Valentina avait des yeux bleus pétillants de joie, une jolie bouche rose et une peau de lait. Son sourire non plus n’avait pas une ride.
Les trajets de retour sont toujours des corvées, un temps off subi avec fatalisme ou stoïcisme. Il n'y a alors plus qu'un objectif, rentrer chez soi, le reste passe à la trappe : d'une certaine manière, nous ne sommes déjà plus là.
J'entends des voix chagrines se lamenter devant ce triste constat : Ah ! Envoyer un écrivain avec son débile de copain dans une ville interdite de Sibérie pour qu'il nous raconte ses soûlographies, bravo !
Connaissant le labourage incessant, l'investissement total et le lot de prises de tête que nécessite pour moi ce type de roman, c'est trois années que je passerais en apnée avant de sortir quelque chose de ma putain de caboche - c'est comme ça qu'on se parle pour se motiver.
La nuit bleu-pétrole, les fumées fantastiques que crachaient les hauts-fourneaux, les lumières des blocs d'immeubles le long des avenues, cette ville déglinguée, des visions de "Blade Runner", presque hypnotiques... Au fond, je commençais à comprendre ce que je faisais là, mon bonnet enfoncé sur le crâne, la peau rougie par le vent des hauteurs : ces images, belles et laides à la fois, me hanteraient jusqu'à la fin de mes jours...
Nous sommes tous liés les uns aux autres : pour preuve, ces deux peuples qui, de la Patagonie à la Sibérie, ne pouvaient pas être plus éloignés. C'est en se blanchissant qu'on a cru l'oublier.
Je préfère un type de droite généreux avec ses seuls proches plutôt qu'un type de gauche qui se gargarise de son grand coeur en ne pensant qu'à sa gueule.
Nous étions convenu de partir dix jours. C'est court et long à la fois. Court si l'on espère saisir quelque chose d'une âme russe qu'on ne connaît que les livres, long si l'on considère le temps d'exposition à l'ultrapollution vomie par les cheminées et les mines de Norilsk.
Ce soir, je finis un polar. Je sors de cette lecture comme d’un dîner chez McDo : écœuré, légèrement honteux.
Nous n’avons rien contre l’idée de Dieu mais, ayant grandi dans un monde rock , nous pensons de façon binaire où tu es Rock ou tu ne l’es pas.