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EAN : 9782742743544
170 pages
Actes Sud (23/05/2003)
3.67/5   27 notes
Résumé :
L'Abyssinie de la misère et de la guerre, Zinesh l'a quittée il y a longtemps pour devenir servante en Arabie Saoudite. L'apprentissage des obligations domestiques, des secrets des arrière-cours et des rues populaires, Zinesh l'a fait sous la férule des enfants tyrans, des maris libidineux et des maîtresses acariâtres, en parcourant une ville aux cadres sociaux sévèrement hiérarchisés. Pour la chrétienne émigrée, plongée durant des années dans le pays gardien des li... >Voir plus
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Après 15 ans de mariage, un mari, Zaccaria parti au combat, sur le front de libération et une petite fille Kouri, cinq ans qui se meurt sur le chemin de l'exil, Zinesh, l'érythréenne chrétienne quitte courageusement son pays meurtri. Non vendue comme combien d'autres, elle part de son plein gré pour l'Arabie-Saoudite.

Ainsi sa vie de servante commence au palais de la princesse Kalthoum, oh une princesse de "moindre rang" mais qui vit seule et est d'un caractère impossible, une hystérique. Elle parvient à s'en libérer et travaille par la suite pour différentes personnes jusqu'à ce qu'elle soit au service d'un homme occidental, Italien, qui vit seul. Très vite elle découvre son mal-être, elle s'attache à lui, à sa souffrance qu'il noie dans l'alcool. Elle va avec ruse, le faire parler pour enfin comprendre d'où vient une telle souffrance. C'est alors qu'il lui confie son histoire avec la jeune Hind, rencontrée dix ans plus tôt trop vite passée dans sa vie. Il souhaite la retrouver mais dans ce pays il ne peut arriver à ses fins. Zinesh, elle ne l'entend pas de la même façon, elle fait la promesse de la retrouver.

C'est une très belle histoire, sensible, écrite d'une plume de maître. L'auteur nous embarque dans cette tragédie avec talent sous lequel nous ne pouvons succomber. j'ai vraiment préféré ce roman au premier que j'ai lu de Carine Fernandez qui était Mille ans après la guerre. Merci à elle pour cette histoire romancée très inspirée.
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Derrière l'histoire de Zinesh, une africaine qui a traversé la mer rouge pour se vendre comme domestique à Djedda , l'auteur parle de la condition de la main-d'oeuvre étrangère qui occupe un tiers des emplois en Arabie Saoudite.
Ces expatriés, qu'ils soient hommes ou femmes, asiatiques ou africains pour ceux qui ont les boulots les plus pénibles ou occidentaux pour ceux qui occupent les emplois qualifiés grassement rémunérés, tous sont considèrés comme des esclaves par les riches saoudiens. Ces travailleurs immigrés doivent absolument se soumettre à la loi islamique et adopter un mode de vie qui leur est étranger sous peine de sévères représailles. Derrière ce tableau, se cache la critique à peine voilée d'une société traditionnelle et conservatrice dont la vie quotidienne est régie par la stricte observance de la Charia mais qui ne manque pas d'astuce pour contourner les règles.
Ce monde, Carine Fernandez le connaît bien pour avoir a vécu au Liban, en Egypte et douze ans en Arabie Saoudite. A 16 ans elle s'est enfuie avec un étudiant saoudien et a vécu vingt ans d'exil, avant de revenir en France.
En empruntant la voix de Zinesh, une femme du peuple pleine de bon sens qui ne mâche pas ces mots, l'auteur donne à ce récit un ton très vivant et amusant pour nous parler d'un sujet qui ne l'est pas particulièrement .
