Après une pause de quasi deux ans, je relis
Caryl Ferey et le constat est doux amer. J'ai l'impression d'avoir revu une vieille connaissance mais qui n'a pas évolué.Cette personne qui porte toujours les mêmes t-shirts Nirvana et les mêmes Converses, mais qui a trouvé une situation stable. Grand bien lui fasse.
Zulu, commence très bien, presque sur les chapeaux de roues. Un page-turner qui t'arrache la pupille. Les dialogues sont rythmés, violents, l'intrigue haletante, on sent qu'il se passe quelque chose de sombre et de malsain. Rien ne change.
Ferey ne change pas son fusil d'épaule, au contraire, il ajuste la visière, s'installe dans le sable, prend le temps et c'est du calibre 12 qui part. Un coup de feu sanguin, droit et qui ne peut pas louper sa cible... et pourtant, une rafale d'explications politiques va faire dévier la balle qui effleurera à peine l'épaule du lecteur.
On retombe dans les mêmes travers.
Ferey lace ses Converses et part en quête d'un scénario bien trop échafaudé. Les explications contrastent totalement avec le début qui avait commencé à broyer du flic et où la violence n'avait pas de limite. Une mise en bouche trop rapide, un rythme pas si bien maîtrisé que ça.
Les explications apportent du corps et les protagonistes gagnent en profondeur, ou presque. Deux motifs reviennent souvent dans l'univers de l'auteur : le flic blasé mais qui ne perd pas espoir, encore rattaché à des valeurs, et la tête brûlée, qui n'a rien à perdre, rien à gagner qui ne vit que pour les affaires policières et qui peine à s'accorder avec ses supérieurs.
Il serait évidement mal venu de dire que c'est un mauvais livre, malgré l'épaule effleurée et les Converses trop classiques,
Ferey dégaine un calibre et le colle sur la tempe tout en t'écrasant le crâne au sol avec ses Martens.
Zulu est bourré de bonnes idées, mais un brouillard de facilités scénaristiques fait peiner l'intrigue à trouver une cohérence. le fil rouge se retrouve lui même sur le fil du rasoir et ce n'est pas le meilleur équilibriste.
Avec un final presque inattendu,
Zulu propose quelque chose de solide, mais peine à se défaire de son t-shirt troué : « Rape me ».