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sur 1498 notes
Un livre à lire absolument pour enrichir votre culture littéraire. Hans Fallada nous raconte une autre vision du nazisme : la résistance de l'intérieur au travers de la vie d'un couple opposé au nazisme et de la vie quotidienne des habitants d'un immeuble berlinois de la rue Jablonski pendant la guerre 40-45.
L'auteur a eu accès au dossier de la Gestapo du couple Otto et Else Hampel peu après la guerre. Il en a écrit un roman sorti en 1947 l'année de sa mort. le couple sera arrêté par la Gestapo et exécuté en avril 1943 pour acte de résistance au régime. Ce roman raconte la bassesse du régime nazi vue de l'intérieur et de l'audace de quelque uns à s'opposer au pouvoir. Les moyens de résister de l'intérieur sont bien maigres. alors Quangel, le héros, utilise des moyens simples, discrets avec des moyens à sa portée.
Un roman dont on ne peut se détacher qu'après avoir terminé la lecture de la dernière page tellement l'intrigue est passionnante. (lu en 2016)
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Seul dans Berlin, ou, on oublie souvent que les premières victimes du national-socialisme fut aussi avant tout le peuple allemand. Hans Fallada décrit cette période funeste à travers divers personnages représentatifs de l'état d'esprit de l'époque, du pleutre profiteur au fanatique enragé en passant par ce couple anodin, les Quangel, désespéré suite à un événement mais aussi transformé, qui tentera de se révolter
Tirée d'une histoire vraie, l'intrigue principale, la traque des Quangel par le détective Escherich, reste très moderne et captivante.
Fallada fait revivre de Berlin des lieux tristement célèbres comme le 8 Prinz-Albrecht-Straße, siège de la gestapo et l'Alexanderplatz, mais aussi des simples ateliers d'ouvrier devenus usines pour assouvir l'effort de guerre totale. On ressent par moment, en plus de l'horreur, la démonstration implacable du côté irrationnellement brutal, animal d'un tel régime sans compter l'absurdité grotesque mis en scène par le semblant de procès final devant le Volksgerichtshof, des thèmes abordés dans 1984 d'Orwell qui sera publié 2 ans plus tard.
Un roman indispensable, utile et nécessaire, à profiter dans sa version intégrale et retraduite chez Denoël.
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Rares sont les livres qui traitent de la résistance allemande sous le nazisme, de la vie des allemands en Allemagne à cette période. C'est ce à quoi nous convie Hans Fallada dans ce roman palpitant et terrifiant qui permet de mieux appréhender cet épisode méconnu de la vie des allemands de Berlin ici présent. Intelligent
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Seul dans Berlin nous raconte l'histoire d'un couple allemand qui perd leur fils unique pendant la seconde guerre mondiale et décident d'entrer en résistance contre le régime nazis. le récit est assez lent mais on comprend que c'est la volonté de l'auteur de nous faire suivre pas à pas, d'accompagner, les personnages dans une lutte discrète mais quotidienne. Comme si la vraie résistance se faisait par ces petits rien...comme une carte postale anti-nazi déposée un peu au hasard dans la ville. On a des portraits très réalistes des personnages dont le destin se croisent et s'imbriquent. Un livre très bien écrit, une histoire à lire mais on est prévenu pas d'émotions fortes ici.
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Jeder stirbt für sich allein
Traduction : A. Virelle et A. Vandevoorde

"Seul dans Berlin" s'ouvre dans cette ville, alors que l'Allemagne nazie célèbre l'heureuse issue de la campagne de France, et s'achève six ans plus tard, durant l'été 1946, dans la campagne brandebourgeoise. Personnage commun aux deux époques : Emil Borkhausen, l'un de ces parasites qui, sous n'importe quel régime politique, trouvent le moyen de prospérer aux dépens d'autrui.

