Premier point pour cette intégrale : ces cinq soeurs. On apprend à les connaître au fil des histoires (car les romans, même s'ils portent le nom d'une des filles Verdelaine, ne se focalise pas uniquement sur le personnage éponyme), leur caractère, leurs goûts, leurs petits secrets, etc. Et on se découvre des points communs avec toutes.
Pleine d'innocence, Enid est toute mignonne avec ses animaux et son ami, le Gnome de la chasse d'eau, avec qui elle a parfois de longues conversations. Je me suis sentie très proche d'Hortense avec sa timidité, ses livres, ses carnets. Charlie est vraiment cool, elle gère tout, elle assure vraiment avec ses soeurs. Charlie se sacrifie complètement pour elles.
Bettina… Elle est tellement pimbêche qu'elle m'insupportait au début. Et finalement… je l'aime bien. Parce que c'est un personnage qui a beaucoup de défauts, mais aussi des qualités qui la rendent vraiment attachante : elle dit, elle fait des choses pour correspondre à l'image qu'elle veut que les autres aient d'elle, pour assurer auprès des amies et des copains. Elle ne réfléchit pas et le regrette plus tard. D'ailleurs, elle change beaucoup à la fin du second tome, elle est plus mature par la suite.
Finalement, celle à laquelle je me suis le moins attachée, c'est Geneviève que j'ai trouvé plus effacée que les quatre autres, même si elle gagne en importance dans le dernier tome.
Second point : si les soeurs sont géniales, tous les personnages secondaires sont tout aussi irrésistibles. Toujours bien travaillés, la plupart sont très attachants, d'autres franchement hilarants comme l'inénarrable tante Lucrèce, avec son swamp-terrier Delmer, son crooner Engelbert Humperdinck et ses malheurs insurmontables.
Basile est tellement gentil, tellement amoureux de Charlie, mais aussi de la maison et des quatre autres filles qu'on ne peut pas ne pas l'aimer.
J'ai également adoré la description du monstre de la maison : Mycroft le rat, décrit comme un bandit qui ne ressent aucune peur.
Et puis, il y a Lucie et Fred Verdelaine, les parents. Ils ont beau être morts, ils sont toujours là, apparaissant sporadiquement aux yeux de leurs filles, toujours dans des tenues extravagantes. Leurs apparitions apportent à la fois un peu de joie aux filles, mais aussi un peu d'amertume.
Troisième point : la maison me fait rêver ! Cette vieille bâtisse biscornue, ce manoir immense et grinçant de partout, juchée en haut d'une falaise au bord de l'océan Atlantique. Je l'entendais craquer lorsque le vent soufflait, je me blottissais le lit clos de Geneviève, j'encourageais Charlie lorsqu'elle se battait contre la chaudière, une vieille dame susceptible qui n'en fait qu'à sa tête, je me promenais dans son grand parc. Non, il n'y a pas à dire, c'est un endroit parfait pour les aventures d'une petite tribu.
Quatrième point : l'histoire. J'adore ces romans qui mettent en avant les relations entre soeurs (comme un autre roman lu récemment :
Zelda la rouge de
Martine Pouchain). Entre elles, il y a énormément de tendresse, de rires et de soutien. Des colères et des disputes aussi, ce qui est normal entre soeurs.
J'ai été totalement embarquée par ces quatre romans qui mêlent le quotidien où tout n'est pas toujours facile (entre la tenue parfois anarchique de la maison, le manque d'argent, les soeurs et les animaux à surveiller, etc.) et une fantaisie complètement folle.
Malika Ferdjoukh aborde plein de sujets : le rire et la tristesse, l'amour et l'amitié, la maladie, la perte et l'espoir… C'est toujours très fin, très juste et jamais plombant.
Cinquième et dernier point : la langue de
Malika Ferdjoukh. Quelle poésie ! Quel humour ! Les expressions rigolotes fleurissent à la Vill'Hervé, les dialogues sont vifs et les noms de famille complètement loufoques. le texte est énergique et la lecture n'en est que plus prenante.
Quand arrive la dernière page, on en redemande, on a envie de retrouver ces cinq soeurs, on rêve d'un cinquième tome intitulé Charlie.
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