AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 395 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a de ces livres qui constituent de belles surprises, qui font du bien et Chocolat amer en fait partie. Je dois admettre d'emblée que ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais. Je ne sais pourquoi mais j'imaginais de jolies et sympathiques aventures autour d'un fourneau, un groupe de mères et grand-mères (des matriarches) en train de popoter autour du fourneau, réalisant des recettes transmises de génération en génération, voire des secrets de famille. Il y a de ça, oui, mais l'intrigue est remplie de zones d'ombres- heureusement !

Dans un Mexique du début du XXe siècle, troublé par les révolutions, l'autoritaire Mama Elena tient sa ferme et dirige ses trois filles d'une poigne de fer. L'aînée s'enfuit avec un général et Tita, la touchante cadette, tombe amoureuse de Pedro. Toutefois, tradition oblige, il faut marier Rosaura la seconde d'abord et, puisque Pedro est libre… La pauvre Tita se retrouve confinée à la cuisine à popoter avec la servante Nacha, qui connaît mille recettes. Évidemment, une telle situation familiale ne peut que finir par exploser…

L'histoire est un peu plus complexe, il suffit de dire que les personnages passent des moments durs, tristes et violents. Mais ils sont balancés par d'autres, délectables et jouissifs. Et que dire de cette finale, grandiose, explosive. Et ce message universel : l'amour vainc tout…

Ceci dit, ce n'est pas tant cette histoire qui est marquante mais l'atmosphère qui s'en dégage. Et c'est là tout le génie de Laura Esquivel. Les recettes et l'importance accordée à la nourriture, aux plats, n'y est pas étrangère. En fait, le roman est divisé en douze chapitres, un pour chaque mois de l'année, et mettant à profit les talents culinaires de Tita. Par exemple, en janvier, des petits pains pour Noël, en février, un gâteau Chabela, en mars, des cailles aux pétales de roses, etc. J'ai salivé à plus d'un moment. Surtout que plusieurs des recettes sont des plats typiquement mexicains donc, à mes yeux, exotiques.

L'idée d'associer un plat à un événement de la vie des personnages (et pas de façon superficiel, le plat fait partie de la vie de tous les jours et même des célébrations) était originale. Ça m'a un peu déboussolé car ça m'a donné l'impression que l'histoire ne se déroulait que sur une année mais on se rend compte assez vite que, parfois, un an au complet s'est passé entre chaque chapitre. Mais, au final, ça donne une lecture délicieuse et épicée.
Commenter  J’apprécie          490
« Elle sortit son mouchoir et tenta d'effacer, avec la sueur, ces coupables pensées.
Peine perdue, il se passait quelque chose de bizarre. Elle chercha de l'aide auprès de Tita mais cette dernière était absente. Son corps était bien sur la chaise, très correctement assis, mais il n'y avait dans ses yeux aucun signe de vie. C'était comme si, par une extraordinaires réaction chimique, son être s'était dissous dans la sauce des roses, dans la chair des cailles, dans le vin et dans chacun des effluves du repas. Tita s'insinuait dans le corps de Pedro, voluptueuse, aromatique, chaude sensuelle. »

Amoureux de rationalité, fervents défenseurs des bonnes moeurs et des histoires vraisemblables, passez votre chemin ! Ce n'est pas à la ferme de Mamá Elena que vous trouverez de quoi vous plaire.

Pourtant, depuis qu'elle est veuve, ses filles, elle les élève à la dure, Mamá Elena. le sens du devoir n'est pas un vain mot ici. Celui des convenances et de la décence non plus. Rosaura, l'ainée, Gertrudis et Tita, la grand-mère de la narratrice, passent leur journée dans l'obéissance et les corvées qu'occasionne une grande maisonnée à la campagne. Nous sommes au Mexique, au début du 20e siècle, pour ne rien arranger, la révolution fait rage. Vous verrez donc, entre deux dindons à plumer, des troupes de guérilleros dépenaillés, suant et diablement virils, des armées à nourrir, de grands dangers.

Mais vous comprendrez très vite que ce n'est pas dans les luttes intestines que réside le plus grand péril. C'est dans l'amour que Pedro voue à Tita et que celle-ci lui rend bien.

La plus jeune des trois filles est quasiment née dans la cuisine, elle y exerce depuis ses charmes redoutables. C'est bien simple, depuis qu'il a posé les yeux sur elle, Pedro sait qu'elle lui appartient. Mamá Elena aura beau lui promettre Rosaura en mariage, s'opposer à ce que ces deux là s'approchent, se frôlent, se respirent, c'est peine perdue ! Dans les vapeurs des plats dont les recettes nous sont contées au fur et à mesure des chapitres, grandissent la passion amoureuse et les invraisemblables intrigues qui lui font obstacle et constituent le sel de ce roman.

