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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un vieil homme revient sur ses terres d'enfance, après les avoir ignorées pendant des décennies. Tant d'années ont passé, il ne reconnaît plus rien. Durant ce voyage qui s'apparente à un pèlerinage, les souvenirs reviennent, une vie qui bascule à 17 ans, emprisonné comme républicain dans les turbulences de la guerre civile espagnole.
Un vieil homme qui porte en lui la culpabilité du survivant.

Une belle histoire, triste et douloureuse, qui évoque bien la volatilité des choses et des lieux, quand les traumatismes des hommes ne disparaissent jamais. Tant de douleurs physiques ou morales, et d'espoirs perdus en route, dans les temps du fascisme.

Les époques s'entrelacent et se lisent avec une belle fluidité. Un roman qui s'ajoute à tous ceux qui témoignent de la guerre civile, qui raconte les exactions, les vies brisées ou disparues, mettant en lumière le courage, l'amitié et l'entraide dans l'élan solidaire vers une juste cause. La guerre ne fait pas des héros, juste des hommes qui résistent et se battent pour survivre ou simplement pouvoir être en accord avec eux même.

L'écriture est vraiment très visuelle. Dans le voyage de Medianoche, on voit l'Espagne, on la hume, on s'en rassasie les yeux. Apparaissent dans ces personnages l'identité espagnole, l'esprit de loyauté et de générosité, âpre et vindicatif. Le style de Carine Fernandez arrive à mêler la rudesse du propos et une certaine forme de vitalité potache (la visite au musée du Prado est savoureuse).

Un très beau personnage, qui voyage dans sa tête et dans son coeur, en quête de sérénité.

Remerciements à Netgalley et aux éditions Les Escales
Rentrée littéraire 2017
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Miguel et Ramon ou Medianoche et Mediodía ,deux frères , des jumeaux. Seul Medianoche , l'aîné , est encore en vie. Bien vieux, veuf depuis quelques années, avec pour seul compagnon son chien. Il passe ses journées à arpenter les chemins en compagnie de Ramon le chien. Quand il apprend que sa soeur Nuria , veuve elle aussi, veut venir s'installer chez lui , il s'affole , prend quelques affaires et le car… Les heures défilent et les souvenirs aussi…
Tous sont là bien présents même si la chape de plomb de silence imposée par la dictature de Franco existe bel et bien. Un voyage qui le ramènera à ses origines .
Un roman certes poignant, certes douloureux mais illuminé par l'écriture de Carine Fernandez . Plume à la fois conteuse et charmeuse ; les mots s'égrènent , les phrases s'enchainent , le mot est juste , précis et fait mouche . le temps passe mais la plaie s'est elle refermée? Ce long voyage harassant va t'il permettre à Miguel de poursuivre sa route ?
Un livre au parler vrai, une période douloureuse de l'histoire de l'Espagne , des générations marquées pour toujours, les langues se délient espérons que la plaie finira par cicatriser.
Un immense merci aux éditions Les escales via NetGalley pour ce moment passé avec Medianoche .
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Un vieil homme retourne sur les lieux de son enfance, près de son village englouti par les eaux après la construction d'un barrage. Il se remémore sa jeunesse profondément marquée par la guerre d'Espagne, durant laquelle il a perdu son double, son frère jumeau surnommé Mediodia, lui-même étant Medianoche. Ce demi-jour lui manque ainsi que tous les autres disparus qu'il a connu et aimé. Il reporte son affection sur son chien, un brave cabot mais...
Il s'agit là d'un roman poignant sur l'amitié, l'amour contrarié par la différence de classe sociale, malgré les idées progressistes, sur les méfaits de la guerre et du manque de liberté.
On y retrouve l'atmosphère de l'Espagne franquiste puis de ce pays actuel, que le vieillard ne peut plus comprendre, où il est maintenant comme un étranger, ressassant toutes les souffrances qu'il a subies.
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Un vieil homme arpente avec son chien les rues de son village, bourg posé à l'écart de la voie rapide Madrid-Séville. Depuis la mort de sa femme, il ne s'écarte pas de ses petites habitudes, jusqu'au jour où il reçoit une lettre de sa soeur. Devenue veuve, elle lui annonce qu'elle vient s'installer chez lui. Medianoche, dont le surnom signifie minuit, réunit alors quelques affaires et se rend à la gare routière, où il prend l'autocar pour son village natal. Il n'y était pas retourné depuis la guerre civile, et la mort de son frère jumeau, Mediodia, ce qui veut dire midi.

