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sur 1559 notes
Le Processus de Réorganisation nationale est le nom que s'est officiellement donné la dictature militaire argentine de 1976 à 1983. Elle a fait près de 30 000 « disparus » : citoyens arrêtés, gardés dans des centres de détention clandestins, torturés, et souvent jetés vivants depuis des avions. La torture n'épargnait ni les enfants, ni les femmes. Les femmes enceintes étaient exécutées après l'accouchement de leur enfant. Les bébés nés dans ces conditions ont été volés, attribués le plus souvent à des familles de militaires ou de policiers, ainsi qu'à des couples favorables au gouvernement. On estime à plus de 500 le nombre de ces bébés volés.

Rubén avait 15 ans en 1976, quand il a été arrêté avec sa soeur de 12 ans, et que sa geôle était mitoyenne à celle de son père, célèbre poète qui dérangeait le gouvernement en place. Il fait partie des rares « disparus » qui ont survécu à cet enfer. Aujourd'hui, il approche la cinquantaine et est détective privé : il consacre son temps à rechercher les disparus et bébés volés il y a maintenant plus de trente ans. Mais alors qu'il enquête, à la demande d'un ami journaliste, sur la disparition d'une photographe, fille d'un grand ponte de Buenos Aires, Rubén est sollicité par Jana pour enquêter sur le meurtre de son amie Luz. Les flics ne se sentant pas vraiment concernés par le meurtre d'un travesti qui se prostituait, Jana ne sait vers qui se tourner et c'est un peu par dépit qu'elle demande de l'aide à Rubén. L'affaire n'entrant pas dans ses compétences, il refuse d'abord, mais c'était parce qu'il ne savait pas encore que la disparition de Maria Victoria avait un lien avec ce meurtre sordide...

Rubén et Jana vont finalement s'associer, sans vraiment se rendre compte qu'ils remuent un peu trop la m**de et qu'ils dérangent un peu trop de monde. Il y a des secrets et des souvenirs qu'il ne fait pas bon remonter en surface...

Second roman que je lis de Caryl Férey, après « Paz ». Après la Colombie qu'il m'a dissuadée de visiter un jour, c'est au tour de l'Argentine. En s'inspirant de l'histoire du pays, l'auteur continue de décortiquer la noirceur humaine, dans ce qu'elle est capable d'accomplir de plus ignoble. Il ne nous ménage pas, d'autant que les événements sur lesquels il se base ont réellement eu lieu.

Meurtres, tortures, violences en tout genre et conspirations bercent notre lecture tout du long. le récit est plus que noir, avec des nuances rouge sang, et pourtant j'en étais accro.

Tout est dépeint comme il faut, pour qu'on y croit à fond : le contexte socio-politique, les mentalités, les lieux. Les protagonistes sont parfaitement travaillés : leurs personnalités et tempéraments se calquent sur leur vécu et les douleurs du passé toujours présentes. L'intrigue, aux multiples ramifications, est rondement menée et de plus en plus tendue, prend aux tripes également, et son dénouement arrive telle une délivrance qu'on n'espérait plus, tellement on ne peut qu'imaginer le pire.

Un roman pas tout rose – pas du tout même – mais ô combien addictif et bien écrit. La plume est tranchante, à l'image de ce qu'elle nous raconte, tout en étant poussée, sachant brosser au mieux les ressentis des personnages dans le feu de l'action, alors que la tension est à son comble.

Parfois, certaines répliques font sourire. Il y a un peu d'amour dans l'air également. Ce sont des petites bouffées d'oxygène, avant de retomber dans la noirceur. Faut admettre que ça fait du bien.

