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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rien ne va plus sur cette foutue terre.
Les saisons n'existent plus. Aux périodes d'extrême sécheresse, suivent des pluies diluviennes qui détrempent les sols et empêchent les récoltes. Les ouvriers agricoles ne trouvent plus d'emploi. Même les plateformes pétrolières n'ont pas survécu. Nous sommes aux confins du Mississipi et de la Louisiane, dans un paysage dévasté, maisons éventrées recouvertes de bâches pour suppléer les toitures envolées, champs de maïs inondés et couchés, rien ne résiste aux passages répétitifs d'ouragans. La population reflue vers des territoires plus cléments, seuls quelques irréductibles s'accrochent à leur bicoque bricolée et à leur lopin de terre infertile. L'économie s'écroule, les investisseurs qui pourraient injecter un peu d'argent pour relancer la vie ont déguerpi depuis longtemps, plus personne pour nier le dérèglement climatique, n'est ce pas M. Trump ?
Quand les êtres désemparés sont gagnés par la désolation, la religion s'épanouit : une voie vers la lumière. Un espoir de retour vers le passé, comme un paradis promis. Malheureusement, le malheur fait naître dans des têtes détraquées des cultes tordus comme cette congrégation du Temple de la gloire et de la douleur qui recrute des fidèles dans la région, une menace supplémentaire !
Holt sort d'une soirée de beuverie, dans le champ pelé qui jouxte le parking où il s'éveille il remarque un grand chapiteau blanc en train d'être monté. Est-ce une issue possible, rejoindre cette collectivité ? L'aura de cette femme, Elser, qui semble le gourou magnétise la foule des fidèles. Elle prône « une théologie faite d'avarice, d'angoisse et de désir où damnation et flammes de l'enfer » ont la part belle. « Elle promet aux âmes perdues que leurs corps et leurs esprits sont au bon endroit. Aucun bulletin météo ne pourra les déloger de ce territoire dévasté ». Mais les doutes de sincérité effleurent l'esprit d'Holt quand elle entame la partie du sermon où elle affirme avoir eue une vision d'une jeune fille envoyée par le créateur pour faire cesser les intempéries, le racket de la quête confirme ses inquiétudes. Profitant d'une de ces messes, Holt s'introduit dans le camping-car de la prêtresse et dérobe argent et un gros trousseau de clés.
De son côté Wade vit seule dans sa petite maison, tourmenté par les remords depuis que sa fille Jessie est partie il y a quelques années. Il faut dire que les rapports avec la jeune femme ont toujours été tendus. Son épouse est morte lors de l'accouchement et il n'a jamais sut faire face seul, hésitant entre éducation stricte et permissivité. Et lorsqu'elle a atteint la majorité, elle est partie avec ce maudit Holt à qui Wade voue une haine farouche.
Jessie et son petit garçon Jace sont seuls, Holt n'est pas rentré à leur domicile. Il faut prendre la fuite, car depuis qu'ils détiennent ce fameux trousseau de clés les membres de la secte sont à leur poursuite. Elle pense, tout de suite, à rejoindre son père Wade pour trouver asile, lui qui pourtant ne sait même pas l'existence de son petit-fils.
Lorsque Holt réapparait, évadé après avoir été prisonnier des illuminés geôliers de la secte. Il a surpris une conversation, comme quoi le trousseau ouvre les portes d'un mystérieux lieu dénommé « l'Abîme », qui n'est pas sans rappeler des souvenirs vieux de dix-huit-ans à Wade.
J'ai été bavard, mais ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l'épilogue, ni le sort de nos héros, se sortiront-ils des griffes de leurs tordus poursuivants ?
Michael Farris Smith nous livre un roman noir, très noir aux couleurs des ciels tourmentés précurseurs d'ouragans. Des chapitres courts, des dialogues épurés, la menace continuelle d'un cataclysme et de ces fanatiques fous furieux conférent à ce roman une atmosphère angoissante qui va crescendo jusqu'à un final palpitant. L'auteur sait jouer sur nos peurs actuelles du dérèglement climatique et dépeint des personnages attachants, cabossés, aux vies rudes et tortueuses dans cette zone géographique qui lui est chère.
Merci aux Editions Gallmeister pour cette belle lecture.
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Premier roman pour ma part de Michael Farris Smith, et il faut reconnaitre que je ne ressors pas déçue de cette lecture, au contraire !
L'immersion est brutale dès les premières pages et j'ai vraiment été happée par le style âpre de l'auteur.
Michael Farris Smith est un auteur dont j'avais déjà lu pas mal de bien et qui mérite bien le détour. En tout cas selon mes critères, car je me dois de reconnaitre que je suis plutôt assez friande de littérature américaine.
Une toile de fond de vents, d'éclairs, de tornades sur fond de dérèglement climatique plus que crédible donne encore plus d'ambiance à ce récit qui ne ménage pas ses personnages.
Des personnages que j'ai trouvé plutôt convaincants, tout en nuances, à part peut-être la gourou, ou plutôt la fausse prophétesse Elser…
J'avoue m'être laissée emportée par cette histoire, même si je mettrais un petit bémol pour la fin qui ne m'a pas tout à fait convaincue. Cela ne m'empêchera pas de vouloir continuer à découvrir l'oeuvre de cet auteur. Et comme j'ai « Nulle part ailleurs « dans ma PAL ….
En conclusion, encore merci à Babelio pour son opération masse Critique ainsi qu'aux éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre.

