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sur 109 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est l'histoire d'Anna Benz, une jeune Américaine âgée de trente- sept ans.
Elle a perdu ses parents brutalement, dans un accident de voiture à l'âge de vingt et un ans, quinze jours aprés l'obtention de son diplôme à l'université.
Mariée à Bruno, un banquier Suisse, femme au foyer, épouse modèle, elle élève ses trois enfants : Victor, l'aîné, huit ans, Charles, six ans et Polly Jean ,dix mois, dans une banlieue cossue de Zurich.
Coupée de ses racines,mal dans sa peau. " je suis la somme de toutes mes crispations",, enfermée, prise au piège dans cette cage dorée, poussée par son mari: "J'en ai assez de ta foutue déprime, Anna, va te faire soigner", avec lequel elle est incapable de communiquer, elle entreprend une psychanalyse avec le docteur Messali, qui la pousse à s'inscrire à un cours d'allemand pour débutants, cours qu'elle aurait dû suivre à son arrivée en Suisse....il y a huit ans.
Elle y rencontre Archie Sutherland, écossais. Expatrié, étudiant les langues comme elle.Elle se livre avec lui à des jeux érotiques à la limite des envies bestiales....Elle se surprend à chercher un épanouissement sexuel débridé avec d'autres hommes.
Aux côtés de son mari Bruno existe une chape de plomb, ce qu'il appelle " les lubies mélancoliques" d'Anna ou ses" bouderies d'enfant gâtée ". Elle ne prend aucune décision dans le couple, reste passive et désenchantée , souffre d'insomnies.
Seule au pays de la rigueur et de l'exactitude comme la Suisse, qui lui reste étrangère, elle aime le son des cloches, peut- être son unique bonheur Suisse, sauf celui de tenir sa fille chérie dans ses bras....
La passivité imperturbable , la solitude, le mal être, la tristesse incommensurable , le sentiment d'ambivalence d'Anna ,la poussent à céder à ses pulsions sexuelles. Mettre fin à ces relations devient de plus en plus difficile." "Quand elles s'ennuient les femmes cèdent à leurs impulsions". Au moment où la frontière entre moralité et passion s'estompe Anna découvre qu'il n'y a plus de rupture possible.....
Comme elle est passive elle vit ces relations non pas pour se donner l'illusion de de la séduction et de la jeunesse mais pour pimenter sa vie familiale étouffante malgré les amitiés de façade surfaites et superficielles, les fréquentations plates et bourgeoises, le " Statut ", tant envié de privilégiée .....pour s'affranchir aussi du regard extérieur, celui de sa belle- mére, Ursula , attentive à ses petits - enfants, la gardienne du temple de la famille, dont on comprend vite qu'elle a des doutes sur la fidélité de sa bru....
Quelle différence y - a t-il entre un besoin et un désir?
Le désir est incurable, pas l'amour, en collectionnant les amants, Anna se dit qu'elle vit des situations dont toute femme mariée rêve car elle transgresse un interdit, qu'elle se fait peur et souhaite inconsciemment être découverte ou vivre un moment intense , inconnu et fascinant.....
En fait, cet ouvrage riche, profond, enlevé, ciselé, nous dresse le portrait intime et cruel d'une femme prête à la rupture, en quête d'elle même et de son identité qui n'éprouve que rarement paradoxalement de la culpabilité et ignore le sentiment de faute....L'écriture ,sèche, tranchante, réaliste disséque minutieusement, au scalpel .... le mariage, interroge sans fin entre désir féminin et sexualité.
La plongée finale entre deuil et chagrin est bouleversante ....
Un livre remarquable qui montre que les histoires " de bonnes épouses" aprés Madame Bovary sont toujours d'actualité...
Magistral , Vraiment! On ne s'ennuie pas une seconde, j'ai beaucoup aimé ces épreuves " non corrigées " ...Grand merci à Babelio pour l'envoi de cet ouvrage.





