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Françoise Smith (Traducteur)
EAN : 9782749105697
Le Cherche midi (25/09/2008)
3.57/5   90 notes
Résumé :
Après avoir perdu une main lors d'un règlement de comptes, Kline, un détective privé, se voit confier une enquête au sein d'une société secrète composée de mutilés volontaires, où un meurtre a été commis.
Mais, pour mener son enquête, Kline doit gagner la confiance des membres de cette étrange secte. Or cette confiance se paie cher, car pour accéder à certains niveaux de la hiérarchie, il convient d'être à chaque fois davantage amputé… Jusqu'où Kline sera-t-i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Kline est un détective qui a perdu sa main au cours d'une enquête. Tranchée net par le gentleman au hachoir. Il a cautérisé au plus vite, lui-même la plaie avec un réchaud dans le but de surprendre le tueur et ainsi l'achever, d'une balle dans l'oeil…
Pas le genre d'histoire qui reste insignifiante.
Et qui va attirer une secte : La Confrérie des Mutilés.

Kidnappé par les membres de la secte, il se voit octroyé de force, une mission complètement absurde : trouver un assassin au sein de la Confrérie, mais sans corps, sans lieu du crime, et dans l'interdiction formelle d'interroger les frères… Car la Communauté est hiérarchisée par le nombre d'amputation. Hors Kline n'est qu'un « un », puisqu'il ne lui manque que sa main. Et pour pouvoir avancer dans l'enquête, il faudrait au moins être un « quatre »…

1/Si vous connaissez un peu l'auteur, vous savez que le mormonisme occupe ses récits. Je vous synthétise grossièrement le mormonisme : un jour un mec très charismatique, Joseph Smith, se balade dans la forêt et rencontre un ange qui lui confie des plaques d'écritures saintes, lui permettant de rédiger le Livre des Mormons (une sorte de suite à La Bible, pour ceux qui arrivent aux States). Il aura au cours de sa vie, plusieurs contacts spirituels avec les hautes sphères déistes, notamment lorsqu'il se lassera de son épouse et qu'un ange lui annoncera qu'il doit se marier avec plusieurs femmes (bah voyons). Des branches différentes vont s'éloigner du mormonisme de base. Puis plus tard, s'installant dans l'Utah et pour des raisons politiques, ils vont devoir redevenir monogames. Mais la monogamie n'est pas du goût de tout le monde et d'autres branches extrémistes vont voir le jour.
J'ignore si Brian Evenson a été élevé par des extrémistes mormons, mais son personnage, Kline, va se retrouver bringuebalé d'une branche sectaire à une autre. La base du premier mouvement était que de perdre un membre, permettait de se rapprocher de Dieu. «Si la perte d'un membre nous rapproche de Dieu, ils pensaient l'approcher de plus près en multipliant les amputations. » C'est ainsi que la secte dévie dans l'exagération absurde et ridiculement douloureuse. La convoitise d'accéder au plus haut rang, va créer une hiérarchie au sein de la Communauté : plus vous avez de membres amputés, plus vous êtes au sommet. « La hiérarchie, les jugements portés contre les camarades ayant subi un nombre inférieur d'amputations, la servitude, la suffisance. »
Le sacrifice de soi, plus au sens propre qu'au figuré, n'est alors plus spirituel, mais motivé par le Pouvoir. Jeux de mains jeux de vilains. Notre protagoniste va devoir affronter l'horreur, les personnages se découpant de manière absolument consentante des bouts de leurs corps.
Consentants ?
Est-ce que justement, ce n'est pas le propre de la secte de nous faire croire que nous sommes consentants ?
Car la soumission au sein du groupe, fonde la course à la multiplication des amputations. Elle n'existait pas lorsque tous les membres étaient au même niveau spirituelle. La hiérarchie, que ce soit dans la religion ou les sectes, ne devraient pas exister, car nous sommes tous les agneaux de Dieu, au même niveau... Il ne devrait pas exister d'être supérieur en dehors du démiurge. La hiérarchie ce n'est pas spirituelle. Et en voulant atteindre le haut niveau, pouvons-nous alors parler de consentement? Voilà, à mon sens, la première symbolique du roman.

