L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue

C’est tellement ridicule, dit-elle, de faire suivre cette délicieuse hospitalité de neuf mois d’un effort frénétique pour virer son hôte de la manière la plus violente qui soit! Elle secouait la tête, indignée par l’incohérence du système. Un truc de fous, s’écria-t-elle en passant à l’italien, ton propre organisme se retourne contre toi, il t’agresse et devient ton pire ennemi, te procurant la douleur maximale.

C'est insuportable, disait-elle, l'informatique ça a l'air tellement propre, et pourtant ça salit ! C'est très sale et ça t'oblige à laisser des traces de toi partout, comme si tu te pissais et te chiais dessus à longueur de journée. Mais moi, je ne veux rien laisser de moi ! La touche que je préfére, c'est celle qui sert à effacer.

Les livres, on les écrit pour être entendu, pas pour se taire.

Elle fait mine d'être sympathique et affectueuse, mais ensuite elle te pousse légèrement, juste assez pour te déséquilibrer et t'égarer. Elle veut recommencer comme ça avec moi aussi et avec Nino. Elle était déjà parvenue à rendre évident un frémissement secret qu'en général j'essayais d'ignorer, comme on ignore le battement d'une paupière.

on n’écrit pas pour écrire, on écrit pour faire mal à ceux qui veulent faire mal. La douleur des mots contre celle des coups de poing et de pied, et contre les instruments de mort. Pas une grande douleur, mais une douleur quand même

Si l’enfer existe, il se trouve dans sa tête insatisfaite, et je ne voudrais même pas y entrer quelques secondes.  

Le désir et l'imagination circulent plus vite que le sang.

"Qu'est-ce que ça veut dire, que Nino est d'une intelligence sans traditions ?"
Elle me regarda ironique :
"Ca veut dire qu'il n'est personne. Et quand on n'est personne, devenir quelqu'un est plus important que tout. C'est pourquoi ce M. Sarratore n'est pas une personne fiable.

malgré mon dégoût pour cette violence que nous connaissions depuis la naissance, une certaine violence était tout de même nécessaire pour affronter le monde atroce dans lequel nous vivions

Tout change. Le désir et l’imagination circulent plus vite que le sang.