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Citations sur La force de l'ordre (42)

La violence de la police, qu'elle soit physique ou morale, s'exerce de façon radicalement et institutionnellement inégale : d'un côté, des individus qui ont non seulement le monopole de l'usage légitime de la force, mais également l'exclusivité de son utilisation effective compte tenu des circonstances ; de l'autre, des individus doublement captifs, en raison à la fois de la coercition physique qu'ils subissent et de la menace latente qui pèse sur eux au cas où ils auraient la mauvaise idée de répondre. (...) Mais elle est également ciblée. Elle ne s'applique pas à toutes et à tous. Elle affecte presque exclusivement les individus de sexe masculin, principalement jeunes, appartenant aux milieux populaires, résidant dans des quartiers défavorisés, le plus souvent d'origine immigrée ou faisant partie des minorités. Elle concerne de façon exceptionnelle les femmes, les personnes d'âge mûr, celles et ceux qui appartiennent aux classes moyennes, habitent des zones résidentielles ou sont d'apparence européenne.
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Les BAC occupent (...) une place singulière au sein de l'institution policière. (...) D'un côté, elles sont presque un corps d'élite, puisqu'on ne les intègre qu'après des épreuves, certes peu sélectives, et qu'on fait théoriquement appel à elles dans les cas difficiles, en réalité assez rares. De l'autre, elles sont vues comme volontiers brutales et incontrôlables, mal formées au regard des attentes administratives du métier et créant souvent autant de problèmes qu'elles sont censées en régler. (...)
Par une sorte de prophétie auto-réalisatrice, en déployant ce dispositif, on a mis en place les conditions permettant la confirmation du bien-fondé de sa présence. Depuis trente ans, en effet, toutes les émeutes urbaines ont été consécutives à des décès de jeunes dans le cadre d'interactions avec la police et plus spécifiquement, pour ce qui concerne les plus récentes et les plus graves, avec ces unités spéciales.
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(...) Les forces de l'ordre doivent le plus souvent se contenter de quelques contrôles d'identité, pour animer des patrouilles monotones et espérer atteindre leurs quotas.
Mais ces contrôles sont manifestement ciblés.
[ membres de la BAC, dans une voiture : ]
- C'est des étudiants de l'Ecole de Commerce. Ils fêtent probablement la fin du semestre. Et ça fume du shit, et ça boit !
- Qui peut se payer des études à 10 000 euros ?
- Ils se promènent avec leurs tout nouveaux portables et ils téléphonent en public : pas étonnant qu'ils se les fassent voler !
- Allez, on bouge.
La Police se donne parfois pour mission de protéger la jeunesse dorée de l'éventualité d'un vol ou d'une agression par la jeunesse des quartiers.
(p. 58-59)
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[ témoignage d'un ancien membre de la BAC ]
Cette nuit-là était l'une des plus glaciales. Il devait faire dans les moins trente. Enfin, c'est la température qu'ils avaient annoncée dans l'Est.
A un moment, on patrouillait, on est passés devant la gare. Il y avait un Africain dehors.
Je ne sais pas comment il était arrivé là. Juste avec un pantalon, un tee-shirt et des sandalettes.
Il grelottait de froid. Toutes les portes de la gare étaient fermées. Le gars errait à la recherche d'un abri.
J'ai dit : 'Allez, on l'embarque au poste, au moins il passera la nuit au chaud.'
Mes collègues ont refusé. Je suis certain qu'en temps normal, on l'aurait contrôlé. Et comme il ne devait pas avoir ses papiers, il aurait fini au commissariat.
Il faisait tellement froid cette nuit-là, mais ils ont préféré le laisser geler.
Je me demande si ce pauvre gars a survécu.
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L'interprétation de la discrimination raciale doit (...) dépasser la question de l'intention raciste. C'est l'institution policière et, plus largement, la société qui produisent les catégories racialisées que mettent en œuvre les fonctionnaires sur le terrain, transformant en suspects les jeunes des minorités, tout comme le fait le discours politique lorsqu'il associe, de plus en plus fréquemment, immigration et délinquance. Plutôt que de focaliser l'attention sur la discrimination raciale en tant qu'acte individuel, c'est donc bien aussi au racisme institutionnel en tant que pratique collective qu'il faut s'intéresser.
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Le quotidien paisible de la BAC (...) n'était objectivement pas très différent de celui de la police en tenue affectée à des missions voisines de sécurité publique dans les mêmes quartiers. Contrairement à leurs héros de télévision, il leur fallait bien admettre que leur lot à eux, c'était le plus souvent l'inaction.
(...) Car, même dans une banlieue réputée difficile, la délinquance et la criminalité ne sont pas telles - c'est-à-dire pas assez fréquentes et accessibles - qu'il y ait de quoi alimenter le travail des cinq ou six équipages (...). Les équipages de la sécurité publique sont ainsi occupés par défaut à tourner à petite vitesse dans les quartiers, à la recherche d'éléments suspects qu'ils ne trouvent que rarement lors de leurs rondes sans but et auxquels ils substituent des contrôles ciblés sur les jeunes des cités et les gens du voyage.
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Le thème des "zones de non-droit" que la police n'oserait plus pénétrer et où il s'agirait de reprendre pied est, à de rares exceptions près, bien moins une description de la réalité qu'une formule de ralliement s'appuyant sur un imaginaire à la fois de danger et de reconquête : le danger magnifiant le courage de ceux qui l'affrontent et la reconquête justifiant l'intervention pour la mener à bien. Dans la circonscription où j'ai conduit ma recherche, la police allait sans problème partout où elle voulait - et du reste bien plus souvent dans les cités réputées difficiles qu'ailleurs -, mais le discours des "quartiers" qu'il ne fallait pas abandonner aux "voyous" n'en continuait pas moins de circuler comme si la défense des "territoires de la République" pouvait servir d'argumenteraire pour "pacifier" les quartiers.
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Dans les familles d'origine immigrée, les parents enseignent souvent très tôt à leurs enfants que leur couleur de peau les exposera à de fréquentes interactions avec la police et qu'il faudra surtout ne jamais protester, quelle que soit la manière dont ils seront traités.
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La loi [sert] moins à appliquer le droit qu'à rappeler chacun à l'ordre social. Probablement faut-il penser l'efficacité du travail de la police dans les quartiers défavorisés en d'autres termes que ceux habituellement retenus, c'est-à-dire la réduction de la délinquance et de la criminalité. Les patrouilles exercent une forme de pression sur les populations vues comme les plus menaçantes par leur simple présence, à savoir les jeunes de milieu populaire appartenant le plus souvent à des minorités, indépendamment de tout danger objectif. L'enjeu n'est donc pas tant l'ordre public qu'il s'agirait de protéger que l'ordre social qu'il s'agit de maintenir.
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En fait les jeunes, quand j'arrive, ils courent, mais ils ne savent même pas pourquoi. On les rattrape et on les amène, et on découvre alors qu'ils n'ont strictement RIEN FAIT.
On leur dit : Mais pourquoi t'as couru ? Vous n'avez pas idée ! Ça doit être un réflexe pavlovien.
C'est peut-être le même réflexe qui fait courir les policiers pour les poursuivre.
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