif, en abnégation et renoncement. « Toute mon histoire de femme est celle d'un escalier qu'on descend en renâclant. » (p. 178)

"Quelle sensation ça fait de s'étaler la serviette sur les genoux et de voir arriver des nourritures [...] préparées, touillées, surveillées [...]. Je l'ai oublié." (p. 163) ... "Quelle tâche un homme est-il obligé de se coltiner, tous les jours, deux fois par jour, simplement parce qu'il est homme." (p. 164) ?

Sous des apparences de famille idéale, l'amour, le rêve, et l'esprit «d'aventure » et de liberté d'A. Ernaux se sont effrités jour après jour, montrant ainsi l'emprise de la société encore très patriarcale sur nos vies, et la façon dont elle nous modèle bien malgré nous, à la merci de l'incompréhension et des jugements extérieurs pour qui ne s'y conformerait pas.

Il y a certes des accents féministes dans ce récit, mais j'y ai surtout lu celui d'une femme perdue, désabusée et qui a sombré jusqu'à devenir « une femme gelée ».

Une part de résonnance en moi, une forme de sororité entre nous, malgré les années qui nous séparent et le silence tabou qui nimbe encore cette réalité… J'ai eu beaucoup d'empathie pour cette femme et j'ai profondément ressenti sa souffrance intérieure devant ces années passées à côté de sa vie, face au mirage d'une existence permettant de faire cohabiter tous les accomplissements possibles, amoureux, maternels, personnels et professionnels.

Une lecture très touchante car porteuse d'un message en même temps que d'un appel au secours, et que je recommanderais autant aux hommes qu'aux femmes, à condition de réussir à s'affranchir de son style déroutant.
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Voici le deuxième ouvrage d'Annie Ernaux que je lis. le premier était "La Honte" et sa lecture fut longue et douloureuse. J'ai persévéré avec "La femme gelée" et j'ai compris pourquoi cette auteur est si renommée !
J'ai aimé les passages sur son enfance et la façon qu'elle a de percevoir rétroactivement le couple que forme ses parents. J'ai aimé sa façon de décrire la place, le rôle des femmes dans la société. Elle parle d'une époque à laquelle elle était jeune adulte, mais qui reste tellement d'actualité. Elle exprime clairement la frustration d'une femme "incomplète" qui aspire à être plus qu'une mère et une épouse, qui veut être considérée en tant qu'individu avec ses idées et ambitions propres, ne pas devenir l'invisible épouse DE, l'invisible mère DE.
Une histoire tellement banale et tellement universelle qu'elle me met en rage ! A lire absolument !

"Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout concilier, sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment."

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