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4,35

sur 1497 notes
Je cherchais depuis quelques temps un livre sur la résistance en Allemagne écrit par un allemand ou au moins un roman qui narre le contexte en Allemagne de ceux qui n'épousaient pas forcément les idées nazies.
"Seul dans Berlin" répond parfaitement à cette attente, racontant le quotidien de différents personnages, vivant tous dans le même immeuble. Certains entre en résistance, d'autres profitent du système, certains encore subissent et se cachent.
Ce "pavé" de 700 pages se lit aisément. J'ai été impressionnée par la justesse des scènes, des descriptions, alors même que le roman a été publié à la sortie de la guerre. Difficile de parler alors de prise de recul, de recherches historiques de l'auteur Tout était déjà là, connu ou pressenti.
Une belle découverte que je conseille vivement.
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On pourrait voir dans ce roman juste une énième variation de ces récits qui pullulent sur la seconde guerre. Mais ici l'essentiel est ailleurs car Hans Fallada nous embarque dans l'intimité d'un petit groupe d'habitants d'un immeuble à Berlin en 1940, en pleine ascension du nazisme.

Les personnages, plus vrais que nature nous donnent une vision de la réalité qui a rattrapé les allemands et qu'on évoque si peu. L'auteur raconte la guerre vécue de l'intérieur, dans la chair des berlinois. Il y a à la fois de la cruauté et de l'affection dans le regard que le romancier porte sur ces personnages complexes.
D'une part on trouve les sympathisants dont l'idéalisme et le manque d'information ont poussé à s'engager dans les partis et vouer fidélité au Führer. Ils sont devenus de bons petits soldats, prêts à dénoncer leur voisin de palier et prêts à tout pour rester dans les bonnes grâces des officiers. D'autre part les résistants, qui ont vite compris l'ampleur de l'horreur qui se déroulait sous leurs yeux et qui ont refusé de cautionner l'infamie de ce régime. Ils résisteront à leur petit niveau, en aidant les opprimés, en protégeant les persécutés, au risque de leur vie.

Si le récit manque parfois de souffle, il frappe par la vérité de certaines situations, telles la vie en prison ou en camp de concentration.

Il met en lumière la vraie nature qui se révèle lorsque des hommes faibles, déséquilibrés et sans morale s'emparent du pouvoir.

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Ce livre a désormais sa place dans mon petit firmament de lectrice. Je l'avais découvert par hasard en m'adonnant au surf sur babelio.

Ce roman est un absolu chef-d'oeuvre écrit dans l'immédiat après-guerre. Dans son préambule, l'auteur insiste sur le réalisme des faits qu'il raconte, en dépit du fait que c'est une fiction. Je vois souvent ce genre de précisions, mais dans ce cas, cela prend une dimension particulière.

Ce roman a été inspiré à Hans Fallada par un fait-divers de résistance berlinois. En réalité, il couvre plusieurs actes de résistance réalisés dans le secret par des gens risquant leur vie à chaque minute, l'humanité qui se dresse contre l'inhumanité. Plus particulièrement, parmi eux, l'auteur a exploré l'histoire d'un couple ayant distribué des cartes postales de 40 à 42, en les déposant dans des lieux où il régnait du passage, comme des immeubles de bureaux. Otto Quangel, et son épouse Anna, décidèrent de rédiger ces cartes de résistance à la mort de leur fils au front.

Dans les premiers chapitres, le roman décrit l'atmosphère angoissante de la ville de Berlin, sous la domination de la politique hitlérienne. Les dénonciations obligatoires, l'étoile jaune pour les juifs traqués par tous. Certains s'exercent au chantage. La Gestapo envoie des taupes exactement dans tous les coins. La misère règne.

Dans cette atmosphère, difficile de connaître le vrai visage des gens, préoccupés qu'ils sont à sauver leur peau, ou leur place.

Des cadres du parti nazi complotent contre une vieille juive, en préparant une expédition nocturne dans son appartement. Dans ce début, Hans Fallada décrit les interactions entre voisins vivant dans le même quartier, et le cours des événements est très cruel.

Plus tard, il y a l'histoire des cartes postales. Une opération « oiseau de malheur » menée par la gestapo, devient très chaotique, avec une première cible extrêmement fuyante, ce qui fait pencher le genre vers le grotesque, de façon irrésistible.

