Lorsqu'une autre lectrice du Comité de Lecture Cultura nous a parlé de Malgré tout ma rage, j'ai tout de suite eu envie de le découvrir, d'autant plus lorsqu'elle nous a dit à quel point le roman de
Jérémy Fel lui avait plu.
Aujourd'hui, après l'avoir à mon tour dévoré, je peux vous dire que vous n'êtes pas prêts pour cette lecture ! Clairement pas. Après un prologue insoutenable, qui m'a un peu refroidie,
Jeremy Fel nous entraine aux confins de l'esprit humain, nous plongeant, tour à tour, dans la tête de plusieurs personnages, membres de la même famille, amie ou encore chargé d'enquête. Nous confrontant à la noirceur, à la perversion, à la violence tout comme à la naïveté.
Le roman se découpe en grandes parties, chacune dédiée à l'un des personnages. Il retrace la chronologie des faits, détaillant le périple des quatre amies, puis, l'impact de la disparition de l'une d'entre elles sur tous.
La première partie, axée sur Chloé, l'une des jeune-filles, est plutôt gentillette, malgré le contexte violent de l'Afrique du sud. Faisant office de guide touristique, insistant sur l'importance des réseaux sociaux et d'habitudes, parfois futiles, dans la vie d'adolescentes; grand contraste avec la réalité du pays. Elle nous révèle le visage d'adolescentes aux personnalités différentes, qui nous touchent plus ou moins; et, nous laisse espérer que la victime ne sera pas celle qui nous émeut le plus.
Très vite, nous basculons dans des vies beaucoup plus tourmentées, nous sommes confrontés à la corruption, à l'impunité, au mensonge, aux addictions et à tout un tas d'autres sujets effrayants.
L'écriture est extrêmement prenante, addictive. Dès qu'on le referme, le roman continue de nous hanter, nous poussant à le rouvrir pour savoir. Pour comprendre. Pour éteindre la rage qui nous étreint alors que nous découvrons l'impensable. Alors que nous plongeons toujours plus dans l'indicible.
Il n'y a aucun dialogue dans
Malgré toute ma rage; je m'en suis aperçue, un peu surprise, alors que je réfléchissais à l'intrigue entre deux moments de lecture, alors que je tentais de deviner pourquoi l'un des personnages avait agit comme il l'a fait, alors que je redoutais d'entamer la dernière partie, celle qui clôture de manière magistrale cette apologie du mal, celle qui, malgré moi, est arrivée à me faire changer d'avis sur ce personnage qui me semblait être l'incarnation du mal. Il n'y a aucun dialogue et pourtant ça ne m'a aucunement dérangée. Au contraire, je crois que cela donne encore plus de rythme à l'écriture, encore plus de poids à ces pensées qui nous sont livrées.
"Ce n'est pas un conte de fée." C'est ce que m'a dit la lectrice qui m'a donné envie de découvrir
Malgré toute ma rage, lorsque je lui ai avoué que j'avais eu beaucoup de mal à lire le prologue, à quel point il m'avait semblé dur. En effet, ce n'est définitivement pas un conte de fée et le méchant de l'histoire n'est pas forcément celui que désigne les apparences. Qui sait ce qu'elles peuvent cacher ces apparences, quelles blessures, quelles pulsions, quelles horreurs.
Ce livre est aussi magistral qu'il est noir. Par sa construction il surprend le lecteur jusqu'au bout et ébranle les certitudes d'un esprit parfois prompt à juger au premier regard.
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