Ce qui m'a attirée dans
Utérotopie d'Espedite, c'est clairement la couverture. Et cette histoire de cousines presque jumelles – comment résister à une histoire de jumelles, même si elles ne sont que « presque » jumelles ? En revanche, je ne suis pas une amatrice de dystopie. Il s'agit d'un genre littéraire que je trouve déprimant. Une société soumise à un État totalitaire, post-apocalyptique dans laquelle une grande partie de la population a été décimée ou, si elle n'est pas six pieds sous terre, est soumise à une idéologie totalement flippante, je trouve que c'est un peu plombant. Curieusement (ironie, évidemment), je préfère les histoires de voisins ou d'ex-copines psychopathes. Mais bon, cette couverture attirante et les cousines jumelles m'ont donné envie d'aller au-delà de mes préjugés. Et puis, on peut souvent être agréablement surpris, non ?
Je ne connaissais pas Espedite, auteur de
Cosmétique du chaos. Derrière ce pseudonyme de (Camille) Espedite se cache
Nicolas Tainturier. En lisant sa biographie sur Babelio, j'ai découvert qu'il travaillait dans la fonction publique et qu'il trompait son ennui en écrivant des « textes sombres et absurdes peuplés d'improbables révolutions ». Étant moi-même fonctionnaire, je suis toujours étonnée de découvrir que certains collègues s'ennuient au travail – parce que c'est loin d'être mon cas, au contraire j'ai toujours des choses à faire. Mais bref, parlons plutôt d'
Utérotopie, c'est bien ce qui nous intéresse.
Nos deux cousines bourgeoises sont toujours ensemble, presque jumelles, presque identiques avec leur silhouette longiligne et cadavérique. En public, elles sont sages, bonnes élèves. du même âge, les deux jeunes filles ont un secret qu'elles cachent à leur famille, elles sont anorexiques. Les après-midi, elles cherchent à contrôler leurs corps. Et jouent à des jeux charnels. Elles dépassent leur besoin de s'alimenter. En clair, elles s'affament. Dans la solitude de la maison, elle font aussi l'expérience de la boulimie, une autre manière de contrôler leurs corps. Leurs jeux les conduisent à l'hôpital, où on essaie de les sauver. Mais le veulent-elles ?
Côté dystopie, il est question d'une société déviante et dans laquelle l'image est au centre de tout. Alors les deux adolescentes malades posent problème – et oui, il ne faudrait pas non plus que cela rejaillisse sur la réputation de la famille. La maladie des cousine est perçu comme une révolte, une manière de rejeter cette société de contrôle.
Utérotopie et un roman d'une centaine de pages que j'ai lu d'une traite. C'est très étonnant comme lecture. L'écriture est vraiment particulière. Je l'ai trouvée même un peu nébuleuse et sombre. J'ai eu un mal fou à entrer dans cette histoire de « presque » jumelles. Comme si elle me rejetait ou se cachait derrière un voile – le côté dystopique n'a pas franchement aidé, mais sur ce coup-là c'est de ma faute, j'étais méfiante. Mais en ce qui concerne l'histoire, je n'y suis pour rien !
J'ai bien aimé cette expérience de lecture – je l'ai vécu comme cela, une expérience. Un roman charnel, dans lequel le corps est le coeur. Clairement, ça n'a pas été ma tasse de thé, mais cela ne concerne que moi. L'écriture, en revanche, – et c'est à noter – est vraiment remarquable.
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