Vous y trouverez, outre des dizaines de piments, des amandes, du sésame et du chocolat, des cailles, des étreintes torrides, une douche artisanale, des dindons, du cacao et de la queue de boeuf, un enfant mort, une possible et adultère grossesse, une enthousiaste prostituée adepte des bacchanales, encore des piments, de l'ail, des oignons, du filet de porc pour les chorizo, poivre, cumin, vinaigre de pomme, des incendies, des allumettes qui auront pu être mouillées et puis plus. Enlacés à l'intrigue, ainsi. Dans un pêle-mêle indécent de recettes et d'aventures. Il faut au moins ça pour lutter contre le malheur guindé, les convenances cruelles et l'appétit des soldats.

C'est un roman qui m'a rappelé le coeur cousu, voluptueux et fou dont on imagine les scènes dans le contraste un peu outré des illustrés de mauvaise qualité ou le crépitement d'une radio captant mal les voix gouailleuses d'une telenovela sirupeuse. Un roman qui se joue de ces codes pour peindre des passions sublimes et interdites, des destins absurdes et grandioses dans un premier degré plein d'autodérision. Comme le gâteau Chabela (175 g de sucre, 300 g de fleur de farine, 17 oeufs et le zeste d'un citron, 800 g de sucre glace et 600 gouttes de citron pour le fondant), on n'en mangerait pas tous les jours. D'ailleurs ça nourrit moins que ça ne vous laisse vaguement écoeuré, presque honteux de tant de débauche sucrée, mais de temps en temps, alors que la pluie cogne sur les carreaux et que la vie paraît aussi banale que tristoune, oh que c'est bon !
Commenter  J’apprécie          3647
Surprise, surprise, tout est surprise dans Chocolat amer de Laura Esquivel ! Un récit épicé haut en couleurs, parfums et saveurs aux premiers jours du XXème siècle dans un Mexique en pleine guerre civile . A chaque mois de l'année son plat . Tita la dernière fille de Maria Elena est destinée à rester vieille fille pour s'occuper de sa mère , la tradition et la mère l'exige . Cette enfant mal aimée par une mère veuve et tyrannique se voit donc séparée de Pedro , son amoureux ,au bénéfice de sa soeur . Seule échappatoire pour Tita la cuisine .....
Un chapitre par mois de l'année, une recette pour chaque occasion et toujours la magie des épices, des saveurs, des parfums , des couleurs. Magie des amours , magie des pleurs, magie des baisers, et magie de l'étincelle finale !
Laura Esquivel nous invite au voyage dans son beau pays . l'écriture est fluide agréable , les papilles et les yeux sollicités à chaque page . Une belle aventure littéraire .
Commenter  J’apprécie          303
Assez surprenant comme livre, après avoir lu plusieurs avis positifs et d'autres moins, je peux comprendre ces désaccords.
Si j'ai trouvé la construction originale avec l'insert des recettes faisant office de chapitres, si j'aimais certains personnages, j'ai aussi malheureusement moins appréciés d'autres et le style trop simple.
Il est certain que je ne m'aventurerai point à reproduire les recettes mexicaines.
Ce livre est malgré tout intéressant pour la culture mexicaine.
Je m'attendais aussi à plus de poésie, de magie.
A peser le pour et le contre je conclus que cette lecture fut mitigée mais intéressante pour son originalité. Un genre que je ne lis pas souvent. Et encore moins des auteurs mexicains c'est assez rare d'en croiser.
Commenter  J’apprécie          281
Le côté original de ce roman c'est qu'on retrouve des recettes à chaque chapitre et pour chaque mois de l'année mêlé à un autre côté sentimental et romanesque qui en font un mélange fort peu commun. Et là je comprends que les esprits les plus terre à terre ou conformistes vont s'y perdre et seront forcément en dehors de leurs habitudes de lecture bien convenues.
Il faut voir que l'amour au sens le plus profond est bien existant dans ce roman car le jeune Pedro aime Tita, la cadette de la famille mais malheureusement cette dernière ne pourra se marier car tradition oblige, au Mexique au début du XXÈ, on s'occupe de sa mère jusqu'à son dernier souffle et on n'a pas d'autre choix que de rester célibataire!! C'est pour cette raison, que Pedro va épouser la soeur aînée et pourra être au plus près de Tita et l'aimer à sa façon.
En effet, à cause de ces traditions culturelles et de leurs croyances limitantes on en vient à trouver ça incohérent voire stupide mais quoi de plus naturel que d'aimer quelqu'un et de vivre à ses côtés et d'une autre manière de rentrer dans le "moule traditionnel" qui fait taire et obéir les moutons.
J'ai trouvé que Laura Esquivel avec sa finesse d'écriture a réellement voulu mettre en avant le côté traditionnel de son pays mais aussi montrer que l'Amour est plus fort que tout et que si l'on fait sauter les cadenas qui font barrage dans beaucoup de cultures eh bien on retrouve l'aspect spirituel qui est bien autre chose et au delà des interdits ou obligations qui ne tiennent pas debout.
L'atmosphère qui s'en est dégagée est bien typique du roman de souche hispanique et m'a vraiment plu, cela m'a rappelé l' ambiance de "cent ans de solitude" de Garcia Marquez ou encore "le coeur cousu" de Carole Martinez. Quel plaisir de lire un tel roman. Ce fut une belle découverte.

