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sur 1938 notes
Ma petite virée en Afrique du Sud avec l'agence de voyage Férey s'est soldée par une envie folle de ne jamais y mettre les pieds,‭ ‬comme en Nouvelle-Zélande,‭ ‬d'ailleurs.‭ ‬Grâce à lui,‭ ‬je raye des pays entiers de la carte.

Une fois de plus,‭ ‬grâce à cet auteur,‭ ‬je termine une lecture exsangue,‭ ‬essoufflée,‭ ‬dégoûtée‭ (‬pas de l'auteur‭) ‬et avec l'impression que je suis seule,‭ ‬tout le monde étant raide mort tout autour de moi...

Férey,‭ ‬c'est la lecture coup de poing ou coup de pied au cul;‭ ‬Férey,‭ ‬ce sont les cadavres disséminés un peu partout dans les pages;‭ ‬Férey,‭ ‬se sont les policiers un peu borderline dont les veines et tout le corps charrient la souffrance à l'état brut, Ali Neuman étant le parfait prototype, lui qui a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC, alors clandestin.

Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait... C'est vous dire toute l'horreur !

Férey,‭ ‬c'est une entrée en matière canon,‭ ‬directement dans le bain...‭ ‬de sang.‭ ‬Violences,‭ ‬assassinats,‭ ‬tortures,‭ ‬bref,‭ ‬tout ce que l'homme peut offrir de pire,‭ ‬tout ce qu'un régime totalitaire ou des mercenaires ont à vous offrir ‭ ‬:‭ ‬la mort dans d'atroces souffrances et si vous vivez,‭ ‬c'est dans un état... infernal.

Férey,‭ ‬il nous parle des ethnies,‭ ‬des minorités,‭ ‬qu'elles soient maories ou zoulous.‭ ‬Une visite d'un pays comme vous n'en auriez jamais fait de votre vie.

Férey,‭ ‬il ne survole pas les personnages ou les lieux,‭ ‬il les pénètre et vous le suivez dans l'enfer.

Bien que j'ai une nette préférence pour‭ "‬Haka"‬,‭ ‬j'ai passé un bon moment de lecture avec Zulu‭ (‬si on peut dire ça ainsi‭)‬. D'ailleurs, j'ai dû réviser mon Histoire de l'Afrique du Sud, sinon, j'aurais été perdue.

Quel livre,‭ ‬quelle descente en enfer.‭ ‬On a beau se dire que c'est une fiction,‭ ‬les faits ne sont pas inventés,‭ ‬les problèmes politiques, ethniques, sécuritaires,... de l'Afrique du Sud sont réels et on nous met le nez dedans.

Sueurs froides garanties...‭ "‬Plus jamais ça ‭ !" ‬qu'ils disaient.‭ ‬Tu parles ‭ !

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" ‬et on ne le répétera jamais assez.

Il ne me reste plus qu'à m'envoler pour l'Argentine avec lui...‭ ‬non,‭ ‬pas tout de suite,‭ ‬un peu de lecture jeunesse me fera le plus grand bien.

Si tu aimes les romans noirs‭ très noirs‬,‭ ‬lis "Zulu".‭ ‬

Si tu n'as pas peur de ce que tu pourrais découvrir sur l'être humain...‭ ‬Lis Zulu !

Si tu n'as pas peur de t'immiscer dans une Afrique du Sud post Mandala, post apartheid, post guerre des Boers, totalement corrompue et plus qu'infectée par la violence, la drogue, les meurtres, le sida, plus d'autres trucs louches... Lis Zulu !

Sinon,‭ ‬voilons-nous la face.

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Fatigants ces auteurs sans véritable surprise...
Caryl Férey en fait désormais pleinement partie...
Deux claques avec Haka et Utu plus tard , je voulais vérifier si l'adage «  jamais deux sans trois « était à meme de marquer , une fois encore , cette peau si délicate élevée à la maïzena et au saindoux...Blam , Férey récidive magistralement avec ce nouveau thriller inter-ethnique et vous plaque sans coup féreyre - désolé - au pays des springboks !

