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Citations sur L'Homme noir (1910-1925) (68)

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[Poème écrit le 27 Décembre 1925, veille de sa mort]

Au revoir, mon ami, au revoir,
Dans mon cœur je te garde à jamais.
C'est une autre rencontre plus tard
Que l'adieu fatidique promet.
Au revoir, mon ami, sans mots, sans soupirs,
Que tes sourcils ne s'affligent pas trop:
Il n'est pas neuf ici-bas de mourir,
Mais vivre, bien sûr, n'est pas non plus nouveau.
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(…) Un homme noir,
Un homme noir, tout noir,
Au pied de mon lit
Vient s’asseoir,
Un homme noir
M’empêche de dormir la nuit.

Et l’homme noir
Glisse son doigt sur un livre infâme ;
Nasillant au-dessus de moi,
Comme sur un mort un moine,
L’homme noir me lit la vie
D’une fripouille et d’un pochard,
En m’imbibant de peur et d’angoisse
Jusqu’au fond de l’âme,
Cet homme noir, tout noir !
(…)
L’homme noir me regarde
Dans le blanc ces yeux,
Et les siens se voilent
De vomissure bleue –
Comme pour insinuer
Que je suis un voyou, un voleur peut-être,
Qui sans vergogne a détroussé
Son semblable, un poète (...)

(Novembre 1925)
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La Russie des Soviets (1924)

Le voici, mon pays !
Pauvre crétin, qu’avais-je à brailler dans mes vers
Que le peuple est mon ami, le meilleur ?
Ma poésie, personne n’en a besoin ici,
Pas plus que de moi-même, d’ailleurs.

Eh bien, soit !
Pardon, mon refuge natal,
Je t’ai servi naguère et ça me suffit bien.
Peu importe qu’on ne me chante plus aujourd’hui:
J’ai chanté quand mon pays souffrait sans fin.

J’accepte tout.
J’accepte les choses comme elles sont
Et suis prêt à suivre les sentiers battus.
Je donnerai mon âme à Octobre et Mai,
Tout sauf ma lyre que j’aime d’un amour têtu.
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Inonia (1918)

Je ne redoute pas la mort,
NI javelot ni flèche de pluie.
Le prophète Serge Essenine,
Selon la Bible, parle ainsi.

Mon heure est enfin arrivée,
Nul cri de fouet ne m’effarouche,
Son corps, le corps du Christ lui-même,
Je le recrache par ma bouche.

Je ne veux pas que le salut
Par sa croix me soit accordé:
Ma doctrine, c’est les étoiles
Qui perforent l’éternité.

Ma vérité, c’est un messie
Sans la danse de mort impure.
Comme un mouton aux poils souillés,
Je vais bientôt tondre l’azur. (…)
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Transfiguration (1917)

Hé, gens de Russie !
Pêcheurs de l’univers
Qui dans l’aube-filet puisez le ciel,
Soufflez dans vos trompettes !

La terre vocifère
Sous le soc des bourrasques
Un pic au croc vermeil
Brise les roches.

Un nouveau semeur
Rôde à travers les champs
En jetant des graines neuves
Dans les sillons.

Un hôte radieux en carrosse
Vient vers nous,
Une jument gambade
De nuage en nuage.

Et la jument est harnachée
D’azur
Et elle fait tinter ses grelots
D’étoiles.
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Sanglots des bouleaux à travers les bois.
Qui git là ? Qui est mort ? Serait-ce moi ?
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Noir labour, mon destin, de sueur imprégné !
Comment ne pas t’aimer, te caresser ?

Je vais au lac par le chemin bleuté,
La grâce du soir dans mon cœur versée.

Chaumières déroulées comme une toile,
Roseaux bercés par le chant qu’ils exhalent.

Trépieds sanglants où un bûcher se tord,
Lune aux blanches paupières de bois mort.

Des faucheurs, accroupis dans les rayons du soir,
Ecoutent le lent récit d’un vieillard.

Et quelque part au loin des pêcheurs chantent,
Sur un îlot, une chanson traînante.

Les prés dénudés luisent comme de l’étain…
O douleur russe, triste est ton refrain.

1914
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Elle était belle Tania, la plus belle du village.
Ruche rouge sur fond blanc d’un sarafane aux pans
larges.
Vers le soir elle est allée au ravin se promener.
Dans le ciel voilé la lune joue avec les nuées.

Un jeune gars, tête bouclée, s’en vient et lui sourit :
« Adieu, ma colombe, avec une autre je me marie. »
Tania blêmit comme un linceul, plus froide que rosée.
Telle un serpent venimeux sa tresse s’est déroulée.

« O mon gars aux yeux bleus, je n’en suis pas du tout
jalouse.
Moi-même je venais te dire : c’est un autre que
j’épouse. »
Ce n’est pas l’angélus mais les carillons du mariage.
Les chariots de la noce s’élancent, les yeux se cachent.

Chant triste des coucous, la parentèle se lamente.
Tania est allongée, frappée d’un gourdin à la tempe.
Le sang a séché en couronne au-dessus du visage.
Elle était belle Tania, la plus belle du village.

1911
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La pauvre n'en peut plus, elle est saisie de crampes,
Pousse une exclamation, et aussitôt enfante.

Je suis né en chansons, en couverture d'herbes,
Les aubes du printemps me langeaient d' arcs-en-ciel.

Enfant de la Saint -Jean, et devenu majeur,
La nuit envouteuse me prédit le bonheur.
...
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Sur le lac s'est tissé la pourpre du couchant.
Les tétras dans les bois sanglotent en tintant.

Quelque part dans un tronc c'est un loriot qui pleure.
Moi seul ne pleure pas : il fait clair dans mon coeur.

Je sais que tu viendras par le sentier ce soir,
Dans les meules fraîches nous irons nous asseoir.

Je t'embrasserai et te froisserai comme une fleur.
Méprisant les ragots car grisé de bonheur.

Et ton voile de soie tombé sous mes caresses,
Tu vas dans les buissons partager mon ivresse.

Les tétras peuvent bien tinter en sanglotant,
Joyeuse est la tristesse pourpre du couchant.
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