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C'est très rare que je mette 5 étoiles à un roman.
De tous les ouvrages reçus par l'opération masse critique, celui-ci est sans hésitation, celui qui m'a le plus touchée, remuée, émue, voire bouleversée.
Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cet envoi.
Il s'agit du premier roman d'une poétesse américaine. Comme le titre l'indique, le roman raconte la vie d'une femme au foyer, elle s'appelle Emma Benz et a 37 ans, américaine vivant en Suisse pour suivre son mari, Bruno, banquier. le couple a 3 enfants, pas de problèmes d'argent, une vie confortable, quelques amis mais voilà Anna est malheureuse. Anna s'ennuie, Anna est triste, Anna se sent seule, Annna est mal dans sa peau, Anna déprime, alors Anna entame une psychanalyse et se met à apprendre l'allemand.
Au cours d'allemand, elle fait la connaissance d'un écossais, Archie et très vite ils deviendront amants. On comprend que ce n'est pas sa première aventure extra conjugale et qu'au contraire, elle a collectionné les amants, espérant oublier ainsi sa vie pleine de frustrations.
La seconde partie du roman m'a davantage touchée car les événements dramatiques se succèdent.
Un portrait de femme bouleversant et que je n'oublierai pas même si elle m'était antipathique au départ car elle m'a semblé autocentrée, égoïste et faisant souffrir les autres sans aucun scrupule ni remise en cause.
Une femme désespérée, un roman désespérant mais beau et enrichissant.
Maintenant je vais passer à des lectures plus légères !
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N°996– Décembre 2015

FEMME AU FOYERJill Alexander Essbaum – Albin Michel.
Traduit de l'américain par Françoise du Sorbier.

Anna est une jeune zurichoise d'origine américaine, mère de famille de 37 ans un peu déracinée, perdue dans une Suisse adoption, dépressive mais qui s'occupe de ses trois enfants et de Bruno son mari, par ailleurs banquier, bref « une bonne épouse, dans l'ensemble ». Elle passe donc sa vie dans une sorte de cocon confortable même si celui-ci génère pour elle une sorte d'ennui, de solitude, une forme de bovarisme que la psychiatrie peine à guérir et à expliquer à travers l'interprétation de ses rêves et les révélations qu'Anna distille avec parcimonie. Cela c'est pour les apparences qu'on aime, en Suisse comme ailleurs, faire prévaloir surtout si elles cachent quelque turpitude, ni plus ni moins que de l'hypocrisie.