Hans Fallada déploie une justesse et une ingéniosité que j'ai adoré dans son récit. Je ne trouve pas d'autres mots que celui de « mécanique » pour exprimer la façon dont ce roman se déploie. Ponctuellement, un humour absurde imprègne les pages et donne un relief remarquable à la narration, comme si l'humour était un autre aspect du réalisme de la vie que l'auteur désire restituer à côté de celui de la sauvagerie et du tragique de la guerre.

Les personnages sont contrastés et nuancés, même les brutes. Des scènes intenses et fortes, des moments qui m'ont bouleversée et qui resteront inoubliables.
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Un roman totalement prenant, un véritable coup de coeur pour moi.
Pour résumer très simplement, il s'agit de la vie d'allemands très ordinaires entre 1940 et 1943. Ils vivent à Berlin et grâce à ce roman, on plonge dans leurs esprits : comment les allemands ont-ils réagi sous le régime hitlérien? quelles ont été les manières de pensée? les réactions? et surtout : comment résister?
Je ne peux que vous inciter à le lire, les premiers chapitres sont peut-être un peu longs car ils mettent en place les différents personnages mais ensuite, vous ne pourrez vous en détacher.
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Primo LEVI disait, que ce livre était " l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie". Que dire de plus, si ce n'est que tout au long de cette lecture, je me suis demandée comment j'aurai supporté la pression très angoissante dans Berlin à cette époque, aurais je eu le courage de résister ? A lire absolument pour le devoir de mémoire.
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Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman écrit par un allemand juste après la deuxième guerre mondiale, parce qu'il était souvent cité comme une référence sur la vie au jour le jour dans un état totalitaire.
Il raconte en effet le quotidien des habitants d'un immeuble à Berlin à compter de 1940, et plus particulièrement, le destin d'un couple qui se met à écrire et à déposer aux quatre coins de la ville, des cartes postales critiquant le régime en place.

J'avoue que j'ai failli abandonner ma lecture à plusieurs reprises parce que les personnages développés dans la première partie ont vraiment eu du mal à captiver mon intérêt (les longs passages sur Enno ou Barkhaunsen m'ont vraiment ennuyée par exemple). C'est lorsque le récit se resserre autour du couple Quangel qu'il prend, à mon sens, toute son ampleur, mais que de longueurs auparavant…D'autant que le style n'a rien d'exceptionnel non plus.

Hormis cette importante réserve sur une partie des personnages, j'avoue qu'il décrit parfaitement les rouages d'une société vivant sous le carcan d'un état totalitaire :
La peur en premier lieu qui pousse à ne rien faire et à subir en silence, l'arbitraire qui fait que la vie de chacun peut basculer à tout moment pour un motif futile (par exemple, le simple fait de connaître « un résistant » ou d'être de sa famille peut vous envoyer à la torture et à l'échafaud même si vous ignorez tout de ses activités et il est donc absolument impossible d'être en sécurité dans un tel régime), la vulgarité et la violence de ses élites (ici les SS qui recrutent des hommes primitifs et valorisent leurs plus bas instincts), la propagande permanente et l'endoctrinement via les Jeunesses Hitlériennes, les employeurs etc.,

L'auteur décrypte parfaitement comment une société tout entière peut basculer puis être maintenue dans un régime délirant et d'une violence inouïe. Un message à ne jamais oublier. C'est là qu'est sa réussite.

L'atmosphère est donc très noire à l'instar d'une partie des personnages. le malheur, la peur, les dénonciations, la petitesse sont dans toutes les pages. le plus beau passage à mon sens est celui de la rencontre en prison d'Otto et du chef d'orchestre.
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Pendant une bonne cinquantaine de pages, peut-être même un peu plus, je me suis demandée si ce livre allait vraiment me plaire... et puis la galerie de personnages s'est étoffée, tous aussi intéressants les uns que les autres, présentant toute une palette de comportements bien pesés : ceux qui ne changeront jamais, ceux qui changent sous l'effet du choc, parfois trop tard, ceux qui deviennent des héros dans leur volonté de résistance alors que rien ne les y prédestinait, ceux qui font semblant de ne rien voir, ceux qui suivent et qui s'en accomodent, ou ceux encore qui veulent se montrer pire que le mal... Encore un conseil de lecture de membres Babelio, sans qui je n'aurais probablement jamais découvert ce livre, alors merci !
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"Jeder stirbt für sich allein" ou la réalité du nazisme vu de l'intérieur
Lecture challenge d'un roman noir de noir, d'une densité telle qu'elle se savoure vraiment à toutes petites gorgées sous peine de s'y brûler.
[Aïe, Aïe, Aïe] ce goût amer restant longtemps en bouche. Passionnant.

