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Ils étaient deux, Miguel et Ramon, des jumeaux inséparables. Miguel, dit Medianoche, le taiseux, le raisonnable et Ramon, Mediodia, le joyeux, le turbulent. Mais la guerre est passée par là et des jumeaux, seul reste Medianoche. Il a survécu à la guerre, à la prison, aux camps de travail, au mariage et au veuvage. Depuis cinq ans que la Pura, son épouse revêche, a été enterré, Medianoche partage son temps entre les fleurs de son jardin et ses promenades sans fin en compagnie de Ramon, son chien, son ami, son frère. Il est enfin libre de vivre à sa guise et c'est bien de la terreur pure qu'il ressent quand sa soeur Nuria lui annonce par lettre que, désormais veuve elle aussi, elle vient s'installer chez lui pour s'occuper de son foyer. Alors Medianoche prend la fuite. Avec son chien, il grimpe dans un car et part vers son village natal, ce petit pays d'Estemadure qu'il a quitté à l'âge de 17 ans et n'a pas revu depuis soixante ans. le village n'existe plus, noyé par un barrage, mais dans la tête et le coeur de Medianoche, les souvenirs sont intacts : son jumeau fusillé, son arrestation, ses dix années d'enfermement, son ami Andrès, son premier amour, sa rencontre avec Pura, son fils disparu, toute une vie marquée par l'infamie d'être un Rouge dans l'Espagne franquiste.

Retour sur la Guerre d'Espagne à travers les souvenirs d'un vieil homme qui n'a rien oublié de la violence des phalangistes, de la terreur, des humiliations, des exécutions sommaires et du silence de plomb qui a suivi la défaite. de sa jeunesse fauchée par la barbarie, il a gardé la conviction d'avoir été du bon côté. Et même s'il a fallu vivre dans la honte des vaincus, même s'il a fallu se taire et supporter l'arrogance du régime, la déformation des faits historiques et la misère, Medianoche est resté l'homme libre qu'il était déjà à 17 ans. Il a conservé précieusement le souvenir de son jumeau, mort d'avoir profané une église, celui aussi d'Andrès, son compagnon d'infortune dans les camps, celui de Rosario à qui il a renoncé parce qu'elle était institutrice et fille de notaire et lui presque analphabète. Si la République avait survécu, peut-être...Tous égaux, hommes comme femmes, tous instruits, fils de berger ou de médecin, alors, oui, peut-être...Mais l'esprit de liberté et d'égalité a été balayé par Franco et ses troupes sanguinaires. Au cri de ''Viva la muerte'', ils ont exterminé ceux qui résistaient, ceux qui voulaient redistribuer les terres, chasser les curés, vivre libres.
Un beau roman sur l'amour, l'amitié et bien sûr sur la guerre civile qui déchira le peuple espagnol de 1936 à 1939 et les années de plomb qui suivirent. Franco resta au pouvoir jusqu'en 1975, année de la réconciliation nationale qui plongea encore une fois les vaincus dans l'oubli et le déni de leurs souffrances.
Le roman souffre peut-être d'un côté un peu trop didactique pour être un coup de coeur. Carine Fernandez s'est bien renseignée sur la guerre d'Espagne et elle étale un peu ses connaissances, mais l'ensemble reste émouvant.
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***,*

Miguel, appelé Médianoche, fuit sa maison et sa soeur par peur de perdre sa liberté. Depuis le décès de sa femme, il profite du jour, de son jardin, des plaisirs simples et de son chien, Ramon. Tous deux sont plus qu'une bête et son maître, ils sont deux amis, deux êtres malmenés par la vie et qui se suffisent à eux mêmes.
Alors qu'il revient vers son village natal, les souvenirs affluent. Médianoche se rappelle le village enfoui sous les eaux, son jumeau fusillé et la prison. La guerre civile espagnole fait encore rage dans sa tête et les humiliations et les mauvais traitements font partie de son histoire...

"Mille an après la guerre" est un roman d'une grande intensité, d'une grande sensibilité et écrit avec talent. Je connais assez peu cette période et j'ai découvert avec la simplicité du personnage, les actes terribles menés en Espagne.
Cet homme nous touche par sa solitude, sa honte et son manque de confiance en lui. Il nous émeut et on ne peut que saluer son courage au milieu de ce monde dur et cruel. Médianoche fait partie de ses personnages qu'on ne peut oublier facilement...

