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Eldon Fochs est doyen au sein de la Corporation du Sang de l'Agneau (les Sanguistes). Une secte très stricte et conservatrice, qui excommunie si on regimbe ou refuse de reprendre le droit chemin.
Ses responsabilités l'amènent à suivre certains jeunes de la communauté et à les conseiller aux cours d'entretiens.
Or depuis quelque temps ce père de famille souffre de somnambulisme, parle dans son sommeil, et sa femme l'engage à consulter le docteur Feshtig, qui exerce dans l'Institut de psychanalyse de la Fondation Sion. Fochs lui raconte plusieurs rêves où il abuse des jeunes garçons et tue une jeune fille.
Mais dans la réalité Fochs est accusé par deux mères d'avoir violé leurs fils, et le cadavre d'une jeune fille a été retrouvé non loin de chez lui...

Dès le départ, par le biais de courriers d'une ironie et d'une hypocrisie réjouissantes, on sait que Feshtig aura du mal à dénoncer les agissements de Fochs, qui n'a pas réussi à le berner totalement. C'est un démarrage efficace de la description d'une communauté repliée sur soi, à la hiérarchie étouffante, dont le maître mot est "pas de vagues". On comprend aisément que de tels romans aient valu quelques ennuis à l'auteur...

"Bien qu'il y ait apparemment eu depuis le début des signes indiquant que Fochs était un prédateur, sa position dans l'Eglise a rendu les autres presque complètement aveugles à ces avertissements. Même avant qu'il devienne doyen, le fait qu'il soit un membre de l'Eglise propre sur lui, qui ne manquait pas un service et présentait toutes les apparences du mérite, a contribué à entretenir la volonté d'aveuglement de tout son entourage."
Evenson décrit aussi efficacement comment un adulte peut abuser de sa position pour convaincre un enfant de se laisser faire.

Mais ce qui fait du livre plus qu'une histoire de pédophilie couverte par des autorités religieuses (hélas bien crédible), c'est que l'on est placé au cours de la majeure partie du roman dans la tête de Fochs. Intelligent, malin, calculateur, cynique. Refoulant le souvenir d'abus subis personnellement. Un homme à la tête sanglante agit à sa place, deux hommes en costume apparaissent et disparaissent. le "dédoublement" de Fochs est narré de façon fascinante.

Un court roman qui ne peut laisser indifférent. Au début j'ai trouvé que cela était un peu forcé et incroyable, mais je pense finalement que l'auteur a voulu éviter toute "subtilité" et foncer dans le tas, pour plus d'efficacité. Je signale aussi que ce roman ne se complaît pas dans les descriptions superflues et insoutenables, le sujet se suffit à lui-même.
Les lecteurs de la Bible auront reconnu qui est ce Father of lies (Evangile de Jean, chap 8 verset 44)...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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"Père des mensonges" se situe dans une communauté religieuse : la corporation du sang de l'agneau (les Sanguistes). Il s'agit d'une secte religieuse fortement conservatrice, dirigée par des pères patriarches qui lui donne sa ligne de conduite.
Le roman débute sur un échange de courrier entre le patriarche Blanchard et un institut de psychanalyse rattaché à l'église. le patriarche cherche à soutirer des informations sur le cas du patient Eldon Fochs, un doyen de l'église. S'opposant au refus de Feshtig, son médecin, Blanchard s'adresse au directeur de l'institut. Il obtiendra gain de cause par échange de faveurs... Dès lors, nous savons déjà que l'Eglise en question est corrompue et soucieuse de son image avant tout...

La suite nous plongera alors dans les notes du médecin Feshtig et nous ferons connaissance avec ce doyen de l'Eglise. Eldon Fochs possède une situation très respectable au sein de la communauté. Issu d'une famille très religieuse, il prend très à coeur le rôle de l'Eglise dans son quotidien. Pourtant depuis quelque temps, il est victime de cauchemars épouvantables : obscénité, viol, violence,... Sa femme s'en inquiète et le pousse à consulter.
Feshtig finit par s'interroger quand les rêves du doyen finissent par avoir quelque ressemblance avec des faits réels : une jeune fille assassinée, de jeunes garçons agressés,...
Où est le vrai ? Où est le faux ?

Le sujet est difficile mais m'a néanmoins beaucoup plu !
La construction du roman est très intelligente. On alterne entre le point de vue de Feshtig le médecin et celui de Fochs. Ce jeu de miroir entre rêve et réalité devient peu à peu flou et le lecteur finit par se demander où s'arrête le rêve ou commence le réel. Et quand vous comprenez où sont les limites, c'est un véritable coup de poing que vous recevez !