2/Lorsque nous sommes extérieurs à une religion ou une secte, nous sommes confrontés à l'ignorance et l'incompréhension la plus totale, qui institue ainsi la place du mouvement dans quelque chose que nous ne pouvons pas saisir, sans ressentir La Foi. La Foi ou l'Appel de Dieu. Et pourtant, les détenteurs de cette Foi mystérieuse peut rendre curieux. Cette curiosité est un piège. « La curiosité est vraiment quelque chose d'affreux, songeait-il. Comment peut-on s'empêcher d'avoir envie de savoir? » Cette curiosité elle concerne surtout ceux ou celles qui s'intéressent à la métaphysique. Et les communautés prosélytiques le savent, elles sont formées ainsi. (Je peux en témoigner, ayant assister pendant 3 ans, deux fois par semaine aux réunions dans le salle du Royaume des Témoins de Jéhovah). C'est encore plus hermétique pour ceux ou celles qui ne cherchent pas à savoir. Ces derniers ne seront pas la cible. Alors quand on est la cible, on entendra des phrases, tel que Kline l'entendra : « Quand vous aurez reçu l'Appel » qui pour les fanatiques est une évidence incontestable. Vous recevrez l'Appel, c'est certain. Et lorsque l'Appel de Dieu ne vient pas, et qu'un carnage est accompli, l'autre branche le voit comme un Elu. Celui qui doit éliminer les faux prophètes. Ne peut-il donc pas se sortir de ce cauchemar ? Non car il est difficile de sortir d'une secte. Et la bienveillance qui y règne, avec cette gentillesse à outrance, cette assurance de « protection », c'est quelque chose de très enivrant. La communauté protège, aide, soutiens, pourquoi donc vouloir en sortir ? Et si elle disait la Vérité ? Adopter la politique de la main tendue lorsqu'on n'a pas de main, quelle idée!
L'auteur utilisera en symbole d'incompréhension, quelque chose d'absolument révulsant : la mutilation pure et simple (dans la joie et la fête en plus).

3/J'ai beaucoup de mal à saisir le rapport de Brian Evenson avec l'amputation. Dans son roman immobilité, le protagoniste n'est pas amputé mais il ne peut clairement pas utiliser ses jambes. Dans Baby Leg, on subit des expériences douteuses sur les corps et cette femme qui a une jambe de bébé à la place de sa vraie jambe, et maintenant celui-ci. Mais son génie d'écriture rend certaine situation très drôle. Les dialogues absurdes n'ont rien à envier à Samuel Becket et la banalisation des amputations donnent l'impression que l'auteur joue avec monsieur Patate. Même si j'avoue que les premiers passages m'ont donné la nausée, la répétition de l'horreur grandguignolesque finit par rendre ses scènes horribles à la limite de la comédie. Et lorsque le protagoniste se balade avec une tête ensanglantée, et qu'il se pose des questions sur son inhumanité, nous nous rendons compte que nous avons perdu la nôtre puisque nous ne sommes pas horrifiés par la situation. C'est très fort.

C'est mon quatrième roman de Evenson, et je dois avouer que je suis accro.
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Cette édition française présente les deux parties de ce texte, « La Confrérie des Mutilés », et sa suite directe « Les Derniers Jours », écrites et publiées aux USA à quelques années d'intervalle.
Notre ex-prêtre Mormon y offre le récit brut et gore d'un type, ex-policier infiltré aux contours plus que flous, nommé Kline, ni propre ni remarquablement petit, au prise avec des sectes dismophophobiques, ou plus précisément et « positivement », adepte de l'apotemnophilie…

Mais laissons la place à Marc Gozlan dans son blog du Monde pour nous expliquer:
« Apotemnophilie, terme utilisé la première fois en 1977 pour désigner le désir d'amputation d'un membre sain. Ce terme vient du grec apo signifiant « loin de », en référence à la notion d'extrémité, temno qui signifie couper et philie qui veut dire aimer. L'apotemnophilie signifie donc littéralement « l'amour de l'amputation ».