Les pompes funebres Costa Croisieres sont heureuses de vous accueillir à bord de leur fier et majestueux navire étalon : le ploufplouf 2e du nom!
Au programme , une Afrique du Sud post-apartheid totalement gangrénée par la violence , la drogue et le sida ! Si les conflits interraciaux perdurent , le berceau de l'humanité semble devoir s'autodétruire à petit feu , fortement aidé en cela par ces nouveaux fléaux tout aussi ravageurs...
Ali Neuman eut , ce que l'on peut légitimement appelé , une enfance difficile . Ce fils de zoulou qui vit , tout jeune , son pere pendu et son frère ainé brulé par les milices de l'Inkatha , fut élevé dans le souvenir douloureux d'une violence maladive hors norme . Désormais promu chef de la police de Cape Town , ce dernier balade sa grande carcasse musculeuse et son cortège de démons intérieurs sur les affaires les plus sordides du coin...
Et d'affaire morbide , il en est justement question à la découverte d'un premier puis d'un second corps massacré  ! Les victimes , deux jeunes blanches de bonne famille adeptes de la drogue plus que de raison . Une nouvelle came dévastatrice semble sur le point d'éradiquer la totalité de cette jeunesse dorée en mal de sensations fortes .

Férey possède sans nul doute ce don si précieux d'amalgamer l'histoire passée et présente d'un pays , de l'intégrer à un polar d'une rare noirceur et de vous le recracher au visage sans pour autant que cela vous dégoute ! L'effet serait même plutôt inverse tant les pages défilent à la vitesse d'un demi de mêlée au galop !
Férey ne fait jamais dans la complaisance mais roule à l'authentique sans jamais verser dans le voyeurisme et l'ostentatoire ! Alors oui , c'est très cru . Ça suinte la misère et le désespoir à chaque page , ça transpire la corruption à tous les étages mais le réalisme historique est à ce prix .
Point très appréciable , ce sentiment prégnant que l'auteur à bossé son sujet ! Grand voyageur dans l'âme , Férey se documente parfaitement pour vous immerger violemment dans ces townships susceptibles de ne charrier que douleur , désespoir et mort .
Des personnages intéressants et fouillés trimbalant leur contingent d'emmerdes et de fantômes , le tout au service d'une histoire racée et nerveuse ou la patte sans concession de l'auteur fait une nouvelle fois merveille ! Associée à cela la description alarmante d'un continent à la dérive que rien ne semble pouvoir endiguer et vous obtenez la confirmation que ce Férey s'affirme décidément comme une pointure incontournable du polar français !

Zulu , y es-tu ? Oh que oui mon enfant...
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Et vlan, prends-toi ça dans les dents ! Violence, drogue, sida, racisme, misère, gangs, collusion des élites et son cortège de corruption, d'injustices et de crimes impunis... c'est un livre coup de poing que Caryl Ferey a écrit sur l'Afrique du sud post-apartheid et pré-Coupe du monde de foot. 

Dans ce polar presque trop noir pour être vrai, nos 3 flics un peu paumés doivent s'attaquer non pas simplement à quelques psychopathes détraqués, mais bien à tout un système cruel et déshumanisé. Et, forcément, à 3 contre le monde, c'est pas gagné, même avec le renfort de toutes les femmes de leur vie, de la vieille zouloue obèse et bienveillante à la poupée fragile sous chimio, en passant par la danseuse en transe et l'ex pleine de rancune...

Tout commence pourtant comme un polar classique : 2 jeunes blanches de la haute société retrouvées assassinées et vraisemblablement violées, une équipe de policiers compétents bien que profondément névrosés qui commence l'enquête, quelques histoires de femmes ou de fesses... Jusqu'à ce que l'enquête débouche sur un terrible barbecue à la machette sur la plage. Et là on bascule dans un autre monde, d'une violence à couper le souffle, d'autant plus terrifiant qu'il est réel, le monde d'une Afrique du sud pas encore guérie de l'apartheid et qui se soigne à coup de seringues, d'armes de guerre ou de haine raciale...