La focale intérieure sur les pensées du doyen Fochs est particulièrement forte. le lecteur pénètre dans ses pensées les plus profondes qui révèleront un être malade et pris dans une folie religieuse qui l'absout de tout acte malveillant. Les scènes où nous voyons le doyen agir sous le soi-disant commandement de Dieu en sont révélatrices. Fochs a bien conscience que ses actes sont mauvais mais il s'imagine que Dieu l'accompagne et l'enjoint d'agir, pour mieux vivre avec ses actes.
On peut s'interroger sur l'origine de cette folie : Est-ce la religion qui a exacerbé les problèmes d'un esprit déjà malade ou bien est-ce elle qui a provoqué ces désordres mentaux ? La question est posé mais l'auteur ne s'avancera pas à y répondre.

Vous comprendrez bien sûr que la cible principale de ce roman est l'ordre religieux et ses dérives sectaires. Sous couvert d'obsolution chrétienne et de bien-être pour la communauté, les religieux se permettent d'agir à leur guise au détriment de l'intérêt particulier de certains. Les patriarches n'hésiteront pas à nier l'évidence pour mieux protéger la réputation de leur communauté et à ex-communier les personnes indésirables et réfractaires à leur soi-disante vérité. Cette corruption morale est véritablement glaçante quand on connait les revers du même ordre que connait l'église chrétienne aujourd'hui...
"Pere des mensonges" est donc un roman parfaitement réaliste, surtout quand on sait que l'auteur est un ancien mormon... Il sait donc de quoi il parle.

Cette première rencontre avec Evenson fut donc très très bonne et continuera avec ses autres titres, tout aussi critiques sur la religion.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Cela fait un bon moment que j'ai terminé ce livre et que je ne me décide pas à écrire quelque chose à son sujet. Il s'agit donc, comme vous avez sûrement pu déjà le lire ici ou là, des aveux et souvenirs de rêves de Fochs, un prêtre d'une communauté nommée « du Sang de l'Agneau ». C'est probablement voulu par l'auteur, mais l'action n'est pas tellement située ni dans le temps, ni dans l'espace, ce qui lui donne une sorte d'universalité qui fait froid dans le dos. Cette plongée effroyable dans l'esprit de Fochs, en alternance avec d'autres documents comme des lettres entre les responsables de l'église et des rapports du psy de Fochs, n'en a que plus d'impact. L'homme d'église, dont on comprend très vite qu'il est pédophile, est cependant marié et ses actes et pensées épouvantables contrastent avec un quotidien tranquille.
Pour tout dire, cette lecture met très mal à l'aise, mais la curiosité se maintient par le fait que le psychothérapeute pense qu'une partie des aveux de Fochs est factice. Cela oblige donc à progresser dans la lecture pour démêler le vrai du faux, pour constater si ces horreurs se passent uniquement dans la tête de Fochs ou dans la réalité. Les passages où Fochs dialogue avec son double, une espèce d'horrible personnage qui lui dicte ses actes, m'ont laissée perplexe et je n'ai surtout pas voulu y puiser une justification quelconque pour des actes absolument injustifiables. le pire est encore le soutien presque sans faille de ses supérieurs de l'Eglise et leur hypocrisie perverse à ne rien voir.
Un livre que je ne peux me résoudre à recommander, parce qu'il ne pourra pas "plaire" à tout le monde, parce qu'il n'a rien de plaisant justement, mais j'admets que ce genre de dénonciation en forme de coup de poing est tout à fait utile et salutaire.

Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Evenson, un auteur qui m'était totalement inconnu auparavant, s'attaque ici à l'Eglise et à ses membres pédophiles. Trois manières nous sont offertes pour entrer dans ce récit. On commence par lire les lettres que s'échangent le patriarche Blanchard, le psychanalyste Feshtig et son directeur Kennedy. A travers cette correspondance, nous pouvons découvrir les points de vue de chacun de ses personnages. Une autre partie du roman est consacrée aux rapports et aux notes de Feshtig. J'ai apprécié de voir les méthodes qu'il utilise pour faire parler son patient ainsi que ce qu'il en pensait. Brian Evenson arrive à nous parler de psychologie sans que le roman se transforme en un essai indigeste. C'était ma plus grande crainte et heureusement, elle a été rapidement dissipée. Je me suis rapidement mis dans la peau de ce psychothérapeute. Je voulais comprendre Fochs sans le juger. Et croyez-moi, ce n'est pas évident. La troisième partie nous mène dans la tête du patient lui-même, Eldon Fochs. Dans cette partie, impossible pour moi de voir autre chose que le monstre qui se tapit en lui. Ces moments étaient quasi insupportables pour moi. Comment apprécier d'être dans la tête d'un pédophile ?

Grâce à ces trois manières, on reconstruit petit à petit le puzzle de l'histoire. Celle-ci m'a paru à la fois intrigante et fascinante. Qui va avoir le dernier mot l'Eglise ou la psychologie ? La justice sera-t-elle faite ? de grandes questions qui seront répondues à temps.

