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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très bonne lecture.

Quel témoignage émouvant nous livre Annie Ernaux sur le récit de son avortement dans les années 60, soit une dizaine d'années avant la légalisation en France.

Même si à la narration cela peut paraître froid à tous points de vue, c'est un roman qui est nécessaire. Nécessaire à la compréhension de la dure réalité de ce combat et du chemin parcouru. Nécessaire pour montrer dans quel état de précarité ces femmes étaient (ou plutôt sont encore dans le monde).

J'ai apprécié le fait d'avoir ici un récit autobiographique qui n'est pas un plaidoyer. L'autrice s'attelle à décrire les faits et dans quel état psychologique elle se trouvait. On ressent une angoisse sourde et latente, sur les difficultés qu'elle a connu avant de trouver une « faiseuse d'anges ». Mais surtout on ressent la véritable nécessité pour elle de disposer de son corps, à tout prix. C'est un événement qui la marque, à vie.

Un roman poignant de réalisme qui narre l'histoire d'une femme qui décide de sa vie.
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Ça fait environ un peu plus d'un un an que je me suis mise à lise du Annie Ernaux, je pense comme beaucoup d'ailleurs puisque c'est à ce moment là qu'elle a reçu le prix Nobel de littérature. J'ai déjà lu une dizaine de livre d'elle et je pense sincèrement que celui-ci est un de mes préférés. J'ai l'impression qu'on est face à une autre Annie Ernaux dont on a l'habitude de retrouver dans ses récits. Ici elle est très jeune, on est en 1963, elle replonge donc dans une époque où elle était une jeune étudiante. le thème est profond: l'avortement a une époque où sa légalisation n'existe pas, où les femmes doivent se cacher pour exercer leur droit. Elle se retrouve finalement très seule, jugée, ignorée et critiquée. j'ai ressenti beaucoup de colère et d'injustice dans son récit, tout un tas d'emotions m'ont submergées. C'est un très beau livre féministe qui nous rappelle que l'avortement est un droit récent et qui faut continuer de lutter pour nos droits
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Second roman de l'autrice pour moi, et une nouvelle fois cela a été une excellente lecture. "L'évènement" est un roman puissant, féministe et intemporel. Annie Ernaux nous livre un des grands évènements de sa vie : son avortement en France dans les années 60. Pratique encore illégale à l'époque, l'autrice brave les interdits aux périls de sa vie.

Brillant et révoltant, ce roman est - tout comme "La place" - un témoignage très personnel d'Annie Ernaux livré pourtant avec beaucoup de pudeur. Certains parlent d'une écriture froide et distante mais moi je n'y vois qu'un moyen de se préserver, et c'est un procédé qui me touche beaucoup.

Je ne sais pas quelle sera ma prochaine lecture de l'autrice, mais qu'importe j'ai hâte de replonger dans l'un des nombreux récits de cette autrice qui prend progressivement la place de référence littéraire féminine à mes yeux.
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Annie Ernaux raconte son avortement en 1964, lorsqu'il était encore puni par la loi. Simplement, factuellement et si justement, elle retranscrit dans le détail chaque étape douloureuse de cet évènement, de la difficulté à trouver une faiseuse d'anges comme de celle à trouver un.e confident.e, du jugement moral de son entourage comme du corps médical, de la peur de la mort comme de celle d'avoir un enfant non désiré, des douleurs physiques et du vide. le vide longtemps, pendant et après l'évènement.

Lorsqu'elle écrit, l'avortement n'est plus illégal et cela lui permet de partager son vécu sans avoir à revendiquer la nécessité évidente du droit à l'avortement pour toutes les femmes. Cela lui permet de décrire l'impact que l'avortement peut avoir dans la vie d'une femme, sur son corps et son état psychologique.

Aujourd'hui en France, nous avons la chance de pouvoir avoir accès à l'avortement sans craindre la loi, sans craindre d'y laisser la vie ou de ne trouver personne pour réaliser cet acte médical. Ce n'était pas le cas en 1964. Mais en lisant Annie Ernaux, cela confirme qu'en 1964 ou maintenant, c'est toujours une douleur, aucune femme n'y passe de gaité de coeur, et c'est pour cela que l'accompagnement psychologique et médical des femmes est indispensable.

On ressort de ce livre bouleversée et enrichie par ce témoignage précieux, et tellement nécessaire.
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Annie Ernaux raconte son avortement à une époque où c'était considérer comme un crime. Tout se faisait clandestinement au péril de sa vie.
C'est un livre très court mais très riche par le choix des mots. Un récit puissant et glaçant. J'ai été très touchée par l'histoire d'Annie Ernaux.
Je lirai d'autres de ces livres.
Excellent
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Le chemin de croix auto-socio-biographique de l'auteure, alors étudiante, vers un avortement clandestin, au milieu des années soixante, quelques années seulement avant la légalisation de la pilule contraceptive.

