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EAN : 9782847423693
128 pages
PASSAGE (07/09/2017)
3.83/5   3 notes
Résumé :
(LIVRE RÉSERVÉ À UN PUBLIC AVERTI)

Un soir, sur le parking de la gare, le jeune Vallad poignarde un passant à la faveur d’une embrouille contre les étrangers du quartier, dont lui et ses comparses sont coutumiers. Incarcéré, il se retrouve dans la même cellule que son frère jumeau, Domingo, lui-même accusé d’agression sexuelle. Tous deux sont suivis par Hermiane, une psychologue prise en étau entre la bienveillance avec laquelle elle tente de les acco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Deux frères qui se retrouvent en cellule pour le pire et pour le pire, deux psychologues face à face pour tenter de mettre en pratique des méthodes opposées sur ces cobayes faux volontaires … Encore un énième livre sur le milieu carcéral allez-vous dire, encore un livre empreint d'un sentimentalisme abscond ? Oh, on vous entend déjà râler au sujet de Se trahir, le deuxième livre de Camille Espedite qui, oui c'est vrai, prend place dans les cellules d'une prison aux méthodes semble-t-il novatrices. Et pourtant, les quelques pages de ce roman ont beaucoup à vous surprendre … Lettres it be vous convie à ce voyage derrière les barreaux.

# La bande-annonce
Un soir, sur le parking de la gare, le jeune Vallad poignarde un passant à la faveur d'une embrouille contre les étrangers du quartier, dont lui et ses comparses sont coutumiers. Incarcéré, il se retrouve dans la même cellule que son frère jumeau, Domingo, lui-même accusé d'agression sexuelle. Tous deux sont suivis par Hermiane, une psychologue prise en étau entre la bienveillance avec laquelle elle tente de les accompagner et la répulsion que lui inspire la violence de leurs comportements.
Mais ce difficile équilibre est un jour remis en cause par l'arrivée de Carise, une éducatrice spécialement missionnée par l'administration pénitentiaire pour imposer des méthodes radicales de rééducation, techniques 3.0 qui ne font, pour la psychologue, qu'amplifier les déviances de ceux qu'elle entend réinsérer.
Face à Carise, Hermiane tente de défendre son honneur et la dignité de ses patients pour ne pas se trahir. C'est pourtant dans la trahison à ce qu'ils pensaient être que chacun des personnages trouvera la possibilité de fuir ce huis-clos infernal.

# L'avis de Lettres it be
Se trahir, publié aux Editions Passage(s) (un merci en passant) est le troisième livre de Camille Espedite, après Palabres co-écrit avec Bérengère Cournut et publié en 2011, et Les aliénés publié en 2015 chez Christophe Lucquin éditeur. L'occasion de retrouver un style sur le fil du rasoir, une plume taillée à la serpe et affûtée comme jaja, et qui revient montrer toute sa justesse dans l'ombre. Et franchement, belle claque bien autoritaire derrière la nuque offerte par ce livre aux quelques 128 pages.

Ce roman est définitivement dual. Deux frères enfermés ensemble, deux psychologues confrontées ensemble, deux mondes qui tentent de se pénétrer, deux sociétés qui peinent à fusionner. Camille Espedite fait le pari de la dualité pour poser les fondations de son dernier roman. Chaque personnage est un petit monde en ébullition qui retient l'attention du lecteur, une voix qui résonne dans notre cathédrale interne. Vallad, Domingo, Hermiane, Carise … Des prénoms méconnus, autant de nouvelles planètes dans un système solaire parfaitement aligné et qui né sous la plume d'Espedite. Bien que l'histoire soit finalement simple avec cette immersion derrière les barreaux et cette critique acerbe de la psychologisation des « déviants », Camille Espedite transforme toute cette matière brute pour en livrer un résultat saisissant.

