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Jean Dubramet (Traducteur)Raymond Queneau (Préfacier, etc.)
EAN : 9782757807545
327 pages
Points (24/01/2008)
3.3/5   72 notes
Résumé :
Sur le pont du Nausicca, au large de la Nouvelle-Orléans, les amis de Mrs Maurier complotent, aiment, jalousent et bavardent inlassablement. Mrs Maurier se pique d'aimer et de soutenir les arts : outre son neveu et sa nièce, ses hôtes sont des artistes et des intellectuels, sculpteurs, romanciers, critiques...

Les alliances, les secrets et les médisances s'échangent et se confondent en un joyeux bourdonnement.

Brocardant la futilité ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il est une expérience rare et c'en est une: lire un Faulkner facilement, tourner les pages rapidement et suivre une histoire tranquillement. Ça intrigue forcément, on se questionne, on se demande si on ne s'est pas trompé d'auteur, on vérifie le prénom (un homonyme).

Et puis on vérifie la date et l'ordre dans la chronologie. 1927, deuxième roman. Deux ans avant le Bruit et la Fureur et le début du style "courant de conscience". Et on continue sa lecture, en vivant l'expérience autrement. Faulkner avant qu'il trouve son style.

Ici, le dialogue et les verbiages règnent en maîtres... Là où le maître sonde beaucoup plus habituellement les pensées et l'âme (chère à Mrs Maurier) de ses personnages. Le ton reste acerbe et dénué de pitié pour les acteurs de ces mondanités. On reconnait son Faulkner dans son sujet d'étude, pas dans la manière et le tour de main. On s'étonne par exemple des longues digressions quasi théoriques sur l'Art, sur le métier d'écrivain ou de poètes.

Il y a bien des essais d'originalités: les moustiques omni-absents (toujours présents, quasiment jamais nommés, sauf dans le titre) et qui métaphorisent les artistes suceurs de sang et surtout d'argent de leur mécène, les dernières pages où vie réelle et œuvres inventées se répondent. Faulkner cherche sa voie dans de multiples directions et ne la trouve pas encore. Il faudra attendre deux ans que la fureur et le bruit emplissent sa tête et ses mots.

Pour les Faulkner fans dont je suis, ce livre est à la fois décevant - car ce n'est pas vraiment du Faulkner - et intéressant - pour voir comment s'est construite la légende. Pour ceux qui ont du mal à lire celui qui naîtra ensuite, est-ce réellement intéressant d'aborder celui-là qui semble plus accessible.... ? Pas certain...
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Faulkner dresse le portrait impitoyable de la bourgeoisie de son époque.
L'histoire se déroule sur le pont du Naisicaa, à la Nouvelle Orléans où Mrs Maurier,riche veuve,amoureuse des arts, invite pour une croisière outre son neveu et sa nièce, des amis artistes et intellectuels, sculpteurs, romanciers, critiques..

Un texte cruellement satirique (critique) où Foulkner raconte les alliances, les secrets échangés mais aussi la futilité, la médiocrité ordinaire des petits bourgeois des années 30.

