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4,01

sur 1934 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Emportée par mon admiration envers le dernier livre de Caryl Ferey, Okavango, et sachant, par le titre, que l'auteur parlait de l'Afrique du Sud, j'ai commencé la lecture de : Zulu.
Mal m'en a pris.
Pire encore : je me suis sentie comme obligée de continuer la lecture, très instructive, très documentée jusqu'à me trouver acculée à lire des horreurs. Qui me font abandonner 20 pages avant la fin : l'histoire, l'élucidation de deux meurtres de jeunes filles, finit par n'avoir plus aucun intérêt, noyées qu'elles sont dans d'autres meurtres sans rapport et racontés par le menu.
le point de vue : l'Afrique est malade, la « résilience post-apartheid »  n'arrange pas la situation décrite maintes et maintes fois : drogue, violences, actes de terreur qui se répandent dans le pays, corruption, gangs et mafias, y compris parmi les deux partis opposés, l'Inkatha et l'ANC, tous deux luttant contre l'apartheid, et entre eux aussi.
L'intérêt, parce qu'il est indéniable, consiste en l'analyse de la situation passée : les Africaners ou boers sont arrivés depuis la Hollande, en haillons, illettrés, et ont été confrontés aux Anglais.
 « Atavisme anthropologique ou syndrome d'une fin de race annoncée, les Boers étaient les éternels perdants de l'Histoire — suite à la guerre éponyme qui avait vu leur vainqueur britannique brûler leurs maisons et leurs terres, vingt mille d'entre eux parmi lesquels femmes et enfants étaient morts de faim et de maladie dans les camps de concentration anglais où on les avait parqués — et l'instauration de l'apartheid leur plus vaine défaite. »
Défaite, puisqu'elle reposait sur de vieilles peurs reptiliennes, dont la peur de l'homme noir, la phobie de l'autre censé capable de ce qui est le plus répugnant.
Trois personnages : Ali Neuman, Zoulou, ayant assisté au massacre de son père et de son frère.
Brian Epstein, Africaner haïssant son père, et porté par l'amour pour une jeune noire :il découvre horrifié « la clandestinité, la torture, les disparitions, les procédures arbitraires des services spéciaux, les meurtres d'opposants », tout ce que le peuple Xhosa (dont font partie Mandela, Miriam Makeba, Desmond Tutu) doit subir sous l'apartheid.
Et Dan Fletcher, père de deux enfants, marié à Claire, malade de cancer.
Les trois partenaires sont donc confrontés au meurtre d'une jeune fille, or, en Afrique du Sud, ce sont bien plus l'appartenance à la race blanche ou non qui fait la différence.
Ceci, même après la fin de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de l'ANC ; car le père, blanc de la jeune massacrée a bien l'intention de rappeler « les chiffres, plus de cinquante meurtres par jour, les manquements de la police, incapable de protéger ses concitoyens, avant de gloser sur la pertinence du rétablissement de la peine de mort… ».
Un autre Africaner parle de l'incapacité des Noirs à gouverner, et pourtant, pense Ali le Zoulou : « La nouvelle Afrique du Sud devait réussir là où l'apartheid avait échoué : la violence n'était pas africaine mais inhérente à la condition humaine. En étirant ses pôles, le monde devenait toujours plus dur pour les faibles, les inadaptés, les parias des métropoles. L'immaturité politique des Noirs et leur tendance à la violence n'étaient qu'une vieille scie de l'apartheid et des forces néo-conservatrices aujourd'hui aux commandes du bolide. Il faudrait des générations pour former la population aux postes stratégiques du marché. Et si la classe moyenne noire qui émergeait aspirait aux mêmes codes occidentaux, il fallait connaître un système de l'intérieur avant de le critiquer et, pourquoi pas, le réformer en profondeur… »

Ce petit voyage à l'intérieur du pays le plus violent au monde me parait plus que suffisant, aussi arrêtons-nous là, pour ne pas faire de cauchemars ainsi qu'en avait éprouvés mon amie Sylvie @sylviedoc à la lecture d'un autre livre de Caryl Ferey.


