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Citations sur La force de l'ordre (42)

S'il fallait d'un mot qualifier le sentiment qui caractérise ces patrouilles, ce serait assurément l'ennui.
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Le bilan de la journée est maigre mais guère différent de celui des jours précédents et des jours suivants : deux appels (l'un qui s'est avéré sans objet, l'autre qui s'est conclu par une simple recommandation) ; deux contrôles d'identité (pour quatre personnes appartenant aux gens du voyage et aux minorités des cités, sans interpellation) ; une vérification téléphonique pour un engin de chantier qui n'était pas volé ; un accident évité de justesse sur l'autoroute pour se rendre sur les lieux d'un événement qu'on avait mal interprété ; de longues heures de maraude improductive dans l'hiver finissant ; aucun acte comptabilisable pour l'activité de l'équipage. Au moins les gardiens de la paix auront-ils eu le réconfort des remerciements admiratifs d'une habitante reconnaissante.
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Ce que je voyais et entendais, donc ce qui échappait à leur auto-censure, me semblait intéressant précisément à ce titre : il me donnait à comprendre ce que les policiers considéraient comme normalement acceptable. Pour un observateur extérieur à leur monde, c'était assurément déjà beaucoup.
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A la différence de nombreux autres pays occidentaux, la police française n'est pas au service de la population, mais de l'État. Cette situation déconnecte les gardiens de la paix et leur hiérarchie des citoyens, auxquels ils estiment n'avoir pas de compte à rendre et qu'ils tendent à concevoir comme des adversaires, voire des ennemis. En revanche, elle les lie à l'appareil étatique et, dans un contexte de centralisation et de politisation renforcées de ce dernier, le ministre de l'Intérieur et le président de la République deviennent leurs uniques interlocuteurs.
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Le plus souvent, la violence physique est seule prise en considération par les commissions de discipline et les juges d'instruction. A l'inverse, la violence morale est ignorée. Banale, elle demeure invisible, car elle ne laisse pas de traces, du moins corporelles, ne donne pas lieu à des plaintes et ne fait pas l'objet de sanctions. (...) Faute d'être nommée, elle n'existe pas socialement. Faute d'être reconnue, elle ne permet pas que justice soit rendue. Or c'est cette violence sans nom et sans justice qui constitue l'expérience ordinaire des adolescents, des jeunes et des hommes qui vivent dans les cités.
(...) Cette dernière est devenue alors une sorte de violence de substitution, comme on le dit des produits qui remplacent les drogues en induisant des effets proches sans en avoir les implications légales. (...) Il ne s'agit évidemment pas de nier la persistance de la violence physique, mais de suggérer un déplacement vers la violence morale dont le rapport coût-efficacité est, pour celui qui en est l'auteur, bien supérieur.
(...) Si, dans mes observations, les scènes de brutalité étaient donc exceptionnelles, les scènes d'humiliation étaient en revanche tout à fait communes. Elles se produisaient quotidiennement dans la rue à l'occasion des contrôles d'identité et des fouilles à corps ou des interpellations avec menottage non justifié, au commissariat pendant l'interrogatoire ou dans le local de détention, et même dans le véhicule qui ramenait les individus arrêtés. Les procédés étaient nombreux, des remarques désobligeantes aux insultes racistes, des signes ostensibles de mépris aux mises en scène devant les voisins. Il s'agissait à chaque fois d'instituer un rapport d'abaissement et de mortification alors que les individus se trouvaient captifs d'une situation qui les condamnait à devoir se laisser tourmenter sans répondre, afin d'éviter l'engrenage de l'outrage et rébellion.
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Mon propos vise ici à appréhender la violence de la police comme une interaction qui affecte l'intégrité et la dignité des individus et pas seulement leur corps et leur chair, qui peut être profonde et ne pas se donner à voir, qui implique enfin une composante éthique et non strictement normative. (...) Il existe des pratiques bien plus mortifiantes et des blessures bien plus durables [qu'une gifle adressée à un adolescent] ne supposant pas l'usage de la force physique.
(...) Il serait possible d'aller au-delà de la définition administrative et judiciaire, laquelle conduit à condamner, au moins dans le principe, la claque, mais à ignorer, le plus souvent, l'humiliation. Dès lors, on commencerait à s'interroger non pas dans les termes de ce que la police et la justice pensent des actions, mais du point de vue de la manière dont le public les vit. Cette inversion du regard ne se limiterait du reste pas à l'expérience des individus qui ont affaire aux forces de l'ordre, mais inclurait la perspective plus large de la société, c'est-à-dire la manière dont cette dernière délègue à la police, au nom de la loi, le pouvoir de traiter certaines personnes en dehors du droit, ou plutôt de manière dérogatoire au respect des droits humains.
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Ni les statistiques du ministère de l'Intérieur ni les études auprès de la population ne confirment l'idée généralement admise dans la société française, délibérément disséminée par les pouvoirs publics et souvent considérée comme vraie par les forces de l'ordre, selon laquelle la délinquance serait concentrée dans les banlieues et plus spécifiquement dans les cités. (...) Il s'avère de surcroît que la préoccupation et la peur face à la délinquance qui, par contraste, s'expriment plus fortement dans ces quartiers, sont associées non pas à un excès objectivable d'atteintes aux biens ou aux personnes mais principalement à la dégradation de leurs équipements publics et à la perception de leur mauvaise image.
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Cette scène ressemble à bien d'autres auxquelles j'ai assisté au cours de l'enquête que j'ai menée sur la Police dans la banlieue parisienne entre les mois de mai 2005 et juin 2007.
Elle ne serait donc qu'une observation de plus dans mon carnet de terrain, si l'un des trois garçons n'avait été mon fils. (p. 16)
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La mission des BAC, c'est en principe de faire du flagrant délit. Mais les infractions qui se prêtent à ces interventions sont rares.
- Ca vous arrive souvent de prendre un cambrioleur sur le fait ?
- Pour tomber sur un voleur, il faut vraiment un coup de bol de chez bol.
C'est simple, moi, ça fait sept ans que je suis à la BAC et ça ne m'est arrivé qu'une fois. Et encore, le type s'était laissé enfermer comme un con dans le pavillon qu'il cambriolait et il arrivait plus à en sortir. On n'a eu qu'à le cueillir.
- Ouais, et c'est pas en faisant du saute-dessus qu'on atteindra nos quotas.
- C'est pour ça qu'on doit faire des sans-papiers et des shiteux, des consommateurs de cannabis.
- Il me font marrer à dire qu'on n'est pas tenus à faire du chiffre. Quelle hypocrisie !