Challenge Mauvais Genres 2024
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Les personnages écorchés sont attachants. Il y a cette jeune mère, qui pour échapper à une secte, retourne chez son père qui apprend, dans ce fait, qu'il est grand-père. Qui se remet en question car il n'a pas été facile d'élever seul une fillette dont la mère est morte en couche. Il y a le père du petit garçon qui a eu une enfance difficile. Ça se passe en Louisiane avec en toile de fond cet ouragan qui menace les habitants. Je n'ai pas trop compris cette histoire de secte. Merci à Masse Critique et aux éditions Gallmeister. Une belle écriture.
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On peut résumer les histoires et les ambiances de Michael Farris Smith en utilisant les titres de ses romans précédents, ce qui donnera une bonne idée de ce que retrouvera le lecteur dans cette nouvelle histoire pour Sauver cette terre. Un pays des oubliés qui n'ont Nulle par sur la terre où aller, Une pluie sans fin qui s'abat sur eux dans ces noires forêts (Blackwood).

Je n'irai pas jusqu'à dire que l'auteur américain écrit toujours le même livre, mais ses obsessions se retrouvent dans ce nouveau roman, avec La Louisiane et le Mississippi meurtris par des tempêtes et ouragans à répétition, dans une ambiance de fin de monde, de fin d'un monde.

Comme le dit l'auteur dans ses interviews (voir ici sur le blog), il part souvent d'une image imprimée dans sa tête, sans plan préalable. Avec des personnages qui ne trouvent pas (ou plus) leurs places.

Le roman débute, une fois encore, avec une mère et son jeune enfant jetés sur la route, sans rien. On découvrira leur histoire au fil des pages.

Dans une Amérique qui se liquéfie du fait du dérèglement climatique et de l'effondrement du système, où certains n'ont plus que leurs croyances comme espoir, c'est une traque qui se déroule.

Une gourou qui prêche la « bonne » parole, qui profite surtout de la crédulité des esprits perdus, va lancer cette chasse. L'ambiance décrite par la quatrième de couverture pourrait faire penser à un roman fantastique, mais le récit a au contraire les pieds sur terre. le spirituel est dans l'endroit, pas dans les hommes.

L'auteur raconte des histoires ancrées dans la terre, même quand l'environnement se déchaîne. Obligeant les personnages à s'adapter, en mode survivaliste.

L'âme du texte passe à la fois par les protagonistes, emplis de failles et terriblement humains, et par la moiteur de l'environnement. Transpire par eux, cabossés, aux caractères rugueux.

On les retrouve à travers ces endroits de l'Amérique pour lesquels l'écrivain a un lien émotionnel fort. Ce sont ces paysages qui rendent l'ambiance quasi surnaturelle, alors que l'intrigue est du genre réaliste.

Le roman est court, moins de 300 pages, la prose y est brute mais fait émerger une sorte de poésie. La marque de l'auteur.

Il en profite pour égratigner jusqu'au sang les croyances et les manipulations religieuses des êtres en désespérance.

Même si j'ai trouvé la fin trop expéditive, l'auteur sait insuffler de la vie dans ses personnages, courageux à leur manière, il faut dire qu'il ne leur rend pas l'existence facile. Sans le savoir, ils sont tous en quête de rédemption.