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Polar sauvage, extrêmement violent sur fond de luttes plus mafieuses que tribales, où la misère engendre les appétits les plus sordides, les plus vils de l'être humain.
Personnages détruits par la vie, par ce pays où règne la compromission, la pauvreté, les inégalités. Les seuls à se battre pour sortir de cette spirale infernale de haine et de mort sont les trois policiers qui mènent une lutte à mort contre le système...
Livre désespéré, où la violence est parfois insoutenable mais on reste happé par l'intrigue d'une part, et d'autre part par la dignité que conservent contre tous ces trois hommes blessés et courageux, seuls garants d'une certaine morale.
Très instructif (parfois complexe) sur L Histoire sanglante de l'Afrique du Sud.
Ce roman laisse cependant un goût amer car la fin est une apothéose de mort, dans une scène de tortures et d'agonie effroyables.
Une toute petite lueur d'espoir nous permet heureusement de ne pas sombrer dans les dernières lignes...Il était temps.
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Plus un roman de société sur l'Afrique du sud au sortir de l'apartheid qu'un roman policier. Une enquête suit son cours, mais cela semble accessoire par rapport aux descriptions du pays, de ses délinquants, révoltants et autres personnages abjects qui mènent leur vie en dépit des problèmes raciaux. Sans aucun doute des passages du roman sont à suspense mais cela manque de quelque humour qui remplacerait avantageusement le trop de violence décrite, même si elle est réelle au quotidien. On s'instruit par cette lecture mais elle ne m'a pas apporté de plaisir.
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Brutal, traumatisant, passionnant. Voici les premiers mots qui me viennent en tête à la fin de cette lecture. Un livre qui nous fait regarder l'horreur dans les yeux, mais en nous forçant à ne pas détourner le regard ! C'est brillant !

Ce polar est un condensé de violence. Autant dans les mots que l'auteur utilise que dans les images qu'il va nous forcer à voir. Mais là où certain nous entraînent dans une brutalité gratuite, ici cela devient la force du roman. Ce thriller sadique est donc envoutant ! C'est percutant !

On nous entraîne contre notre gré dans les tréfonds de la corruption qui sévit au Nigéria. Avec comme sujet de fond les douloureux passés liés à l'apartheid. Les noirs sont faces aux blancs et même si certains arrivent à travailler ensemble. On nous présente un clivage radical, qui nous montre la cruauté des hommes entre eux. Malgré le fait que le pays soit une des rares démocraties en Afrique, la violence y est à son maximum. Entre le sida, les drogues et la corruption comment survivre ? C'est avec cette question légitime que l'auteur va nous plonger dans une enquête meurtrière qui sévira sur plusieurs générations. Où l'on n'en verra jamais la fin …

Ce roman nous plonge au plus profond de nos terreurs. Et même si on est terrorisé de devoir les vivres, on se sent obligé d'y retourner. Comme dans une relation malsaine, on continue toujours plus loin, toujours plus profondément. Cette ambiance nous colle à la peau, mais à y regarder de plus près, elle nous terrifie pas tant que cela, elle nous attire ! Car on arrive à nous amener dans une atmosphère particulière. C'est avec un humour noir et une tournure hors du commun que l'auteur nous surprend, nous excite et nous détruit !

