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sur 1196 notes
La lecture de cette trentaine de pages écrites par Annie Ernaux a créé chez moi un malaise que j'ai mis du temps à analyser. Qu'est-ce qui me déplaisait dans ce bref récit d'une liaison passagère ? La différence d'âge entre l'écrivaine et le jeune homme ? Non. La condition d'étudiant de l'un et la notoriété reconnue de l'autre ? Non. La passion amoureuse ? Pas davantage. Alors ?
La vérité est que je me suis mise à la place de ce jeune homme. Plus exactement, je me suis mise dans la place qui est faite à ce jeune homme par Annie Ernaux. Celle d'un accélérateur de création : « C'est peut-être ce désir de déclencher l'écriture du livre […] qui m'avait poussée à emmener A. chez moi boire un verre […] », « Je travaillais continûment à mon récit et, par une stratégie résolue de distanciation, à la rupture. À quelques semaines près, celle-ci a coïncidé avec la fin du livre. » Par ailleurs, Annie Ernaux instaure un rapport de domination, reposant sur un profit (un donnant-donnant : tu me donnes du plaisir, je te paie des voyages). Mais, il n'y a pas de profit réciproque quand on place son amant dans une position subalterne : « J'étais en position dominante et j'utilisais les armes d'une position dont, toutefois, je connaissais la fragilité dans une relation amoureuse ».
Faut-il avoir l'audace de dire les choses pour en décolorer l'humiliation de les avoir pensées et écrites ? Suffit-il de se coller l'étiquette de la bourgeoise pour utiliser jusqu'à plus soif celle de transfuge de classe ?
Oh ! Que ce petit livre brûle, comme un minuscule fagot jeté dans le feu d'une gloire littéraire ! Il n'y aura eu presque aucune grâce accordée à ce jeune homme, sinon le malheur de sa naïveté.
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AMOUR
Un roman ma-gni-fi-que, qui aborde avec talent et justesse, l'amour passionnel entre une femme et un homme plus jeune.

Une femme d'âge mûr, 54 ans, vit une histoire d'amour passionnelle avec un jeune homme, étudiant à Rouen et de 30 ans son cadet.

Tout en vivant pleinement cette histoire, elle espère déclencher l'écriture d'un livre...

Elle découvre à travers lui, les mentalités de ses (trop) jeunes amis, leur immaturité, les convictions professionnelles du "jeune homme". Convaincu de ne pas pouvoir changer la société, il pense qu"il lui suffit de se glisser dans ses rouages et d'esquiver le travail en profitant des droits qu'elle accorde".

Avoir un métier pour elle était devenu la condition de sa liberté, pour lui, 30 ans plus tard, une perte de liberté...

Elle se moque de son manque d'ambition, elle l'aime.

Elle se trouve confrontée aux regards appuyés des passants jugeant une femme d'âge mûr devenue scandaleuse, car marchant enlacée dans les bras d'un homme si jeune, les mêmes qui ne les jugeraient pas si les rôles étaient inversés...

Un roman ma-gni-fi-que, qui aborde avec talent et justesse, l'amour passionnel entre une femme et un homme plus jeune.


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Bonsoir,
J'ai enfin lu mon premier Annie Ernaux avec « le jeune homme », une histoire essentielle puisqu'elle raconte la relation qu'elle a eu avec un jeune homme de trente ans de moins qu'elle. Elle raconte son rapport au temps, ses souvenirs, d'une manière tendre et poétique. Il s'agit de quelques pages et pourtant nous vivons cette relation avec l'intensité avec laquelle je pense qu'elle l'a vécue et toutes les interrogations sur l'âge. Je ne peux pas dire que j'ai accroché avec ce petit livre, vraiment petit, mais il parait qu'il ne fallait pas commencer par celui-ci, qui s'il est dans l'esprit de l'écriture d'Annie Ernaux n'est pas suffisamment représentatif. Je verrai si j'essaie d'en lire un autre.
Quatrième de couv. En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la "fille scandaleuse" de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.
Ce texte est une clé pour lire l'oeuvre d'Annie Ernaux — son rapport au temps et à l'écriture.
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N°1689 – Novembre 2022

Le jeune hommeAnnie Ernaux – Gallimard.

