Je me rappelle encore des mots d'
Estelle Faye lorsque je l'avais rencontrée : "j'espère que ça vous plaira". Et bien oui, ça m'a même beaucoup plu !
Je qualifierais Porcelaine de conte, car il se lit comme tel. Un conte divisé en 3 parties bien distinctes mais suivant un fil conducteur qui s'étend sur des milliers d'années. Je ne vais pas m'étendre sur les personnages peuplant le livre, je vais essayer de faire au plus simple.
Pour moi, ce conte oscille entre la fantasy et le merveilleux. Il décrit une Chine médiévale dépaysante, faite de magie et de légendes, évoluant ou régressant à travers les époques. Estelle décrit très bien le quotidien et les coutumes du peuple chinois, sa description du pays lui-même a d'ailleurs des allures historiques. À ce propos, comme des termes propres au pays sont évidemment utilisés, je trouve qu'un lexique aurait été appréciable, car je n'avais pas forcément saisi dans l'instant ce que certains termes signifient, même si par la suite ils peuvent se deviner.
Au début, la première partie ne m'a pas clairement happé, bien qu'intéressante. La suite s'est par contre avérée plus trépidante, notamment la 2ème partie, qui est ma préférée. Les personnages, comme l'histoire, évoluent au fil des siècles, avec tout ce que cela comporte. Ils sont à la fois attachants, intrigants et touchants. Chacun a une personnalité propre. le fait que l'histoire aborde le thème du théâtre m'a beaucoup touché. Je me suis retrouvé dans la troupe que forme les personnages. Les voyages, les joies et les déboires de ces derniers sont décrits avec précision, poésie et nostalgie. Malgré le fait qu'Estelle brosse le portrait d'une Chine éternelle, les personnages sont victimes du temps et du destin, sans oublier la malédiction qui pèse sur quelques-uns d'entre eux.
Cette histoire a une forte personnalité. Elle est à la fois magique, mélancolique, tragique. Les personnages, en même temps que le lecteur, tirent les leçons de la vie et du temps qui passe. On peut vivre une longue vie, faite d'une multitude d'expériences, elle n'en demeure pas moins triste sous certains aspects, car la société évolue selon les envies de l'homme, et ce dernier a tendance a vouloir imposer sa loi quelles que soient les conséquences. Au-delà du système qui évolue au gré des siècles, ce conte est avant tout une histoire d'amour, de haine, de jalousie, et même de nostalgie. Si certains événements semblent survenir avec une certaine soudaineté, les personnages, à travers leurs interactions, font en sorte qu'ils soient compris.
Si j'ai trouvé qu'il y avait des petites longueurs dans la dernière partie, ça n'enlève en rien l'intérêt de l'histoire, car très joliment racontée par Estelle, dont l'écriture est saisissante de beauté, toute en poésie et simplicité. Il y a de belles leçons à tirer de cette très belle histoire, aux allures d'éternité, tant au niveau du monde décrit que dans les relations entre les personnages, touchantes et crédibles.
Porcelaine me fait finalement légèrement pensé à cette oeuvre absolument sublime qu'est La Belle et la Bête (pour le côté humain), car cherchant la beauté de l'être à travers ce qui est considéré comme monstrueux, alors que ce n'est qu'un masque, une facette.
Ce conte, à la manière de ces fabuleuses légendes asiatiques, mérite d'être lu.
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