Initialement, ce terme désignait clairement un trouble de l'ordre d'une paraphilie (ensemble des pratiques sexuelles déviantes), le désir d'être amputé (apotemnophilie) coexistant avec une recherche de partenaires amputé(e)s (acrotomophilie). L'assimilation de l'aptemnophilie à une paraphilie va cependant rapidement laisser place à une autre conception.

Depuis 2004, le caractère paraphilique du trouble n'est plus établi. le terme d'apotemnophilie tend à être remplacé par une autre appellation. Les psychiatres parlent aujourd'hui de « trouble de l'identité et de l'intégrité corporelle » (TIIC). Cette nouvelle terminologie renvoie au fait que de nombreux patients expriment d'extrêmes préoccupations concernant leur image corporelle. Les patients atteints par ce trouble auraient un corps normal mais qui leur est devenu insupportable, estimant devoir être amputés pour être eux-mêmes. » M.G.

Ce « trouble », ou bien cette « maladie », — on voit bien que la terminologie, ( le langage en général ) pose la relativité de l'appréciation de certains comportements, spécialement de ce qui est ou a été catalogué sous le terme de paraphilie… on y reviendra… — mérite de s'y intéresser attentivement. Assez rares, les patients souhaitant l'amputation sont généralement décrits par les psychiatres comme « entièrement conscients et cohérents » dans cette volonté de modifier leur corps. En découle quantité de questions morales et d'arbitrages scientifiques…

Occasion donnée d'y réfléchir, car à part cela, ce roman ne demande pas beaucoup de concentration. Même l'horreur en reste plate, juste absurde.
Le plus court « Baby Leg », sorti juste après celui-ci, offre une variation beaucoup mieux menée de ces thèmes, avec sa structure ourobore, que cette tuerie allant crescendo.

Cousins des Assassins en Fauteuil-Roulant découverts dans « L'Infinie Comédie » de DFW, ces groupes sectaires aiment beaucoup le hachoir ou le couperet. Il y a vraiment beaucoup de sang dans ce roman.

En ultime page du livre, l'éditeur Lot49 annonce d'un énigmatique et volumineux symbole Omega Ω la prochaine sortie (en 2010) du volumineux roman « Oméga mineur » de Paul Verhaeghen, dont je vous parlerai un jour.
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Après son acte de naissance avec La langue d'Atlmann, et alors que l'on se remet encore de son premier roman au vitriol de l'Eglise avec Père des Mensonges, l'américain Brian Evenson publie une novella au titre intriguant : La Confrérie des mutilés. Traduit en France dans la défunte collection Lot 49 dirigée par Claro et Hofmarcher, la version française regroupe à la fois la novella originale de 2003 mais également sa suite, Derniers jours, parue six ans plus tard. L'auteur continue de définir les contours morbides de son oeuvre et vous êtes loin d'imaginer les tréfonds indicibles de l'horreur qu'il vous réserve…avec le sourire !

