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EAN : 9781506702384
116 pages
Dark Horse (20/02/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
The Eisner-award winning bumbling barbarian returns for a hilarious adventure full of mistakes, misunderstandings, and cheese dip.

We had the Fray of the Gods. Now we have the Play of the Gods--a tale of lust for gold, lust for power, and lust for cheese dip. As with all things Groo, it's brought to you by the award-winning team of Sergio Aragonés, ably assisted by the lettering of Stan Sakai and the coloring of Tom Luth. The Gods themselves watch thi... >Voir plus
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Que lire après Groo: Play of the GodsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Par ordre de parution, ce tome fait suite à Fray of the Gods qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, même s'il y est fait quelques références. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement publiés en 2017, écrits, dessinés et encrés par Sergio Aragonés, coécrits par Mark Evanier, et mis en couleurs par Tom Luth et John Erceck, sans oublier le lettrage de Stan Sakai. Ce tome se termine par 4 gags en 1 page, consacrés à Rufferto.

Au cours de leur pérégrinations, Groo et son chien Rufferto sont surpris par une forte pluie. Ils cherchent un abri sous le feuillage d'un arbre, et ils voient venir vers eux de nombreux animaux cherchant également un abri. Groo s'apprête à en passer plusieurs par le fil de son épée, mais il doit se résoudre à déguerpir quand des animaux trop costauds pour lui arrivent. Avec Rufferto, il décide de se rendre au village le plus proche pour s'abriter dans la taverne. À peine, les clients l'ont-ils reconnu que Groo et Rufferto disposent de la salle pour eux tout seuls et qu'ils sont servis à profusion. Pendant ce temps-là au palais, Isaisa, la reine d'Iberza, reçoit les hauts dignitaires du culte de Diothos qui lui font part de l'arrivée de migrants qui font acte de prosélytisme pour leurs propres dieux. Elle entend leur requête et accepte qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder la vraie foi, et accessoirement pour préserver la sécurité des vrais croyants qui, eux, payent leurs impôts.

Entretemps, Groo et Rufferto ont trouvé un abri pour passer la nuit dans une étable. Les propriétaires arrivant avec leurs bêtes et préfèrent les laisser dormir dehors sous la pluie plutôt que de risquer de réveiller Groo. Quelques temps plus tard, le capitaine Ahax arrive au palais en déclarant avoir découvert un pays regorgeant d'or. La reine Isaisa décide d'envoyer des troupes pour conquérir ce pays, et recourt à l'emploi de mercenaires menés par Taranto. Elle dépêche également des évêques chargés de convertir les populations locales. Par un complexe concours de circonstances, et après avoir visité les geôles de torture de l'inquisition, Groo se retrouve à voyager sur le navire du capitaine Ahax en route pour Texahuapan.

Quand il se lance dans un nouveau récit de Groo, le lecteur sait ce qu'il va trouver : une intrigue en bonne et due forme, des gags à la pelle, et des dessins humoristiques d'une rare densité. S'il a lu le tome précédent, il peut éprouver un soupçon d'inquiétude en voyant que les auteurs continuent avec la thématique de la croyance en des dieux, qui s'était avérée un peu faible. Effectivement, Aragonés et Evanier ont concocté une intrigue solide et même copieuse. Groo se retrouve dans la capitale du royaume d'Iberza, et il va voyager jusqu'en Texahuapan, où il se lance à la recherche de la meilleure trempette au fromage au monde. Alors que chacune de ses apparitions déclenche des catastrophes, le capitaine Ahax essaye de récupérer un peu d'or pour sa fortune personnelle, et de se faire reconstruire un navire, celui qui l'a amené jusqu'à Texahuapan n'ayant pas survécu à Groo. Taranto essaye de voir comment récupérer le plus d'or possible et retourner au royaume d'Iberza. Les chefs du clergé essayent de faire bâtir un temple à la gloire de Diothos, et de convertir les sauvages qui disposent d'une civilisation prospère. Les sauvages essayent de comprendre le concept de dieu unique, et de voir s'il convient de cohabiter avec les colons. Pendant ce temps-là, au panthéon des dieux, ces derniers essayent eux-mêmes de cohabiter avec les nouveaux arrivants, et de donner un sens à l'adoration dont ils bénéficient.

Dès la couverture, le lecteur sait que Sergio Aragonès est en grande forme, à la fois pour la conception de personnages mémorables, pour leur expressivité et pour la densité d'informations visuelles dans chaque case. Cet artiste n'a rien changé à sa façon de dessiner. Groo est toujours représenté de façon déformée avec un gros nez cassé, des jambes de poulet, des cheveux filasse, un ventre énorme, et des portes katanas dont il ne sait pas se servir. Les expressions des visages sont exagérées pour transcrire les émotions et les états d'esprit d'une façon comique. le langage corporel est traité de la même manière ; que ce soit Groo en train de se lancer dans la bataille à corps perdu, ou que ce soit les dieux en train de se prendre la tête entre les mains, en voyant le bazar semé en leur nom. le lecteur reconnaît du premier coup d'oeil des personnages récurrents comme Taranto et Ahax. Il découvre une multitude innombrable de personnages secondaires, tous différents, tous uniques, que ce soit par leur morphologie, leur tenue vestimentaire, ou encore leur visage. Il voit qu'Aragonés tourne en dérision les dignitaires du culte avec leur mitre, mais aussi l'idée de bon sauvage avec des os dans le nez ou dans les oreilles comme accessoire d'apparat, tout en étant beaucoup plus matures et sages que les hommes blancs civilisés.