Si on ne fait pas l'erreur de s'attendre à un road-movie fantaisiste, on ne peut, à mon avis, qu'apprécier cette plongée dans l'histoire intime d'un homme, liée à celle de son pays. Medianoche va enfin, après soixante ans, se confronter à ce qui s'est passé aux premiers jours de la guerre d'Espagne, lorsque, tout jeune, il s'est trouvé aux côtés des Républicains, et qu'il a perdu une moitié de lui-même. Accompagné de son chien Ramon, il prend pension dans le village qui remplace en quelque sorte son village natal, englouti par les eaux d'un barrage, et il laisse enfin affluer ses souvenirs.
Je me suis laissé emporter par la très belle écriture de Carine Fernandez, que je découvrais grâce à une rencontre début septembre sur « La rentrée des auteurs en Auvergne-Rhône-Alpes ». le style est lyrique, mais sans trop en faire, avec de belles images et une grande sensibilité, je l'ai vraiment beaucoup apprécié, et ai été touchée par ce vieil homme qui, depuis soixante ans, pense avoir raté sa vie, et essaye de ne plus penser aux moments douloureux de son passé. Tout va ressurgir, confronté aux paysages de son enfance. Ce texte permet de se rendre compte une fois de plus à quel point les Espagnols ont occulté leur guerre civile, qu'on ne nommait même pas dans les familles, parlant de « ça ». La résistance au franquisme est évoquée également, et c'est très intéressant. Un très beau moment de lecture !
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Dès sa parution j'ai été attirée par ce roman et son sujet très sombre et souvent mal connu de cette période tourmentée car passée sous silence. Lors de ma dernière année de Master, j'ai rédigé un dossier sur l'Espagne face à son passé franquiste et comment avait été traitée la mémoire des vaincus au moment de sa transition démocratique dans les années 70. A travers ce roman, Carine Fernandez a su parfaitement écrire, transmettre au lecteur les conséquences de cette omission sur les républicains, les anarchistes, les communistes, les délations afin de s'approprier les richesses d'autrui.

Mille ans après la guerre est un de ces romans dont on ne ressort pas indemne avec une écriture simple mais juste où les descriptions des violences vécues dans les camps ne tombent pas dans l'horreur mais sont écrites avec une grande sensibilité évitant de s'enfermer dans le sordide. Carine Fernandez est capable à travers les sensations, les bruits, les odeurs de nous immerger dans le roman. 

Le pèlerinage de Médianoche à Fuente del Fresno oblige le vieil homme à se remémorer cette guerre fratricide, le gout de cette liberté acquise au prix de la mort de nombre de ses proches notamment son jumeau Médiodia dont l'ombre continue de le suivre. C'est un roman sur la recherche de la rédemption d'un vieil homme qui a survécu quand son frère jumeau est tombé sous les rafales des phalangistes, d'avoir survécu aux camps sans avoir tenté de s'enfuir, lui l'homme de la terre presque analphabète quand tant d'hommes instruits sont morts autour de lui. 
Les souvenirs de Médianoche nous permettent de croiser toute une galerie de personnages attendrissants, croyants infiniment en leurs convictions de liberté et d'égalité de l'homme et de la femme, de la République, du partage, ayant foi en l'avenir que la victoire de Franco va leur arracher. 
Ce roman est une ode à l'importance de la liberté enfin conquise par cet homme emprisonné dans sa vie d'abord dans les camps puis dans un mariage malheureux, dans sa tête remplie de souvenirs qu'il cherche à oublier et qui peut enfin la gouter et la vivre pleinement.

La fin conclut parfaitement le roman et nous permet de comprendre l'attachement aussi intense entre Médianoche et Ramón et s'inscrit dans la continuité du roman.


Merci à Carine Fernandez d'avoir réussi à écrire un tel roman sur un sujet dont on parle  aussi peu et à demi-mot. C'est un récit plein de justesse, de réalisme mais aussi d'humanité envers les faiblesses de ces personnages. C'est un roman difficile à lâcher malgré les moments difficiles. 

Enfin, je remercie Babelio et Les escales qui m'ont permis de découvrir ce merveilleux roman dans le cadre de Masse critique. 


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Si vous connaissez Carine Fernandez, vous savez qu'elle a plutôt écrit des oeuvres autour du Proche-Orient (La servante abyssine, La Comédie du Caire...). Avec Mille ans après la guerre, l'auteur nous amène dans un pays bien plus proche : l'Espagne où les personnes âgées sont encore marquées par la guerre civile (1936-1939) qui a mis Franco au pouvoir. A travers Miguel, victime de la grande Histoire, naviguant entre l'Espagne d'hier et celle d'aujourd'hui, le lecteur passe de la misère à la fête, de la misère à la vie foisonnante. Malgré tout, des blessures intimes subsistent encore et c'est avec une incroyable maîtrise que la talentueuse Carine Fernandez nous en fait part. Il faut aussi avouer qu'il est rare et souvent déstabilisant de trouver un récit avec un style indirect libre. Ici, ça ne dérange pas, tant ça reste terriblement fluide.

Mille ans après la Guerre tout en justesse, en beauté et en poésie fait partie de ces romans de la Rentrée Littéraire à ne surtout pas louper. Pour une fois, en France, on met en avant une autre résistance que la résistance française.