C'est la grande force de l'auteur, nous plonger dans l'horreur la plus totale, nous forcer à la regarder droit dans les yeux et nous la faire aimer … ! Je ne connaissais pas Caryl Férey, mais je suis heureuse d'avoir découvert cet auteur. Il est à coup sûr, un auteur incontournable de la littérature policière française.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Il y a mieux, pour égayer un samedi soir d'hiver, que ce polar sombre et violent. Pourtant c'est beau roman (non, pas une belle histoire...). Caryl Férey plonge immédiatement le lecteur dans l'ambiance : Afrique du Sud post apartheid, deux jeunes Blanches sont retrouvées mutilées dans un parc, trois flics bien abîmés sont sur l'enquête. On se retrouve assez rapidement assailli par la chaleur moite et collante, par les odeurs de sang et de poudre. Ce roman est d'un réalisme parfois déroutant, les personnages ne sont pas des héros mais hommes cassés et durs, les scènes de violences vous prennent à la gorge.
Caryl Férey maîtrise bien sont sujet : l'intrigue est bien construite, le style fluide, la documentation sur la situation économique, politique et culturelle de l'Afrique du Sud est complète.
Zulu est un vrai grand polar, et pourtant j'ai du mal à le conseiller. Je n'ai pris aucun plaisir à le lire, je me suis même parfois ennuyée, tout en le trouvant absolument fascinant. Ce paradoxe est au moins la preuve qu'il ne laisse pas indifférent. Cette lecture m'a souvent dérangée tant je trouvais impudique la description des faiblesses psychologiques des trois personnages principaux. Peut-être est-ce aussi l'absence d'humour qui m'empêche d'adhérer à ce livre. En tout état de cause, âmes sensibles, passez votre chemin !

Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Cauchemar au pays des zoulous !
Je vous déconseille de prendre des vacances à Cape Town en Afrique du sud , sous un soleil cuisant , dans les quartiers boueux des Townships où prédominent la misère , la violence , le racisme , les viols , les drogues , les maladies , la corruption , les meurtres ... à moins d'être comme moi , attiré par la noirceur de ces pages , bien installé dans mon meublé , à l'abri de ... presque tout .
Cette histoire raconte une enquête menée par Ali Neuman , zoulou , chef de la crim. , à Cape Town , sur les massacres de filles blanches droguées , violées ... avec l'aide de deux autres flics afrikaners ( Epkeen et Fletcher ).
Je ne vous dis rien de plus , pour vous préserver de votre lecture cauchemardesque !!!!
Attention , ce roman n'a rien à voir à ceux que vous pouvez voir sur votre écran TV , on est bien loin d'Hollywood , ainsi que de vos lectures nocturnes de romans policiers soi-disant noirs.
LECTEUR AVERTI ... vous allez lire un formidable polar aux allures de magies noires ou plutôt le plaisir de lire sous l'emprise de la douleur !
AIE !!!
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Noir, ultra-noir.
J'ai découvert Caryl Ferey avec Mapuche que j'avais beaucoup apprécié. le procédé consistant à développer une intrigue policière sur un fond historico-politique m'avait paru très intéressant (pour Mapuche, l'Argentine et la dictature des colonels).
Je suis plus mesurée à l'égard de Zulu :
Déjà parce que le procédé est strictement identique puisque l'auteur raconte une enquête suite au meurtre de deux jeunes filles blanches issues de la bonne société afrikaner et en profite pour nous rappeler les horreurs de l'apartheid et la violence qui sévit dans les townships en Afrique du Sud. Comme dans Mapuche, les personnages principaux sont tourmentés après avoir subi un passé particulièrement traumatisant. Enfin comme dans Mapuche, il y décrit des scènes ultra-violentes....trop cette fois pour moi.
Pas de découverte donc puisque le procédé ne change pas et des chapitres qui parfois m'ont gêné par la cruauté qui y est décrite.
Le polar se lit très bien certes mais cette ultra violence et ce portrait de l'Afrique du Sud sont trop outrés me semble-t-il.
J'ai lu des polars de Deon Meyer, natif de ce pays, il y a quelques années et je n'ai pas souvenir d'avoir ressenti un tel effet répulsif pour ce pays, certes réputé pour sa violence mais pas que....
Pour finir, le style de Monsieur Ferey manque parfois de finesse. Pas tout à fait convaincue donc
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Roman très dense et personnel qui nous éclaire sur la situation en Afrique du Sud.
Par l'histoire elle-même mais aussi par de nombreuses parenthèses explicatives, l'auteur nous montre que la réalité est très différente de l'image que les autorités essayent de faire passer à l'étranger à quelques mois de la Coupe du monde de football. L'esprit de l'apartheid n'a pas disparu, les luttes tribales sont toujours aussi violentes, la pauvreté est partout dans les
townships, et est récupérée par des multinationales qui envoient des gamins à la mort pour tester leurs médicaments-miracles.
Le roman est très noir, ce sont les méchants qui gagnent, les scènes violentes sont nombreuses et rendent la lecture parfois pénible. le « thriller » est bien bâti, mais le style de l'auteur, qui abuse de raccourcis, ne facilite pas la compréhension de l'énigme.
Un livre qu'on n'oublie pas !
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Caryl Férey a un nom qui fait rêver. Un nom que personne d'autre ne peut porter. Un nom que l'on n'oublie pas. Un nom qui fait voyager.