L'homme-chiffre
Ancien mormon, Brian Evenson est fasciné depuis toujours par le pouvoir de la croyance et le phénomène sectaire. Logique donc que la religion occupe une place centrale dans son oeuvre. La Confrérie des mutilés ne fait pas exception à la règle.
Nous y retrouvons Kline, un détective privé qui vient de vivre une expérience pour le moins très désagréable. En cherchant à débusquer le « gentleman au hachoir », Kline est contraint de s'amputer la main et de cautériser la plaie lui-même pour pouvoir s'échapper et mettre fin aux agissements du tueur. En pleine convalescence et alors qu'il en est encore à s'habituer à sa nouvelle condition, notre détective reçoit un étrange coup de fil de deux inconnus qui lui proposent de venir les rencontrer au plus vite. Kline doit les aider sans tarder.
D'abord surpris, puis intrigué, notre héros n'a finalement plus d'autre choix que de suivre les deux inconnus lorsque ceux-ci se présentent à son domicile en le forçant à les suivre.
Gous et Ramse, puisque c'est ainsi qu'ils se nomment, expliquent à Kline qu'il doit absolument les aider à résoudre une sinistre affaire qui a eu lieu dans leur communauté et que sa mésaventure avec le « gentleman au hachoir » est un signe clair qu'il est l'homme de la situation.
Voilà donc que Kline se retrouve de l'autre côté d'un portail sécurisé, au milieu d'un lotissement de plusieurs maisons encadrant un immeuble à deux étages. C'est là que réside la fameuse Confrérie dont sont membres Gous et Ramse.
Il ne faut d'ailleurs pas longtemps pour comprendre que ce qui rassemble les hommes de cette Confrérie, c'est un goût prononcé pour l'amputation.
Ici, on vénère l'absence plutôt que la présence.
Le dévot est celui qui sera prêt à se séparer du plus de membres ou de morceaux de chair inutiles. Orteils, doigts, pieds, jambes, bras, oreilles, oeil, fesses… Plus, c'est moins.
Brian Evenson nous fait pénétrer dans un monde avec des règles complètement insensées et macabres, construisant une religion autour de la mutilation de soi, troquant la livre de chair contre l'accumulation du savoir, suscitant l'excitation pour le corps transfiguré.
Les membres de la Confrérie sont d'autant plus élevés dans la hiérarchie qui leur manque des morceaux. Un novice est un « Un » tandis que les puissants vont bien au-delà de Dix. L'homme devient un chiffre, devient un tableau de chasse.
C'est ainsi que Kline se retrouve devant un « Douze », le numéro deux de la Confrérie en réalité, un certain Brochert. Celui-ci demande alors au détective de faire ce qu'il fait le mieux : débusquer la personne qui a assassiné le Prophète et Chef de la Confrérie, Aline. Mais Aline est-il vraiment mort ? Et comment découvrir quoique ce soit quand on soi-même qu'un « Un », presque un non-croyant ? Faut-il jouer selon les règles des autres une fois dans leur monde ?

Croire jusqu'à la lie
En explorant la secte avec Kline, le lecteur finit par perdre pied et l'atroce devient une norme. Se couper un membre quelque chose de banal, de ritualisé, d'obligatoire. Cette banalisation de la violence et du macabre permet à Brian Evenson de déployer une certaine forme d'humour noir qui vient donner un ton plus distancié que, par exemple, celui de Père des Mensonges. Mais cet humour n'empêche pas l'américain de disséquer patiemment et cliniquement les chemins empruntés par le fanatisme.
Ce qui fascine dans La Confrérie des mutilés, c'est sa capacité à exposer les rouages de l'endoctrinement de façon implacable. Kline, à force de côtoyer des croyants complètement inébranlables dans leur conviction, finit par supporter une réalité qui vacille à son tour. La dévotion et le changement de paradigme entraînent de facto une déformation du réel. Et l'on en perd ses repères.
Sous l'influence de Beckett, Brian Evenson poursuit par une suite direct avec Derniers jours. Une suite qui ajoute une autre dimension supplémentaire à son exploration du phénomène sectaire : le schisme et l'uniformisation. Car si la Confrérie était une première étape dans la négation de l'individualité, les adorateurs de Paul en sont une autre expression qui cherche à annihiler peut-être encore plus complètement l'identité, à la façon d'un Chuck Palahniuk dans Fight Club.
Tous les membres s'appellent Paul et prennent Kline pour l'Élu, menant à un phénomène de prophétie auto-réalisatrice aussi sanglante que savoureuse. Cette fois, Brian Evenson pousse son jeu de massacre jusqu'à dénicher le point de rupture où la raison se laisse dominer par l'absurdité de ce qui nous entoure. Où l'on est prisonnier de l'absurde.
C'est aussi une façon radicale de comprendre que pour sortir d'une secte… il faut trancher dans le vif. Que seule une solution extrême peut mettre fin au fanatisme qui, lui-même, s'auto-alimente sans aucune limite.
Évidemment, le roman reste un monument de macabre et de glauque comme seul Brian Evenson en est capable. On y retrouve sa fascination pour le body-horror et l'amputation, sur la capacité de l'humanité à produire une violence qu'elle justifiera par n'importe quel mythe ou religion.
D'ailleurs, Kline a surtout un très vilain défaut : celui de la curiosité.
Cette curiosité qui mène à la fascination et ultimement, à l'endoctrinement. Un fait que lui fera remarquer à plusieurs reprises Brochert, comme si la curiosité avait l'effet pervers de découvrir ce qu'il ne fallait pas et allait de fait causer notre perte.
Surtout quand le mystère s'annonce déjà sinistre à l'avance…