La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Ce livre est est une légère déception pour moi, en lisant le résumé sur la quatrième de couverture je m'attendais à mieux, une atmosphère peut-être un peu plus étouffante, sous pression.
On va suivre l'histoire de deux frères jumeaux que tout oppose dans l'apparence mais qui se ressemblent dans leurs fragilités.
Après j'ai tout de même apprécié ma lecture, le fait que le livre soit court donne un plus à l'histoire car on va direct sur l'essentiel. J'ai également apprécié le style de l'auteur que je trouve assez original. Ca donne un récit un peu "déstructurer" mais qui correspond parfaitement à l'univers de ce livre.
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Un condensé d'univers carcéral et para-carcéral soufflant le chaud et le froid narquois sur ses maux.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/28/note-de-lecture-se-trahir-camille-espedite/
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je vous le dis : on se voile la face. Depuis des décennies, loin des villes et de leurs flux incessants, à l’orée des dernières résidences pavillonnaires, la société a créé un trou noir dans l’espace-temps urbanistique en plaçant quelques-uns dans une situation maximale d’immobilité pour une durée déterminée. On se plaît à imaginer qu’ici, en rase campagne, s’agglutinent les détenus comme des rats au fond d’un trou, que bientôt ils perdront l’usage de leurs incisives à force de paralysie, sidérés par la peur et l’obscurité. On a du mal à se figurer que la prison fonctionne à l’inverse, que c’est dans le chaos perpétuel qu’elle enferme les gens : trocs, deals, changements de cellules, visites, hospitalisations, transferts, entrées, sorties, tout est négociable ici, tout peut s’échanger, à l’instar des produits illicites, qui vont et viennent, se vendent et s’achètent, drogue dans le cul, du parloir aux détenus, des détenus aux surveillants, des surveillants aux dealers, des dealers aux détenus, ou alors, sont envoyés directement de la rue au-dessus des grillages de la cour, passent dans la poche d’un agent, puis transitent par les cuisines, sur les chariots, ou carrément par les fenêtres, sous la forme de sachets pendouillant au bout d’un fil qu’on appelle « yoyo » car on les fait valser, le long des murs, au vu et au su des miradors. Bien sûr, la répression règne, elle bloque des accès, en autorise d’autres, contrôle les entrées, surveille les sorties, réglemente les passages, ralentit la cadence, un par un, deux par deux, attendez votre tour, en file indienne, finalement non, revenez demain. Mais au fond, elle épouse la vie des cellules : délinquants, pédophiles, trafiquants, criminels, chauffards, arnaqueurs, récidivistes s’agglomèrent et prolifèrent. La répression n’y fera rien, enlevez une tumeur, elle revient aussitôt. L’administration le sait. Aussi se plie-t-elle à leurs manières, en mégotant sur les peines, en rabotant les séjours, en fermant les yeux sur la haine, en négociant les retours. L’objectif est que ça usine là-dedans : violences, transactions, délits, produits, rapports, signalements ; peu importe si la colère y résonne, si la folie contagionne, et que le business prospère, il faut que cela vive, partout, tout le temps, comme si vivre et faire vivre pouvaient conjurer le pire, le suicide et la mort.
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Faciès entre parenthèses, un peu à l’étroit, les pommettes hautes et les joues droites, un menton qui file vers le bas, légèrement prognathe, et des cheveux bruns très courts ramenés sur le front. Un portrait accessoire, comme quelque chose que l’on utiliserait machinalement tous les jours. J’en prends soin, certes, mais passe vite dessus : khôl sur chaque paupière et puis basta. J’aime penser qu’en eux-mêmes mes traits sont neutres, que je suis capable d’en gommer le sens, a contrario de ceux des autres, que j’ai appris à déchiffrer sous l’épaisseur des discours. Mon visage ne doit rien laisser deviner, mes paroles ne doivent pouvoir y être arrimées d’une quelconque manière, seule compte l’attitude du patient dont le moindre geste trahit, pour qui sait le lire, le signe d’une pathologie cachée.
Ainsi invisible, je gère mes entretiens en respectant le protocole obséquieux du dépistage des risques psychosociaux en milieu fermé : toujours commencer par inviter poliment le mineur à décrire rapidement sa structure familiale, y déceler de petits traumas à peine refoulés, comme en rapportent souvent les enfants, afin de glisser subrepticement vers la confession d’éventuelles périodes prolongées d’angoisse ou de tristesse, voire d’épisodes délirants ou de conduites à risque (consommation excessive et régulière de psychotropes, fatigue, déprimes passagères, tentatives de suicide, etc.). Sans effraction, et avec son consentement, je dérobe ainsi sous ses yeux quelques morceaux choisis de son intimité que j’utilise pour évaluer la capacité du délinquant à revenir sur son acte et à prendre du recul sur celui-ci.
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Je reste impassible, tente de masquer mon ennui. Ce jeune homme prétendument psychopathe s’avère absolument commun, un peu pervers et mégalo certes, mais ni plus ni moins que le multirécidiviste lambda.
Le délinquant parti, je m’accorde quelques soupirs râleurs. Les surveillants m’y invitent : ce sont les premiers à se moquer dans les couloirs, l’insulte à peine voilée, la maltraitance aux aguets. Je m’en méfie, évite de me prêter à ce jeu malsain, préfère jouer les timides, en taisant tout jugement à l’emporte-pièce. Ma réserve m’éloigne de leurs sarcasmes, elle me place du côté de la science, je suis Hermiane la psychologue, je me dois de rester invisible.
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Video de Camille Espedite (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille Espedite
Vendredi 8 septembre 2017, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) recevait Camille Espedite à l'occasion de la publication de son troisième texte, "Se trahir", aux éditions Le Passage.
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