J'ai adoré ce roman, noir, tendu, violent, cruel, intense.
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Quand Paula contacte Jana pour retrouver Luz, qui a mystérieusement disparu, elles n'imaginent pas ce qui va finalement émerger...
Se basant sur une partie de l'histoire d'Argentine, Caryl FEREY fait ressurgir les dossiers des enfants disparus pendant la dictature en nous faisant découvrir "Les mères de la place de mai" qui se sont opposées pacifiquement au régime et qui se sont battues pour dénoncer les disparitions forcées et les opposants politiques. Ainsi, le détective Rubén CALDERON, lui même rescapé et défendant leur cause, se retrouve à enquêter sur la disparition d'une jeune femme. Son chemin croise celui de Jana, jeune Mapuche ayant fuit son peuple pour rejoindre Buenos Aires et exercer son art. A deux, ils remontent la trace de ses disparus, comptant bien leur rendre justice.
Bien que j'aime toujours autant découvrir une facette de l'histoire d'un nouveau pays, ici l'Argentine, j'ai trouvé les personnages moins profonds que lors de mes précédentes lectures, même si la violence et la noirceur font toujours parties des ces êtres brisés par la vie. J'ai eu du mal à suivre les personnages, n'arrivant pas à m'imprégner de l'environnement.
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C'est le premier livre de l'auteur que je lis et c'est plutôt une bonne surprise.
Tout d'abord, les éléments positifs : un contexte historique intéressant (dictature argentine de la deuxième moitité des années 70) avec des recherches assez poussées de la situation, une "héroine" mapuche (cela permet de connaitre un peu ces autochtones), un "héros" type chevelier blanc qui a survécu à la torture et la mort de son père et sa soeur.
A cela s'ajoute une visite dans les bas fonds de Buenos Aires, le delta du parana, les contreforts de la cordillère des Andes...avec un rythme rapide et plusieurs scènes d'action

Cependant, je trouve que même si la dictature a fait montre du pire de l'espèce humaine, certaines scènes sont assez extrêmes et les héros perdent de leur crédibilité. On ne se sent plus très proches d'eux vers la fin.

Donc infine, un bon livre mais avec des passages trop extrêmes
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Ah Caryl Ferey... Un auteur que j'ai découvert il y a quelques années, avec ce livre-ci, jyustement. Un style vraimennt très particulier. On ne ressort jamais vraiment indemne de la lecture des bouquins de Cary Ferey. Il nous fait tellement bien vivre la violence du monde. Ses histoires font partie des lectures indispensables pour ne pas s'imaginer qu'on vit au milieu des Bisounours.
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💫 Jana étudiante aux beaux-arts de Buenos Aires laisse ses émotions s'exprimer dans ses sculptures d'acier .Sans ressources elle se prostitue et rencontre Paula un jeune travesti.
La police retrouve un corps émasculé il s'agit de Luz un ami de Paula, l'enquête n'intéresse personne et les deux amis contactent un détective privé.
Rùben Calderon qui a perdu son père et sa soeur dans de tristes circonstances enquête sur la disparition de la fille d'un riche entrepreneur.
Son enquête sur les Abuelas et l'enquête menée en parallèle va révéler des similitudes.
💫 J'ai découvert la triste histoire de ce pays l'Argentine un pays traumatisé par la dictature et la crise financière du début des années deux mille qui l'amène à la banqueroute.
La population n'en sera que plus affectée, appauvrie règne la dictature suivie d'enlèvement d'assassinat et de barbarie humaine.
Je découvre aussi ce peuple Mapuche qui vit aux confins du Chili et de l'Argentine.Un peuple torturé massacré décimé par les colons blancs.
Même si certaines scènes sont vraiment déchirantes l'enquête est passionnante.
C'est un roman noir au thème politique et social très marqué,des peuples écorchés.