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Dans ce court roman, la voix singulière de Carine Fernandez nous raconte le destin de Zinesh, Erythréenne chrétienne qui traverse la Mer Rouge pour se mettre au service d'une des nombreuses princesses saoudiennes. Par petites touches, dans une très belle langue, l'autrice nous révèle son lourd passé et la cruauté de sa condition, les humiliations et abus vécus par ce peuple de la domesticité dans les palais saoudiens. Au fil des ans, Zinesh réussit progressivement à améliorer son sort en changeant d'employeur à plusieurs reprises. En fin de parcours, elle aboutit chez un ¨roumi¨, un Italien en peine d'amour, qui la traitera mieux que tous ses employeurs précédents et dont elle se fera la complice dans une aventure dont je ne vous en dit pas plus ! Ce roman nous offre un dépaysement complet par son lieu, l'Arabie Saoudite, et par son double angle d'approche : le voile se soulève sur la portion féminine de cet univers fermé, auquel on accède par la porte de derrière, celle des domestiques…
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Zinesh a fui l'Ethiopie, sa misère et ses guerres à répétition. Elle devient une servante domestique, une maid pour utiliser la dénomination que nous connaissons tous. Elle est d'abord envoyée chez une princesse lunatique, une véritable despote derrière les hauts murs de son palais qu'elle a transformé en prison pour tous ceux qui la fréquentent. « C'était une hystérique de l'espèce princière, la plus dévastatrice de toutes. Heureusement on n'entendait pas ses hurlements avant une heure de l'après-midi, heure a laquelle elle se réveillait la bouche pleine de haine » Zinesh est ensuite placée chez un couple de riches bourgeois dont elle finit par connaître les inavouables secrets, tant et si bien qu'elle sera chassée. Après ces années de souffrance et d'humiliations, son nouveau maitre italien, il signor Luca, aurait presque fait figure de bon samaritain. le vieil expatrié trompe sa mélancolie dans l'alcool et les cigarettes. «Cet homme était triste et aussi éteint que la cendre froide au fond des cendriers que la servante vidait sans relâche. Non elle n'aurait pas dit éteint. Quelque chose couvait tout au fond de ses yeux gris, un point orange, une incandescence… » Car l'ancien mécanicien d'Alitalia avait connu l'amour foudroyant d'une jeune saoudienne et ne s'en était jamais remis. Les nuits blanches succèdent aux beuveries matinales. L'entreprise d'autodestruction fonctionne à merveille jusqu'au jour où la servante abyssine, à qui son maître s'est enfin confié, décide de l'aider à retrouver son ancienne amante. Elle devient détective, tisse un réseau d'informatrices, interroge les commerçants, erre dans les rues de Djeddah pour y chasser le fantôme de cette idylle évanouie. Sa quête l'obsède « Zinesh devait reconnaître qu'une partie d'elle-même, pleine de feu, était alors à la recherche de cette femme comme si sa vie entière en eût dépendu ». Elle s'infiltre chez les femmes de la ville, elle participe à leurs festivités et, miracle, elle retrouve la jeune saoudienne. Les amants sont enfin réunis. Zinesh est la témoin silencieuse de leurs fougueuses retrouvailles, jusqu'au bout de leur cruel destin qu'on ne dévoilera pas entre ces lignes.
Chacun d'entre nous connaît une Zinesh, une Erythréenne, une Philippine, une Sri-Lankaise, des femmes qui ont à peu près tout subi dans le seul but de subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. Carine Fernandez, dont c'était le premier roman, ne juge pas. Elle ne souhaite pas faire de Zinesh un objet de compassion mais elle nous tend le miroir de sa servitude et nous interroge dans notre quotidien en posant cette simple question : « et vous, que savez-vous de leur histoire ? »
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je voudrais revenir sur un roman publié chez Actes Sud en 2003, le premier roman d'une jeune femme, Carine Fernandez, un roman époustouflant de maîtrise, un roman qui se dévore d'une traite : pas de gras ou de maladresse dans ce texte de 180 pages, pas de romantisme de bazar, pas de sociologie prétentieuse ; rien que la description d'une vie de servante noire arrivée dans les années soixante-dix en Arabie Saoudite ; rien que l'obsessionnel ennui et la vacuité des femmes saoudiennes ; rien que les multiples façons de survivre dans ce pays lorsqu'on est une inférieure, noire et chrétienne dans un état où les morts non-musulmans n'ont pas le droit d'être enterrés ; rien qu'un style somptueux mis au service d'une histoire magnifique.

