La revue Esprit consacre ici un numéro à l'Ecole. Quel sens lui donner ? L'Ecole est-elle en crise ? De quelle Ecole parle-t-on ? L'Ecole de la confiance n'est-elle qu'une forme de domination ? Qu'est-ce qu'enseigner ? Dans quelles conditions ?
En cette période de confinement, j'ai eu tout le temps de reprendre quelques articles du numéro spécial de cette revue.
Des sept articles, qui sont tous très intéressants et instructifs, je me suis arrêté sur celui de Cécilia Suzzoni; « Une école en péril de sens » et sur celui qui expose des échanges entre enseignants, magnifiquement intitulé « Les passeurs de l'essentiel ». Ce dernier fait intervenir cinq enseignants, de formation et d'horizon différents, sur leur parcours et sur le choix de leur profession. J'ai particulièrement apprécié le témoignage de Camille Taillefer, enseignante en REP, qui déclare : « nous construisons ensemble le sens de notre présence, ici et maintenant - notre commun. » Cette phrase fait écho à ce dogme de la confiance introduit par le ministre Blanquer. Une confiance redéfinit pour les besoins du pouvoir politique, autrement dit pour ses propres besoins et non celui des élèves. Et c'est là où l'école risque de perdre son sens. L'Ecole républicaine est-elle condamnée à vivre dans un perpétuel état de crise ? Il ne serait pas inutile d'envisager de dépolitiser l'école et d'arrêter de faire comme si elle n'était pas au coeur de la société.
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Aujourd’hui comme hier, on a donc le sentiment que l’école est en crise. Dans un monde instable, de surcroit, où la désinstitutionnalisation et l’individualisme affectent toutes les sphères où l’humain peut se construire : famille, travail, culture, démocratie. L’école se retrouve prise en tenaille dans ces quatre crises enchâssées. Or, au moment où l’on en aurait le plus besoin, la réflexion semble avoir déserté le terrain. Les oppositions peuvent se faire parfois très vives, comme lorsque le ministre et les professeurs grévistes s’accusaient mutuellement de détruire l’Education nationale, sans que soient pour autant clarifiées leurs positions respectives, ou que se dessine vraiment une vision de l’école à même d’inspirer l’adhésion des multiples acteurs qui en font le quotidien.
L'ignorance est un état paisible et qui ne coûte rien ...
La crise actuelle est aussi une crise de l’argumentation et du discours sur l’école, comme si l’on ne savait plus dire pourquoi, pour quoi l’école est faite.