Comme à son habitude, Sergio Aragonés laisse le lecteur pantois avec le fourmillement de détails visuels, d'une justesse épatante pour donner de la consistance aux environnements comme aux coutumes des différents peuples. le lecteur peut ainsi admirer l'aménagement de la taverne et son mobilier ainsi que les ustensiles, la salle du trône de la reine Isaisa, la pyramide à degré de Texahuapan, le pont du navire du capitaine Ahax, les échafaudages pour rebâtir un temple, ou encore les chariots pour transporter l'or. Sous des dehors de dessins vite faits et exagérés pour une intention comique, le lecteur se rend compte que l'artiste a une solide compréhension de comment ces lieux et ces accessoires sont conçus et fonctionnent, et qu'il les représente avec une grande intelligence pratique. Bien sûr, Sergio Aragonés reste un maître du rythme du gag, ce qui apparaît comme une évidence dans les 4 gags chaleureux consacrés à Rufferto, dépourvus de texte. Cela se voit aussi dans différentes suites de case comme lorsque Groo teste le goût de la trempette au fromage (cheese dip), ou la découverte progressive de la présence de Groo à bord du navire du capitaine Ahax

Comme à chaque fois, Sergio Aragonés subjugue le lecteur avec les scènes de foule. Non seulement il y case un nombre de figurants qui défie l'entendement, en plus, ils sont tous occupés à faire quelque chose de différent et de spécifique. Enfin ces cases restent lisibles au premier coup d'oeil, laissant le choix au lecteur de ne pas ralentir son rythme de lecture, ou de prendre le temps de détailler le spectacle intense qui s'offre à ses yeux. Même le lecteur familier de l'artiste est pris par surprise lors de l'arrivée de Groo dans la taverne, séquence comprenant un premier dessine en pleine page, puis une seconde sur une double page. Il y a plus d'une quarantaine de personnages sur le dessin en pleine page et le lecteur peut les retrouver en train de fuir chacun à leur manière sur le dessin en double page, avec une cohérence parfaite quant à leur emplacement, et leur tenue vestimentaires, une rigueur narrative à une échelle peu commune. le lecteur se régale d'une telle richesse visuelle qui reste dans la fonction de raconter l'histoire, sans jamais basculer dans le registre de l'auteur qui se fait plaisir ou qui s'admire en train de dessiner.

Aragonés & Evanier n'ont rien changé à la nature de leur série, conservant l'approche humoristique, dans des registres comiques divers : de comportement, de caractère, de situation, un peu d'absurde, du décalage entre l'attendu et ce qui survient, pantomime et langage corporel exagéré… Ils sont très en forme, que ce soit en reprenant des gags récurrents comme Groo générateur de catastrophe, faisant couler tous les bateaux sur lesquels il embarque, ou son amour immodéré de la trempette au fromage. Ils conçoivent de nouveaux gags directement liés au récit. Comme à leur habitude, ils développent également un thème, ici lié à la religion, ou plutôt au culte rendu aux dieux. Comme à leur habitude, ils ne s'en prennent pas à un groupe de personnes, ils ne tournent pas en dérision un métier, ou une communauté. Sur un thème aussi sensible, ils réussissent à faire ressortir le décalage entre les préceptes de différentes fois et la réalité du comportement du clergé. Ils prennent la précaution de ne pas stigmatiser une religion plutôt qu'une autre. Cette approche n'a rien de tiède ou d'hypocrite, et elle aboutit à une analyse systémique très pénétrante.

Aragonés & Evanier mettent à la fois en scène une religion monothéiste et une religion polythéiste, sans prendre parti. Ils s'amusent comme des petits fous à créer des dieux pour tout et n'importe quoi ce soit Tiron le dieu des miscellanées, ou Odit le dieu des répétitions (ce dernier engendrant un gag à répétition). En mettant en scène cet aéropage de dieux dans les nuages, ils font ressortir le décalage entre les concepts qu'ils incarnent, et la réalité des pratiques des croyants et du clergé. Ils matérialisent à la fois la soif de spirituel de l'humanité, et à la fois son comportement déconnecté des idéaux. le lecteur se rend compte également que les auteurs évoquent des réalités historiques peu reluisantes, que ce soit les conversions forcées des peuples colonisés, ou les tortures pratiquées par l'inquisition. Il ne s'agit pas d'un récit à charge contre les religions en général, mais il évoque les exactions commises au nom de dieu. Cela apparaît de manière criante quand Groo se retrouve à visiter par erreur les chambres de torture. Ils réussissent à conserver un ton léger, mais le lecteur ne sait que trop bien qu'il s'agît de pratiques ayant réellement existé. Les auteurs réussissent à évoquer les crimes commis au nom de dieu par des clergés plus soucieux de réalités matérielles que de bien-être spirituel.

Ce tome s'inscrit dans les meilleurs de la série, avec une verve comique de grande qualité, des dessins toujours aussi riches et exubérants, une aventure consistante et dense, avec un thème difficile développé adroitement sans méchanceté ou mépris, mais sans complaisance non plus.
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