Elle n'était pas venue de Djakarta ni de Kuala Lumpur comme les modernes esclaves. Non, juste traversé la Mer rouge après huit journées de marche pour rejoindre Asmara et attendre deux ans et six mois le train jusqu'au port de Massaoua. Deux ans, six mois, huit jours, pour voir enfin la mer et respirer la chaleur suffocante de la plaine côtière. Même air, même mer pour eux les peuples squelettiques de la Corne d'Afrique, que pour les veaux gras du Hedjaz.

Quatre pages et demie et tout est mis en place dans le premier chapitre : le chargement des esclaves volontaires, leur arrivée en masse en Arabie saoudite, et les éléments essentiels de la vie du personnage principal du roman.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle lui dit qu'elle détestait l'Arabie. Elle n'avait pas réalisé qu'elle appartenait à un pays qui avait aboli l'esclavage des Noirs en 1969, mais jamais celui de ses femmes, jusqu'à son retour d'Amérique à l'âge de seize ans. A l'étranger, elle avait vécu comme n'importe quelle lycéenne qui s'habillait court, jouait au tennis, partait en camp de vacances et fréquentaient les garçons…
Brutalement le monde se déroba. Elle eut la sensation qu'on l'enterrait toute vivante, là, avec ses jambes de seize ans habituées aux coups de pédales alertes à travers les pelouses de Washington et qui voulaient galoper, ses cheveux qui voulaient flotter dans l'eau salée de la mer Rouge. Dès le retour à Djeddah on la força à porter l'abbaya et même à se voiler le visage. Ses parents étaient des gens ouverts, conciliants, sa mère s'était vêtue à l'occidentale pendant des années en Amérique, mais l'Arabie, s'efforçaient-ils de lui faire comprendre, n'était plus ce qu'elle était. Tout était bien plus répressif que quand ils étaient partis, seulement cinq ans plus tôt. La révolution iranienne était passée par là et avait fait souffler un vent de puritanisme sur l'Islam. L'Arabie, gardienne des lieux saints, s'était sentie obligée de surenchérir. Encore une fois, les femmes avaient payé ! La liste des prohibitions avait désormais été fixée, codifiée. On savait maintenant ce qu'il était interdit de faire : à peu près tout. L'espace où les femmes avaient le droit de se mouvoir était désormais strictement délimité : zones réservées dans tous les lieux publics, guichets pour femmes, grilles et paravents. Il ne leur restait plus qu'à respirer leur propre haleine humide sous la couche de gaze noire par cinquante degrés à l'ombre.
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Tous dorment, sauf Zinesh, qui n'a jamais eu l'esprit si vibrant. Quel âge as-tu Zinesh ? Trente ans, pas plus, l'âge de ton arrivée au royaume des morts. C'est la nuit du souvenir. Tu te souviens de la princesse Kalthoum et des cuisines et des coups de fouet. Tu te souviens de l'homme ivre qui cherchait son amour. A lui tu avais donné quelque chose. Quoi ? Quoi ? Ah ! tu cherches éperdument. Quelque chose d'impossible à reprendre, quelque chose qui lui conféra tout pouvoir sur toi, comme le soleil aux tournesols.
Il faut qu'en une nuit tu cherches et te souviennes. Tu sors d'un sommeil de vingt ans. Comment dormir ? Quand tu sais que tu pars avec lui, il est là couché dans sa boîte de planches en dessous de l'allée, que voilà qu'il t'emmène dans son pays. Qu'il t'emmène, que tu l'emmènes, tu ne sais plus. Horacio ! Horacio ! Le rose écume à l'est, coupé d'un trait sanguinolent, le monde ouvre un œil, l'œil du serpent python, l'œil du hublot qui s'irradie le temps d'un virage. Un jour de plus s'est levé en Orient tandis que l'appareil pique droit sur Rome. Dans la nuit.
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...il avait eu ce chagrin sec qui semblait la force terrible de l'homme blanc. C'était une autre humanité. Arabes et africains pleuraient leurs morts et ne ravalaient pas, comme ceux-là, leurs gémissements dans la gorge. A pleurer à voix haute on trouve de la consolation et il y a de la douceur à écouter son propre chagrin.
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Cet homme était triste et aussi éteint que la cendre froide au fond des cendriers que la servante vidait sans relâche. Non elle n'aurait pas dit éteint. Quelque chose couvait tout au fond de ses yeux gris, un point orange, une incandescence…
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