Michael Farris Smith confirme son talent à créer des romans noirs, sombres mais terriblement humains. Sauver cette terre, si c'est encore possible ? Ses personnages tentent de trouver une issue, et leurs errances marquent l'esprit du lecteur.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Michael Farris Smith nous a déjà proposé plusieurs romans tendus et sombres mais qui laissent apparaître une terrible beauté dans les luttes de ses personnages pour fuir ou vaincre la cruauté et la violence auxquelles ils sont confrontés.

Il reconstitue, dans son dernier roman, un avenir inquiétant dans lequel des ouragans frappent le Sud des États Unis avec une grande régularité. Ces intempéries violentes ont fait fuir une grande partie de la population, seuls les plus pauvres continuent à subir les ravages climatiques et la désertification de la région.
Les commerces et les entreprises ferment les uns après les autres, et le gouvernement américain a abandonné la région. Pour survivre, certains pillent les maisons abandonnées pour vendre la ferraille.
" Les habitants avaient été nombreux à fuir le Mississippi et la Louisiane en laissant la plupart de leurs possessions derrière eux. Tantôt Wade considérait son activité comme du vol. Tantôt il la considerait comme du recyclage. Il ne manquait jamais de la considérer comme de la survie. "

La fille de Wade apparaît dès le début du roman dans une situation désespérée. Son bébé dans les bras, elle court pour fuir des hommes armés qui recherchent son compagnon.
Holt a en effet dérobé de l'argent et un trousseau de clés alors qu'il était employé par une secte religieuse et les séides de la prédicatrice sont à ses trousses.

L'auteur dénonce ici les escrocs qui exploitent les crises environnementales, tout comme ils avaient profité des crises économiques, en faisant miroiter un monde meilleur.
" Elser, la dirigeante charismatique, qui fumait cigarette sur cigarette, offrait la rédemption aux populations dévastées de la Louisiane et du Mississippi, dans des lieux, presque entièrement désertés par le gouvernement où le nombre d'habitants diminuait chaque jour, cependant la mission venait leur servir des alléluias et des Dieu-soit-loué mijotés dans la poêle de la peur et de la haine. "
C'est sur la crédulité de ceux qui ont tout perdu et qui ont toujours entretenu des relations de dépendance vis à vis de la religion que se construisent les fortunes des prédicateurs.

Pour moi, ce roman de Michael Farris Smith n'est pas le meilleur.
Les retrouvailles difficiles entre Jessie et son père sont certes convaincantes et émouvantes, tout comme le contexte et le cadre sont parfaitement campés. On retrouve ici une narration qui s'attarde auprès de ceux qui souffrent et peinent à exprimer leurs sentiments.

Mais les relations entre Holt et la prédicatrice restent beaucoup trop floues et la fascination réciproque est à peine esquissée jusqu'à finir en impasse.
Le dénouement dans les souterrains, en forme de course-poursuite, est sans doute rédigé avec efficacité mais ne donne que des réponses évasives. Cet "abîme" que l'auteur nous promettait fait un flop et nous laisse dans la perplexité.
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Jessie et son petit garçon, tentent de fuir une secte malveillante, dans un monde où les ouragans ravagent, à répétitions, le Mississippi et la Louisiane. ⁠

On avait laissé l'auteur Michael Farris Smith à qui on est fidèle depuis le sublime Pays des éclopés avec sa vision toute personnelle de Gatzby le magnifique.

ON le retrouve en ce début 2024 avec une histoire plus en phase avec ses premiers romans, à travers une histoire de famille dramatique, réalise émouvante, sans parti pris qui livre sans vision d'une Amérique des délaissés et des éclopés . Une famille lutte pour sa survie dans un monde dystopique, ravagé par les ouragans et le désespoir

On retrouve avec grand plaisir l'écriture de Michael Farris Smith, efficace incisive et poétique et sa description à nulle autre pareille de sa terre de prédilection, que sont La Louisiane et le Mississippi.

Le tableau est très sombre et pessimiste, mais l'écrivain américain est au fond de lui un vrai humaniste, il sait aussi nous parler de belles personnes qui sont prêtes à tendre la main, pourvu que l'on sache simplement l'attraper.

C'est tout à la fois noir, rural, brutal mais en même temps rempli d'espoir.
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Drôle d'endroit que cette région entre Louisiane et Mississippi ravagée par les intempéries, provoquant ainsi la fuite de ses habitants. Une région également sillonnée par une dangereuse prophétesse qui, avec sa garde rapprochée, se lance sur les traces d'un homme qui lui a volé de précieuses clés, mais aussi de la compagne et du jeune fils de l'homme poursuivi, le couple ayant été séparé ...