C'est que, quand une femme a ce qu'elle peut espérer de la vie, elle cherche évidemment autre chose et souvent cela prend la forme classique d'un amant, souvent un inconnu qui ne fera qu'un bref passage dans sa vie. Anna n'échappe pas à cela, elle dont la jeunesse était peuplée de fantasmes érotiques, de volonté de séduction et dont le mariage s'est peu à peu enlisé dans la routine, la facilité et la dépendance financière ; Cet épisode sonne donc comme un point de passage obligé, inévitable. Ici on sent bien que tous ces amants n'ont aucun attachement sentimental pour Anna. Ils ne ressentent rien d'autre pour elle que des envies bestiales [il y a dans ce roman des images, des scènes à la limite de la pornographie]. de son coté, Anna est passive et on a l'impression qu'elle vit ces relations, non pour se donner l'illusion de la jeunesse et de la séduction retrouvées, mais pour pimenter une vie familiale étouffante, pour se dire qu'elle a tout simplement des amants, qu'elle vit des situations dont toute femme mariée rêve parce qu'elle transgresse un interdit, qu'elle veut se faire peur, souhaite inconsciemment être découverte ou simplement veut explorer un terrain inconnu et peut-être fascinant. A aucun moment, je n'ai senti Anna vivant ces toquades dans le seul but de changer radicalement de vie et d'épouser ses amants. D'ailleurs le destin de telles liaisons amoureuses est de s'inscrire dans un temps très court, d'être vouées au seul plaisir sexuel mais dans le secret espoir qu'elles ne bouleversent pas par un divorce puis un remariage une vie établie. C'est un peu comme si Anna, ayant tourné la page de ces « moments », souhaitait revenir au bercail, comme si rien ne s'était passé. Il est évident qu'une telle séquence ne peut pas ne pas laisser de traces et qu'il est évidemment tentant de faire porter à son mari la responsabilité de ses propres trahisons, surtout si elle n'a rien de véritablement important à lui reprocher et si elle fait bon marché de sa culpabilité. Dès lors on se perdra en conjectures sur les raisons d'une telle attitude adultère. Est-ce la volonté de tout détruire autour d'elle, de ridiculiser un mari trop amoureux d'elle ou trop confiant au point de ne rien voir de son cocuage, de se singulariser par rapport à la famille traditionnelle, d'hypothéquer l'avenir, de faire dans la provocation, de vivre quelque chose de différent, d'entrer de plain-pied et de s'installer dans une situation délétère qui ne peut, à terme, que se retourner contre elle et saper durablement l'avenir de ses propres enfants ? Il est évidemment préférable de ne rien expliquer et de poursuivre cette attitude nuisible, en se disant que seules comptent sa propre liberté et son envie de jouir de la vie et que le reste n'a aucune importance même si tromper son mari c'est aussi se moquer de ses propres enfants. Cette situation met certes Anna en face de son dégoût d'elle-même, de ses faiblesses, de sa passivité, de sa volonté irrationnelle de sanctionner ses proches et la révèle telle qu'elle est, un nymphomane prête à écarter les cuisses pour le premier venu et à en garder le secret, exactement l'inverse de l'image de la mère de famille qu'elle souhaite donner à voir. Quand, grâce au hasard, le dieu des malchanceux qui finit toujours par se manifester, Bruno ne pourra plus rien ignorer de la vie de gourgandine d'Anna, même s'il s'était fait une autre idée de cette femme, il en sera jaloux, ressentira de la honte pour lui-même mais surtout méprisera celle qu'il a choisie pour être son épouse et la mère de ses enfants et qui l'a si facilement trompé. Il s'en voudra lui-même de ce choix, autant pour lui que pour les autres, souhaitera sauver les apparences en privilégiant l'hypocrisie, demeurer auprès de ses enfants qu'il aime, que sais-je ? Mais sa réaction sera à la hauteur de sa déception. Bien entendu il aura des doutes sur sa paternité, se sentira atteint dans son ego, sortira de cette épreuve meurtri voire détruit, se demandera ce qu'il a bien pu faire pour mériter une telle sentence et en plus devra faire face aux arguties de cette femme qui cherchera par tout moyen à taire, à nier, ou à minimiser ses fautes, jusque et y compris en lui en imputant la responsabilité.

Ce roman qui se déroule sur trois mois mais avec de nombreuses analepses, va plus loin qu'une histoire sentimentale ou qu'un banal adultère. L'auteur y introduit une dimension dramatique qui n'emprunte malheureusement pas son déroulement à la seule imagination, comme si la morale ou une quelconque divinité aveugle réclamait réparation de cette faute répétée sans se soucier de ceux qui, malgré leur naïveté, leur innocence, paieraient également un péché pour lequel ils ne sont pour rien.