A Berlin, Borkhausen, bien qu'il dût, comme tout le monde, faire profil bas devant la morgue de ses voisins, les Persicke, dont tous les membres profitaient honteusement de leurs relations au sein du Parti nazi, détenait encore un certain pouvoir. le pouvoir de la petite frappe, du petit indic qui louvoie entre les gros poissons pour leur ramener du fretin, petit ou grand. Emil vivait aussi sur le dos de sa femme, n'hésitant nullement à profiter des avantages que lui procuraient ses amants. Enfin, il lui arrivait de s'en prendre à leurs enfants, tout particulièrement à leur fils de treize ans, Kuno-Dieter, ainsi prénommé parce que, de l'aveu même de Mme Borkhausen, l'enfant était en fait le fils d'un aristocrate qui avait eu une fantaisie pour elle.

C'est ainsi que Borkhausen, mettant à profit le climat de terreur quotidienne et de méfiance mutuelle qui règne dans la société allemande depuis la prise de pouvoir par Hitler, cherche à dévaliser l'appartement abandonné par Frau Rosenthal, se met en quatre pour Baldur Persicke, un répugnant adolescent de 16 ans appartenant aux Jeunesses Hitlériennes, fait l'indic pour le commissaire Escherich, fait du chantage à Frau Hete et cause la perte de son ancien acolyte, Enno Kluge.

Dans l'immeuble de la rue Jablonsky où gravite tout ce petit monde, certains parce qu'ils y vivent, d'autres parce que les y amènent leurs obligations professionnelles, il n'y a guère que Otto Quangel et sa femme, Anna, pour ne pas se commettre avec Emil. Les Quangel viennent de perdre leur fils, tué lors de la campagne de France et cette mort va certainement les inciter à se replier encore un peu plus sur eux-mêmes.

De temps en temps pourtant, on les voit sortir, bras-dessus, bras-dessous, pour une petite promenade ... En les voyant passer, personne ne les soupçonnerait - non, pas même Baldur ou Emil - de disséminer régulièrement des cartes postales appelant les Allemands à la résistance dans des cages d'escalier choisies au hasard ...

Il faudra de longs mois au commissaire Escherich avant de parvenir à démasquer Quangel. Encore le moment où celui-ci choisit de se laisser prendre ressemble-t-il plus au premier pas vers une mort souhaitée qu'à un acte maladroit.

Le plus triste, comme le constatera le commissaire, c'est que les pauvres cartes du couple Quangel ne paraissent pas avoir servi à grand chose. Les deux tiers ont été directement remises à la police par des citoyens que la seule idée de les avoir touchées et lues menait au bord de la panique. le tiers restant ... Qu'est-il advenu du tiers restant ? ...

Quangel et sa femme sont évidemment condamnés, lui à la peine capitale, elle à la prison à vie. Séparée de son mari, Anna sombre dans une folie douce qui prendra fin quelques années plus tard, sous les bombardements. Les rares fréquentations des Quangel sont, elles aussi, arrêtées, torturées et, pour certaines, exécutées. le commissaire Escherich lui-même, à qui toute l'affaire a ouvert les yeux sur les pratiques du pouvoir en place, se suicide. Et, de combat en défaite, l'Allemagne nazie finit par s'écrouler.

Et c'est là que nous retrouvons Emil Borkhausen, hâve, déguenillé mais toujours aussi ignoble, bien décidé à se faire entretenir cette fois-ci par son fils, Kuno, lequel s'était enfui de Berlin après avoir reçu une énième correction des mains de son père pour l'Etat-Civil. Grâce à on ne sait trop quels renseignements, Borkhausen a appris que l'enfant avait été recueilli par Eva Kluge, l'ancienne factrice de la rue Jablonski, qui avait trouvé refuge à la campagne après que la Gestapo se fût intéressée à Enno, son ex-mari. Il a remonté la piste et, en ce jour de l'été 1946, il se dresse devant la charrette dans laquelle Kuno a pris place pour aller se ravaitailler à la ville.

