Le pays ne fonctionne qu'avec des circulaires, c'est pour cela qu'il tourne en rond.
(à propos des islamistes)
Ils devraient s'en remettre à la justice divine. S'ils nous jugent avec leur esprit d'humains, ils risquent de condamner des innocents. Ils commettent une hérésie à vouloir se mettre à la place de Dieu !
Mon nom est Zakaria, j'ai cinquante ans et je suis écrivain. Ecrivain dans un pays où ne sont éditées que des oeuvres asexuées, gommées de toutes les aspérités caractérisant la pensée individuelle.
Aziz n'a pas eu de relations sexuelles depuis sa première masturbation. Il découvre pour la première fois qu'il peut lui aussi remonter au VII° siècle sans devoir inventer une machine à remonter le temps.
Vous n'avez droit à rien, monsieur ! Nous sommes sous le régime de l'Etat de Siège. Des dizaines de cadavres dans des cercueils plombés arrivent ici tous les jours. Dans le cadre des enquêtes liées à ces assassinats, le ministère de la Défense nous interdit par circulaires de montrer ces corps, souvent mutilés à un tel point que nul ne peut en supporter la vue.
Cette seconde vie, nocturne, remet les compteurs à zéro et nettoie les cerveaux des tourments et pressions de la veille. En dispersant sa sève bienfaitrice, la plomberie redonne aux pauvres créatures laminées par la désespérance le goût de croire de nouveau aux choses. Subitement, des actions aussi banales que rire, boire un café, fumer une cigarette, aimer, raconter une histoire, redeviennent des gestes fondamentaux, des rites magiques participant à la reconstruction de l'espoir et au ressourcement des désirs. Des êtres aussi dissemblables qu'un philosophe francophile, un stalinien, un ancien combattant, une vieille femme juive, un inventeur, un imam orthodoxe, un handicapé moteur, un marchand de légumes, un ex-émigré, un inspecteur de police, un islamiste pur et dur, un chauffeur de taxi ou une prostituée clandestine, s'assoient autour d'un thé, rient en débattant de tout et de rien comme s'ils étaient des caravaniers faisant halte dans une lointaine oasis afin d'échanger du sel et des nouvelles.
Einstein a dit qu'il était plus facile de briser un atome qu'un préjugé.
Si je n'ai pas profité de la vie, comment veux-tu que la mort me respecte? Je veux me présenter à elle la tête haute. J'aimerais faire quelque chose de cette vie dont Dieu m'a fait cadeau. Je ne veux pas arriver les mains vides devant le Très-Haut.
Cette fois, mon vieux, c'est la fin. Ils sont venus pour toi. Les cavaliers de l'apocalypse, pas le genre petits cons qui tirent au hasard et prennent la fuite. Quatre professionnels armés jusqu'aux dents. Ils videront leurs chargeurs sur ta carcasse en gardant leur sang-froid. Leur chef sourira même en crachant sur ton cadavre encore tout chaud.
- Et M. Saïd, où est-il ? vous ne l'avez pas laissé s'approcher, j'espère ?
M. Saïd sème la panique à cause de son odeur fétide.
(…)
A la station de taxis, même les clients qui attendent depuis longtemps sont frappés d'un accès de charité chrétienne en terre musulmane et cèdent leur place lorsque arrive M. Saïd.