Vous me connaissez, je suis incapable de résister à une belle couverture. Si, en plus, on me promet du thé et des vampires, je ne réponds plus de rien. Même si, pour être tout à fait franche, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu ou vu d'histoire mettant en scène les créatures de la nuit aux dents longues. Adolescente, je ne jurais que par le Dracula de Coppola, Entretien avec un vampire de
Neil Jordan et, bien entendu, Buffy contre les vampires. Et je m'étais pris une véritable claque avec Lestat le vampire d'
Anne Rice. (Je verserai éternellement des larmes de sang à l'idée que Tom Cruise n'ait pas pu ou pas voulu reprendre son rôle. Il était et restera toujours à mes yeux la parfaite incarnation de Lestat.)
Tout ça pour dire que j'ai abordé
A Tempest of Tea avec un mélange d'impatience et de méfiance, la littérature vampirique étant capable du meilleur comme du pire. (Oh, ça va, vous me voyez venir, vous n'allez pas m'obliger à citer le nom de la saga dont je m'applique consciencieusement à ignorer l'existence. I mean, des vampires boule à facette, seriously?)
Mais,
A Tempest of Tea, c'est d'abord et surtout l'histoire d'Arthie, une jeune orpheline qui a vu sa famille massacrée et son pays ravagé par les armées coloniales d'Ettenia. Bien décidée à se venger, elle s'est entourée de jeunes gens qui, comme elle, n'ont pas la « bonne » couleur de peau ou sont des parias pour d'autres raisons. Franchement, j'adore ces nouvelles voix de la fantasy qui reprennent des tropes bien connus pour explorer les ravages du colonialisme, du racisme et du capitalisme. J'ai vibré de colère avec Arthie. J'aurais voulu réconforter Jin, le frère adoptif qu'elle sauvé d'un incendie quand ils étaient gamins. Et j'ai eu envie de crier sur Flick, la petite aristocrate privilégiée qui met un certain temps à ouvrir les yeux et choisir ses priorités.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance victorienne de White Roaring et la manière habile dont
Hafsah Faizal s'empare des mythes anglais les plus connus. J'ai aimé aussi le côté clinquant des vampires et le mystère qui plane autour d'eux, lié notamment à une série de meurtres non résolus. Et je n'ai pas vu venir le twist final, qui m'a beaucoup plu et me donne très envie de lire la suite.
En revanche, j'ai passé une partie de ma lecture à lever les yeux au ciel à cause des interactions romantiques entre les personnages. Certes, ce sont pour la plupart des adolescents bourrés d'hormones. Mais j'ai trouvé qu'il y avait un décalage entre le ton parfois très dur de certaines scènes (notamment les souvenirs d'Arthie) et les interrogations typiques de la littérature YA d'aujourd'hui, en mode « Oh là là, il/elle me regarde, est-ce que je lui plais ? » Au bout d'un moment, j'avais envie de leur donner une tape à l'arrière du crâne en leur disant : « Hé, on se concentre, c'est votre vie qui est en jeu, là. »
[Après, je suis peut-être injuste. N'est-ce pas typiquement ce que font Buffy, Willow & co ? Oh mon dieu, je suis devenue Giles, c'est ça ?]
Heureusement, mon âge canonique ne m'a pas empêché d'apprécier ce roman. Encore une fois, j'ai beaucoup aimé l'ambiance, les décors et les personnages. Arthie, contrairement à Flick, a le sens des priorités, comme le prouve une de ses répliques que j'ai envoyée à une copine en disant : « Voilà une héroïne qui sait me parler ! » Et j'ai souri en voyant que c'était cette même réplique que
De Saxus avait choisi de mettre en exergue pour annoncer la parution prochaine de
A Tempest of Tea en français: "Pourquoi sauver le monde quand on peut prendre le thé ?"
Car oui, très bonne nouvelle pour les lecteurices français.e.s, c'est bien
De Saxus qui sortira ce roman au mois de juin sous le titre Un thé avant la tempête. A n'en pas douter, la version collector sera sublime (et je devrai probablement me retenir de la racheter). Si, comme moi, vous aimez le thé, les vampires et les orphelines badass (et si les hormones en ébullition ne vous découragent pas), je vous conseille de vous jeter dessus !
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