Un grand merci à NetGalley et aux éditions des Escales pour le partage de ce beau roman.
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Un vieil homme revient sur ses terres d'enfance, après les avoir ignorées pendant des décennies. Tant d'années ont passé, il ne reconnaît plus rien. Durant ce voyage qui s'apparente à un pèlerinage, les souvenirs reviennent, une vie qui bascule à 17 ans, emprisonné comme républicain dans les turbulences de la guerre civile espagnole.
Un vieil homme qui porte en lui la culpabilité du survivant.

Une belle histoire, triste et douloureuse, qui évoque bien la volatilité des choses et des lieux, quand les traumatismes des hommes ne disparaissent jamais. Tant de douleurs physiques ou morales, et d'espoirs perdus en route, dans les temps du fascisme.

Les époques s'entrelacent et se lisent avec une belle fluidité. Un roman qui s'ajoute à tous ceux qui témoignent de la guerre civile, qui raconte les exactions, les vies brisées ou disparues, mettant en lumière le courage, l'amitié et l'entraide dans l'élan solidaire vers une juste cause. La guerre ne fait pas des héros, juste des hommes qui résistent et se battent pour survivre ou simplement pouvoir être en accord avec eux même.

L'écriture est vraiment très visuelle. Dans le voyage de Medianoche, on voit l'Espagne, on la hume, on s'en rassasie les yeux. Apparaissent dans ces personnages l'identité espagnole, l'esprit de loyauté et de générosité, âpre et vindicatif. Le style de Carine Fernandez arrive à mêler la rudesse du propos et une certaine forme de vitalité potache (la visite au musée du Prado est savoureuse).

Un très beau personnage, qui voyage dans sa tête et dans son coeur, en quête de sérénité.

Remerciements à Netgalley et aux éditions Les Escales
Rentrée littéraire 2017
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Miguel et Ramon ou Medianoche et Mediodía ,deux frères , des jumeaux. Seul Medianoche , l'aîné , est encore en vie. Bien vieux, veuf depuis quelques années, avec pour seul compagnon son chien. Il passe ses journées à arpenter les chemins en compagnie de Ramon le chien. Quand il apprend que sa soeur Nuria , veuve elle aussi, veut venir s'installer chez lui , il s'affole , prend quelques affaires et le car… Les heures défilent et les souvenirs aussi…
Tous sont là bien présents même si la chape de plomb de silence imposée par la dictature de Franco existe bel et bien. Un voyage qui le ramènera à ses origines .
Un roman certes poignant, certes douloureux mais illuminé par l'écriture de Carine Fernandez . Plume à la fois conteuse et charmeuse ; les mots s'égrènent , les phrases s'enchainent , le mot est juste , précis et fait mouche . le temps passe mais la plaie s'est elle refermée? Ce long voyage harassant va t'il permettre à Miguel de poursuivre sa route ?
Un livre au parler vrai, une période douloureuse de l'histoire de l'Espagne , des générations marquées pour toujours, les langues se délient espérons que la plaie finira par cicatriser.
Un immense merci aux éditions Les escales via NetGalley pour ce moment passé avec Medianoche .
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Un vieil homme retourne sur les lieux de son enfance, près de son village englouti par les eaux après la construction d'un barrage. Il se remémore sa jeunesse profondément marquée par la guerre d'Espagne, durant laquelle il a perdu son double, son frère jumeau surnommé Mediodia, lui-même étant Medianoche. Ce demi-jour lui manque ainsi que tous les autres disparus qu'il a connu et aimé. Il reporte son affection sur son chien, un brave cabot mais...
Il s'agit là d'un roman poignant sur l'amitié, l'amour contrarié par la différence de classe sociale, malgré les idées progressistes, sur les méfaits de la guerre et du manque de liberté.
On y retrouve l'atmosphère de l'Espagne franquiste puis de ce pays actuel, que le vieillard ne peut plus comprendre, où il est maintenant comme un étranger, ressassant toutes les souffrances qu'il a subies.
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Un vieil homme arpente avec son chien les rues de son village, bourg posé à l'écart de la voie rapide Madrid-Séville. Depuis la mort de sa femme, il ne s'écarte pas de ses petites habitudes, jusqu'au jour où il reçoit une lettre de sa soeur. Devenue veuve, elle lui annonce qu'elle vient s'installer chez lui. Medianoche, dont le surnom signifie minuit, réunit alors quelques affaires et se rend à la gare routière, où il prend l'autocar pour son village natal. Il n'y était pas retourné depuis la guerre civile, et la mort de son frère jumeau, Mediodia, ce qui veut dire midi.

