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sur 671 notes
« Il faut imaginer un quinquagénaire déçu de l'être si tôt et si fort » c'est parce cette phrase que commence ce petit bouquin, surprenant.

Shimura est un homme de 56 ans qui vit seul dans son petite maison de Nagasaki. Il traverse chaque jour la ville en tramway pour se rendre sur son lieu de travail. Il ne fréquente jamais ses collègues en dehors des heures de bureau pas plus qu'il ne les accompagne le soir pour vider quelques verres avec eux. Sa vie est rangée, ordonnée.

À tel point, qu'il a l'impression depuis quelques temps, que quelqu'un se sert dans son réfrigérateur. Alors il note dans un carnet un certain nombre de données réelles comme la hauteur de jus qu'il reste dans le pack en carton, ou le nombre de yaourts en stock. Toujours est-il que quelqu'un semble se servir. Même avec parcimonie cela énerve ce vieux garçon.

Alors il installe une webcam chez lui pour surveiller sa pièce à vivre depuis son bureau, et, oh phénomène extraordinaire, il découvre en milieu de journée, une femme dans sa cuisine. Aussitôt, il appelle le commissariat pour intervenir chez lui.

La femme que la police interpelle et met en prison vit chez lui depuis plus d'un an. « Elle vivait chez vous depuis l'automne dernier. Et si, pendant longtemps, vous n'avez rien remarqué, c'est qu'elle avait élevé la discrétion au rang d'art de la survie. Peu à peu, pourtant, elle a dû se sentir en confiance et a pris ses aises. Vous l'aviez remarqué, elle prélevait de temps à autre un aliment dans la cuisine, pensant que, comme tout le reste, cela passerait inaperçu. »

C'est ce que lui raconte la police. Cette femme de 58 ans après avoir perçu ses indemnités de chômage pendant deux ans, n'a pas retrouvé de travail et a quitté son appartement. Vivre dehors à Nagasaki, en été, est agréable mais dès l'automne elle se mit en quête de trouver une solution. Remarquant, le départ d'un vieux garçon qu'elle identifia comme tel, elle pénétra d'abord chez lui pour se reposer, puis y resta. En fait elle s'installa dans une partie de la maison qu'il n'habitait pas. Cette pièce qui servait à accueillir la famille de Shimura, qui ne venait que très rarement, elle en prit possession, s'installa dans le placard la nuit et sortant de son antre la journée.

Elle apprit tout de lui, d'abord en le regardant vivre, puis en fouillant dans ses affaires pendant son absence.

Trois mois après son arrestation : c'est le procès elle risque une lourde peine de prison et une amende de 500 000 yens (environ 5 000 euros). Ils seront présents au tribunal tous les deux mais ne se croiseront pas leur regard. Shimura ne l'accablera pas lorsqu'il témoignera, reconnaissant qu'elle n'a pas fait de dégâts et que les quelques yaourts qu'elle a subtilisés sont sans importance mais il confie au juge dans cet appartement « Je n'arrive plus à me sentir chez moi. »

Elle n'écopera que de cinq mois de prison ferme, sans amende. Elle tentera d'entrer en contact avec Shimura pour s'expliquer, mais sa maison est en vente.

« On dit de certaines tortues que mer qu'elles reviennent mourir sur la plage où elles sont nées. On dit des saumons qu'ils quittent la mer et remontent pour frayer dans la rivière où ils ont grandi. le vivant est gouverné par de tels protocoles. »

La couverture :

« Clandestine depuis un an. Il s'étonnait de voir des aliments disparaître de sa cuisine : un quinquagénaire célibataire des quartiers sud a installé une caméra et constaté qu'une inconnue déambulait chez lui en son absence. »

Un simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki.

Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d'objets.

Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C'est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n'a pas d'odeur, sauf celle de l'ordre et de la mesure.

Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l'imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s'est produit.

Devant l'écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l'intruse. Il y a bien quelqu'un chez lui. Il a vu son profil. Il l'observe. Il attend d'être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la police. L'invitée est embarquée et mise en cellule.

On apprendra par les agents en charge de l'enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On lira qu'elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l'après-midi et l'odeur des draps propres dans l'armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l'abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu'être là, sans déranger. Elle aussi était seule.

On apprendra bien d'autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.