Il y a si peu d'espoir que ça fait mal et qu'on peut avoir du mal à y croire. Mais, malgré toutes les réussites incroyables de Madiba-Mandela, l'Afrique du Sud aujourd'hui, c'est aussi ça, ce Zulu magnifique qui vous terrasse.
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Alors qu'il rend visite à sa mère, Josephina, au coeur du township de Khayelitsha, Ali Neuman est étonné de la voir alitée, une infirmière à ses côtés. Devant l'insistance de son fils, la vieille dame, bénévole au dispensaire, est bien obligée de lui avouer que quelqu'un l'a agressée le matin même et lui a volé son sac. Bien décidé à retrouver le gamin responsable de cela, qui fait sûrement partie d'un gang, tentant de mettre la main sur sa mère, Ali reçoit un appel du sergent Dan Fletcher lui sommant de le rejoindre au Jardin botanique de Kirstenbosch. En effet, un employé municipal est tombé nez à nez avec le cadavre d'une jeune fille salement abîmé. Tant de coups sur le visage qu'il était impossible de l'identifier. Pas de sac à main à ses côtés mais une carte de vidéoclub au nom de Judith Botha, le fils de Nils Botha, ancien grand joueur de rugby et aujourd'hui coach emblématique des Stromers du Western Cape. Une supposition très vite démentie par la jeune femme qui informe Fletcher que son amie, Nicole, était en possession de sa carte. À l'autopsie, le médecin décèle plusieurs drogues dans le corps de la jeune femme dont une substance chimique non identifiée et inconnue...

Deux jeunes femmes assassinées en peu de temps... Deux blanches, qui plus est. Sordide crime racial ou l'affaire est-elle un brin plus compliquée ? L'on est chez Caryl Ferey, aussi l'on se doute que l'enquête va s'avérer bien plus complexe qu'elle n'en a l'air. Pour la résoudre, trois flics. Paumés, ébranlés, meurtris. Ali Neuman qui a dû fuir, avec sa mère, le bantoustan du Kwazulu après avoir vu son père pendu et son frère brûlé devant ses yeux. Dan Fletcher dont la femme se bat contre un cancer. Et Brian Epkeen, borderline, quitté par sa femme à cause de ses nombreuses infidélités et dont la communication avec son fils étudiant est impossible. Des personnages soignés et approfondis autour de qui gravitent des gamins des rues délaissés, des mafieux, des jeunes accros à toute sorte de drogues... Encore une immersion totale pour ce roman terriblement et effroyablement réaliste et d'une noirceur absolue. Entre drogue, sida, misère (sociale et sanitaire), mafia, violence, meurtre, racisme, Caryl Ferey ne nous épargne rien et dépeint un bien triste tableau de l'Afrique du Sud, un pays déchiré, sans repère, à la dérive. Un roman fort bien documenté et écrit, violent, cru, sans concession...
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♫"Au plus sauvage, où renoncent les fauves
Dans les grands marécages où les humains pataugent
Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent
Et nous abandonnent
Dans ces boues noires où même les diables hésitent
A genoux pardonnent
Juste quelques hommes
Quelques hommes justes"♫

Ce couplet de Jean-Jacques Goldman s'applique presque parfaitement à Zulu. Après l'apartheid et avant la Coupe du Monde de 2010, l'Afrique du Sud et Capetown en particulier pataugent dans les boues putrides de la violence, de la drogue, du racisme et du sida. Plongés au bout du mal, dans un noir absolu, il reste bien quelques hommes justes, ou en tout cas qui croient encore un peu à la justice. Par contre, ils ne sont pas du genre à pardonner, le mot a été rayé de leur dictionnaire, et de toute façon, la rédemption n'est plus de ce monde. Trois "justes", donc, trois flics intègres et écorchés vifs par la vie, deux Blancs, un Noir. Brian Epkeen, borderline, coureur de jupons, en grosse difficulté de communication avec son fils de 20 ans, qui n'a de considération que pour le portefeuille de son père. Dan Fletcher, le jeunot fragile, éperdument amoureux de sa femme qui se bat contre un cancer. Et Ali Neuman, chef de la criminelle du Cap, gabarit d'armoire à glace et sur le fil du rasoir depuis l'enfance (qui n'en a que le nom), lors de laquelle il a vu son père, partisan de l'ANC encore clandestin, et son frère aîné se faire torturer et massacrer par des miliciens de l'Inkatha. Maîtrisant tant bien que mal leurs démons, les trois gaillards enquêtent aujourd'hui sur les meurtres de deux jeunes filles de la bonne vieille riche société blanche, assassinées sauvagement alors qu'elles étaient sous l'emprise d'une drogue de synthèse encore inconnue des labos de la police. L'enquête démarre classiquement, avec deux mondes qui se télescopent : Noirs-pauvreté-violence vs Blancs-fric-arrogance-oisiveté. En dépit de puissants relents de discriminations raciales, il existe un lien entre les deux : la drogue. Malgré la pression médiatique et la corruption, l'enquête va son train à peu près calmement, jusqu'à la scène sur la plage. Là, les yeux grand écarquillés, la bouche bée, je ne voulais pas croire à ce que je lisais, ça ne pouvait pas réellement se produire. Une scène à la limite du soutenable qui m'a laissée tétanisée. La lecture (le combat) saute alors dans une autre catégorie, celle où tous les coups sont permis, avec cruauté hors normes et sans espoir de retour.