L'amour, est un des moteurs de la création artistique et Annie Ernaux nous avoue d'emblée que la simple jouissance sexuelle provoque pour elle l'écriture. A un certain moment de sa vie (elle a 54 ans) où elle connaissait peut-être une période de « sécheresse » créative, elle reçoit une lettre d'un étudiant de Rouen (« A ») qui admire en elle l'écrivain et peut-être aussi la femme. Leur relation dure de 1994 à 1997 au point qu'elle confie n'avoir jamais connu une telle ferveur de la part de ses autres amants. Pourtant tout les sépare, l'argent, le milieu social, la notoriété mais cet épisode rouennais permet paradoxalement à Annie de retrouver ses origines modestes et de revivre sa période « bohème » étudiante qu'elle avait aimée. Cette vie commune prend rapidement des accents d'initiation réciproque, une première vraie relation, un défi ou une une rencontre passionnée pour lui, un retour vers son passé et une quête de sa jeunesse pour elle, d'ailleurs pas forcément toujours agréable par l'effet miroir que de telles images tirées du passé pouvaient avoir ! Pour Annie cette différence d'âge n'était pas une honte, au contraire, elle correspondait à une quête de sa jeunesse enfuie et à une façon de transgresser un certaine forme de morale bourgeoise en ressuscitant la « fille scandaleuse » qu'elle avait été. Elle avoue qu'elle a vécu cet épisode comme une expérience réussie, loin d'une véritable passion, mais aussi comme une renaissance vers l'écriture. Un livre un peu court cependant pour montrer que, à l'occasion de cette aventure autobiographique amoureuse, ce qui importe vraiment pour elle c'est l'écriture, sa véritable raison de vivre.
Ici elle confie avoir vécu et aimé un homme de trente ans son cadet. Au cours des générations précédentes, la relation entre un homme âgé et une femme plus jeune ne choquait personne et était même communément admise, quand l'inverse, pas forcément authentifiée par le mariage, suscitait parfois une réprobation gênée ou carrément un dramatique scandale, comme ce fut le cas pour Gabrielle Russier dans les années 60. Actuellement cette situation se révèle au grand jour et n'est plus comme auparavant soit réprouvée par une morale bien-pensante, soit cachée au nom d'on ne sait trop quoi. Même si une telle situation, d'ailleurs officialisée au plus haut sommet de l'État, peut susciter les quolibets, elle témoigne de l'évolution des mentalités.

Déja, l'an passé et par dérision on annonçait que le prix Nobel de littérature avait été décerné... à Annie Ernaux (L'italien Tommaso Debenedetti, spécialiste des fausses nouvelles qu'il démentait ensuite, avait déjà signé un canular sur Twitter annonçant la distinction attribuée à Annie Ernaux alors que l'Académie suédoise l'avait en réalité décerné cette année-là au romancier tanzanien Adbulrasak Gurnah). C'était évidemment faux mais cette année c'est vrai. Elle est la 17° femme à recevoir ce prix prestigieux et les Lettres françaises sont une nouvelle fois consacrées à travers elle.
On peut ne pas partager ses idées, mais elle les affirme avec conviction et constance. Elle ne fait pas partie de ces gens à qui une simple promotion fait perdre la tête et oublier leurs origines ou leur quotidien. Elle ne s'est pas contentée, tout au long de sa carrière littéraire, d'être une auteure à succès, elle n'a jamais fait mystère de ses modestes origines et en a même fait un des terreaux de sa créativité, tout comme elle a fait de sa personne et de sa vie la source de son inspiration, jusqu'au solipsisme. Elle a parlé des nombreuses facettes de sa propre vie, défrichant au passage les arcanes de la mémoire jusqu'à un trop grande facilité de confidences peut-être. On peut en penser ce qu'on veut mais après tout un écrivain puise dans sa vie sa propre oeuvre créatrice ce qui est souvent l'occasion soit d' intéresser ses lecteurs soit parfois de les aider dans la leur.
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Je l'avais coincé dans une pile en attendant……qu'elle fut honorée du dernier prix Nobel de littérature. Je l'ai glissé dans mes bagages avec d'autres livres pour quelques jours de pause.
Annie Ernaux nous offre le jeune homme. Ce jeune homme, la narratrice en tombe amoureuse alors qu'elle entre dans la seconde partie de sa vie. Rien d'impudique, de vulgaire, juste une rencontre, des étreintes, aucun calcul ni jugement ….un temps suspendu.
37 pages de légèreté, comme une bouffée de liberté….souverain!

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Mon premier Annie Ernaux, j'ai tout simplement adoré ! Je l'ai même lu deux fois de suite pour bien m'en imprégner ! Et je pense que je le relirai si je poursuis la découverte de l'oeuvre de l'autrice pour bien tout resituer.

