Drame.
Pas de
pylônes dignes d'un agent edf ou des telecom, ici le
pylône est celui de tous les dangers, le catapulteur d'adrénaline, celui qui délimite la course et la peur. Ces avions qui se lancent dans ce premier quart du XXème siècle dans des courses folles lors de meeting, qui se tordent d'un
pylône jusqu'à l'autre, voilà les deux épingles que
Faulkner tend à rompre au dessus de la trame de son roman.
Trame pour drame et quatre ou cinq personnages pour ce théâtre fou. Car c'est la folie qui dirige ici ne vous y trompez pas,
Faulkner ne souhaite nul salut pour vos âmes éperdues, ils veut vous perdre bien au contraire. New Valois pour Nouvelle Orléans, mais peu importe,
Faulkner assène le drame d'une écriture de dégénéré, fou, et nous livre un pilote, un parachutiste, leur femme, son enfant, un mécano et un reporter, ce funambule sans nom, jouant sa vie sur le fil de sa prose, les événements floutant sa perception, l'alcool aidant, et réalisant lui-même cette histoire. Il est
Faulkner parce qu'il construit la déchéance des personnages qui l'entoure.
Pylône est un roman fou, impitoyable pour le lecteur tant le rythme vacille à chaque page, tant l'action ne noie dans un flux de paroles, dans l'inintelligibilité, tant les personnages grandissent comme des ombres au fil de la lecture venant noircir de leur pauvres ongles le peu de cohérence qu'on aurait pu ici distinguer, grattant les lignes et les paragraphes, nous éloignant du sens, peu à peu, à mesure que le drame se noue.
Pylône est un roman de
William Faulkner qui, à cours d'inspiration dans la rédaction d'
Absalon, Absalons ! décida de livrer un opus sur les courses d'aviations, théâtres de héros modernes. Lui-même pilote mais frustré de guerre, il dirige le roman comme une charge, vers qui, pourquoi ? Qui sait ?
Pylône est un roman difficile qui heurt longtemps le rythme que l'on croyait pouvoir tenir un livre en main, voilà aussi pourquoi c'est un livre essentiel pour le moins.