Je n'ai pas vraiment adhéré aux considérations de l'analyste dont le discours jungien est plein de nuances et de questions puisque Anna a la volonté de vivre ces passades sans vraiment vouloir les lui révéler ni les expliquer même si la personne de Steve ou plutôt son fantôme, hantait ses séances d'analyse. Je n'ai pas non plus goûté les subtilités grammaticales de la langue allemande que je ne parle malheureusement pas, non plus que les variations sur la mort, l'enfer avec ses flammes et le paradis avec son lénifient et contestable discours religieux qui sont censés y succéder. Elles sont pourtant intimement liées à cet ouvrage et éclairent cette part d'obscurité que chaque être porte en lui. Ce roman au style direct, réaliste et sans fioriture est aussi une longue variation sur l'amour et le désir sexuel, la famille et les passades, les amitiés de façade et la solitude. On ne sait pour autant pas pourquoi le mariage d'Anna et de Bruno est un échec au point qu'elle l'exorcise à travers une telle activité sexuelle de contrebande ni pourquoi elle est à ce point contradictoire et ambivalente. Cela peut s'expliquer par la génétique, la volonté de faire souffrir, de régler des comptes anciens et inavoués ou simplement par l'envie d'être différente ou d'ignorer son entourage. D'autre part, il y a toujours le regard extérieur, celui de sa belle-mère, Ursula, dont on comprend vite qu'elle a des doutes sur la fidélité de sa bru, celui de la psychanalyste aussi qui devine tout, malgré les révélations laconiques d'Anna mais qui finalement ne fera rien pour elle.

Le livre est un univers douloureux et l'écriture est souvent revêtue par l'auteur de fonctions cathartiques, de contrition voire de rédemption. On peut toujours donner une dimension autobiographique à un tel texte qui m'a paru passionnant, pertinent du début à la fin dans l'analyse de personnages, des situations, des sentiments décrits. La lecture des « remerciements » m'a paru révélatrice. Alors ? Anna est-elle vraiment « une bonne épouse, dans l'ensemble » ?

Avant que Babelio dans le cadre de « Masse critique » et les éditions Albin Michel ne me fassent parvenir cet ouvrage, ce dont je les remercie, je ne connaissais pas cette auteure américaine dont c'est le premier roman. Cette lecture passionnante du début à la fin m'incite à explorer son oeuvre à venir.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Anna est une américaine approchant la quarantaine, mère de 3 enfants et ayant suivi son mari en Suisse. Elle y vit depuis 9 ans, isolée, ne maîtrisant à peine la langue, sans amis, sans horizon et s'enfonce petit à petit dans la dépression.
Son mari, qui l'aime à sa manière mais pas à la manière dont Anna aurait besoin, la contraint à suivre une thérapie à laquelle Anna participe avec plus ou moins de sincérité et d'honnêteté, préférant tromper son mari.