Commenter  J’apprécie          261
Un très joli roman que ce chocolat amer : il mêle avec bonheur chronique familiale, recettes de cuisines et amour interdit. Sans oublier une pointe de magie...

Tita et Pedro s'aiment mais Tita est, par tradition, tenue de rester célibataire pour veiller su sa vieille mère. La mort dans l'âme, elle voit donc celui qu'elle aime épouser sa soeur et est cantonnée à la cuisine. le temps apporte-t-il un espoir aux amoureux...

Une histoire prenante et grinçante, aux douces saveurs de cuisine... Un régal !
Commenter  J’apprécie          190
Que voilà une lecture pour le moins étrange ...

On part avec l'idée d'une romance, Tita aime Pedro qui l'aime en retour mais selon la tradition il doit épouser l'aînée de la famille et Tita, quant à elle doit s'occuper de sa mère, cuisine, entretien de la maison, ... voici les moeurs du Mexique au début du XXeme siècle.

Pour pigmenter un peu tout çà, l'auteur distille des recettes tout au long du roman en les intégrant dans le récit lui-même. Et c'est là, qu'apparaissant le troisième ingrédient, un peu de surnaturel car les plats de Tita prenne son humeur au moment où elle cuisine. Ainsi , le jour des noces de Pedro et sa soeur, tout le monde se met à vomir, le jour où Pedro la touche, tous les convives sont pénétrés de désir ardent et lorsqu'elle doit revenir s'occuper de sa mère (qu'elle avait réussi à quitter), tous ses plats sont amers.

Alors, oui, Chocolat amer aurait pu être une sempiternelle romance mais Laura Esquivel se démarque avec toutes ces recettes au goût mystique.
Une lecture plutôt plaisante.
Commenter  J’apprécie          150
Tita pourrait presque être une cousine de la merveilleuse et clairvoyante Clara de "La maison aux esprits" d'Isabel Allende, sauf qu'elle, c'est en cuisine que sa magie s'exprime.
Dès son plus jeune âge, Tita s'est révélée être une cuisinière hors pair, la meilleure de sa génération : "Tita était le dernier maillon d'une chaîne de cuisinières qui s'étaient transmis, depuis l'époque préhispanique et de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était considérée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux, l'art culinaire.".
Tita tombe amoureuse de Pedro, mais comme elle n'est pas l'aînée, son sort est de rester célibataire pour s'occuper de sa mère jusqu'à sa mort, et c'est donc sa soeur qui épouse Pedro.
Mais la cuisine de Tita est magique : lorsqu'elle aime elle met tout son amour dans ses plats et distribue ainsi l'amour autour d'elle, mais lorsqu'elle est triste ou contrariée elle pourrait empoisonner quiconque goûte sa nourriture.
Et qu'à cela ne tienne que son Pedro soit marié, cela ne va pas les empêcher de s'aimer des yeux et par l'esprit, et qu'en plus de Pedro, Tita va s'attacher à son fils et lui vouer à lui aussi un amour sans borne : "Quel que soit son destin, tant qu'elle pourrait garder cet enfant, plus à elle qu'à quiconque, rien ne lui importait. Elle exerçait le rôle de mère sans en avoir le titre officiel. Pedro et Roberto lui appartenaient : elle n'avait besoin de rien d'autre dans la vie.".
Le destin de Tita aurait pu être triste, c'est finalement le portrait d'une jeune femme aimant la vie et apprenant à faire fi de tous les obstacles que brosse Laura Esquivel.
Ce récit est fortement imprégné de la patte littéraire sud américaine, avec un mélange entre le réel et l'imaginaire sur fond de vérité historique.
Que la cuisine de Tita soit ensorcelée de ses émotions cela n'est pas choquant, c'est au contraire l'une des forces de ce livre, et comme chez Isabel Allende, il y a un fond de vérité historique et ce côté surnaturel permet d'en adoucir les atrocités.
Dans ce roman où chaque chapitre commence par une recette de cuisine, l'auteur s'est attachée à raconter les moments phares de la vie de Tita et de son amour plus fort que tout envers Pedro.
Un livre sentimental, à n'en pas douter, mais qui évite le piège de tomber dans la mièvrerie et la facilité.
Ici, point de descriptions à l'eau de rose et de scènes larmoyantes, c'est une Tita bravant les obstacles que le lecteur découvre, une jeune femme se laissant porter par son amour et par son talent en cuisine.
Car il faut bien reconnaître que ce livre met en appétit.