J'avais beaucoup apprécié la plupart des précédents romans de Michael Farris Smith que j'avais eu l'occasion de lire ("Nulle part sur la terre" et "le pays des oubliés"). On retrouve dans ce récit des points communs, en particulier cette humanité des personnages abîmés par la vie. La relation entre Jessie, la jeune femme traquée, et son père, chez qui elle se réfugie avec son fils, est assez belle. Par contre, il faut bien reconnaître que la façon dont la la Louisiane et le Mississippi sont décrits ici ne donnent guère envie d'aller s'y promener. L'office du tourisme local n'a pas dû cautionner le roman, je pense...
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J'avais déjà lu un titre de cet auteur qu'est " Nulle part sur la terre " que j'ai particulièrement adoré. J'ai retrouvé la même ambiance et un endroit cher à Michael Farris Smith qu'est le Mississippi. Les lieux ravagés par les ouragans et les tempêtes ont fait fuir la population. Tout devient vide et désolant. L'histoire de ce roman débute par la fuite de Jessie portant son fils Jace sur ses hanches. Son mari Holt est parti depuis onze jours de la maison. Des hommes la poursuivent aussi violemment que la tempête dévastant tout sur son passage.
Mais " Sauver cette terre " est bien plus, l'auteur décrit une Louisiane détruite par la sécheresse. le peuple est perdu et fait donc confiance aux belles paroles d'une prophétesse prénommée Elser.
" Savez-vous que vous êtes coupables, parce que vous avez cru ce qu'ils vous disaient sur cet endroit, alors que vous seuls y habitez ? A votre avis, là où le soleil brille, sont-ils en train de récolter ce qu'ils n'ont pas semé ? S'approprient-ils le fruit de votre labeur ? Croyez-vous en moi ou en eux ? "

Quand le climat prend le dessus sur cette terre, la seule chose est de prier afin que tout redevienne dans l'ordre des choses. le lecteur va se plonger également dans l'histoire de Jessie, de son père Wade et de son mari Holt.

Les problèmes de l'environnement sont de plus en plus au centre de polars. Ces ouvrages permettent de mettre en relief les dangers de vivre dans certains milieux hostiles ou touchés par le réchauffement climatique .Quand l'auteur est talentueux, j'ai vraiment l'impression d'être submergée par l'ambiance poisseuse et dévastatrice de la nature en colère.

Avec « Sauver cette Terre » de Michael Farris Smith, on sent bien qu'un roman noir permet de souligner les ravages sur la société. Dans ce livre, il y a les laissés-pour-compte qui sont les premiers à morfler des catastrophes climatiques. D'autres savent en profiter comme Elser qui utilise le spirituel pour s'accaparer le pouvoir sur les plus vulnérables.
" Ton âme est couverte de cicatrices. Tandis qu'il déambulait en admirant le ciel déchaîné, les paroles d'Elser tournaient en boucle dans sa tête. "
Elle est vraiment typique du gourou. Cette femme est détestable à souhait et en fait justement un personnage idéal de thriller. Par contre, Wade est l'exemple contraire représentant ceux qui souffrent et sont dévastés par les dégâts de l'ouragan et des hommes. On finit par se demander qui est le plus impitoyable !

Le style de l'auteur renforce le sentiment angoissant et l'urgence de la quête de Wade. Les chapitres courts et très ciselés font échos au chaos ambiant. On est pris à la gorge comme Wade . Mais qu'en est-il des conséquences de tous ces troubles et de cette histoire ?
La fin de « Sauver cette Terre » donne-t-elle la réponse satisfaisante ?

" Sauver cette terre " est un roman empreint de noirceur où les personnages sont abîmés par la vie et leur passé.
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« Sauver cette terre », « Salvage this world  » dans sa version originale s'ouvre sur une image saisissante. Une jeune femme, son enfant coincé sur sa hanche, observe un orage qui s'approche. Nous sommes en Louisiane, quelques années peut-être après notre présent. La nature s'est rebellée, les tempêtes, orages, sécheresses puis inondations ont frappé cette terre avec une violence inouïe. Cela fait des années que cet État, tel son voisin du Mississippi, subit cette colère du ciel, comme si de mystérieux Dieux s'acharnaient sur ces sols et ces hommes. Jessie, cette jeune femme d'une petite vingtaine d'années fuit. Ses poursuivants sont à ce stade indéterminés, mais ils sont dangereux. Ils s'en sont déjà pris à l'homme qui partage sa vie, père de son fils prénommé Jace. Holt a disparu depuis plusieurs jours et Jessie est livrée à elle-même. Elle doit à la fois protéger son fils et assurer sa propre survie. Après cette image de statue grecque qui contemple les cieux, elle devient une louve et réagit à l'instinct. Où aller ? « Home », la maison. Qui appeler ? Wade, son père. La seule fois où elle appellera cet homme « Papa » c'est en passant ce coup de téléphone :

-Papa ?