Un livre qui m'a bouleversée, de part le style de l'écriture variant les séances de thérapie d'Anna, ses flashback, son quotidien, et de part d'histoire d'Anna elle même. L'histoire d'une femme qui se perd elle même pour correspondre à l'image qu'elle doit véhiculer, l'image d'une femme qui suit son mari et élève ses enfants en oubliant qui elle est, quels sont ses besoins.
L'image des femmes d'aujourd'hui, femmes ou foyer ou pas, mères ou pas, contraintes par la société de se référer à ce qu'elles pensent devoir être.
L'image de femme contre lesquelles nous devons lutter, pour ne pas oublier qui nous sommes.
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Touchant. Bouleversant. Emouvant. Trois adjectifs pour mon ressenti final de ce roman.
Ici nous faisons la connaissance d'Anna américaine de 37 ans qui vit expatriée avec son mari en Suisse (lieu de naissance de son mari banquier). Femme au foyer par excellence (3 enfants, pas d'ami, pas de famille, pas de compte en banque, pas de loisirs). Dans son roman écrit à la 3ème personne et au passé, Jill Alexander Essabaum nous raconte la dépression et la quête d'une femme sans savoir ce qu'elle cherche vraiment. Entre ses cours d'allemand, ses rdv avec son psychiatre et ses amants, nous assistons au mal-être et à la déchéance d'Anna.
Sans jugement, sans prise de partie, ce livre est écrit avec douceur et beaucoup de sincérité. Nous sommes embarqués avec mélancolie sur 2 mois de sa vie. Que cherche-t-elle ? Est-elle heureuse ? Fait-elle des efforts pour s'adapter? Arrivera-t-elle à être heureuse ? Va-t-elle s'adapter ? Pourquoi ce besoin d'amants ? Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Pourquoi ce besoin de solitude ? Et tout au long de ma lecture je posais cette question : D'où vient ce mal-être Anna qu'on ressent si profond ?
Dans ce roman, ce n'est pas seulement l'histoire d'une femme qui cherche à passer du bon temps car elle s'ennuie dans sa petite banlieue riche avec un homme riche. Oh non je me suis bien trompée en prenant ce roman. On est face une dépression, à une grave maladie, à la solitude d'une femme touchante. Anna m'a fait pleurer face à ses malheurs et à ses choix. L'image du domino si parfait dans sa situation (vous comprendrez en le lisant).
Par contre seul bémol pour ce coup de coeur, la plume de l'auteur est assez complexe. J'ai dû lire doucement pour tout assimiler. Parfois ces expressions allemandes sont déroutantes. Les retours au passé aussi. Les interactions en plein milieu de chapitre avec son psychiatre et on s'y perd. Mais ça n'a rien enlevé à l'intensité du livre. J'ai même eu l'impression de lire une autobiographie avec beaucoup authenticité. Et oui Anna peut être n'importe quelle femme d'entre nous.
Je finirais en disant malgré cette plume particulière je le recommande fortement. Qui ne pourrait pas être touchée par Anna ?
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L'autrice Jill Alexander Essbaum est pour moi une véritable révélation ! Il y a longtemps que je n'avais pas lu un roman où j'ai pu autant m'identifier à l'héroïne et vivre, ressentir véritablement ses émotions. L'identification est d'autant plus aisée car je suis une femme mariée, maman et quasiment du même âge que le personnage d'Anna. Mais je dois bien vous avouer que je me suis mortellement ennuyée à regarder Anna s'ennuyer les deux premiers tiers du livre. Et pendant toutes ces pages je n'avais vraiment aucune empathie pour elle... J'étais très jugeante et extrêmement agacée par ce personnage. J'a même pensé à abandonner cette lecture, ne comprenant pas les autres critiques mais comme par principe je n'abandonne jamais en espérant qu'il se passe quelque chose pour inverser la vapeur et finalement ce quelque chose s'est produit ! Je ne veux rien révéler mais suite à cela, le roman et le personnage ont pris un véritable tournant et le rythme extrêmement soutenu, palpitant parfois oppressant. Là je suis rentré en empathie et me suis laissée envahir par les émotions de d'Anna:tristesse, injustice, profonde solitude, désespoir ! Tout est monté crescendo et j'en suis ressortie KO. Je salue vraiment le talent de cette autrice qui a pour moi un véritable don d'analyse de la complexité humaine et une telle façon de la décrire, de la faire ressentir à ses lecteurs ! Un excellent roman dont on ne ressort pas indemne.