Si on ne fait pas l'erreur de s'attendre à un road-movie fantaisiste, on ne peut, à mon avis, qu'apprécier cette plongée dans l'histoire intime d'un homme, liée à celle de son pays. Medianoche va enfin, après soixante ans, se confronter à ce qui s'est passé aux premiers jours de la guerre d'Espagne, lorsque, tout jeune, il s'est trouvé aux côtés des Républicains, et qu'il a perdu une moitié de lui-même. Accompagné de son chien Ramon, il prend pension dans le village qui remplace en quelque sorte son village natal, englouti par les eaux d'un barrage, et il laisse enfin affluer ses souvenirs.
Je me suis laissé emporter par la très belle écriture de Carine Fernandez, que je découvrais grâce à une rencontre début septembre sur « La rentrée des auteurs en Auvergne-Rhône-Alpes ». le style est lyrique, mais sans trop en faire, avec de belles images et une grande sensibilité, je l'ai vraiment beaucoup apprécié, et ai été touchée par ce vieil homme qui, depuis soixante ans, pense avoir raté sa vie, et essaye de ne plus penser aux moments douloureux de son passé. Tout va ressurgir, confronté aux paysages de son enfance. Ce texte permet de se rendre compte une fois de plus à quel point les Espagnols ont occulté leur guerre civile, qu'on ne nommait même pas dans les familles, parlant de « ça ». La résistance au franquisme est évoquée également, et c'est très intéressant. Un très beau moment de lecture !
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Un vieil homme solitaire, avec son chien pour tout compagnon, s'enfuit en car vers son village natal après que sa soeur lui a annoncé sa visite.
Au fur et à mesure de son voyage et de son errance, les souvenirs lui reviennent... son enfance et sa jeunesse dans un village pauvre d'Extremature, la guerre civile, les camps de prisonniers...
Le seul bien qui reste à ce vieil homme, c'est la liberté, et il n'est pas prêt à la perdre.
Le récit émouvant et sans pathos d'une vie extrêmement dure, confrontée à la guerre et à la misère.
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Dès sa parution j'ai été attirée par ce roman et son sujet très sombre et souvent mal connu de cette période tourmentée car passée sous silence. Lors de ma dernière année de Master, j'ai rédigé un dossier sur l'Espagne face à son passé franquiste et comment avait été traitée la mémoire des vaincus au moment de sa transition démocratique dans les années 70. A travers ce roman, Carine Fernandez a su parfaitement écrire, transmettre au lecteur les conséquences de cette omission sur les républicains, les anarchistes, les communistes, les délations afin de s'approprier les richesses d'autrui.

Mille ans après la guerre est un de ces romans dont on ne ressort pas indemne avec une écriture simple mais juste où les descriptions des violences vécues dans les camps ne tombent pas dans l'horreur mais sont écrites avec une grande sensibilité évitant de s'enfermer dans le sordide. Carine Fernandez est capable à travers les sensations, les bruits, les odeurs de nous immerger dans le roman. 