... La petite scène entre le père et le fils constitue le seul moment de joie véritable de ce roman au style nerveux, encore souligné par l'emploi systématique du présent de l'indicatif, qui fourmille de notations précises sur la vie à Berlin chez M. et Mme Tout-le-Monde pendant l'Age d'Or du nazisme et porte témoignage de toute une époque. En filigrane, la grande question que se pose Hans Fallada : pourquoi la résistance ne s'est-elle pas organisée en Allemagne sur une échelle comparable à celle des autres pays ? Sans le dire expressément, le romancier met d'abord en cause la discipline germanique et le rapport très puissant qui unit l'Allemand au pouvoir, quel qu'il soit. En dernière position seulement, vient cette tare qui afflige Borkhausen mais qui n'est pas représentative du peuple allemand en particulier : la lâcheté, le désir de survivre aux dépens des autres.

Un roman qui ressemble à son personnage principal, Otto Quangel ou encore (et ce n'est pas si paradoxal que ça en a l'air car les deux hommes ont bien des points communs et finissent par s'estimer l'un l'autre) au commissaire Escherich : tranquille, déterminé, mesuré, minutieux et ... impitoyable. L'hommage également d'un citoyen allemand et d'un écrivain de talent à ceux de son peuple qui, malgré tout, eurent le cran de s'opposer aux Nazis. Ne passez pas à côté. ;o)
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Seul dans Berlin, titre choisi pour la version française du grand roman d'Hans Fallada, me paraît bien mettre en exergue le thème principal de ces récits très balzaciens mettant en scène une multitude de personnages bien typés, qu'il s'agisse du protagoniste, Otto Quangel, avec sa tête d'oiseau, d'oiseau de malheur pour les nazis, ou des acteurs secondaires, comme l'insupportable fouine Barkhausen ou l'atroce Obergruppenfürher Prall. Certains y voient des caricatures grossières, mais la réalité ne dépasse-t-elle pas souvent la peinture que l'on en fait? le thème principal de ces récits, donc, serait cette terrible solitude du résistant allemand durant le IIIe Reich. Non pas "seuls", mais bien "seul" singulièrement. Hans Fallada exprime remarquablement l'emprise totalitaire du pouvoir nazi sur la société avec l'assentiment d'une grande majorité des Allemands. le roman débute au moment de la victoire allemande sur la France l'été 1940. Apogée qui annonce pourtant la future chute du régime par la sidération qu'il provoque dans le monde, mais aussi chez quelques Allemands jusqu'alors aveuglés par les fictions populistes de la propagande hitlérienne. le couple Quangel ne se lance dans la résistance qu'après la mort au combat de leur fils unique. L'inspecteur de la Gestapo, Escherich, bourreau cynique et froid, n'ouvrira les yeux sur la réalité macabre du nazisme qu'après sa rencontre avec Otto Quangel, figure messianique et rédemptrice. Mais ces quelques résistants font face à un mur: le soutien toujours massif de la population allemande à son Führer, par une adhésion irréfléchie ou égoïste à son discours mensonger, et par la peur instaurée chez chacun devant ce terrible pouvoir répressif qui donne libre cours à l'impunité et l'injustice.



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Tout au long de cette lecture, on ne peut s'empêcher de se demander: "Et moi, qu'aurais-je fait?".

Hans Fallada nous décrit la vie de gens ordinaires à Berlin pendant la guerre, en s'inspirant de manière assez libre de l'histoire de Otto et Elise Hampel, qui avaient écrit 285 cartes condamnant le régime nazi entre 1940 et 1942, dont 268 finiront sur le bureau de la Gestapo...

"Moi au moins je suis resté convenable, je ne me suis pas compromis" dira Otto à son avocat après son procès. Ecrit en 1947, ce roman nous fait vivre l'horreur de cette vie à Berlin, où le simple fait de vouloir se distancer de l'appareil d'état fait déjà de vous un suspect.

