AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Poésies (32)

Au fil de l'heure pâle ( extrait)

Chante!
Et comme une âcre fleur sort d'une lampe éteinte
Il monte dans mon coeur l' offrande d'un vieux rêve ...

Un rayon rôde encore à la crête du mur,
Glisse d'une main calme et nous conduit vers l'ombre ...
Est-ce la pluie? Est-ce la nuit?
Au loin, des pas vieux et noirs
S'en vont
Le long des murs du parc où les vieux arbres songent ...
Commenter  J’apprécie          30
DIMANCHES

Des champs comme la mer, l’odeur rauque des herbes,
Un vent de cloches sur les fleurs après l’averse,
Des voix claires d’enfant dans le parc bleu de pluie,

Un soleil morne ouvert aux tristes, tout cela
Vogue sur la langueur de cet après-midi...
L’heure chante. Il fait doux. Ceux qui m’aiment
sont là...

J’entends des mots d’enfant, calmes comme le jour.
La table est mise simple et gaie avec des choses
Pures comme un silence de cierges présents...

Le ciel donne sa fièvre hélas comme un bienfait...
Un grand jour de village enchante les fenêtres...
Des gens tiennent des lampes c’est fête et des
fleurs...

Au loin un orgue tourne son sanglot de miel...
Oh je voudrais te dire...
Commenter  J’apprécie          20
Le soir se penche avec langueur

Le soir se penche avec langueur — et les arbres au bord de la route des songes — comme de grands oiseaux la tête sous l’aile — s’endorment. La lune pleure dans les branches — comme un regard entre des mains tremblantes... Elle y noue ses froides faveurs. Elle suit le fleuve tout contre la berge. Elle s’y balance, et il semble qu’un grand cygne ait perdu ses plumes sur l’eau plate où le ciel se berce..
Il y a une garde de roseaux au tournant escarpé où la lune entre par échardes. Un long souffle d’air qui chasse par instants les noms et les souvenirs de leurs nids sombres écaille le fleuve et le feuillage.. Alors, le veilleur et l’éclusier de la contrée fiévreuse — le gros lézard gris où s’est réfugiée une âme ancienne — souffle d’une voix lointaine et qui évoque un rite et un instrument sauvages — parce qu’il voit passer des choses que nous ne savons pas voir — et qui rejoignent l’horizon où le passé dort sous la cendre...
Commenter  J’apprécie          10
KIOSQUES

En vain la mer fait le voyage
Du fond de l’horizon pour baiser tes pieds sages,
Tu les retires

Toujours à temps.

Tu te tais, je ne dis rien.
Nous n’en pensons pas plus, peut-être.
Mais les lucioles de proche en proche
Ont tiré leur lampe de poche
Tout exprès pour faire briller
Sur tes yeux calmes cette larme
Que je fus un jour obligé de boire.
La mer est bien assez salée.

Puis une méduse blonde et bleue
Qui veut s’instruire en s’attristant
Traverse les étages bondés de la mer,
Nette et claire comme un ascenseur,
Et décoiffe sa lampe à fleur d’eau
Pour te voir feindre sur le sable
Avec ton ombrelle, en pleurant,
Les trois cas d’égalité des triangles.
Commenter  J’apprécie          10
*
Au pays de Papouasie,
J'ai caressé la Pouasie…
La grâce que je vous souhaite,
C'est de n'être Papouète.

* pour celles et ceux qui le souhaiteraient, elles - ils - peuvent écouter sur You tube pendant 59 secondes : Air du Poète( Erik Satie Léon -Paul Fargues ) : Mady Mesplé..
Commenter  J’apprécie          10
Dans la rue qui monte au soleil morne…