L'occasion de nous rappeler que l'IVG n'a pas toujours été un droit fondamental, et qu'il est encore loin de l'être dans de nombreuses régions du Monde. Ce récit nous guide dans les méandres du calvaire de la jeune femme, déterminée à enfreindre la loi, errant de gynécologues lui reprochant sa légèreté et son manque de responsabilité, au cabinet clandestin d'une faiseuse d'anges.

Un éclairage historique sur la condition des femmes, à une époque pas lointaine de la nôtre.
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Voilà encore une fois un roman largement autobiographique, qui nous parle de l'avortement dont c'est cette fois le thème principal, un sujet qui a été déjà abordé dans "Les armoires vides" dont je vous ai parlé ICI. C'est un témoignage choc, un livre coup de poing, très court, puisque 130 pages à peine, mais d'une densité rare.
Il fait un constat réaliste de la condition féminine dans les années 60. Il aura fallu du temps à l'auteur, entre 1963, date de l'évènement et l'écriture de son livre en 1999, sorti en 2000, pour qu'elle puisse mettre des mots sur son vécu. Elle a écrit ce livre à partir des réflexions et des phrases qu'elle avait écrites dans son journal de l'époque. Elle fait donc des parallèles avec la fin des années 90, l'actualité du moment.
L'auteur nous raconte tous les détails de sa vie quotidienne du moment où elle comprend qu'elle est enceinte et en a la confirmation suite à sa visite chez un médecin, jusqu'au moment où elle sera libérée de ce foetus dont elle ne voulait pas.
C'est à l'occasion d'un simple examen médical angoissant qu'elle va revivre ce qu'elle a vécu trente ans auparavant, un événement marquant inoubliable.
Alors qu'elle cache sa grossesse à ses proches, mais se confie à des amis, qui lui font la morale, elle se trouve dans une grande solitude tout en cherchant désespérément une faiseuse d'anges. Elle va finir par être aidée par une jeune femme qui est passée par-là avant elle et va lui donner une adresse. Tout se faisait en ce temps-là dans l'illégalité et les médecins étaient les premiers à avoir peur, un d'entre eux lui prescrit tout de même un traitement pour qu'elle évite la septicémie mais il n'évitera pas certaines des conséquences de son acte...
Le récit est bref, raconté avec simplicité et parfois avec un langage cru. le lecteur ne peut se protéger de la violence des propos, il prend toute la mesure de la violence contenue dans les réflexions des hommes de l'époque, y compris dans le milieu médical, mais aussi celle du géniteur qui, lui est bien trop occupé, a autre chose de plus important à faire que de l'aider...
Pourtant, l'auteur ne donne pas de leçon tout comme elle ne cherche pas à attirer la compassion, elle témoigne tout simplement, avec une grande honnêteté de ce qu'elle a eu à vivre comme d'autres femmes avant elle et après elle, jusqu'à la loi Veil.
Je crois que ce qui m'a finalement le plus choquée dans ce roman autobiographique, ce sont les propos du médecin, qui avoue que s'il avait su qu'elle était étudiante (et sous-entendu, pas une fille paumée d'un quartier populaire) il l'aurait traitée autrement. Tous ont peur de la loi et des conséquences sur leur carrière s'ils étaient surpris à l'aider. J'ai été également choquée par l'attitude d'un de ses prétendus amis qui sachant cela, la violente, comme si elle avait besoin de ça (après tout elle avait déjà couché donc elle était disponible pour lui !)
Quoi qu'il en soit, si l'évènement a été pour elle une découverte douloureuse de sa féminité, il est pour nous, lecteurs et lectrices, le reflet de la société bien pensante de l'époque, des tabous autour du sexe (elle n'avait pourtant pas fait ce bébé toute seule !), des préjugés de classe qui ont malheureusement toujours cours aujourd'hui dans bon nombre de pays.
Il casse aussi la croyance du "c'était mieux avant" et nous permet de nous rappeler que l'insouciance était loin d'être au rendez-vous pour cette génération-là. du chemin a été accompli par les femmes depuis, et le droit à disposer de leur corps doit coûte que coûte être un droit à conserver comme un des acquis majeurs de la fin du XXe siècle. Il faut refuser qu'il en soit autrement.
Ce roman est classé parmi les 25 livres féministes qu'il faut avoir lu par le Quotidien Suisse, "le Temps". Il a été adapté au cinéma en 2021 et a remporté le Lion d'or à la 78e édition de la Mostra de Venise.
Peut-être l'avez-vous vu ?
Dans le recueil Ecrire la vie, ce roman fait suite à "la Honte". A suivre donc, puisque je continuerai à vous présenter les oeuvres d'Annie Ernaux dans l'ordre chronologique du recueil.
Vous pouvez aller lire, pour en savoir plus, l'entretien de l'auteur sur le site de Gallimard, suite à la parution de son livre en 2000...
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Ce livre est avec "je ne suis pas sortie de ma nuit", à mes yeux, le meilleur livre d'Annie Ernaux. Il décrit avec détails un avortement lors des années 60, avec tout ce qu'il a de brutal, d'horrible. Il dit tout haut ce qu'on cache. Il est clair que sa brutalité peut en heurter plus d'un(e) mais ce n'est pas une violence gratuite, elle est absolument nécessaire pour qu'on comprenne le traumatisme silencieux que vivaient ces femmes, au milieu d'hommes totalement absents et moralisateurs. Lecture essentielle.
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Je sais que sur Babelio, les avis relatifs aux livres d'Annie Ernaux sont partagés et que certains de mes ami.e.s babeliotes y ont fait des commentaires négatifs.