Aussi fascinant que macabre, La confrérie des mutilés dépèce les croyances et le phénomène sectaire. C'est une exploration radicale et extrême de l'homme qui croit, de ce qu'il est capable de se faire à lui-même et à autrui en modifiant le réel. Brian Evenson s'amuse dans le glauque et l'on en ressort éprouvé autant qu'étrangement réjouit. Amputez-vous qu'ils disaient…
Lien : https://justaword.fr/la-conf..
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La confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable. Et c'est ce qui fait l'intérêt de cette expérience singulière.

Souvent je me suis demandée où l'auteur m'emmenait, parfois j'ai hésité à arrêter ma lecture. Il faut dire qu'Evenson malmène son lecteur, il le brutalise, le pousse dans ses retranchements, le confrontant à des situations poussées à l'extrême. Pour autant, on ne peut s'empêcher de poursuivre sa lecture, fasciné. On en redemande même. Evenson a du talent, du style et de l'audace. Il ose tout. L'humour noir très présent distille un délicieux malaise.

La confrérie des mutilés n'est pas qu'une expérience extrême. C'est également une oeuvre avec un propos, fort, intelligent et bien amené. Evenson s'intéresse à la fois à la folie absurde à laquelle peut mener la foi religieuse et également à la façon dont la religion annihile les personnalités et formate des individus dans un même moule.

j'ai trouvé ce roman brillant, fascinant, dérangeant, hypnotisant, il m'a secouée, il m'a retourné le cerveau (et l'estomac aussi)... Pourtant, je ne peux pas dire que je l'ai aimé. Non, la confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable mais c'est un livre passionnant, à lire absolument.
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Le détective privé Kline rejoint à son corps défendant une drôle de secte aux moeurs sordides, pour y mener une enquête dont les tenants et aboutissants lui demeurent obscurs.

Les titres et places dans la hiérarchie des membres de cette confrérie sont fonction du nombre d'amputations subies volontairement comme autant 'd'actes de foi'.

Ambiance déplaisante et hautement malsaine, donc - âmes sensibles s'abstenir. Action, hémoglobine, gâchette en folie et violence à gogo, voilà ce que j'appelle un polar bien bµrné.
J'ai eu la curiosité de m'y frotter, après avoir été aussi captivée qu'horrifiée par 'Père des mensonges' du même auteur.
J'avoue avoir survolé certains passages de mutilations au hachoir ou de strip-tease très particuliers.

Au-delà des moments difficiles qui conduisent le lecteur au bord de la nausée ou de l'évanouissement selon son endurance, le roman présente une intrigue intéressante et une accusation métaphorique des sectes qui amputent l'individu de son âme et de ses biens, qui le rendent anonyme et interchangeable...