L'autrice nous raconte cette parenthèse de vie où elle a vécu une relation avec un homme 30 ans plus jeune qu'elle. Quoique court puisque ne comptant qu'une quarantaine de pages, j'ai trouvé que ce roman était à la fois, profond et très juste.
Un sujet important, rarement abordé en littérature : la différence d'âge dans le couple, lorsque c'est la femme qui est plus vieille, beaucoup plus vieille ici en l'occurrence et surtout le regard des autres sur ces relations qui sortent du cadre.
Avec ce jeune homme, Annie Ernaux a retrouvé sa jeunesse et fait des parallèles entre les situations qu'elle a pu vivre lorsqu'elle était plus jeune et celles qu'elle rencontre lorsqu'elle se trouve avec A. A la différence près qu'à cette période, elle assume totalement ses choix.
C'est aussi une différence de classe sociale, lui qui vient d'une famille désargentée quand elle est plutôt « bourge ». Face à ce jeune homme, elle fait un bond dans le passé et se souvient de ses origines populaires. Il lui rappelle également celui qui l'a mise enceinte dans le passé, ce qui déboucha sur un avortement clandestin. Événement qu'elle racontera dans son livre du même nom dont la rédaction se terminera en même temps que son histoire avec A… Coïncidence ??
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Malgré ce court récit, l'auteur a réussi à me transporter dans cette relation amoureuse qui est belle et sincère, mais qui en plus est autobiographique.
On se met vraiment dans la peau de cette femme qui essaie de retrouver un peu de sa jeunesse, de ses souvenirs, à travers cette relation.
Le roman met en avant la vieillesse et la façon de l'aborder et c'est touchant.
Il est évident que ce roman me donne envie de lire d'autres romans d'Annie Ernaux.
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Je ne pensais pas qu'un jour la lecture d'un livre d'Annie Ernaux me prendrait moins de temps que de lire une BD de format normal. Rien à voir entre les deux et pourtant je ne sais pas pourquoi cela me vient. Peut-être qu'après avoir dévoré en 20 mn ce dernier livre d'un auteure que j'aime énormément, je suis frustrée et presque en colère. Ce livre est pour moi une ébauche de livres, une nouvelle et encore avant Le
Livre. Alors évidemment je me suis régalée et toute la superbe d'Annie Ernaux y est condensé mais j'ai un arrière goût de mécontentement qui explique les trois étoiles….
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Quelles peuvent être les raisons de la publication et du succès public d'un écrit aussi insignifiant ? Après trois lectures successives de l'intégralité de l'oeuvre, je m'interroge encore mais c'est sans doute par méconnaissance de ce qu'est l'essence même de la littérature. Pour ce qui est de la réussite de l'entreprise en termes de ventes, j'ose naïvement suggérer que sa brièveté n'y est pas étrangère lorsqu'on sait la désaffection que connaît la lecture.
Sans doute consciente que "Le jeune homme" ne trouvera pas sa place dans l'histoire de la littérature, Annie Ernaux prend soin de se justifier :
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues."
Passe encore qu'elle écrive ces "choses", chacun a le droit d'écrire son journal intime, mais pourquoi donc ressentir le besoin de les faire connaître à la terre entière ? Pour faire savoir qu'elle a réussi à inverser le schéma traditionnel de l'homme mûr accompagné d'une femme bien plus jeune que lui et que de la sorte elle fait avancer le combat de ses soeurs pour l'égalité ?
A-t-elle conscience par ailleurs du mépris qu'elle témoigne pour son jeune amant A. , lui qui lui rappelle son enfance passée auprès de gens de peu, ceux qui "agitent le sucre dans leur tasse de café pour qu'il fonde (sic) plus vite", ceux qui coupent leurs spaghettis ou qui mangent les morceaux de pomme au bout d'un couteau ? Quelle trouvaille d'écrire que la rupture avec A. lui rappelait son avortement subi en 1964: "Comme si je voulais le décrocher et l'expulser comme je l'avais fait de l'embryon plus de trente ans auparavant." !
Un livre dispensable s'il en est mais qui a le mérite de montrer que l'on peut tout se permettre quand on est devenu l' icône d'une certaine intelligentsia.
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Dans ce court récit Annie Ernaux raconte la relation amoureuse qu'elle a vécue avec A, un jeune de 30 ans son cadet.
Le livre dit le rapport entre l'amour et l'écriture, l'écriture et la mémoire aussi, sujets principaux du livre, ils lui ont inspiré cet écrit.

L'auteure évoque la thématique du temps et de la mémoire comme si psychologiquement le temps n'existait pas, les actions se situant plutôt dans la permanence des choses, le temps est plus cyclique que linéaire.

Les souvenirs induits par la relation avec le jeune A donnent l'impression d'une répétition de choses déjà vécues et ressenties, trente ans plus tôt, rien de nouveau, on revient au point de départ.

A Ernaux utilise le terme de Palimpseste (un texte en cache un autre, plus ancien), ici c'est un événement actuel qui en révèle un autre, plus ancien. L'écriture permet de fixer les choses, de les mémoriser.

Par ce moyen l'auteure va au-delà du vécu, ce qui lui permet d'en garder une trace durable, une mémoire des choses vécues.

On retrouve dans le livre d'Annie Ernaux toujours cette thématique obsédante des souvenirs de jeunesse, comme dans presque tous ses livres, de ses origines populaires, tout comme son désir d'ascension sociale, la lutte des classes.

Plus prosaïquement l'auteure évoque le regard forcément accusateur des autres sur ce couple dépareillé, aux yeux de la société, qui pourtant s'initient l'un l'autre, selon l'auteure, chacun apporte quelque chose à l'autre sans distinction d'âge.

Le récit entremêle l'écriture, l'amour et la mémoire pour le plaisir du lecteur.


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