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Anna Benz, femme américaine au foyer de trente-sept ans, vit à Zurich dans une petite banlieue paisible et sans histoire. C'est la femme de Bruno, suisse trentenaire ayant réussi dans la finance, très lisse et sans histoire, qui lui a donné trois enfants.
L'histoire pourrait s'arrêter là, mais rapidement on se rend compte que quelque chose cloche dans la vie d'Anna. Elle s'ennuie, elle est à la recherche de quelque chose qui la fait vibrer. Elle suit pourtant une thérapie, mais pas sûre que sa thérapeute arrive à l'aider sur tous les fronts.
Son ennui, elle va réussir à le combler dans les bras d'autres hommes, que ce soit avec Charlie, son camarade de cours en classe de suisse-allemand, ou avec d'autres qui arrivent au fur et à mesure de l'histoire.
Est-ce qu'elle désire vraiment tromper son mari ? ou est-elle uniquement coincée dans une vie qui ne lui correspond pas en Suisse ?
L'histoire est tranchante, racontée à vif ; la fin est surprenante est violente.
J'ai adoré.
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C'est un livre exigeant qui ouvre les portes d'une réflexion profonde autour de la féminité et de ses propositions, autour du deuil et de ses conjugaisons. Dans ce roman les apparences sont trompeuses : Anna, expatriée en Suisse, est une héroïne-femme-au-foyer, " bonne épouse dans l'ensemble" mais se révèle tout autant énigmatique, fatale, classe , passive et disponible pour des séances de sexe libérateur. L'écriture stylisée du roman est également énigmatique, fatale, classe, légèrement passive et provocatrice. Anna déclenche automatiquement la compassion : Son monde oscille entre son rôle étriqué d'épouse (1 mari imperméable à la douleur diffuse qui la consume et 3 jeunes enfants qui réclament son rôle de mère) et son comportement social et sexuel underground et désespéré. Son entourage (famille, ami(e)s, connaissances, amants, glaciale psychothérapeute ) n'a pas les capacités humaines et linguistiques pour la comprendre et pour l'aider. C'est son insupportable et mielleuse amie Mary qui incarne le mieux cette inaptitude ambiante qui entoure Anna d'indifférence comme des couches successives de "gâteau glacé au citron" et d'exaspérants sentiments de normalité. Quand les évènements se précipitent dans un maelström d'émotions contradictoires et de faux-semblants on vibre à l'unisson avec Anna. Tous les ingrédients, subtilement listés et ciselés au cours des chapitres, sont en place pour cuisiner une fin de roman qu'il ne faut pas dévoiler bien sûr. Très grand roman, à n'en pas douter !
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xpatriée en Suisse alémanique, "Anna était une bonne épouse, dans l'ensemble." La première phrase du roman porte déjà cette restriction, cette fêlure et cette opacité qui caractérisent le personnage de cette américaine ayant épousé un Suisse, vivant avec leurs trois jeunes enfants à l'ombre d'une église qu'elle ne fréquente pas; Femme au foyer , comme un écho "des 3K"( Kinder, Küche und Kirche, que l'on traduit en français par « enfants, cuisine et église », représentation des valeurs traditionnelles dévolues aux femmes durant le IIIème Reich).
Et pourtant comme le lui fait remarquer le Dr Messerli :"Un femme moderne n'est pas obligée de mener une vie aussi étriquée.Une femme moderne n'est pas obligée d'être aussi malheureuse.[...] Anna se sentit rabrouée mais ne répliqua pas."
Ayant fait des études d'économie domestique, qu'elle ne semble guère mettre à profit, Anna trompe son ennui et son malaise en consultant une psychiatre, en suivant des cours d'allemand, et en ayant des relations sexuelles extraconjugales non dénuées de plaisir, mais de toute volonté de sa part ,ou presque.
Elle évolue dans un périmètre très limité, tant dans l'espace que dans la langue, que malgré les années, elle ne maîtrise toujours pas. Anna semble subir et s'interdire toute vérité, toute autonomie.
Placé sous les auspices de ses soeurs en littérature, Emma Bovary et Anna Karénine, le personnage central du roman de Jill Alexander Essbaum ne peut aller que vers la tragédie, programmée dès la première page.
Alors oui Anna pourra sembler agaçante à certains, mais tous les thèmes abordés, la langue poétique et évocatrice de l'auteure, l'opacité des personnages et le malaise diffus qui se dégage de ce texte m'ont séduite au plus haut point !
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J'ai dévoré ce roman en deux jours !
Quel plaisir !