Dans la rue qui monte au soleil morne et grand ouvert, des voix conseillent qu’on s’accoude aux fenêtres, pour voir passer les trains de luxe, au bord du ciel, à droite, par-dessus les arbustes du jardin de la gare. Un train écume et se rendort. Des musiques diffuses rôdent. La vie antérieure émerge et chuchote..
Villes de songe, lorsqu’on pense à vos noms plaintifs, on prête l’oreille.. Il semble que des voix longues vous hèlent par-dessus les barrières et les chants des âges, et que des odeurs, comme des veilleuses, et que des fougères d’étoiles s’allument.. Il semble que vos ruines tremblent sous leur châle de lune, et que l’horizon bouge, au plus profond des nuits repues de silence, d’une lente pluie de larmes...
Mais j’en sais bien plus de cette pauvre ville.. Vous venez comme moi, sans doute, sur une place, y chercher le spectre d’un vieil amour? Dans les Forges couchées à l’Est, aux corps de femmes nues et rousses, des formes se hâtent avec une sûreté ancienne. Les Hauts Fourneaux de Bieulles flambent. — Depuis le canal d’or où l’écluse trempe solidement dans l’émail chaud, jusqu’à l’horizon lourd, barré des sourcils des stratus, où se terrent d’autres songes, l’allée de peupliers rame sans frisson, comme à la parade et d’un geste infini...
Passe le pont. Des porteurs encombrent la rue.. J’allais la dire. L’œil cerné d’un quinquet tourne là sa rousseur.. Les beaux regards et les bras nus de Carmen et de Juliette glissent aux fenêtres.. Celles qui battent leur quart sous les hangars détournent les partants de leur voyage.. De vieux murs tournent le dos à ces gaietés..
Tu passes sous une voûte brillante de salpêtre. Tu trouves des cyprès bien grands et noirs sur une place vaste et vide que le couchant touche d’ors calmes.. Elle est ceinte d’escaliers rouges, comme l’âtre du crépuscule.. Ils exhaussent des boutiques touchantes aux modes désuètes, et d’autres, aux jupes de femmes pauvres, et d’autres fermées, étroites et grises d’usure, qui ressemblent à des signets de vieux livres..
Plus tard, il semble que les rues s’enfoncent au-devant du soir comme un orphelinat qui rentre.. Un piano pense avec lenteur.. Alors, au fond de vieilles impasses, béantes comme des muets qui voudraient parler, bat l’étrange lumière des cœurs humbles et troubles.. Et tout était doré et mort dans la vitrine de l’horloger pauvre...
Mais dans une rue qui a un nom d’oiseau triste, demeure et sourit, jour et nuit, l’éternelle Myrtis au clair visage.
Commenter  J’apprécie          00
Un homme a penché la tête en arrière

Un homme a penché la tête en arrière : son âme accourt, monte embrasser la houle énorme.. Dieu vient reprendre son trésor dans sa caverne.. Et des écluses chantent, et le brasier noir de la vie charbonne...
Il y a si longtemps que son cœur frappait pour sortir! La mer s’est retirée des voûtes de sa tête. Le silence, à pas de loup, s’y installe. Mais nous seuls sommes morts, et tous les bruits sont morts, au bord de ses oreilles..

J’aime les cimetières des grandes villes où des têtes blanches et sans regard dépassent les murs, et les belles chapelles où des lampes brûlent en plein jour, et les allées de grands arbres où il bruine, et les lents chemins sablés d’or où les cyprès défilent comme des pleureuses...
J’aime les beaux cyprès tout vernissés de pluie. J’aime le vol lointain des cloches. « Tu t’en iras, chantaient les cloches dans les villes.. Tu partiras, criaient les trains dans les tranchées.. Tu t’en iras dans une autre lumière.. Tu partiras comme en voyage... »
Mais pour Toi — qui sais t’accouder sur la pierre, les morts fredonnent sous leur voûte. Les regards des aimés sont montés dans les fleurs où la pluie d’été brille encore... Le fleuve souterrain nous parle, engendre, encourage et rassure. Qu’as-tu dit? Les regards des aimés, aux fenêtres? Ils n’apparaîtraient plus jamais?..
Tu ne peux mourir, toi qui te demandes s’il est bien vrai que tu ne verras plus le ciel, et la lumière fiévreuse des hommes, et les regards des bien-aimés qu’on retrouve au fond d’une ville obscure après une journée de fatigue, et les corps adorables, et le visage inexplicable de l’Amour... Par toi sont immortels tes horizons choisis, tes villes mystérieuses, et les moins grands désirs, et les moins beaux visages. Tu viendras quand tu seras las de la course, de l’ennui tiède où tout s’éboule et rapetisse — et des fantômes du bonheur...
A l’horizon, par-delà les orages, derrière une grêle ligne végétale, au bord d’une route — un regard d’amour, cette chose immense et qui semble emplir le monde, n’est plus visible...
Commenter  J’apprécie          00
Un ange se pose aux créneaux du jour…

