AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eleusis


Je n'ai pas dépassé le chapitre trois. Pourtant, ce que j'en disais il y a quelques temps était plutôt élogieux.... et je ne l'ai pas rouvert depuis. Ce qui m'a gênée ? La langue est un peu ardue : longues phrases, style certes particulier au livre, mais qui grince un peu, comme un beau costume qui gêne aux entournures. Je n'ai pas poussé la lecture assez loin pour savoir si l'on s'habitue, si cela sert le propos — bref, si c'est une maladresse ou une qualité. J'ai été aussi dérangée par l'absence de filtre — qui est décidément un classique — entre l'histoire racontée et la vie vécue de l'auteur. le narrateur nous raconte l'histoire de l'homme dont il porte le nom et de sa mère. Etait-il obligé, au fond, de l'appeler M. Ezine ? Qui me dit alors si on est dans l'autobiographie romancée, dans le roman autobiographique, dans le témoignage qui se veut le plus proche de la réalité possible… dans l'hommage ou le règlement de compte ? La littérature a toujours prétendu s'inspirer de faits réels.« le livre qu'on va lire, et que je signe, n'est pas de moi. […] Je l'ai volé » écrit le préfacier-prétexte du Voleur de Georges Darien. Il aurait trouvé le manuscrit dans une chambre d'hôtel. de même le Manuscrit trouvé à Saragosse. Ou encore La Religieuse, de Diderot, que bien des lecteurs contemporains ont pris pour une réelle histoire; voulant sauver Suzanne malgré les indices fictionnels dispersés dans l'écriture. Dans tous les cas, cependant, l'auteur, le voleur ne sont pas ceux à qui l'histoire est arrivée. Ils prétendent n'être que le passeur quand ils ont créé de toutes pièces l'histoire qu'ils nous offrent. Cherchons peut-être plutôt du côté de l'inspiration biographique. Rousseau, peut-être ?

" Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon coeur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. "

En vérité, je ne crois pas que la nature l'ait brisé, ce moule, que ce soit pour le meilleur comme pour le pire. Qui a vécu quelque chose d'un peu extraordinaire (définir extraordinaire… ?) va en écrire le livre. On ne compte plus les ouvrages de formation de soi-même, les éducations sentimentales et autres témoignages du passé. Et la différence est ténue, au fond, avec les grandes histoires romantiques. Mais Adolphe n'était pas forcément Benjamin Constant ; Octave dans La Confession d'un enfant du siècle était Musset… sans l'être tout à fait. le petit Ezine, dans Les Taiseux, c'est Jean-Louis Ezine. Ce que le nom nous enlève, c'est déjà une ambiguïté, une part de doute. Et la pratique me met de plus en plus mal à l'aise, car elle enlève la distance qui, à mon sens, est nécessaire pour bien raconter une histoire. Non que le roman ait l'air mal écrit ou mal raconté, d'ailleurs, loin de là. Mais pour un nom, il a éveillé ma méfiance.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}