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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Beaucoup pensent que Faulkner a donné un grand coup dans le derrière ronflant de la littérature de son époque par son écriture cinglante, acerbe et tranchante, par sa forme déstructurée, délinéarisée, composée de manques, de zones d'ombre qui, quand ils sont éclairés et comblés, le sont bien après, le temps de laisser le lecteur dans l'incertitude et la perplexité ; et par la vérité et l'intensité de ses tragédies.
De ce fait, lire Faulkner est une véritable aventure, un véritable travail. On ne s'amuse pas lorsqu'on lit Faulkner. On s'interroge, on s'énerve, on s'irrite, mais au bout du compte on est bouleversé parce qu'on se laisse toujours prendre au piège de ses pathétiques récits, on se laisse toujours attendrir par ses personnages insignifiants, décalés, marginaux, et idiots qui choisissent toujours le mauvais chemin, celui qui les amènera vers le précipice.
"Pylône" , écrit en 1934, fait partie des grandes oeuvres de Faulkner, récit du passage d'aviateurs saltimbanques et acrobates dans une ville ressemblant à la Nouvelle Orléans, venus célébrer l'inauguration du nouvel aéroport. La fête peut sembler belle, mais à y regarder de plus près, les guirlandes défraîchies et les confetti maculés de vomissures croupissants près des caniveaux nous montrent que les héros de ses réjouissances en sont aussi les victimes.
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Je trouve que le huitième roman de Faulkner est fascinant. Au moment de rédiger ceci, je vais vers la préface que j'avais éludée, pour y lire que, parmi tous les livres de l'Américain, Roger Grenier demeura lui aussi attaché à "Pylône". le sujet profond en est peut-être justement la fascination. D'abord celle d'un pauvre type reporter, dont on ne saura jamais le nom, qui va se mêler et s'attacher à une équipe de courses d'avions. Il est attiré par ces casse-cous ambulants, admire les machines, s'éprend de la femme à la tignasse couleur de maïs qui les accompagne: "Vêtus de cuir, ils ont plus de vitalité, plus de séduction dionysiaque, plus d'intensité sexuelle - leur avion étant déjà par lui-même un symbole sexuel - que le commun des mortels." [Roger Grenier].

Ces saltimbanques ("barnstormers") sont des marginaux que Faulkner a décrits dans un entretien ["Faulkner à l'université" (p 48-49)] : "Cette époque de petits avions fous qui se lançaient à travers tout le pays, ces gens qui ne demandaient que juste assez d'argent pour vivre et gagner la ville suivante pour voler de nouveau ; [...]. Ils étaient aussi éphémères que le papillon né du matin même, sans estomac, et qui mourra demain."
Quel beau sujet pour une histoire !
[...].
[Article complet sur le blog]
Lien : https://christianwery.blogsp..
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Roger Shumann et Jack Holmes sont des déclassés, des marginaux saltimbanques, des prolétaires trompe-la-mort. Accompagnés de Laverne avec qui ils forment un nébuleux ménage à trois et de son fils Jack, dont on ne sait pas précisément lequel des deux est le véritable père, secondés d'un jeune mécano, Jiggs, ils sillonnent le sud des Etat-Unis, de meeting en meeting pour gagner de quoi vivre et joindre la prochaine étape. Ils misent leur vie, encore et encore, à se produire, véritables phénomènes de foire : Roger dans des courses aériennes autour de pylônes à bord de coucous, de zinc essoufflés qui ne lui appartiennent pas ; Jack en pratiquant des sauts en parachute, affublé d'un sac de farine pour rendre sa chute vertigineuse visible aux foules massées en contrebas et avides d'émotions faciles aux dépens de pauvres ères en quête de primes et de prix aux montants dérisoires. Un reporter paumé, étique et délabré les rencontre, qui partagera l'absurde de leur existence, comme hypnotisé, étourdit par les vapeurs d'alcool, menacé par les vertiges de l'inanition et rongé par l'insomnie. La prose de Faulkner étire le temps et le fragmente; le récit se déroule, énigmatique et curieux, s'étire et se déforme dans une mise au point progressive et retardée, pour se résolver finalement, comme de guerre lasse. Une oeuvre noire, curieuse et désespérée.
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Pylon
Traduction : R. N. Raimbault & G. L. Rousselet
Préface : Roger Grenier