-Jessie?

Ils prennent la route vers le Mississippi.

« Sauver cette terre » c'est d'abord la relation conflictuelle d'un père avec sa fille, une relation brisée par la fuite de l'une et le désespoir de l'autre. Une relation commencée dans le sang lorsque Rebecca a mis Jessie au monde et meurt en couche. Cette citation sublime qui contextualise tout… « Soudain, le silence. Un silence profond et douloureux interrompu par une claque, puis une autre. Et enfin, un sanglot minuscule. La vie et la mort s'étaient croisées telles deux inconnues. » Entre le père et la fille, rien n'a été simple, tout s'est fait au forceps, y compris au moment où Holt lui tourne autour. Les pères n'aiment pas les sales types qui embobinent leurs progénitures, les filles n'aiment pas que leurs pères leur disent quoi faire. « Longue pause. Les années emplies d'anxiété, de paroles malheureuses, d'adieux difficiles s'accumulant dans le silence. » Pourtant… après des années de séparation, de silence, c'est vers lui que Jessie revient chercher de l'aide. Instinctivement. Naturellement. Home, la maison, le refuge, le havre de paix. Sublimes portraits dessinés par Michael Farris Smith de ce père et de cette fille qui doivent se flairer, se deviner et se réapprivoiser. À défaut d'avoir pu être père, Wade a désormais une chance de devenir grand-père.

Parallèlement, l'auteur nous invite à découvrir Holt et notamment son passé sous le chapiteau du Temple de la gloire et de la douleur, une secte itinérante dirigée par une femme digne, elle aussi, d'être assimilée à quelque divinité grecque de moins bonne facture. « Elser, la dirigeante charismatique, qui fumait cigarette sur cigarette, offrait la rédemption aux populations dévastées de la Louisiane et du Mississippi, dans des lieux, presque entièrement désertés par le gouvernement où le nombre d'habitants diminuait chaque jour, cependant la mission venait leur servir des alléluias et des Dieu-soit-loué mijotés dans la poêle de la peur et de la haine. » Elser a pour mission de « Sauver cette terre », tout en se remplissant les poches. Quoi de plus facile, face à ces habitants qui ont tout perdu ! Une vraie opportunité pour l'auteur de rendre hommage à ces petites communautés frappées par les catastrophes climatiques, abandonnées de tous, tellement attachées à leurs terres qu'ils sont incapables de les quitter. Rester malgré tout. Croire en un avenir meilleur grâce à des prédications frénétiques et ensorcelantes d'une prêtresse qui ne lésine pas sur la mise en scène. « Elle promettait aux âmes perdues que leurs corps et leurs esprits étaient au bon endroit. » Aux États-Unis, ce genre de prédicateur a toujours été populaire, mais lorsque les catastrophes isolent, cela devient une opportunité pour ceux qui souhaitent croire et pour ceux qui les persuadent de croire en eux.

« Sauver cette terre » répercute le rythme du Blues né dans le Mississippi, une écriture qui sonne comme une plainte des souffrances de l'âme, et résonne de souvenirs du passé en couleurs, dans ce futur teinté de gris où la nature a repris ses droits. Michael Farris Smith mêle anciens démons et nouveaux fléaux, père imparfait et fille apaisée, faux prophètes et foi absolue avec une belle dextérité. Pour savoir comment ces personnages interagissent entre eux, se rencontrent ou pas, entrez sous le chapiteau du Temple de la gloire et de la douleur « Attendre le prochain ouragan, en craignant qu'il soit celui à qui personne ne survivrait, comme dans un certain épisode de la Bible, un déluge pour sauver cette terre. »
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Sauver cette terre de Michael Farris Smith, présentation
Jessie est seule avec son enfant, loin de tout. Son compagnon lui a tout pris. Elle s'enfuit car des gens sont à la recherche de son compagnon. Elle cherche une route et arrive à voler une voiture. Un cadavre est présent à l'intérieur.