Cela faisait un moment que je n'avais pas profité des offres de Babelio pour recevoir un livre en échange d'une critique et je suis bien tombée.
Jill Alexander Essbaum est une poétesse américaine et « Femme au foyer » est son premier roman. Une réussite à mes yeux.

Bien que je ne sois pas malheureuse dans ma vie comme peut l'être son personnage principal, Anna, je me suis identifiée facilement à celle-ci et j'ai été en empathie. C'est le signe pour moi d'un roman réussi. Une histoire, un texte, des phrases qui me parlent, qui me touchent.

Cette Anna est une sorte de Mme Bovary moderne.
Femme au foyer (comme le titre l'indique) de 37 ans, cette Américaine vit en Suisse, près de Zurich, depuis plusieurs années, avec son banquier de mari, Bruno. Ils sont installés dans la petite ville dont ce dernier est originaire, avec leurs trois enfants.
Anna a tout pour être heureuse, en apparence, mais elle ne l'est pas. Elle se sent seule, et n'a pas vraiment d'amis. Elle s'ennuie profondément et subit sa vie. Bruno la pousse à consulter un psy, et appuie son envie, tardive, de s'inscrire à des cours de Suisse allemand, afin d'améliorer son niveau dans la langue du pays.
A ce cours d'Allemand, Anna rencontre un homme, qui devient rapidement son amant.
Le lecteur apprend peu à peu que celui-ci n'est pas son premier amant.

Le récit retrace la vie d'Anna sur environ 3 mois mais le texte est ponctué de nombreux retours en arrière et ceci dans une grande fluidité. Je ne me suis jamais sentie perdue.
Des « extraits » des rendez-vous d'Anna avec son analyste, le docteur Messerli, ponctuent également le récit. Pour la plupart, ce sont des récits des rêves d'Anna ou bien des échanges type question/réponse (exemple : Quelle est la différence entre passivité et neutralité?) auxquels j'ai été assez hermétique.
Je n'ai pas trouvé que ceux-ci apportaient grand-chose à l'histoire, si ce n'est montrer au lecteur à quel point Anna est fermée sur elle-même et refuse de se confier.
Inlassablement, elle répond« Je ne sais pas ». Typiquement représentatif de sa passivité et de sa non-volonté d'aborder les sujets épineux pour essayer de s'en sortir.

De l'origine du mal-être d'Anna, nous ne savons et ne saurons rien finalement mais je ne l'ai pas perçu comme une « lacune » dans l'histoire.
Anna collectionne les amants pour tromper son ennui, pour se distraire de la tristesse de sa vie, et parce qu'elle a besoin de sentir qu'elle plaît. Elle sait que c'est « mal » mais ne culpabilise pas. Elle sait aussi que ce n'est pas le remède à sa dépression latente et que le « mieux » ne peut venir que d'elle-même.
A un moment, elle semble avoir un début de prise de conscience. Elle sent qu'elle pourrait réellement devenir amie avec Mary, une expatriée qui suit le même cours d'Allemand qu'elle et qui fait le forcing pour gagner sa sympathie et organiser des sorties entre leurs deux couples et leurs enfants. le lecteur sent aussi que son amour pour son mari pourrait être facilement ravivé, que les bases sont toujours là, que l'attirance sexuelle est toujours là. On a envie de secouer cette femme et de lui dire mais bon sang, fais un effort ! C'est si compliqué que cela de parler avec ton mari, l'homme qui partage ta vie ??? de lui faire comprendre que tu as besoin de plus d'attention ?
C'est cependant avant tout la peur de plus en plus présente d'être prise en faute un jour ou l'autre qui la pousse à rompre avec ses amants actuels.
Et là... un événement dramatique survient.

Tout s'écroule alors pour Anna. Et on peut le comprendre. Logique.
Le récit reste passionnant et cohérent mais je regrette un peu que l'auteur ait introduit cet événement. Une manière un peu « facile » de faire évoluer son histoire ? Venant en quelque sorte fausser la donne, enfoncer encore plus profond son personnage, qui sans cela s'en serait peut-être sortie ? Ou pas d'ailleurs. Peu importe. Il aurait juste été très intéressant de voir comme l'auteur aurait pu mener son récit à terme, c'est-à-dire résoudre ou pas LE problème d'Anna, sans qu'une catastrophe intervienne dans sa vie.
C'est souvent ce que je « reproche » aux auteurs, de mon point de vue de simple lectrice : Évidemment… Il, ou elle, n'a pas pu s'empêcher d'amener une catastrophe dans la vie de son personnage principal, tout allait trop bien, hormis les soucis de tout un chacun.

Mais c'est un roman et je respecte le choix de l'auteur.

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