ISBN : 9782070375318

Extraits
Personnages


"Pylône" est un roman déconcertant. Peut-être parce que, pour une fois, Faulkner abandonne le comté dont il s'affirmait avec panache le "seul propriétaire" et qu'il avait créé en se fondant sur ses souvenirs d'enfance dans le Mississippi, à savoir le comté de Yoknapatawpha. Pour autant, nous ne quittons pas le Sud des Etats-Unis car la ville de New-Valois n'est autre que La Nouvelle-Orleans. Mais si l'on excepte cette localisation, rien, dans "Pylon" ne se rattache aux grands mythes et traditions sudistes - ce qui explique pourquoi son auteur le tenait pour "anti-faulknerien". William Faulkner, qui s'inventa sans vergogne un glorieux passé de pilote de guerre alors qu'il ne fut - et pour cause, la Grande guerre s'acheva quelques mois avant que lui-même eût terminé sa formation - jamais envoyé au front, rend ici hommage aux pilotes professionnels, aux "fous volants" à une époque où, rappelons-le, l'aviation était encore une activité des plus dangereuses. Rappelons aussi au passage que, avec les droits d'auteur qu'il reçut pour "Sanctuaire", Faulkner, en qui on retrouve beaucoup du jeune Bayard Sartoris et de sa passion de la vitesse, s'offrit un petit avion qu'il donna ensuite à son frère Dean. Or, celui-ci devait y trouver la mort l'année même de la parution de "Pylône", en 1935.

L'intrigue est pour ainsi dire minimaliste même si, comme d'habitude chez Faulkner, le lecteur retrouve ce style incomparable, que la traduction ne peut entamer et qui se perd si souvent dans un véritable labyrinthe de phrases qui se croisent, s'entrecroisent et sinuent à travers tout le texte, un peu à la façon d'un Proust qui aurait lu Joyce. Un journaliste - dont on ne saura jamais le nom, nom qui semble pourtant assez connu toutes les fois qu'il le révèle mais jamais au lecteur, hélas ! toujours à tel ou tel personnage qui, à son tour, ne le reprend pas, se contentant de s'étonner - se rend à une manifestation aéronautique. Là, il tombe sur un trio qui le fascine d'emblée : Roger Shumann, pilote aussi habile que téméraire, son épouse, Laverne, mécanicienne et parachutiste quand il le faut, et Jack Holmes, un parachutiste professionnel. Etrange triangle amoureux (ou simplement sexuel ?), presque toujours sur les nerfs, qui prend cependant grand soin de l'enfant que Laverne a eu officiellement de Shumann même si, en réalité - on ne le saura qu'à la toute fin du livre - Holmes en est le vrai père.

C'est cette histoire pour le moins embrouillée et assez glauque, qui en choque plus d'un dans le milieu pourtant assez libre où évolue le trio, que Jiggs, mécanicien qui travaille avec le trio, raconte au journaliste, déjà largement sous le charme de Laverne et de ses deux chevaliers servants. le coup de foudre ressenti par le journaliste s'applique aussi bien à l'ambiguïté sexuelle de l'affaire qu'à cet ensemble en apparence si parfait, si fluide, si étranger à sa propre condition personnelle que forment le trio, l'enfant, le mécanicien alcoolique et le mode de vie à risques qu'ils semblent avoir choisi sans aucune hésitation. Il se lie avec eux ou disons qu'il s'impose à eux et va leur permettre, après un accident qui les prive de leur vieux coucou, de se procurer un autre avion, de façon à ce que Shumann puisse concourir une nouvelle fois et remporter un prix substantiel qui permettra au trio - et à leur enfant - de vivre jusqu'au prochain meeting sans problème financier.

On s'en doutait depuis le début, le Destin en décidera tout autrement.

Livre tragique une fois encore, "Pylône" raconte l'errance complètement folle et abondamment alcoolisée - le journaliste sans nom et Jiggs sont des ivrognes invétérés - de quelques personnages résolument marginaux, pour qui l'existence ne se conçoit pas sans qu'ils puissent la vivre comme ils l'entendent. Tous, sans exception, ont ce grain de folie, cette obsession fatale qui accablent les héros faulkneriens. le thème de l'homosexualité latente, inhérent à un monde qui s'affiche comme strictement viril, et qui perce par ailleurs chez des personnages comme le Joe Christmas de "Lumière d'Août" ou encore dans la relation entre Charles Bon et le fils Sutpen d'"Absalon ! Absalon !", affleure avec plus ou moins de netteté, uni à cette vision souvent trop négative que Faulkner avait de la Femme. Esquissée d'un trait plus fantastique que réaliste, et pourtant très présente, la ville de New-Valois prête à l'histoire la moiteur paresseuse de ses nuits tièdes où, parmi les senteurs des magnolias, déambulent, se poursuivent et se déchirent nos personnages, plongés dans une quête mal définie et qui n'est sans doute que celle de ce qu'ils sont vraiment. de temps à autre, les avions ronflent, s'élèvent, atterrissent mais aussi s'écrasent ... La vie, on le sait bien, ne fait pas de cadeaux. Surtout pas chez Faulkner.