On ne ressort pas indemne de cette histoire ultra-violente, d'autant plus qu'on s'attache à ces personnages tourmentés et qu'on souffre de les voir affronter les pires horreurs. Si l'enquête est bien construite, bien amenée (peut-être un peu complexe), le roman vaut surtout, d'après moi, pour le portrait historico-sociologico-ethnique qu'il dresse de l'Afrique du Sud et de la misère dantesque de ses townships. Noir, authentique, sans complaisance ni concessions à l'optimisme, ce roman est un coup de génie autant qu'un coup de poing (ou un coup de tout ce que vous voulez, du moment que ça fait mal). Impeccablement écrit et documenté, malheureusement très réaliste, on se prend à espérer de tout coeur que la situation s'est un peu améliorée depuis lors...
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'ai entendu parler Caryl Férey sur le plateau de la Grande Librairie l'année dernière. Son portrait et ses ouvrages m'ont interpellé à l'époque. J'ai décidé de le lire mais comme je lis peu de polars et que ma PAL était pleine (elle l'est toujours) je me suis dit que j'avais le temps. Et puis j'ai appris que Zulu sortait en salle en décembre ce qui a précipité ma lecture.

Bien m'en a pris. Un choc!

La description en fond d'écran de l'Afrique du Sud post-Apartheid mais anté-"bus de l'équipe de France de foot" est saisissante d'effroi, à l'opposé de l'image véhiculée par le film Invictus. L'espoir prend peur et se perd dans les township du Cap avant d'être découpé en rondelles. En parallèle on découvre l'Afrique du Sud des riches blancs, vautrés dans un décor où Horatio Caine des "Experts Miami" aurait certainement beaucoup de travail.

Mais les flics du Cap n'ont pas autant de moyens que leurs collègues de Floride. Les pauvres anti-héros essaient de maintenir la tête hors de l'eau croupie dans laquelle beigne leur pays et ne réussissent que modérément. Leur vie est un drame, et cela empire, mais ils font face bravement, face à une violence incroyable dépeinte dans quelques scènes horrifiques qui feraient passer Les Noces Pourpres (cf le Trône de Fer) pour un petit chantier d'amateurs.

Cette violence, intériorisée ou extériorisée, vous capte, vous avale tout cru. Vous essayez de submerger grâce à quelques notes d'espoir: un amour possible pour Ali et Zina, la joie de vivre de Joséphina, l'humour cynique de Brian, mais vous coulez à nouveau, tiré par les chevilles par un monstre des profondeurs armés de drogue et de griffes.

Je commence à dire n'importe quoi. La fumée de tik a du s'échapper des pages. Vaut mieux que j'arrête sinon je ne vais pas dormir...