L'auteur :

Eric Faye a publié chez Stock Croisière en mer des pluies (1999), Les cendres de mon avenir (2001), La durée d'une vie sans toi (2001), Mes trains de nuit (2005), le syndicat des pauvres types (2006), L'homme sans empreintes (2008) et Nous aurons toujours Paris (2009).

Pour Nagasaki (2010) le grand pris de l'Académie Française lui a été décerné.

Mon avis :

Un opus de 107 pages qui se lit sans respirer et qui ouvre la porte à quelques interrogations. Eric Faye pose ici la question de la solitude ou encore comment on peut la vivre à deux. Quand deux personnages du même âge, avec un façon de vivre différente, trouvent le moyen de ne pas se rencontrer en vivant sous le même toît.

Un livre à lire, sans aucun doute, écrit tout en finesse.
Lien : http://hisvelles.wordpress.c..
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Inspiré d'une histoire vraie , NAGASAKI nous dévoile la vie d'un quinqua célibatiare chez qui un ombre s'est installée.
Superbement écrit , facile et rapidement lu ; tant il nous tarde de savoir jusqu'où ? comment ? pourquoi ?
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L'auteur s'est inspiré d'un fait divers qui a eu lieu au Japon en 2008. Un homme s'aperçoit en rentrant du bureau que le pot de yaourt qu'il avait laissé en haut de son réfrigérateur a disparu. Une invisible présence occupe son appartement lorsqu'il s'absente. Pour tenter de la piéger, il installe une webcam…
J'ai tout de même été un peu déçue par la fin de l'histoire, on en attends un peu plus, on reste sur sa faim.
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A lire, tout simplement le lire sans ce faire d'idée préconçue.
C'est une histoire rapide mais si réaliste que cela pourrait bien ce passer chez vous......

Je l'ai lu un jour où je n'avais plus rien de "pressé" à lire et je l'ai dévorer.


bonne lecture
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Très court et joli roman mais à ne pas lire si on a déjà le spleen en soi. C'est d'une tristesse terrible cette histoire d'homme si seul qui côtoie tout en l'ignorant une femme qui squatte son domicile. Cet événement qui aurait pu le sortir de sa torpeur va au contraire l'isoler encore plus car comme il le dit lors du procès : « Je n'arrive plus à me sentir chez moi ».
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Shimura-san est météorologue et vit seul dans sa maison à Nagasaki. Sa vie est sans surprise et routinière. Jusqu'au jour où il s'aperçoit que de la nourriture disparaît chez lui. Intrigué puis inquiet, il installe une webcame afin d'observer son domicile de son travail. Il aperçoit alors une silhouette féminine qui déambule dans sa cuisine. Après une hésitation, il appelle la police et fait interpeler l'intruse.
Tiré d'un fait divers authentique, Eric Faye rend parfaitement compte des questionnements que soulève la situation au météorologue : pourquoi cette femme, pourquoi chez lui ? Quand Shimura-san apprend que cette femme vit chez lui à son insu depuis plus d'un an, il se sent dépossédé de son domicile, de son intimité et en même temps il s'interroge sur la femme : quelles sont ses intentions ? Elle aurait pu être néfaste envers lui, elle ne l'a pas été : pourquoi ? Quelle est son histoire ? Et finalement, pourquoi a-t-il appelé la police ?
La voix de la femme fournit quelques explications à la toute fin de ce court roman. Et finalement, on regrette presque que si peu de place soit laissée à son récit. Car malgré son errance et son dénuement matériel, son histoire semble bien plus intéressante que celle de Shimura-san.
Grand prix du roman de l'Académie française 2010.
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Shimura-san vit seul à Nagasaki. C'est un homme très ordonné qui tient une maison propre où tout est à sa place. Tous les matins, il part travailler à la station météorologique de la ville et rentre chaque soir dans sa grande maison silencieuse désertée par son fils qui restreint ses visites à une par an.
Mais depuis quelque temps, Shimura-san a l'impression que des objets sont déplacés, que de la nourriture disparait. Peu à peu, il devient obsédé par cette idée et décide d'installer une webcam qu'il pourra surveiller de son travail. Quand il y découvre une silhouette qui se déplace chez lui, son quotidien bascule.

Difficile de ne pas tout vous dévoiler de ce très court roman...
Shimamura va découvrir qu'une femme vivait chez lui à son insu et sa vie va en être totalement perturbée. assimilant cette intrusion à un viol, le narrateur n'arrive plus à se sentir chez lui et se sent complètement dépossédé.