Dommage que le dernier tiers n'offre rien d'autre qu'une surenchère de violence, là où j'attendais une explication plus solide.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- Qui est soit mort, soit vivant.
- Exactement.
- ça fait une sacrée différence, dit Gous. C'est ce que nous comptons bien découvrir.
- Quoi? Fit Ramse.
- Ça, répondit Gous.
- Quoi? Dit Ramse, en regardant autour de lui. Qu'est-ce qui se passe?
- Exactement, intervint Kline. C'est ce que je voudrais savoir.
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- Deux hommes m'ont enlevé. Ensuite, la situation est devenue bizarre. J'avais l'intention de revenir plus tôt. C'est le loyer qui vous tracasse?
Mais le gardien levait les bras, comme pour se défendre de coups éventuels. " Non, je voulais parler de votre bras, protesta-t-il.
- Oh. Je l'ai perdu."
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Il entra, trouva un interrupteur. C’était une petite pièce aveugle, meublée d’un lit étroit à une place recouvert d’une couverture râpée. Dans un coin se dressait un casier en métal. Le sol était recouvert de linoléum strié de bleu. Une ampoule nue pendait du plafond. Sur les murs, la peinture s’écaillait.
Vous êtes ici chez vous, songea-t-il.
Il referma la porte. Elle était dépourvue de verrou. Il ouvrit le casier. Des calendriers y étaient entassés ; à chaque mois était associée une femme plus ou moins dénudée, au sourire frénétique. Il lui fallut un certain temps avant de s’apercevoir qu’il manquait un pouce à la fille de janvier. Plus les mois avançaient, plus les handicaps devenaient évidents et nombreux : il manquait un sein à la fille de mars, les deux seins, une main et un avant-bras à celle de juillet. De la fille de décembre, il ne restait guère que le torse ; ses seins avaient été tranchés et elle portait une écharpe blanche en bandoulière frappée de l’inscription : "Miss Minimum".
Il reposa le calendrier, referma le casier. Après avoir éteint la lumière, il s’étendit sur le lit, mais le visage déformé par la joie de "Miss Minimum" restait gravé dans son esprit. Celui de Ramse aussi, son oreille mutilée tournée vers lui par-dessus le dossier du siège. Son moignon le chatouillait. Il se leva, ralluma et essaya de se rendormir.
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Une tête mutilée se détachait sur l'oreiller, le corps invisible sous une couverture. Il s'agenouilla près du lit. Les yeux avaient été évidés, les paupières découpées. Des oreilles arrachées, il ne restait que deux spirales de chair lisse et rosée. A la place du nez, il y avait un trou sombre et béant. Les lèvres semblaient avoir été rognées, peut-être par les dents que l'on devinait à travers les lambeaux de chair restants.
Tandis qu'il l'observait, le visage frémit, la tête bougea légèrement et il eut l'impression que les yeux énucléés fixaient les siens. Il détourna le regard et, se saisissant de la couverture, découvrit le corps.
Ce n'était qu'un torse dépourvu de membres, aux tétons coupés et au pénis tranché. Il observa la poitrine se soulever au rythme de la respiration, de l'air qui sifflait en passant entre les dents. La façon dont le corps reposait avait quelque chose d'étrange, se dit-il en le poussant un peu, suffisamment pour constater que les fesses avaient été découpées.
La bouche bredouilla quelque chose qu'il ne put comprendre car la majeure partie de la langue manquait. (p. 84)

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" Ne vous inquiétez pas, camarade Kline, dit-il. Il faut bien que les os viennent de quelque part. Ceux-ci viennent de vous, c'est tout." Il tendit la main et souleva délicatement les os, les plaça dans le coffret, referma le couvercle. "Ils vivent leur propre vie désormais, camarade Kline."
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Vidéo de Brian Evenson
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Brian Evenson vous présente son ouvrage "immobilité" aux éditions Rivages.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2678777/brian-evenson-immobilite
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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