Un roman assez court, ramassé et puissant. Une oeuvre peut-être mineure diront certains mais alors mineure comme le sont ces textes sur lesquels l'écrivain, quel qu'il soit, se repose, au sein d'un vaste cycle, avant de plonger à nouveau dans sa "grande oeuvre." "Pylône" fut, dit-on, d'ailleurs conçu alors que son auteur se trouvait en panne d'inspiration pour "Absalon ! Absalon !" Et précisons aussi, à tous les traumatisés du "Bruit et la Fureur", que le style de "Pylône", malgré certaines déviances aussi poétiques que fortement éthyliques, respecte pour une fois la linéarité du récit. Nous espérons que cela les encouragera à persévérer dans leur découverte de celui qui fut, peut-être, le plus grand écrivain américain du XXème siècle. ;o)
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J'avais découvert Faulkner sur le tard par Franck Bouisse qui le citait dans des interviews, y faisait référence dans ses livres dont certains témoignent de son influence. En toute logique, j'aurais du commencer par lire le maître plutôt que son disciple.

Faulkner est une machinerie infernale, un produit addictif. On se dit qu'on lit quelques lignes et on se retrouve a avoir englouti 100 pages, le cerveau happé dans un univers à la représentation cinématographique où les personnages s'animent de manière organique et témoigne de la part de l'auteur d'une immense empathie pour les gens.

Ici, un pilote d'avion, un parachutiste, une femme libre, un enfant et un mécano alcoolique vivotent grâce à des meetings aériens itinérants sous la surveillance d'un étrange reporter. Certaines lignes sont d'une longueur inhabituelle, segmentées par des virgules pour, semble-t-il, faire voir au lecteur d'un coup d'oeil la scène et l'action. Bien que l'action soit très peu présente, l'histoire est construite principalement sur la fascination morbide des trompe-la-mort, les échanges entre les personnages; les avions, les repas et l'argent.

L'intrigue repose sur l'interrogation concernant la réputation de la femme et l'obsession du reporter. Il faudra attendre le drame qu'on prévoit et les toutes dernières pages du livre pour en savoir un peu plus sur le trio, pendant ce temps le lecteur aura été partiellement transformé en voyeur parce que "[...] si jamais on supprimait la fornication et le sang, où diable serions nous tous ?". Un hymne à l'émancipation et à la liberté.
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J'ai eu unesensation étrange à la lecture de ce livre, car je l'avais en fait déjà lu il y a très longtemps, mais j'avais complètement oublié de l'avoir fait. Cela dit au début du premier paragraphe tout est revenu, simplement d'une certaine façon je n'associais pas ça à Faulkner.

Il s'agit d'un des récits faulknérien racontant des histoires d'aviateurs, de ces passionnés survivants d'exhibitions et de compétitions, en permanence nomades, jamais sûrs d'avoir le lendemain un endroit où dormir et quoi manger, mais incapables de faire autre chose malgré le risque de pas revenir vivant de chaque vol.

Dans Pylône, la route d'un reporter croise la route d'un groupe de ces pilotes: deux hommes et une femme, ainsi qu'un enfant (lequel de deux hommes en est le père ?) et d'un mécanicien.

Il s'agit d'un récit sans doute plus court et plus facile à suivre que certains de grands romans faulknérien. C'est néanmoins un livre attachant, plein de personnages touchants et forts, cela peut être une façon intéressante de découvrir l'auteur.
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PYLÔNE de WILLIAM FAULKNER
C'est l'histoire d'une fascination d'un journaliste ( dont on ne connaîtra jamais le nom) pour un pilote, un parachutiste et une femme qui vivent ensemble avec un petit garçon. On ne sait duquel des deux est l'enfant mais le trio semble heureux. le journaliste va s'attacher à l'enfant, suivre des meetings aériens, les aider à sa mesure, en espérant que les gains engrangés, s'ils gagnent, leur permettent d'aller plus loin, jusqu'à la prochaine compétition. Mais le destin, surtout avec Faulkner au scénario est rarement coopératif.
Roman étrange, écrit lors d'une panne d'inspiration au milieu de la rédaction d' Absalon Absalon, aux relents fortement alcoolisés, qui se passe dans un milieu dont Faulkner a toujours rêvé, l'aviation. Rêvé uniquement puisqu'il ne pourra participer à la guerre comme aviateur et que l'avion qu'il achètera plus tard sera la cause de la mort de son frère.
Il n'est que rarement considéré dans ses romans « majeurs » mais c'est un Faulkner de plus qui m'a emporté par sa puissance.
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