Qu'aurais-je fait en 1940 si j'avais vécu à Berlin? Sans doute rien dont je ne sois fier, comme la majorité des Berlinois.
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Wouwaww !!!
Si vous avez lu avec plaisir les enquêtes de Bernhard Gunther de Philip Kerr , vous allez adorer cette brique de 700 pages , écrite dans les années 1940, et rééditer sans la censure en 2014 ( néanmoins sans l'humour de notre Bernhard).
Fallada nous décrit avec une précision chirurgicale la vie des petites gens dans Berlin dans le début des années 1940.
Ils nous fait ressentir au plus profond de nos tripes, le climat de peur ,de suspicion , de délation auquel était soumis la population.
Quoi qu'ils fassent ou disent pouvait être "interpréter" comme haute trahison par la SA ou les SS , et donc ils pouvaient être embarqués et soumis à la torture.
Nous sommes enfin étonnés de l'immense fierté , de l'intégralité de ces gens et même de leur humanité teintée d'espoir et de Vie dans les pires moments .....
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La description de la vie quotidienne berlinoise sous le joug nazi est hallucinante. La peur voire la terreur est permanente. On se méfie de tout et de tous. le voisin peut être une menace, une parole de trop, un regard mal interprété peut vous cataloguer comme suspect, comme mauvais allemand et la seule solution pour être à peu près tranquille et obtenir un travail correctement énuméré est de s' inscrire au parti national socialiste.
Et quand le tranquille Otto Quangel et Anna, sa femme, écrivent des cartes anti-Hitler qu'ils déposent subrepticement dans les immeubles alentours, ils ne se doutent pas que l'affaire est prise très au sérieux par le commissaire de police Escherich qui va tout faire pour prendre sur le fait le couple réfractaire. Enno Kluge, personnage antipathique vivant aux crochets de femmes naïves et habitué aux petites magouilles, est injustement soupçonné...

"Les Hergesell supportaient avec peine cette atmosphère dans laquelle ils leur fallait vivre. Mais ils se répétaient que rien ne pouvait leur arriver, puisqu'ils n'entreprenaient rien contre l'État. " Les pensées sont libres" disaient-ils. Mais ils auraient dû savoir que ce n'étaient même plus le cas sous ce régime. "
"Ici comme partout dans les rues et dans les usines, les civils ne signifiait pas grand chose; le parti était tout, le peuple n'était rien."

Hélas, la dérisoire tentative de résistance d'Otto va le précipiter ainsi que sa famille et tous ses proches dans les griffes de la Gestapo. L'occasion pour l'auteur de décrire un monde hallucinant où pratiquement tous les acteurs, victimes comme bourreaux, sont broyés par un système implacable. Et les rares "justes", ceux qui s' efforcent de rester humains dans ce monde de terreur, ne peuvent pas grand chose pour soulager les misères de leurs contemporains.
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« Qu'aurais-je fait en pareilles circonstances ? ».
Cette question, je me la suis posée tout au long de la lecture de « Seul dans Berlin », d'Hans Fallada.

Oeuvre magistrale de la littérature germanique, ce roman offre une plongée fascinante dans le Berlin des années 40, capitale nazie galvanisée par sa victoire française.
Inspiré de l'histoire vraie d'Otto et Elise Hampel - deux âmes courageuses - l'auteur met ici en avant un pan de l'histoire allemande peu présent dans les productions littéraires racontant la Seconde Guerre Mondiale : celui de la résistance intérieure à Hitler, une résistance minuscule mais résolue.

« C'est l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie. »
Primo Levi

Ce récit qui aurait pu être noir et terrifiant est rendu - à l'inverse - lumineux et poignant par ses personnages dans lesquels brule une rage brute intacte contre le Führer et son régime.
Avec eux, c'est la peur qui nous tord le ventre, le désespoir qui nous gagne et l'espoir qui nous ranime.

A la manière d'un roman policier, ce roman d'une densité remarquable - au style sobre et percutant - nous tient en haleine par un fil narratif prenant qui nous emporte jusqu'à la dernière page : ce pavé littéraire sublime se lit d'une traite, le coeur serré.

Ce classique de la littérature est résolument un indispensable magistrale !

Le saviez-vous ? Hans Fallada a écrit de roman de près de 900 pages en seulement 24 jours et drogué à la morphine.
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