Un ange se pose aux créneaux du jour… Des fenêtres qu’on ouvre, au loin, se signent l’une après l’autre d’un lent coup d’aile.. Il semble que de longs bras d’argent tournent les pages d’un livre vague, épars, sans bornes.. Ils font aux murs, en face, de pâles caresses. Ils touchent les velours qu’oubliait la nuit d’été, basse et chaude..
Le soleil poursuit sur toutes les pistes les âmes qui courent dans leur plante libre, les pauvres cœurs vêtus qui frappent à la porte.. La lampe et la tour des visages, les regards sortis de la mer haussent vers Dieu ou l’Orateur la grimace du drame intérieur, crépi de feu, sculpté dehors, ronflant et sourd dedans comme un poêle..
L’Amour et le Crime passent et dorment dans leur gaine de la même démarche et du même silence. D’autres rêvent, les mains comme mortes, et lâchent les rênes.. Des soldats tuent le temps à coups de pied rythmiques.
— Le squelette attend, debout dans son corps comme un emmuré dans sa niche. Il suit comme un aveugle. Il singe dans son coin la chair qui goûte et parle.. Il sait qu’il rira le dernier...
Le jour se déroule et gronde. — Les bruits se répètent.
— Le rythme pérore. — La musique s’étire jusqu’aux bruits les plus faibles.. Les rongeurs grincent dans les vieilles chambres.. Les tarets percent le navire et l’envahissent comme une idée fixe..
Le soir tombe. Une à une, les lampes entrent dans leur veille.. Aux tempes des rues s’allume un dortoir de pensées fiévreuses.. Les braises tintent et chantent dans leur vase de fer avec un bruit fin et triste… On entend fraîchir la voix des écluses. Toute l’engeance d’Adam bat la lumière à coups de basques et d’élytres.

L’Homme pleure, et attend toute sa Nuit le bruit d’une clef dans sa serrure.. Il s’endort au bruissement du jour qui monte..
Il s’éveille.. Un autre jour parcourt au front des maisons leurs songes de pierre et de verre. Et l’homme entend frémir et se reformer la plainte unanime des âges, où nage le thème de sa vie qui chante, lasse de refléter les ciels et les terres...
Commenter  J’apprécie          00
LA GARE ABANDONNÉE

Ces trois âmes se retrouveront, n’en doutez pas, toutes saisies, toutes ravies d’avoir été chantées. Je les chercherai toujours autour de la gare abandonnée. Je veux revoir la grosse lampe de la ferme qui s’allume à l’arrivée du premier train du matin. J’y gagnerai par l’étroit sentier trempé de rosée les voix qui se lèvent tôt pour la bienvenue qui coupe le pain bis dans le bol de lait encerclé de mouches. C’est l’heure où l’odeur qui vient de l’allée des tilleuls fait vaciller la lumière. Mais la diligence encense et grogne. Il faut prendre la route où la chaleur arrive par le courrier de dix heures quand les premiers papillons Vulcains posent leur écharpe le long des fossés. D’ici là j’ai tout le temps de m’arrêter aux premiers villages bleus d’enclumes, de revoir quelques cousins dans des maisons à sapins et à grilles... Que la paix descende sur moi et qu’on ne me reparle plus de cette immense aventure de vivre. Et que, dans la ruelle d’un étrange demi- sommeil prophétique, j’entende la douce voix du calme chuchoter de quelque part : Laissez-le.
Commenter  J’apprécie          00
AETERNAE MEMORIAE PATRIS

...Depuis, il y a toujours, suspendu dans mon front et qui me fait mal,
Délavé, raidi de salpêtre et suri, comme une toile d’araignée qui pend dans une cave,
Un voile de larmes toujours prêt à tomber sur mes yeux.
Je n’ose plus remuer la joue; le plus petit mouvement réflexe, le moindre tic
S’achève en larmes.