"Mai 1940, Berlin fête la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Frau Rosenthal, Juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers."

«Seul dans Berlin» plonge tout simplement dans le quotidien de gens ordinaires vivant dans un immeuble modeste de Berlin entre 1940 et 1942.
C'est là que logent la factrice Eva Kluge et sa petite frappe de mari Enno, la famille Persicke, nazis de la première heure dont les deux fils sont membres des jeunesses hitlériennes, Mme Rosenthal, vieille femme juive dont le mari est en camp de concentration, Herr Fromm, ancien magistrat à la retraite et les deux époux Quangel.
Tous cohabitent tant bien que mal en tentant comme des millions d'Allemands de survivre dans un monde où règnent peur, violence, délation, faim, suspicion.. le quotidien du nazisme et de la guerre.
Lorsque Otto et Anna Quangel apprennent la mort de leur fils au front, ils sont anéantis. Ce deuil, c'est ensemble qu'ils le surmonteront en résistant à leur façon à ce régime nazi qui leur a pris leur seul enfant. Pendant plus de deux ans, ils écriront des cartes contre Hitler et son régime, cartes qu'ils laisseront dans des cages d'escaliers. Ils vont devenir l'oiseau noir, la cible à abattre de la Gestapo, du commissaire Escherich et du SS Prall.

@ Que raconte ce roman de 700 pages sans être un instant lassant ou ennuyeux ? La vie quotidienne de gens ordinaires pendant une période extra-ordinaire, celle de la seconde guerre, lorsqu'on est allemand.
@ le point de départ du récit: une histoire vraie. Celle d'un couple d'Allemands, Elise et Otto Hampel qui ont tenté de renverser le régime nazi en déposant plusieurs centaines de cartes postales anonymes dans les boîtes aux lettres de Berlin. Ils seront exécutés en 1943 après 2 ans de résistance au régime nazi.
@ L'originalité: Les personnages principaux habitent tous un petit immeuble modeste de Berlin où tous les comportements face au nazisme sont représentés.
@ Qui se cache derrière Hans Fallada ? Rudolf Ditzen, un auteur morphinomane qui décédera peu de temps après la parution de son roman. Son oeuvre censurée à sa sortie en Allemagne, sera rééditée une première fois en 2000 dans la version purgée et puis dans sa version intégrale dans les années 2010.
@ La force: tranquille, racontant simplement et justement comment le quotidien peut un jour basculer et créer un tout autre soi ou au contraire annihiler toute personnalité propre. Passionnant de bout en bout.
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Outre la qualité littéraire et philosophique, bien que fictionnel ce roman de Hans Fallada est digne d'un travail d'historien relatant la société allemande, et plus spécifiquement les classes urbaines allemandes sous la domination nazie. Je trouve dommage que Hans Fallada n'ait pas l'écho qu'il mérite en France (sauf en cours d'allemand et encore)...car à travers ses romans c'est toute l'Allemagne du début du 20ème siècle qui nous est raconté. Et chaque roman de Hans Fallada ne donne pas les clés de l'histoire tourmentée de l'Allemagne mais nous en livre des explications. Seuls dans Berlin se lit très bien alors qu'on nous raconte une "petite" tragédie dans la Grande tragédie. Et c'est là toute sa force ! Enfin, personnellement j'ai été profondément touchée par la belle histoire d'amour en toile de fond entre Otto et Anna. hans Fallada nous dit qu'on peut aimer sans tomber dans le débordement narcissique, le pathos et les violons qui pleurent.
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Inspiré d'une histoire vraie...
L'horreur de la délation, de la suspicion, de la peur, de la bêtise, de la cruauté, de la bassesse, de la fragilité de cette triste humanité, lorsqu'elle est asservie par un dictateur.
Depuis mon voyage à Berlin, je voulais savoir comment les berlinois avaient vécu cette guerre.
Et bien j'ai compris... et nous n'avions, en France, rien à leur envier !
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