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De loin le meilleur ouvrage de Caryl Ferey que j'aie lu à ce jour. On est en plein dedans, dans l'Argentine qui se débat avec ses vieux démons, avec des traumatismes qu'on ne peut pas faire disparaître par décret, avec une histoire coloniale peu glorieuse (aucune ne l'est). Les deux personnages principaux ont de l'épaisseur, ils existent réellement - comme beaucoup, j'imagine, j'ai découvert l'existence du peuple Mapuche.
Il n'y a pas les défauts habituels de l'auteur (changer de personnage principal à tout bout de champ, changer de point de vue...).
Comme pour d'autres thrillers, le seul inconvénient de ce genre de - très bons - livres, c'est de nous donner l'impression de vivre dans un monde de violence, d'injustice et de lâcheté. On veut croire qu'il ne s'agit que de littérature...
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Quel plaisir cette première lecture de Caryl Férey.
Ça bastonne sec et violement. Deux âmes perdues en quête, se rencontrent dans une Argentine peuplée de fantômes des années de dictature. Elle, Jana, fuit l' histoire sacrificielle de son peuple Mapuche, lui, Rubén chasse le démon qui s'est emparé pendant les années 70 des différentes strates du pouvoir de son pays au prix d'une violence et d'une injustice toujours pas rétablie en ce début de nouveau millénaire. Et d' autres personnages à l'intérêt certain sillonnent ce roman.
Quelle immersion historique ! Quel suspens haletant, jusqu'au bout. Génial.
Où va t il chercher ça, Férey, lui qui qui a grandit pas loin de chez moi, cette noirceur du monde?
Chose sûr, je vais plonger de nouveau dans ces épopées policières toutes aussi effrénées je l espère.
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Après l'Afrique, ses townships dans «Zulu» et ses réserves animalières dans «Okavango», gorgés de malfaisants, l'Amérique du sud et Buenos Aires la grande corrompue américaine avec sa cour des miracles de deux millions de marmiteux.
Même faune de psychopathes qu'on retrouve aussi bien dans les barrios que dans les beaux quartiers ceux de la junte militaire. Un avantage du lieux de l'intrigue, la réputation de l'Argentine, ici la pourriture se trouve de partout, elle gangrène tout du «cartonero» au président et Buenos Aires exalte plus de miasmes mauvais que de bon vents.
Un contexte géopolitique bien détaillé, Férey nous fait un bon résumé de ce qui caractérise négativement l'Argentine depuis un bon siècle (avec le libertarien Milei il y a de fortes chances pour que cela continue) inflation endémique, endettement abyssal, corruption des élites et violences pyramidale sur fond de guerre civile et de grande misère sociale. Un peu trop historique et généralisé sans nuances d'ailleurs, un peu de fantaisie aurait pu aérer un contexte considéré comme vrai mais excessivement pathogène surtout que Férey n' a pas été avare en explications détaillées au détriment de l'intrigue édulcorée.
Des personnages typés puisés dans le rebut de la société, d'une part les indiens mapuche, Férey aime les ethnies mal colonisées en voie de disparition, ici plus précieusement Jana, l'héroïne, une sculptrice et d'autre part les prostitués, puterelles et ribaudes masculines: les «trav's», les «folles» mais pas celles de l' «Asociación Madres de Plaza de Mayo» dont Paula aux cils de girafes. Un privé, Rubben, «hard boiled», sorte de Simon Wiesenthal pour malfaisants argentins, réchappé miraculeusement des geôles, beau gosse, ténébreux , tourmenté qui a énormément souffert et souffre encore énormément, en deux mots: le héros et au-dessus un petit quelque chose des aïeux mapuches
On a aimé ses «yeux anthracite piqués de petites fleurs myosotis» de Rubben, le «regard étoilé» de Jana et les «cils de girafes» de Paula (Férey prépare déjà son «Okavango»): Férey est parfois iridologue, botaniste, astrologue ou poète c'est selon.
On a aimé le chat appelé «Ledzep» le chien «Brad Pitt» ou «Gasoil» Férey est un ami des bêtes. Les cloportes ont aussi un nom mais moins drôles.
On a aimé ces personnages inaltérables et insensibles aux douleurs les plus extrêmes, coupés en deux ils trouveraient le moyen de piquer un cent mètres en rigolant.