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un récit très bien renseigné, prenant et d'une belle écriture. le sujet difficile de la guerre d'Espagne, encore traumatisant dans les mémoires, est abordé à travers le personnage d'un vieil homme. Sous son air revêche et renfermé, le lecteur découvre au fil des pages son histoire et celle du déchirement des années franquistes.
A la mort de sa femme, Miguel, surnommé Médianoche, désormais libéré des affres du mariage pense pouvoir couler les jours qui lui restent comme il l'entend en compagnie de son fidèle compagnon, son chien Ramon. Mais une missive de Nuria, sa soeur, annonçant sa venue prochaine pour vivre à ses côtés et l'aider au quotidien, lui fait déserter son domicile. Cette fuite soudaine cache en réalité un passé tumultueux fait de souffrances et de résiliations. Mais tout au long de son voyage, qui le mène à son village natal, les souvenirs du passé refont surface. Sa mémoire saturée par les ravages de la répression, des héros révolutionnaires qu'il a côtoyés, de son double Médiodia et des amours avortés est précipitée dans un présent qu'il appréhende avec difficulté.
Par le truchement de son passé, c'est un régime totalitaire qui est décrit sans concession, le déchirement des familles, l'exode des villages. La violence, le désespoir et l'impuissance, la délation, les camps et les exécutions sommaires rappellent l histoire tragique d'un pays qui aujourd'hui encore tente de laver des années de souffrances face à l'intolérance et la violation des libertés élémentaires. Loin de l'image actuelle de l'Espagne, et pourtant si proche, le traumatisme est encore présent. le départ inopiné de Medianoche lui permet enfin de faire diligence et de réhabilité son vie brisée. Un roman vrai.
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Carine Fernandez s'est attaquée à un énorme morceau de l'histoire de l'Espagne, et avec quel panache ! L'intrigue peut sembler assez simple au début, avec ce vieil homme rentrant dans son village natal. Cependant, son lourd passé resurgit rapidement, étroitement lié à celui de son frère jumeau. La guerre d'Espagne envahit alors les pages, entre un camp de travail abominable, une fuite et un désir de liberté. Parce que les horreurs de la guerre, les crimes et la torture n'ont pas commencé avec Hitler.
La figure du frère concentre les noeuds de l'intrigue, avec l'absence de Mediodía, mais aussi parce qu'il s'agit d'une guerre fratricide. L'héritage de cette période pèse sur énormément de familles, les survivants sont évidemment encore de ce monde. Pourtant, ce thème est peu abordé, et jamais avec autant de détails. L'auteure restitue l'histoire, dans ce qu'elle a eu de vrai et de cruel, mais elle contrecarre l'atmosphère sombre avec des personnages emplis d'humanité.
Medianoche est ce genre de personnages qui vous fait fondre. Bourru, solitaire, mais terriblement attachant, il dégage une fragilité de grand-père qui vous donne envie de le prendre par la main. Ramón semble être uniquement un appui pour Medianoche, mais il prend une grande importance dans le récit. Andres et Rosario sont les deux autres personnages qui ont façonné Medianoche, que ce soit par leurs conseils ou leur présence. Et Mediodía, l'absent, emplit l'espace par son souvenir vivace.
La force de ce roman est d'être construit comme un tout. Les éléments se complètent, Carine Fernandez ne fait rien de gratuit. Elle délivre une conclusion qui se révèle comme une évidence, bien qu'elle soit difficile à soupçonner, et elle nous amène sur ce chemin en nous guidant. le texte est ciselé et permet de saisir avec précision l'évolution de Medianoche.
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Longtemps on ne saura pas qui il est, c'est seulement le vieux, un vieillard au drôle de sourire, toujours accompagné de son chien Ramón durant leurs longues promenades au bord du Tage, dans la région de Tolède. Ensuite ils rentrent à Aldeanueva, la cité ouvrière où Miguel habite depuis longtemps.

le vieux au chien, les voisins se contentaient de le saluer d'un signe de tête en le voyant passer, avec son visage satisfait où s'était figé, depuis des années, un sourire indélébile, creusé au même titre que les rides. L'ouvrage du temps ou de quelque éboulement interne de la personne. Un faux sourire qui n'avait rien d'affable, rien d'une marque d'amitié ou de simple humanité. le même sourire que son chien. (p. 12)

Le vieil homme est veuf depuis cinq ans et coule depuis des jours heureux avec son chien. Mais voilà que sa soeur annonce par lettre qu'elle va s'installer chez lui ! Alors le vieux fuit la dictature féminine qui voudrait renaître. C'est un long voyage en car qu'il entreprend avec Ramón, un retour sur les lieux de sa jeunesse où il n'est pas revenu depuis la guerre civile, en Estrémadure. Mais rien n'est pareil. le village a été reconstruit en hauteur, l'ancien englouti sous les eaux d'un barrage.
Lien : http://nicole-giroud.fr/mill..
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