" J'étais ébranlé. L'intérieur de mon frigo était en quelque sorte la matrice sans cesse recommencée de mon avenir : là m'attendaient les molécules qui me donneraient de l'énergie dans les jours suivants, sous la forme d'aubergines ou de jus de mangue, et que sais-je encore. Mes microbes, mes toxines et mes protéines de demain patientaient dans cette antichambre froide et l'idée qu'une main étrangère attentait à celui que je deviendrais, par des prélèvements aléatoires me troublait au plus profond. Pire : celà me révulsait. C'était ni plus ni moins une sorte de viol. "

Plus loin, c'est la parole de l'intruse (qui ne sera jamais nommée) que nous aurons loisir d'écouter. Nous découvrirons pourquoi elle est là, comment elle a pénétré et vécu de nombreux mois en clandestine, cachée dans un placard. Elle aussi a connu une certaine dépossession de son chez-soi.

"Nagasaki" est le récit de 2 solitudes qui se sont croisées sans vraiment se reconnaitre. Shimura-San est ambivalent envers la squatteuse : rejetant sa présence qui le rend étranger à sa propre maison, il eprouve malgré tout une certaine culpabilité d'avoir conduit cette femme dans un procès pour quelques denrées volées. de son côté, la clandestine s'est coulé dans le quotidien du météorologue, découvrant quelle est sa vie, ses manies, ce qu'il aime, etc... Bref, telle une vraie compagne, elle connait tout de lui.

Eric Faye a su faire preuve ici de concision. Il est allé à l'essentiel et nous offre un texte sobre où pas un mot n'est de trop, où on ne trouve aucune fioriture stylistique. le texte n'en est pas pour autant pauvre et fermé sur lui-même.

Inspirée d'une histoire vraie, voici une histoire singulière qui nous pousse à réfélchir sur ce qui fait notre identité et celle de l'Autre. Nous pensons nous connaitre ainsi que les lieux que nous habitons ou fréquentons. Un intrus vient le bouleverser et voilà tout notre rapport au monde transfiguré. Nous pensons être les propriétaires des choses mais notre possession n'est que passagère. D'autres viendront après nous.
Sera également évoquée la question de l'humain et de la société individualiste qui délaisse certains de ses membres, jusqu'à les oublier. Devenus invisibles au yeux des autres, ces exclus finissent par se fondre avec les lieux qu'ils habitent.

" Que signifie encore ce nous qui revient à tire-larigot dans les conversations ? le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme."

Mon seul bémol : un léger sentiment d'inabouti, parfaitement voulu par l'auteur, mais qui me laisse quelque peu sur ma faim. le roman se termine par une lettre de l'intruse. J'aurais tant voulu lire une réaction ou une réponse à ce courrier...

" Je n'apporte aucune résolution, comme peuvent le faire des auteurs de romans policiers. Je réhabilite le mystère. " Eric Faye

Lien : http://legrenierdechoco.over..
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J'aime bien les histoires tirées de fait divers, ça produit sur moi un effet qui frôle la remise en question sur le sujet abordé...
Hors là, je me suis retrouvée face à plusieurs thématiques compliquées...
La solitude, le monde du travail, la chute sociale, l'influence de l'enfance...
Autant de sujets qui résonnent quelque part en moi !
Lien : http://www.anatole-mydoglife..
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Cette histoire est basée sur un fait divers réel. Un homme vivant à Nagasaki et ayant une vie très rangée, a l'impression que quelqu'un boit son jus d'orange et mange ses yaourts... sans pour autant qu'il n'y ait d'autres signes d'intrusion. A l'aide d'une webcam il découvre qu'une femme vit chez lui ...depuis un an.

Ce constat le perturbe beaucoup et il se pose beaucoup de questions sur sa vie...

Plus tard on entend la voix de la femme alors qu'elle est en prison, elle apporte un autre point de vue.

Ce roman court est très agréable à lire. L'auteur a vraiment bien su rendre l'ambiance japonaise, avec un style qui donne une atmosphère assez lente, pleine d'introspection. Seul bémol, je suis un peu restée sur ma faim, j'aurai voulu en savoir plus sur les deux protagonistes...


Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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Petit roman très vite lu au style sobre et concis. Tiré d'un fait divers japonais, cette histoire vient d'obtenir le Grand Prix du roman De l'Académie Française 2010.

Lien : http://livresmanue.blogspot...
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