On a aimé aussi quelques petites choses à droite et à gauche dont on se souvient vaguement;
Férey est spécialiste du détail toujours plus sordide et du style emphatique et surfait: on sent nettement que le sordide va être dépassé par un sur-sordide, lui-même précédent un sur-sur-sordide. Vraisemblance narrative assez élastique, du pressenti que vont néanmoins dépasser le lecteur et les héros blasés, « écoeurés mais on tient le coup» On notera en anecdote que les méchants font environ 1100 km pour assassiner deux personnes et les enterrer à 2000m d'altitude. 2200 km aller-retour Ah le prix de revient de l'assassinat en Argentine est très élevé ( mais nous direz-vous le militaire est bête c'est vrai mais il n'en reste pas moins que la bêtise du militaire galonné reste excessivement onéreuse alors que Buenos Aires est au bord de la mer et que la méthode de la «crevette Bigeard » des paras français avait déjà été instaurée)
Articulations et enchaînements tirés par les cheveux: il faut avoir de l'imagination et surtout y croire mais bon quand on aime...
Quantité de petites comparaisons travaillées originalement qui ont vocation à rester dans les annales de la littérature policière ou alors petites interjections amoureuses originales «Tête de pioche», «ma grosse», «mon vieux» «petit lynx» «baby doll» qui est plus original que «honey» si, si, la «Férey touch» mais, qui sont surprenantes et croquignolesques.
Parmi ces coups de patte de féreyiens on retrouve aussi le «road movie» qui nous entraîne loin et nous fait découvrir des paysages: pampa, Andes, désert. On peut noter aussi que Férey exagère entre Buenos Aires et Uspallata il n'y a que 1100km et non pas 1300 mais comme ils font deux fois le trajet ça fait un peu «jeu des milles bornes» et la case prison n'est jamais loin.
Ensuite Férey a la faculté d'enchaîner deux scènes antinomiques sans broncher: un passage dramatique, lecture du carnet bleu de Rubben sorte de «journal d'Anne Frank», très émouvant, avec une scène de fesses censée être une scène d'amour: l'argentin est un chaud lapin.
On notera encore qu'il a réussit a placer Bowie, Iggy Pop et led-zep, que du bon, ce qui lui vaudra une étoile supplémentaire et en plus un extrait ci-dessous de «Heroes» qui cadre bien avec le sujet.
Autre marque de fabrique les dialogues unisexes où homme et femmes parlent sans distinction de c...s, de les sucer, de les briser, de les casser et Jana la jeune héroïne en a au cul alors que le trav‘s en a plutôt une molle mais devant. On n'est pas tous égaux devant la nature. Ah oui les méchants disent «hija de puta» en espagnol dans le texte à laquelle répond Jana par «fils de pute» il doit y avoir une subtilité mais on ne voit pas bien où. Langage édifiant viriliste aujourd'hui féministe un peu quand même mais bon pour ce que j'en dit, je m'en les bat! Toujours est-il qu'avec Férey on apprend les langues locales et c'est très bien.
La grosse question en fait c'est: Rubben et Jana vont-ils conclure? Manque de bol on est assez rapidement fixés, reste l'intrigue policière et là on se demande si les méchants vont être punis. Ah l'angoisse!
Un regret le "tango" est à peine effleuré!

We can beat them
For ever and ever
Oh we can be Heroes
Just for one day
Heroes D.Bowie
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Même si le livre date un peu, ce qui peut l'excuser?, ça m'a vraiment brûlé les yeux de lire le traitement des personnages trans/travestis au début du roman. J'ai l'impression que l'auteur a juste cherché des stéréotypes un peu sulfureux mais n'a même pas fait l'effort de bien genrer les personnages, l'utilisation du mot "trav'" au premier degré est insultant tout comme mettre le prénom choisi entre guillemets...

Un grand non pour moi ! J'ai préféré passer à un autre livre
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ce thriller permet de decouvrir l histoire de l'Argentine et des horreurs commises pendant la dictature militaire du début des années 80 avec l intervention d une Indienne Mapuche autochtone dont la communauté a ete martyrisee pendant la colonisation. Mais la succession de scenes particulièrement violentes décrites de façon anatomique m a beaucoup gêné pour apprécier la lecture.
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