"Chocolat amer" de Laura Esquivel est une formidable recette de cuisine sous forme d'épopée littéraire dans un Mexique révolutionnaire qui émoustille les sens et les papilles, et dont le succès est amplement mérité.
La curiosité me pousse désormais à voir l'adaptation cinématographique qui en a été faite.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
Commenter  J’apprécie          150
Je viens de dévorer Chocolat amer à toute allure, comme un délicieux dessert. Je n'ai pas l'habitude de lire beaucoup de livres dans le domaine du réalisme magique, mais je devrai: j'ai aimé cette plongée de l'improbable dans le monde réel!
Tita, notre personnage principal, naît dans la cuisine du ranch familial, et la cuisine tiendra un rôle important dans ce livre. La cuisine en tant que pièce, la cuisine en tant que tradition, la cuisine en tant que médium de communication, car quelque chose d'étrange se déroule à chaque fois que Tita cuisine sous l'influence d'une forte émotion...Comme quand son horrible mère (la pire que j'ai croisée en littérature), voulant forcer Tita à rester célibataire pour prendre soin d'elle dans sa vieillesse, fait épouser l'homme qu'elle aime à sa soeur aînée!
12 mois, 12 recettes, ce n'est pas la première fois que je lis un livre bâti sur ce genre de schéma, mais c'est le plus réussi!
Commenter  J’apprécie          120
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture ! C'est une très très belle découverte ! D'ailleurs, j'aimerais bien voir l'adaptation dont Laura Esquivel a elle-même écrit le scénario :).

Dès les premiers mots, nous faisons un plongeon en plein coeur du Mexique, pays dont j'ai grandement apprécié découvrir un morceau à travers l'histoire de Tita.

Durant les 248 pages que compte ce roman, j'ai été immergée dans la vie de cette jeune fille, personnage qui m'a tout de suite beaucoup plu et qui m'a touchée. Beaucoup touchée. Son histoire est horrible et très belle à la fois mais il y a beaucoup à en tirer... Que ce soit pour la toute fin du roman ou pour nous, lecteurs.

J'ai trouvé le contenu de ce livre puissant : il se passe énormément de choses dans un "espace" (comprenez, le nombre de pages) assez petit et l'auteure parvient à nous imprégner d'une atmosphère familiale, à nous offrir de connaître un peu les traditions d'un pays qui m'était jusqu'alors inconnu, à nous faire connaître une jeune fille très attachante et le tout, sans rien survoler. Les détails sont là mais il n'y a rien à jeter, il n'y a pas de blablas inutiles même si lors de quelques passages, je me suis sentie un peu perdue face à la multitude de personnages et de faits qui nous sont présentés.

Le livre est découpé en 12 chapitres, chacun a pour thème une recette associée à un évènement de la vie de la famille de Tita. Les ingrédients pour chaque recette sont indiqués à part mais la marche à suivre est "enfouie" dans l'histoire. Nous passons donc par des passages expliquant comment procéder pour passer sans aucune transition à l'histoire en elle-même et ce, à plusieurs reprises dans chaque chapitre. Les recettes ne sont pas toutes réalisables, et quand bien même, je ne suis pas attirée par ce type de cuisine. N'empêche que cela apporte de l'exotisme au récit et j'ai adoré.

Le tout est mêlé à un soupçon de merveilleux, à une écriture belle mais crue et le résultat est... exquis !

Si je mets un jour la main dessus, ce sera avec plaisir que je découvrirais les autres romans de Laura Esquivel. Et si je ne relis pas souvent mes livres, je pense que celui-ci sera une exception, que je le ressortirai de ma bibliothèque avec beaucoup de plaisir lorsque j'aurai quelques années de plus !

En quelques mots

Dans ce livre, vous trouverez une histoire très belle mais terrible mêlant amours, cuisine et famille, et ayant pour résultat une lecture aux saveurs délicieusement épicées et dépaysantes.
Lien : http://books-all-around.blog..
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (904) Voir plus




{* *}