Wade a été abandonné par sa mère. Jessie appelle son père, Wade.

Avis Sauver cette terre de Michael Farris Smith
Louisiane, Mississipi, les deux états vivent très mal suite au passage de divers ouragans, tempêtes. Tout est pratiquement fermé mais certaines personnes restent encore dans ces lieux reculés. Les champs sont vides, plus rien ne pousse. La terre peut être gorgée d'eau ou brûlée. Dans ces états des Etats-Unis où il n'y a plus aucun espoir, les prêches d'Elser donnent encore de l'espoir. Il en faut peu pour ceux qui n'ont plus rien à quoi s'accrocher, sauf la promesse de temps meilleurs contre de l'argent.


Jessie a dû fuir l'endroit où elle vivait avec son fils Jace et son compagnon Holt. Elle est poursuivie par des hommes armés, à la recherche de certaines clés, qui avaient été volées par Holt. Elle a suivi les conseils de ce dernier qui a dû les abandonner. Au cours de sa cavale, vers qui se tourner ? Malgré la colère et trois ans sans nouvelles, elle appelle son père, Wade.


Wade se retrouve donc chez lui avec sa fille et un petit fils de 3 ans qu'il n'a jamais rencontré. Entre le père et la fille, la tension est toujours palpable car ils n'ont jamais su se parler. Wade a été un père, certes, mais il n'a jamais su parler à sa fille, surtout de la mère de cette dernière, morte en couches. Jessie a donc grandi sans cette figure maternelle. Elle attendait de son père plus de proximité mais cet homme n'a jamais su se rapprocher de sa fille et faire en sorte qu'ils partagent leur peine. Jessie avait donc décidé de partir et cela s'est passé lorsqu'elle a eu 18 ans après sa rencontre avec Holt.

Des personnages qui devront faire la paix avec eux-mêmes, avec leur douleur. Ils devront apprendre à communiquer pour tenter d'avancer. Des années de silence, de non-dits ne sont pas faciles à appréhender. Ils ont chacun réagi à leur manière. Wade, après la mort de sa femme, n'a pas su comment réagir avec sa petite fille, qui a grandi au fil des années. Il s'est recroquevillé dans sa douleur, sans pouvoir la partager. La fuite s'est trouvée dans l'alcool pour éviter de se suicider. La solitude, dans ces contrées, est monnaie courante. de plus, tout le monde s'en va pour échapper aux évènements climatiques. Passés les premiers moments de désarroi, d'incompréhension quand Jessie revient, Wade fera tout ce qui est en son pouvoir pour sauver sa fille, son petit-fils et celui qui lui a volé sa fille. Les blessures sont peut-être béantes mais les liens sont, malgré tout, très forts.


Une histoire de cavale contre des forces humaines noires, une sorte de secte. Lorsque Holt vivait avec cette secte, il a vu, il s'est interrogé, il a été surveillé mais pas assez puisqu'il a volé des clés. Quel est le but de ses clés ? Personne ne le sait sauf ceux qui les détenaient. Elles doivent avoir un énorme pouvoir à ne pas mettre entre toutes les mains. Quand la nature prend sa revanche et qu'elle peut tout anéantir de vies, plus que des coups de feu. Comment faire face à l'un et à l'autre lorsque 3 adultes et un enfant essaient de sauver leurs vies.


Lorsque j'ai appris que le nouveau Michael Farris Smith, j'ai tout de suite voulu le lire. En effet, Nulle part sur la terre m'avait beaucoup plu. J'ai donc profité de ne pas avoir de roman à demander pour ma Kube Majuscule pour me positionner sur ce roman. Et franchement, je ne le regrette pas. Je l'ai commencé tambour battant et à partir de la moitié du roman, il y a eu un essoufflement. Ce n'est pas la faute de l'auteur mais le fait qu'avec quatre assemblées générales, je suis rentrée tard et je n'ai eu que des petits quarts d'heure. Mais ce peu de temps de lecture n'a pas empêché que je voulais aller très vite jusqu'au bout parce que l'histoire est prenante. Elle est noire et l'atmosphère est vraiment oppressante, que ce soit par le temps, le cadre et les personnages. En nombre de pages, le roman n'est pas long, mais l'essentiel est écrit, est là. J'ose imaginer qu'ils ont pu se sauver, mais la fin du roman laisse imaginer le contraire. Par conséquent, au lecteur de rester sur son imagination.

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