En ce qui me concerne, après avoir lu il y a fort longtemps son livre La place, c'est l'attribution du Prix Nobel de littérature qui m'a incité à la lire.
Et je dois dire que j'ai été impressionné par cette oeuvre magnifique d'auto-fiction produite par Mme Ernaux, qui nous renvoie comme un miroir le portrait saisissant et sans concession de l'évolution sociétale de notre pays durant la deuxième moitié du 20ème siècle, et surtout de la condition féminine et du rapport entre classes sociales.

L'événement est un exemple de plus de l'approche d'Annie Ernaux.

En nous racontant son histoire bouleversante, celle de son avortement clandestin en 1964, à une époque où il était interdit, elle rend compte avec vérité et crudité de la condition des femmes avant que cet acte ne soit légalisé grâce à la loi Veil en 1975.
Elle nous dit à la fois les quelques personnes secourables qui lui ont permis de passer cette épreuves, exclusivement des femmes, le mépris ou la réprobation voire l'indifférence de la gent masculine (ainsi en est-il de l'homme qui l'a rendue enceinte), la lâcheté ou la méchanceté du corps médical, son jugement « de classe ».

Mais j'ai trouvé que ce livre, lu le coeur serré en une soirée, est plus qu'un témoignage cru, brutal, saisissant.

Il y a tout d'abord sa mise en perspective,au début du livre, avec les années où apparaît le SIDA, une autre situation de marginalisation terrible d'une partie de la population, pour d'autres raisons. Et ça donne à réfléchir aux autres cas où les hommes et les femmes sont marginalisés voire stigmatisés, par exemple la maladie mentale, l'autisme, les handicaps de toutes sortes.

Ce livre a aussi une valeur éminemment sociologique dans la mesure où il montre non seulement la condition des femmes de cette époque, mais nous fait réfléchir sur le fait que cet acquis majeur est en danger, pour des motifs religieux mêlés à une volonté de domination idéologique, aux États-Unis et dans les pays d'Europe menés par les populistes d'extrême droite. Et de se dire: qu'en serait-il si l'extrême droite venait au pouvoir en France?.
Annie Ernaux nous livre encore comment le traitement des femmes par le corps médical est marqué par un sentiment de classe. Comment par exemple le médecin qui l'a prise en charge avec brutalité pour un curetage rendu nécessaire par la complication de son avortement, affirme rétrospectivement à une infirmière qu'il l'aurait traitée autrement s'il avait su qu'elle terminait des études supérieures. Autrement dit, que cette brutalité se justifie si les femmes sont d'une classe « inférieure » , ouvrière,paysanne etc…

Une autre chose m'a frappé. C'est l'extraordinaire travail de l'auteure sur la mémoire. le récit a, je trouve, une dimension de catharsis, comme si Annie Ernaux cherchait à revivre l'événement à la fois pour en témoigner, mais aussi pour s'en libérer.
Il s'agit, en ce sens, d'exorciser le traumatisme du passé pour lui donner valeur universelle, pour parler au nom de toutes les femmes qui ont, en un temps pas si lointain, vécu le même événement témoignant d'une certaine forme de domination masculine, religieuse, sociale.

En conclusion, mon avis est que ce livre dur, écrit de façon volontairement dépouillée, est un chef-d'oeuvre.
Oui, nous avons la chance d'avoir, dans notre pays, des auteures de la trempe et de la qualité d'Annie Ernaux.
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Une tranche de vie d'Annie Ernaux qui illustre la femme forte derrière l'autrice. La plume d'Annie Ernaux est crue, simple et belle.

L'événement, ainsi que La Place de la même autrice, dévoilent un style autobiographique sublime.

L'événement conforte mon opinion de l'autrice, une femme forte au talent littéraire acéré.
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