Le fait est que, depuis l’élaboration des premières thèses philosophiques dans la Grèce antique, la pensée occidentale entretient un rapport particulier avec la notion de vérité.
Qu’il s’agisse de science ou de philosophie, de politique ou de psychologie, une thèse est avancée, en règle générale, selon le principe aristotélicien du tiers exclu : une affirmation quelconque est soit vraie, soit fausse, et il ne peut en être autrement.
La conséquence immédiate de cette règle est que, de deux théories traitant du même objet et atteignant des conclusions contradictoires, l’une au moins doit avoir tort ; cela implique que forcément il existe une autre théorie qui a certainement raison.
La connaissance s’est donc pendant longtemps construite sur un postulat considéré comme absolument valide : un jugement est soit vrai, soit faux.
Ce principe a été considéré par Aristote comme le fondement de la rationalité, et Aristote avait raison.
Mais nous savons à présent qu’il n’avait que partiellement raison.
Réfutabilité
Propriété des théories scientifiques selon Karl Popper.
Pour lui, la différence principale entre une théorie scientifique et une théorie non scientifique est que la première donne au chercheur les moyens de la contredire, de la réfuter (et non seulement de la vérifier).
Popper fut amené à poser ce critère de scientificité lorsqu’il s’aperçut qu’il existait de nombreuses théories (de la théorie astronomique de Ptolémée jusqu’à la psychanalyse ou au marxisme) qui se vérifiaient toujours et que l’on ne pouvait jamais prendre en défaut. (page 116)
A une étape mystérieuse de l’évolution du vivant est apparu un être qui se posait des questions. Un être qui voulait savoir et qui savait qu’il voulait savoir. Cet être cherche la vérité. Il ne sait même pas ce qu’elle est, a priori, ni comment la trouver. Alors il construit des systèmes qui, parfois pour un court laps de temps, parfois pour des millénaires, lui semble convaincants. Lorsqu’il perd foi en un système donné, il en construit un autre. Cet être s’appelle Homo sapiens. Il est métaphysicien.
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La conscience existe-t-elle ? Si l’on pose son existence en tant que postulat, c’est à partir d’elle que dérivent le discours, l’action réfléchie, les constructions conceptuelles. Mais la conscience est une entité dont la nature et l’origine semblent réfractaires à toute solution scientifique. Autour d’elle, se constitue un individu, avec toutes ses contingences chimiques, biologiques, physiques. Les éléments qui composent ces dernières peuvent être saisis d’une manière scientifique, mais la conscience, elle, demeure irréductible.
Son existence n’obéit nullement aux règles de méthode, d’analyse spatio-temporelle, de délimitation précise qu’exige la démarche scientifique. Or, fût-elle fugace, fût-elle illusoire, ma conscience de ma conscience ‘et de mon existence) est indéniable. Qui plus est, son principe est universel, applicable à tout être humain.
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Si la question « naïve » d’un enfant « Que se passe-t-il quand on est mort ? » exaspère souvent les parents, ce n’est pas seulement parce qu’ils ne peuvent fournir une réponse cautionnée par un savoir établi. C’est aussi parce qu’ils se posent eux-mêmes cette question, même s’ils l’ont relégué dans un coin de leur tête depuis bien longtemps. L’interrogation métaphysique de l’enfant ramène au jour, d’une manière aiguë, l’absence de réponse, le questionnement fondamental et inachevé que chacun d’entre nous dissimule pudiquement au fond de lui-même.
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