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Citations sur Moustiques (20)

Le marécage semblait sans fin ; il s'étendait, de part et d'autre de la route, éternel et fétide, sombre, silencieux et effrayant. La route s'allongeait indéfiniment sous un tunnel barbu, sous le sinistre ciel de cuivre. La rosée avait disparu depuis longtemps, et ses pas énergiques soulevaient une poussière indifférente. David marchait derrière elle, regardant sur ses bas deux taches de sang desséché. Bientôt, il y en eut trois, et il se rapprocha d'elle. Elle tourna la tête vers lui :
- Ne venez pas près de moi ! cria-t-elle, ne voyez-vous pas que vous les rendez plus méchants ?
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Sa naissance avait été le résultat de travaux biologiques de caractère plutôt empirique, exécutés par deux personnes qui, comme la plupart des gens, n'avaient pas cherché à avoir d'enfants.
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En Europe, dit-il, être artiste est un mode de conduite; en Amérique, c'est plutôt un prétexte pour se conduire d'une certaine façon.
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Mais quand, à travers le pâle été, août, comme un grand oiseau langoureux, volait lentement vers le déclin et la mort, ils devenaient gros et méchants; affairés comme des entrepreneurs de pompes funèbres, rusés comme des prêteurs sur gages, inévitables et sûrs d'eux comme des politiciens, ils étaient venus vers la ville pleins d'une convoitise de paysans, unis comme les membres d'une équipe de football, monstrueux et sans dignité. Ils étaient une plaie publique vue par le mauvais bout de la lorgnette: en somme, c'était la majesté même du destin devenue méprisante à force de présence et de répétition.
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Gordon s’arrêta et, penché au bout de l’embarcadère, il regarda fixement l’eau.
« Des étoiles dans mes cheveux, dans mes cheveux et dans ma barbe, je suis couronné d’étoiles… Le Christ lui-même n’a-t-il pas sculpté dans l’espace le corps tragique et placide d’une femme qui conçoit sans plaisir et enfante sans douleur… Travaille, imbécile, et si tu veux réchauffer ton satané corps, pourquoi recourir à l’impureté, le whisky ne suffit-il pas, ou le ciseau et le maillet, et l’écureuil ne se refroidit pas dans sa cage. Et que vas-tu lui dire maintenant de nouveau et d’amer ? Songe que quelque part, sous sa robe, deux petites limaces roses montrent leurs cornes malgré elles… et tu en ressens déjà un dégoût. Mais enduis donc à jamais tes ailes de cire à la moiteur inodore de ses cuisses… et étrangle ton cœur avec ses cheveux, imbécile, fou maudit et délaissé des dieux… »

(p. 55)
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– (…) Un livre est la vie secrète de l’écrivain, son jumeau noir ; on ne peut absolument pas les concilier.

(p. 242)
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Parler, parler, parler ; la stupidité absolue et désolante des mots. Sans fin, comme si cela devait durer éternellement, les idées devenaient de simples sons, balles qu’ils se renvoyaient jusqu’à leur complète usure.
Midi les oppressait comme une main, une main de cuivre qui, sans les frapper, restait suspendue au-dessus d’eux, menaçante. Le pont se couvrait d’ampoules, le bastingage était trop brûlant pour être touché ; les taches d’ombre, sur le pont, étaient imprégnées de chaleur comme de lourdes couvertures. L’eau brillait d’un éclat insupportable, la forêt, mur de bronze récemment coulé, n’était pas encore refroidie, et sous le vaste ciel, pas la plus légère brise.

(p. 186-187)
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Au-dessus des toits, lentement teintés de violet, l'objet attirait d'abord le regard et l'on se retournait vivement, comme frappé à l'improviste par un bruit insolite, ou un mouvement. Mais le marbre était immobile et quand à la fin vous parveniez à en détacher le regard en lui tournant le dos, vous retrouviez aussitôt intacte, haute et pure l'impression d'une vitesse et d'un espace enfermé dans ces murs. Puis quand vous le regardiez de nouveau, vous le retrouviez comme avant, passionnément immobile, torse virginal et sans souffle de jeune fille, sans tête ni bras, ni jambes, prisonnier du marbre mais semblant guetter éperdument une occasion de s'en évader : passionné, simple et éternel dans l'obscurité équivoque et dérisoire du monde, il n'y avait rien en lui qui pût venir troubler votre jeunesse ou faire seulement appel à elle, mais quelque chose qui atteignait plutôt dans sa fibre vive l'intégrité même de votre être.
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La cabine était obscure et, après le vaste espace du pont, elle paraissait étroite et étouffante. Mais elle était enclose de murs rassurants ; Jenny alluma la lumière et pénétra dans une atmosphère familière. (…) Elle se regarda un certain temps dans la glace ; puis elle ôta sa robe et contempla son ineffable silhouette rose et blanche ; enfin, achevant de se dévêtir, elle peigna devant le miroir les ondes légères de ses cheveux dorés et introduisit placidement son corps nu entre les draps de la couchette, selon son habitude depuis trois nuits.
Mais elle n’éteignit pas la lumière ; elle en contempla le reflet sur la courbe peinte du plafond, sentant qu’elle avait envie de quelque chose sans savoir quoi. Elle se dit qu’elle avait peut-être envie de pleurer. Couchée nue, sur le dos, rose et passive, elle attendait ses larmes.

(p. 220-221)
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Jenny dansait placidement avec un art consommé, dans les bras de Mr.Talliaferro. Elle et Pete venaient de se disputer aigrement, du moins Pete, car Jenny placide et bovine, avait fondu en larmes, ce qui n'altérait en rien la beauté de ses yeux, tout en continuant à poursuivre calmement son but: s'amuser le plus possible pendant cette croisière.
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