Si j’oublie un instant ma douleur,
Tout à coup, au milieu d’une aventure, dans le souffle des arbres,
Dans la masse des rues, dans l’angoisse des gares,
Au bras d’un vieil ami qui parle avec douceur,
Ou dans une plainte lointaine,
A l’appel d’un sifflet qui répand du froid sous des hangars,
Ou dans une odeur de cuisine, un soir
Qui rappelle un silence d’autrefois à table...
Amenée par la moindre chose
Ou touchée comme d’un coup sec du doigt de Dieu sur ma cendre,

Elle ressuscite! Et dégaine! Et me transperce du coup mortel sorti de l’invisible bataille,
Aussi fort que la catastrophe crève le tunnel,
Aussi lourd que la lame de fond se pétrit d’une mer étale,
Aussi haut que le volcan lance son cœur dans les étoiles
Je t’aurai laissé donc partir sans rien te rendre
De tout ce que tu m’avais mis de toi, dans le cœur !
Et je t’avais lassé de moi, et tu m’as quitté ;
Et il a bien fallu cette nuit d’été pour que je comprenne... Pitié! Moi qui voulais... Je n’ai pas su... Pardon, à genoux, pardon !
Que je m’écroule enfin, pauvre ossuaire qui s’éboule, oh pauvre sac d’outils dont la vie se débarrasse, d’un coup d’épaule, dans un coin...

Ah je vous vois, mes aimés. Mon père, je te vois. Je te verrai toujours étendu sur ton lit,
Juste et pur devant le Maître, comme au temps de ta jeunesse,
Sage comme la barque amarrée dans le port, voiles carguées, fanaux éteints,
Avec ton sourire mystérieux, contraint, à jamais fixé, fier de ton secret, relevé de tout ton labeur,
En proie à toutes les mains des lumières droites et durcies dans le plein jour,
Grisé par l’odeur de martyr des cierges,
Avec les fleurs qu’on avait coupées pour toi sur la terrasse ;
Tandis qu’une chanson de pauvre pleurait par-dessus les toits des ateliers dans une cour,
Que le bruit des pas pressés se heurtait et se trompait de toutes parts,
Et que les tambours de la Mort ouvraient et fermaient les portes!

Je t’ai cherché, je t’ai porté ;
Partout. -Dans un square désert au kiosque vide, où j’étais seul
Devant la grille du couchant qui sombre et s’éteint, comme un vaisseau qui brûle derrière les arbres...
Un jour.. dans quelque ville de province aux yeux mi-clos, qui tourne et s’éteint
Devant la caresse hâtive des express...
Dans une boutique où bougent d’un air boudeur des figures de cendre ;
Sur la place vide où souffle l’oubli ;
Aux rides des rues, aux cris des voyages...

A l’aube, hors barrière, dans un quartier d’usines,
... Au tournant d’un mur, une averse de charbons lancée par des mains invisibles ;
Un tuyau qui fume en sanglotant...
Dans les faubourgs et les impasses où meuglent les sirènes, où les scieries se plaignent, où les pompiers sont surpris par un retour de flamme, à l’heure où les riches dorment...
Un soir, dans un bois, sous la foule attentive des feuilles qui regardent là-haut filtrer les étoiles,
Dans l’odeur des premiers matins et des cimetières,
Dans l’ombre où sont éteints les déjeuners sur l’herbe,
Où les insectes ont déserté les métiers...

Partout où je cherchais à surprendre la vie
Dans le signe d’intelligence du mystère
J’ai cherché, j’ai cherché l’Introuvable...

O Vie, laisse-moi retomber, lâche mes mains !
Tu vois bien que ce n’est plus toi! C’est ton souvenir qui me soutient !
Poëmes, Gallimard

Retourne aux pays sans amour où Ton était cruel pour toi.
Retourne aux pays sans douceur où Ton revient toujours.
Ils sont pleins de souvenirs qu’on déteste et qu’on adore.
On ne saurait s’y montrer fier de ce qu’on quitte. On ne peut rien en rapporter vers ce qu’on retrouve.
Le temps et la distance y perdent leurs mirages. Aucune magie n’y rayonne.
On y a laissé vieillir des hontes et de l’inconscience. Elles vous entendent marcher sur la route, de si longtemps et de si loin qu’on vienne.
Et tu vas t’y pencher encore, de toute ta hauteur, comme la plus lointaine étoile au fond d’un puits où dort le silence, dans les yeux morts, sur le cadavre des ténèbres...
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (45) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1229 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}