Une politique du chiffre a été officieusement instaurée au début des années 2000, obligeant les policiers à atteindre des onjectifs quantifiés, notamment en matière d'interpellations. lorsqu'ils n'y parviennent pas, ils disposent de ce qu'ils appellent des variables d'ajustement :
Les I. L. S. (Infractions à la Législation sur les Stupéfiants) et les I. L. E. (Infractions à la Législation sur les Étrangers) sont en effet les plus faciles à repérer. Les premières en ciblant les personnes de couleur, et les secondes en multipliant les fouilles parmi les jeunes du milieu populaire.

Les objectifs, fixés à des niveaux trop élevés pour être atteints, conduisent ainsi les policiers à faire des contrôles au faciès. Beaucoup de policiers se plaignent de cette politique du chiffre.
- Le mois dernier, mon équipage a fait seulement 24 interpellations alors que le major nous en demande 30. Le commissaire a suggéré de faire des I. L. S. et des I. L. E. pour compléter. C'est pourtant pas pour ça que je me suis engagé dans la police. Moi je voulais arrêter des voyous et des voleurs, pas des immigrés qui ne font de mal à personne ou des jeunes avec une boulette de shit.

A certains de leurs collègues, cette pression ne pose toutefois pas de problème. Elle leur permet même de mettre leurs pratiques en conformité avec leurs opinions politiques en arrêtant des étrangers.
- Y sont pas de chez nous, ceux-là ! ON LES CONTROLE !
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Dans la mesure où les policiers, dans leur ensemble, estiment que justice n'est pas rendue par les juges, ils tendent à se considérer habilités à la rendre eux-mêmes sur le terrain. Bien entendu, ce principe de substitution n'est jamais énoncé comme tel publiquement et peut-être même demeure-t-il souvent inconscient : le reconnaître serait admettre une forme d'illégalité du travail de la police.
(...) [Les gardiens de la paix] sont entrés dans les forces de l'ordre pour arrêter des "délinquants". Si les juges ne prononcent pas les condamnations attendues, qu'au moins ces délinquants reçoivent leur châtiment de ceux qui les interpellent. Du point de vue de ces derniers, ce n'est là que justice. Toutefois, leur justification s'avère doublement problématique, y compris en adoptant la perspective des forces de l'ordre. D'une part, la punition procède bien moins de la justice (châtier un coupable), voire de la pédagogie (donner une bonne leçon) que de la simple vengeance (...). D'autre part, l'application en est non pas ciblée (sur un coupable présumé) mais aveugle (à l'encontre de celui qu'on a réussi à prendre) (...)
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