Premier coup de coeur de cette année, le roman de
Geneviève FALGAS nous plonge dans l'époque de l'occupation, de la résistance, de la libération et nous mène de la région Midi Pyrénées à la Tunisie et aux pentes du Mont Cassin sur les routes de la victoire.
Docteur en Histoire, l'auteur observe l'évolution de l'opinion publique à partir de 1942 grâce aux rapports adressés par les préfets au gouvernement de Vichy et cette analyse m'a semblé nouvelle et riche de données.
L'épopée de jeunes résistants qui, à partir du 11 novembre 1942, décident de s'engager les uns dans les maquis, les autres dans l'armée en rejoignant nos troupes d'Afrique du Nord, permet de suivre en parallèle l'évolution des divers fronts et notamment de revivre la Campagne de Tunisie, la défaite de l'Africa Korps et le défilé de la victoire le 20 mai 1943 à Tunis, bien méconnues aujourd'hui et ce n'est pas le moindre mérite d'«
un jour la guerre finira » que de les sortir de l'ombre. Cette épopée se prolonge ensuite en Corse et en Italie où l'un des héros de ce roman meurt pour la France dans les rangs des légendaires Tirailleurs Tunisiens.
La guerre de l'ombre en 1943 et 1944 se déroule discrètement et héroiquement dans le sud ouest avec son cortège de compromissions, de trahisons, de dénonciations et devient guerre ouverte à partir du 6 juin et surtout du 15 août 1944 quand la résistance harcèle l'armée allemande en déroute et subit les représailles de la division Das Reich en libérant la quart du territoire national. Commence alors l'épuration et son cortège de pillages, de viols et d'exécutions sommaires que la Résistance a bien du mal à endiguer. Tragédie que
Pierre BENOIT a immortalisé dans «
Fabrice », roman enraciné dans le sud ouest Bordelais.
Cet environnement hostile bouleverse la vie des héros de cette fiction et
Geneviève FALGAS a le grand talent de nous faire partager leurs fidélités, leurs infidélités et de les révéler dans toute leur vérité lors de cette recomposition initiée pour certains par cinq années de captivité en Allemagne dans des contextes aussi variés qu'improbables.
Belles et émouvantes histoires d'amour se succèdent dans les paysages paradisiaques du sud ouest et de la Tunisie que l'auteur peint d'une très belle plume en rédigeant de superbes pages qui révèlent un écrivain sachant décrire un être et un décor. Talent rare en notre époque où beaucoup de gros titrages ne sont que des litanies de dialogues aussi pauvres que vides de toute réflexion.
En conclusion, ce roman m'a émerveillé et je suis heureux que Babelio et les Editions Cairn m'aient offert, lors d'une Masse Critique, l'opportunité de découvrir un éditeur que je ne connaissais pas et un auteur prometteur qui, à mes yeux, se hisse au niveau de
Pierre BENOIT ou
Morris WEST.