Parce que j'aime lire et parce que j'aime voyager, mes meilleurs ami-e-s ont joliment honoré mes 30 glorieuses années avec trente polars de pays différents. Trente romans écrits par des auteurs de trente nationalités différentes. Ça en fait des pages à dévorer et des pays à visiter.
Il m'en reste dix !

Le voyage, la découverte d'un pays, d'une culture, de ses habitants, de leurs coutumes. C'est aussi ça la littérature.
Habituellement, à travers leurs livres, les écrivains nous font découvrir leur village, leur ville, leur pays. Il est quand même assez rare d'aller se frotter à la difficulté de raconter un coin du monde que l'on ne connaît pas.
Alors quand c'est un français qui tente l'aventure, qui fait ses valises, qui parcourt le monde à la recherche d'une histoire qu'il pourrait nous conter comme si on y était, on s'immerge avec lui, presque sans hésiter.

Cape Town, Afrique du Sud. Ville noire, ville blanche.

Le chef de la police criminelle, Ali Neuman, est un survivant de la guerre qui a opposé l'Inkhata à l'ANC pendant l'Apartheid. Lui seul sait ce qu'il a enduré, même sa mère, seule rescapée de la famille n'imagine pas.
Meurtri, Ali tente de faire son boulot de flic noir dans une ville où les gamins, esseulés, malades et affamés errent par milliers au milieu des Townships, quartiers misérables qui bordent les plages où le sable est aussi blanc que les touristes, qui, en mal de sensation forte viennent plonger au milieu des requins.
Mais lorsqu'une jeune fille blanche est retrouvée massacrée au milieu d'un bosquet d'acacias, Ali Neuman et ses adjoints basculent dans une sombre affaire qui pourrait bien être trop large pour leurs épaules. Alors que la magie noire flirte avec la drogue et le sida. Bercée par un peu de politique et beaucoup de racisme, Cape Town est à deux doigts de perdre son image de vitrine d'Afrique du Sud. Les policiers sont des Zoulous ou des Afrikaners comme les autres, logés à la même enseigne. Comme les autres sud africains, ils n'en sortiront pas indemnes.

"Le Président Mandela avait mis fin aux massacres mais le monde, au fond, n'avait fait que se déplacer : l'apartheid aujourd'hui n'était plus politique mais social".

Zulu fait mal dès la première phrase : "Tu as peur, petit homme ?"

Écrit dans un style franc et rocailleux, très imagé, parfois trop, Caryl Férey nous dresse un portrait de l'Afrique du Sud qu'on ne connaît pas et qu'on préfèrera ne pas envisager. Il nous transporte dans un univers chaotique et impitoyable où la loi du plus fort est plus forte que la loi.
Je dois avouer que je suis en proie à une grande agitation. Zulu m'a fasciné, comme un très bon documentaire, il m'a ouvert les yeux sur la violence qui dicte ce pays dont le premier président noir fut un symbole de paix. Étrange paradoxe. Un pays ravagé par des décennies de mauvaises intentions qui ont engendrées une détresse sociale que rien ne parvient à endiguer.
Mais, Zulu est malheureusement à la limite de l'exposé, parfois trop technique, quelquefois proche du Lonely Planet, il laisse difficilement la place à l'imagination, Caryl Férey nous livre tout. Cash !

Zulu n'est pas un polar comme les autres, la couverture le qualifie même de thriller. Un thriller ancré dans une réalité qu'on peine à croire, où, contrairement aux autres romans du même genre, rien n'a été inventé.
Lien : http://postface.fr
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bon polar mêlant meurtre drogue et manipulation sur fond d'apartheid
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