Lisez-le
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Emportée par mon admiration envers le dernier livre de Caryl Ferey, Okavango, et sachant, par le titre, que l'auteur parlait de l'Afrique du Sud, j'ai commencé la lecture de : Zulu.
Mal m'en a pris.
Pire encore : je me suis sentie comme obligée de continuer la lecture, très instructive, très documentée jusqu'à me trouver acculée à lire des horreurs. Qui me font abandonner 20 pages avant la fin : l'histoire, l'élucidation de deux meurtres de jeunes filles, finit par n'avoir plus aucun intérêt, noyées qu'elles sont dans d'autres meurtres sans rapport et racontés par le menu.
le point de vue : l'Afrique est malade, la « résilience post-apartheid »  n'arrange pas la situation décrite maintes et maintes fois : drogue, violences, actes de terreur qui se répandent dans le pays, corruption, gangs et mafias, y compris parmi les deux partis opposés, l'Inkatha et l'ANC, tous deux luttant contre l'apartheid, et entre eux aussi.
L'intérêt, parce qu'il est indéniable, consiste en l'analyse de la situation passée : les Africaners ou boers sont arrivés depuis la Hollande, en haillons, illettrés, et ont été confrontés aux Anglais.
 « Atavisme anthropologique ou syndrome d'une fin de race annoncée, les Boers étaient les éternels perdants de l'Histoire — suite à la guerre éponyme qui avait vu leur vainqueur britannique brûler leurs maisons et leurs terres, vingt mille d'entre eux parmi lesquels femmes et enfants étaient morts de faim et de maladie dans les camps de concentration anglais où on les avait parqués — et l'instauration de l'apartheid leur plus vaine défaite. »
Défaite, puisqu'elle reposait sur de vieilles peurs reptiliennes, dont la peur de l'homme noir, la phobie de l'autre censé capable de ce qui est le plus répugnant.
Trois personnages : Ali Neuman, Zoulou, ayant assisté au massacre de son père et de son frère.
Brian Epstein, Africaner haïssant son père, et porté par l'amour pour une jeune noire :il découvre horrifié « la clandestinité, la torture, les disparitions, les procédures arbitraires des services spéciaux, les meurtres d'opposants », tout ce que le peuple Xhosa (dont font partie Mandela, Miriam Makeba, Desmond Tutu) doit subir sous l'apartheid.
Et Dan Fletcher, père de deux enfants, marié à Claire, malade de cancer.
Les trois partenaires sont donc confrontés au meurtre d'une jeune fille, or, en Afrique du Sud, ce sont bien plus l'appartenance à la race blanche ou non qui fait la différence.
Ceci, même après la fin de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de l'ANC ; car le père, blanc de la jeune massacrée a bien l'intention de rappeler « les chiffres, plus de cinquante meurtres par jour, les manquements de la police, incapable de protéger ses concitoyens, avant de gloser sur la pertinence du rétablissement de la peine de mort… ».
Un autre Africaner parle de l'incapacité des Noirs à gouverner, et pourtant, pense Ali le Zoulou : « La nouvelle Afrique du Sud devait réussir là où l'apartheid avait échoué : la violence n'était pas africaine mais inhérente à la condition humaine. En étirant ses pôles, le monde devenait toujours plus dur pour les faibles, les inadaptés, les parias des métropoles. L'immaturité politique des Noirs et leur tendance à la violence n'étaient qu'une vieille scie de l'apartheid et des forces néo-conservatrices aujourd'hui aux commandes du bolide. Il faudrait des générations pour former la population aux postes stratégiques du marché. Et si la classe moyenne noire qui émergeait aspirait aux mêmes codes occidentaux, il fallait connaître un système de l'intérieur avant de le critiquer et, pourquoi pas, le réformer en profondeur… »

Ce petit voyage à l'intérieur du pays le plus violent au monde me parait plus que suffisant, aussi arrêtons-nous là, pour ne pas faire de cauchemars ainsi qu'en avait éprouvés mon amie Sylvie @sylviedoc à la lecture d'un autre livre de Caryl Ferey.


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Après le "plus blanc que blanc" de Coluche, Férey invente le "plus noir que noir".
Polar d'une violence inouïe, ambiance totalement désenchantée, contexte mortifère, histoire glauque, atmosphère sordide.
Après les deux magnifiques "Haka" et "Utu" qui, déjà atteignaient des sommets de violence, Férey enfonce le clou... très profond...
Pas une once de lumière dans cette oeuvre qui dépeint une Afrique du Sud d'une brutalité ahurissante, à faire fuir le touriste le plus inconscient.
Comme avec ses précédents romans, les "héros" sont écorchés vifs. Ce qui est neuf, c'est cette histoire ancrée dans l'actualité.
Le style de Férey évolue également, moins lyrique, mais toujours plus désabusé.
Que cela ne vous empêche pas de vous plonger corps et âme dans cette histoire émotionnellement forte, qui risque de vous hanter la dernière page tournée.
Un écrivain à part dans la production actuelle.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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Si vous aimez plonger dans un pays inconnu, à l'histoire tourmentée et violente, Zulu de Caryl Férey est fait pour vous. Mais il vous faudra composer avec les horreurs de certaines scènes.