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Vous pouvez vous appeler Faulkner et planter complétement un bouquin, c'est possible. Si vous vous appeliez Sullitzer ou Jardin, ou Marc Levy ou je ne sais quel autre nain du clavier aseptisé pour cathodés à l'entertainment, je vous dirais que je ne peux malheureusement rien pour vous, mais Faulkner quoi ! FAULKNER ! Il est des choses qui me dépitent, et voir une statue parfaite se casser la gueule du piedestal littéraire sur lequel on l'a fichue, ben oui, ça fout un coup.
L'histoire résumée tient en peu de choses : tout se qui figure la vie artistique de la Nouvelle Orléans se retrouve invité en croisière par une riche veuve aux mécénales envies. Il y a là un poéte, deux écrivains, un sculpteur amoureux, une godiche, son mac, quelques critiques, un industriel anglais, bref, de quoi pavoiser sur 300 pages. Gagné ! Faulkner ne fait que cela, esquissant en creux une critique de cette jeunesse qui se libére (très bien), du féminisme en vogue dans les années 30, des rapports affreux que tissent entre eux mécénes et artistes (d'accord) mais à quoi bon tout ça ? La seule beauté du roman (magnifique beauté, je ne le nie pas) se niche dans l'esquisse d'histoire d'amour qui relie la nièce fortunée au sculpteur d'une part et au matelot d'autre part. Tout en finesse là où jusqu'ici Faulkner n'avait manié que la brosse large, maintenant il figure admirablement les caractères, les fait se tenir ensemble, se porter, s'embrasser un peu, se retourner, s'ereinter réciproquement, le viol de Sanctuaire n'est jamais loin; et cette guêpe de nièce, toujours à son aise, sauf lorsque ces miriades de moustiques la happent et la font renoncer à cette légère mais sincère tentative d'évasion. Et alors le roman replonge, et son lecteur de se taper la joue, maudissant éternellement les foutus moustiques du titre d'avoir arrêter net une histoire qui promettait d'emmener une jeune fille et son matelot vers des envies infinies.
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L'objet principal de ce crêpe de chine vert pomme, un peu taché, semblait être de dévoiler la forme du derrièrede Jenny, ppendant qu'elle dansait; caressant les pointes jumelles de ses fémurs comme un vieil amant stérile, il était froissé comme si elle l'avait récemment porté pour dormir. Elle avait aussi un petit chapeau de paille claire, sans forme particulière, garni de rubans.
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MOUSTIQUES de WILLIAM FAULKNER
C'est le deuxième livre de Faulkner, après Monnaie de singe, paru en 1927, Madame Maurier, riche et férue de culture invite pour une croisière au large de la Nouvelle Orléans un groupe d'artistes, peintres, écrivains, poètes, sculpteurs ou critiques. Ornée de sa casquette d'amiral elle va tenter d'organiser un voyage culturel. Hélas, très rapidement, le bateau va s'ensabler et les projets s'enliser.
C'est une satyre de la jet set que nous propose Faulkner ainsi qu'un portrait bien peu reluisant d'artistes à la dérive n'ayant de cesse de se critiquer les uns les autres. Sympathique mais on peut commencer directement par Sartoris!
Difficile dans ce livre de reconnaître le style de celui qui, 2 ans plus tard livrera Sartoris puis tous ses grands romans jusqu'aux années 50. Ses longues phrases torturées ne sont encore qu'en ébauche.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le marécage semblait sans fin ; il s'étendait, de part et d'autre de la route, éternel et fétide, sombre, silencieux et effrayant. La route s'allongeait indéfiniment sous un tunnel barbu, sous le sinistre ciel de cuivre. La rosée avait disparu depuis longtemps, et ses pas énergiques soulevaient une poussière indifférente. David marchait derrière elle, regardant sur ses bas deux taches de sang desséché. Bientôt, il y en eut trois, et il se rapprocha d'elle. Elle tourna la tête vers lui :
- Ne venez pas près de moi ! cria-t-elle, ne voyez-vous pas que vous les rendez plus méchants ?
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Gordon s’arrêta et, penché au bout de l’embarcadère, il regarda fixement l’eau.
« Des étoiles dans mes cheveux, dans mes cheveux et dans ma barbe, je suis couronné d’étoiles… Le Christ lui-même n’a-t-il pas sculpté dans l’espace le corps tragique et placide d’une femme qui conçoit sans plaisir et enfante sans douleur… Travaille, imbécile, et si tu veux réchauffer ton satané corps, pourquoi recourir à l’impureté, le whisky ne suffit-il pas, ou le ciseau et le maillet, et l’écureuil ne se refroidit pas dans sa cage. Et que vas-tu lui dire maintenant de nouveau et d’amer ? Songe que quelque part, sous sa robe, deux petites limaces roses montrent leurs cornes malgré elles… et tu en ressens déjà un dégoût. Mais enduis donc à jamais tes ailes de cire à la moiteur inodore de ses cuisses… et étrangle ton cœur avec ses cheveux, imbécile, fou maudit et délaissé des dieux… »

(p. 55)
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Mais quand, à travers le pâle été, août, comme un grand oiseau langoureux, volait lentement vers le déclin et la mort, ils devenaient gros et méchants; affairés comme des entrepreneurs de pompes funèbres, rusés comme des prêteurs sur gages, inévitables et sûrs d'eux comme des politiciens, ils étaient venus vers la ville pleins d'une convoitise de paysans, unis comme les membres d'une équipe de football, monstrueux et sans dignité. Ils étaient une plaie publique vue par le mauvais bout de la lorgnette: en somme, c'était la majesté même du destin devenue méprisante à force de présence et de répétition.
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Au-dessus des toits, lentement teintés de violet, l'objet attirait d'abord le regard et l'on se retournait vivement, comme frappé à l'improviste par un bruit insolite, ou un mouvement. Mais le marbre était immobile et quand à la fin vous parveniez à en détacher le regard en lui tournant le dos, vous retrouviez aussitôt intacte, haute et pure l'impression d'une vitesse et d'un espace enfermé dans ces murs. Puis quand vous le regardiez de nouveau, vous le retrouviez comme avant, passionnément immobile, torse virginal et sans souffle de jeune fille, sans tête ni bras, ni jambes, prisonnier du marbre mais semblant guetter éperdument une occasion de s'en évader : passionné, simple et éternel dans l'obscurité équivoque et dérisoire du monde, il n'y avait rien en lui qui pût venir troubler votre jeunesse ou faire seulement appel à elle, mais quelque chose qui atteignait plutôt dans sa fibre vive l'intégrité même de votre être.
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La cabine était obscure et, après le vaste espace du pont, elle paraissait étroite et étouffante. Mais elle était enclose de murs rassurants ; Jenny alluma la lumière et pénétra dans une atmosphère familière. (…) Elle se regarda un certain temps dans la glace ; puis elle ôta sa robe et contempla son ineffable silhouette rose et blanche ; enfin, achevant de se dévêtir, elle peigna devant le miroir les ondes légères de ses cheveux dorés et introduisit placidement son corps nu entre les draps de la couchette, selon son habitude depuis trois nuits.
Mais elle n’éteignit pas la lumière ; elle en contempla le reflet sur la courbe peinte du plafond, sentant qu’elle avait envie de quelque chose sans savoir quoi. Elle se dit qu’elle avait peut-être envie de pleurer. Couchée nue, sur le dos, rose et passive, elle attendait ses larmes.

(p. 220-221)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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