J'ai aussi apprécié que Brian Evenson s'éloigne du stéréotype qu'est le prêtre pédophile c'est-à-dire un être esseulé en manque sexuel. Eldon Fochs n'est rien de tout ça, c'est un homme marié respectable qui a quatre enfants. Bref, il est un père de famille tout à fait commun. Enfin, jusqu'à un certain point…

J'ai été fortement interpelée par la manière dont l'Eglise réfléchit. Selon elle, il est mieux d'obéir à son supérieur ecclésiastique, même si l'on pense que l'action demandée est mauvaise, plutôt que de désobéir. En effet, désobéir à un membre du clergé équivaut à désobéir à Dieu lui-même.

« Père des mensonges » est donc un livre dérangeant mais particulièrement intéressant pour ceux qui s'intéressent à ce sujet. Voilà un livre assez court mais qui permet de faire le tour de la question.
Lien : http://iluze.over-blog.com/a..
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L'incipit (voir dans ma citation) m'a paru bien "gore" et j'ai vaguement pensé qu'il pourrait faire l'ouverture d'un roman d'épouvante. Au final, j'ai mieux compris ce choix de l'auteur qui en effet nous entraîne dans la spirale du mal absolu. Être projeté aussi crûment dans la tête de cet homme de pouvoir aux pulsions destructrices est passablement déstabilisant, d'autant plus que l'auteur ne nous offre pas le réconfort de faire justice. le seul refuge au besoin de comprendre s'exprime dans le trouble fragmentaire de la personnalité, désordre psychique, qui prend des dimensions quasi surnaturelles sous la plume de Brian Evenson.

Ce roman a fait écho chez moi au remarquable film documentaire de Amy Berg "Délivrez-nous du mal" dont voici un lien utile pour ceux qui souhaiteraient approfondir une thématique malheureusement ô combien actuelle :
Lien : http://www.allocine.fr/film/..
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Ici, il est question d'un prêtre, Eldon Fochs. Il est prêtre d'une communauté nommée « du sang de l'agneau » c'est une secte religieuse conservatrice.
Un jour, ce prêtre décide de faire des aveux. Tout cela commence lorsque sa femme lui conseille de consulter un psychologue contre ses troubles du sommeil. Ici, on alterne entre les documents (lettres) échangés entre les responsables de l'église et des rapports du psy de fochs.
On plonge également dans l'esprit du prêtre. On n'y apprend entre autres qu'il est marié et surtout qu'il est pédophile.
J'ai été sceptique avec les passages ou Fochs dialogue avec pour ainsi dire son double maléfique qui soi-disant lui dicte ses actes !
Je n'ai bien évidemment eu aucune empathie pour ce prêtre pédophile, meurtrier et violent.
Je vous dirais quand même que ce roman m'a bouleversée et qu'il restera un moment dans ma mémoire.
Lien : https://www.instagram.com/le..
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Malgré un sujet intéressant et très peu abordé dans la littérature moderne ( la pédophilie et la sexualité dans la religion) je n'ai pas du tout aimé ce roman.

L'auteur se perd dans une personnage sombre et torturé et nous fait perdre le fil de son histoire. Je n'ai pas réussi à entrer dans cette histoire et en ressort très déçu.
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Un livre prenant mais terriblement dérangeant et tordu. Il se lit d'une traite, comme un thriller.

Un homme d'église (la Corporation du Sang de l'Agneau, les Sanguistes) , le doyen Fochs va consulter un psychiatre à la demande de sa femme suite à des troubles du sommeil. Il prétend supporter difficilement sa nouvelle charge de doyen et faire des rêves avec des pensées pédophiles. Assez vite, Feshtig, le psychiatre, doute que cela ne soit que des rêves, d'autant plus qu'une jeune fille a été assassinée et que deux jeunes garçons l'accusent de violence sexuelle. La hiérarchie religieuse du doyen va tenter par tous les moyens de supprimer ou modifier le rapport que Feshtig. le lecteur est face à plusieurs points de vue : des lettres échangées entre les autorités religieuses et l'Institut de psychanalyse qui emploi Feshtig, les notes du psychiatre et le récit de Fochs lui-même. J'ai été révoltée par la froideur de Fochs qui profite de sa position d'homme d'église et son pouvoir «spirituel» pour justifier ses faits et gestes.
(...)
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Voici un livre dont il n'est pas très facile de parler. le sujet est la pédophilie au sein de l'Eglise et le souhait de celle-ci de ne pas faire de vagues.
On lit parfois des articles à ce sujet dans nos journaux.
J'espère (mais n'y crois pas trop) qu'en France cela ne se passerait pas comme ça.
Ce livre est très bien écrit, je suis bien entrée dans cette histoire tout en me demandant si ce qui est raconté est de l'ordre du rêve ou de la réalité, il faut dire que le personnage principal est très fort pour brouiller les pistes.
On comprend bien comment un homme d'Eglise peut avoir une telle influence sur les jeunes qui n'osent rien dire, c'est terrible.
Le livre n'est pas trop long mais va à l'essentiel sans descriptions glauques.
L'ambiance de ce livre est particulière mais il est très bien construit, et la conclusion fait froid dans le dos.

Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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