Le livre s'ouvre sur une scène terrifiante, Ali voit son père et son frère mourir sous ses yeux dans d'affreuses souffrances. Des années plus tard, Ali Neuman est chef de la police et doit enquêter sur le meurtre, bien atroce aussi, d'une jeune blanche. Avec ses deux co-équipiers, Ali met les pieds où il ne faut pas.

L'intrigue est excellente avec des rebondissements qu'on ne voit pas venir. Et ce n'est pas tout. Caryl Férey nous plonge dans l'Afrique du Sud post-Mandela, sa violence, la drogue et la misère. le livre est noir, très très noir, mais je m'interroge sur la nécessité de l'ultra-violence présente presque à chaque page. Était-ce vraiment indispensable ?

Lien : https://dequoilire.com/zulu-..
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Malgré le fait que le livre ne soit pas tout récent, j'avais une résa à la bib tellement il a de succès, succès amplement mérité. Personnellement de par d'autres voies je savais que la vie n'était pas rose en Afrique du Sud et que l'espoir Mandela / Tutu avait fait long feu, les blancs restants toujours autant à distance des noirs que par le passé, le racisme latent transpirant par tous les pores des villes de ce pays qui, dit-on, est fabuleusement beau. Des bantoustans en townships (ville bateaux ?), de dope en dope, d'ethnie en ethnie, de Xhosas en Tsotsis, de crime en meurtre, de flingue en couteau, Férey nous amène et nous promène dans un monde, une ville Cape Town où la criminalité bat tous les records mondiaux sans dépasser, cependant Johannesburg.
Pourtant que la nature est belle, les baleines à bosse, les phoques, les épicéas, les vues sur l'océan mais aussi la pourriture et la fange qui sont l'âme des pauvres laissés à leur misère sans suffisamment de flics pour garantir leur sécurité.
Les filles sont blacks et belles, certaines sont zoulous et princesses et entendent encore l'écho des cris de leurs ancêtres lorsqu'ils défirent tout un régiment anglais. On siffle et on marche sur des braises, on chique et on marche sur la plage, on s'aime et on se hait et...on tue.
Les enfants disparaissent qui s'en soucie ? La police, Ali Neuman qui doit son prénom au fameux combat de Kinshasa entre Mohamed Ali et Foreman, homme meurtri dans sa chair par des salopards qui ont tué son père devant ses yeux ainsi que son frère aîné, un pneu imbibé d'essence autour de la tête dont un salaud de l'Inkatha mettra le feu, chef de la criminelle fait ce qu'il peut avec ses deux bras et deux c'est pas assez, Zoulou il est, prince également mais le monde se fout d'un prince zoulou.
Quelques mamas noires, dont la mère d'Ali, aveugle ou presque, cherchent à savoir et ont une petite communauté aidant ces pauvres gosses sidéens à 11, 12 ans.
Réconciliation nationale mes fesses, à sens unique la réconciliation, amende honorable idem, reconnaissance des actes, ben voyons autant demander aux nazis d'être volontaires pour être jugés à Nuremberg.
Une molécule adjointe à de la drogue provoque des effets irréparables et la mort certaine d'autant qu'un effet secondaire provoque un sida foudroyant. Les dealers sèment les ténèbres comme le vent éparpille les grains.
Ici le flic ne fait pas peur, la brigade de Neuman le sait cependant difficile d'éviter l'inévitable. Les meurtres perpétrés sur de jeunes blanches mettent la communauté en colère et il préférable voire recommandé que ce soit un blanc, l'adjoint et ami Epkeen, flic aux nombreux états d'âme et à la vie compliquée, qui ira faire des ronds de jambe chez la crème blanche du Cap. L'enquête sera longue et à rebondissements d'autant que, c'est bien connu, les superbes et leur pognon leur pignon sur rue, leur vie de rêve ne se font pas bouger en levant le petit doigt et n'acceptent que les galonnés pas les porteurs de képi.

Un livre intense, magnifique, une voix déchirante, un appel au secours dans le désert, un prêche de cathédrale, Férey nous régale dans une langue atypique, fleurie, lisse, coulante et colorée comme la peau de cette princesse zoulou qui danse si bien sur les braises rougeoyantes et fait sortir les coeurs des hommes de leur poitrine.

Du grand et du beau. Un passage obligé pour les amateurs de polars, pour ceux qui aiment le dépaysement et les inconditionnels de notre belle langue.

Un immense coup de coeur !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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