Le pèlerinage de Médianoche à Fuente del Fresno oblige le vieil homme à se remémorer cette guerre fratricide, le gout de cette liberté acquise au prix de la mort de nombre de ses proches notamment son jumeau Médiodia dont l'ombre continue de le suivre. C'est un roman sur la recherche de la rédemption d'un vieil homme qui a survécu quand son frère jumeau est tombé sous les rafales des phalangistes, d'avoir survécu aux camps sans avoir tenté de s'enfuir, lui l'homme de la terre presque analphabète quand tant d'hommes instruits sont morts autour de lui. 
Les souvenirs de Médianoche nous permettent de croiser toute une galerie de personnages attendrissants, croyants infiniment en leurs convictions de liberté et d'égalité de l'homme et de la femme, de la République, du partage, ayant foi en l'avenir que la victoire de Franco va leur arracher. 
Ce roman est une ode à l'importance de la liberté enfin conquise par cet homme emprisonné dans sa vie d'abord dans les camps puis dans un mariage malheureux, dans sa tête remplie de souvenirs qu'il cherche à oublier et qui peut enfin la gouter et la vivre pleinement.

La fin conclut parfaitement le roman et nous permet de comprendre l'attachement aussi intense entre Médianoche et Ramón et s'inscrit dans la continuité du roman.


Merci à Carine Fernandez d'avoir réussi à écrire un tel roman sur un sujet dont on parle  aussi peu et à demi-mot. C'est un récit plein de justesse, de réalisme mais aussi d'humanité envers les faiblesses de ces personnages. C'est un roman difficile à lâcher malgré les moments difficiles. 

Enfin, je remercie Babelio et Les escales qui m'ont permis de découvrir ce merveilleux roman dans le cadre de Masse critique. 


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Si vous connaissez Carine Fernandez, vous savez qu'elle a plutôt écrit des oeuvres autour du Proche-Orient (La servante abyssine, La Comédie du Caire...). Avec Mille ans après la guerre, l'auteur nous amène dans un pays bien plus proche : l'Espagne où les personnes âgées sont encore marquées par la guerre civile (1936-1939) qui a mis Franco au pouvoir. A travers Miguel, victime de la grande Histoire, naviguant entre l'Espagne d'hier et celle d'aujourd'hui, le lecteur passe de la misère à la fête, de la misère à la vie foisonnante. Malgré tout, des blessures intimes subsistent encore et c'est avec une incroyable maîtrise que la talentueuse Carine Fernandez nous en fait part. Il faut aussi avouer qu'il est rare et souvent déstabilisant de trouver un récit avec un style indirect libre. Ici, ça ne dérange pas, tant ça reste terriblement fluide.

Mille ans après la Guerre tout en justesse, en beauté et en poésie fait partie de ces romans de la Rentrée Littéraire à ne surtout pas louper. Pour une fois, en France, on met en avant une autre résistance que la résistance française.

Lien : https://lireparelora.wordpre..
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un récit très bien renseigné, prenant et d'une belle écriture. le sujet difficile de la guerre d'Espagne, encore traumatisant dans les mémoires, est abordé à travers le personnage d'un vieil homme. Sous son air revêche et renfermé, le lecteur découvre au fil des pages son histoire et celle du déchirement des années franquistes.
A la mort de sa femme, Miguel, surnommé Médianoche, désormais libéré des affres du mariage pense pouvoir couler les jours qui lui restent comme il l'entend en compagnie de son fidèle compagnon, son chien Ramon. Mais une missive de Nuria, sa soeur, annonçant sa venue prochaine pour vivre à ses côtés et l'aider au quotidien, lui fait déserter son domicile. Cette fuite soudaine cache en réalité un passé tumultueux fait de souffrances et de résiliations. Mais tout au long de son voyage, qui le mène à son village natal, les souvenirs du passé refont surface. Sa mémoire saturée par les ravages de la répression, des héros révolutionnaires qu'il a côtoyés, de son double Médiodia et des amours avortés est précipitée dans un présent qu'il appréhende avec difficulté.
Par le truchement de son passé, c'est un régime totalitaire qui est décrit sans concession, le déchirement des familles, l'exode des villages. La violence, le désespoir et l'impuissance, la délation, les camps et les exécutions sommaires rappellent l histoire tragique d'un pays qui aujourd'hui encore tente de laver des années de souffrances face à l'intolérance et la violation des libertés élémentaires. Loin de l'image actuelle de l'Espagne, et pourtant si proche, le traumatisme est encore présent. le départ inopiné de Medianoche lui permet enfin de faire diligence et de réhabilité son vie brisée. Un roman vrai.
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