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Citations sur Le sermon sur la chute de Rome (216)

Il n'a pas peur. Il sait qu'elle est là, guettant pour lui la calme arrivée de la mort, et il se laisse aller contre son oreiller. Aurélie ne lâche pas sa main. La mort arrivera peut-être avant Matthieu et Claudie, à la ferveur de leur communion intime, et quand elle sera là, elle emportera, en même temps que Marcel, le monde qui ne vit plus qu'en lui. (...) Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin. Le déclenchement d'un obturateur dans la lumière d'été, la main fine d'une jeune femme fatiguée, posée sur celle de son grand-père, ou la voile carrée d'un navire qui entre dans le port d'Hippone, portant avec lui, depuis l'Italie, la nouvelle inconcevable que Rome est tombée.
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Il reconnaissait sa défaite et donnait son assentiment, un assentiment douloureux, total, désespéré, à la stupidité du monde.
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Six mois plus tard,sans qu'il se fut aperçu de quoi que ce soit, l'Empire n'existait plus.Est-ce ainsi que meurent les Empires, sans même qu'un frémissement se fasse entendre?
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C’est ainsi qu’au om d’un avenir aussi inconsistant que la brume, il se privait de présent, comme il arrive si souvent, il est vrai, avec les hommes
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Il tenait à elle comme à sa possibilité la plus lointaine. Parfois, quand ils buvaient un café ensemble, il imaginait qu’il levait la main pour lui caresser la joue, il pouvait presque voir cette main possible s’élever sans hâte dans l’air transparent et frôler une mèche des cheveux de Judith avant de se poser sur son visage dont il sentait la chaleur au creux de sa paume tandis qu’elle se laisser aller doucement, soudain si lourde et silencieuse, et il savait, si fort que son cœur réel se mit alors à battre, qu’il ne sauterait pas au-dessus de l’abîme qui le séparait de ce monde possible parce qu’en le rejoignant, il l’aurait aussi détruit. Ce monde-là ne perdurait qu’ainsi, à mi-chemin de l’existence et du néant, et Matthieu l’y maintenait soigneusement, dans un réseau complexe d’actes inaccomplis, de désir, de répulsion et de chair impalpable, sans savoir que, des années plus tard, la chute du monde qu’il allait bientôt choisir de faire exister le ramènerait vers Judith comme vers un foyer perdu, et qu’il se reprocherait alors de s’être si cruellement trompé de destin.
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Elle n’avait rien contre les patrons de bar, les sandwiches et les serveuses, et n’aurait pas porté de jugement sur les choix de Matthieu si elle les avait crus sincères et réfléchis mais elle ne pouvait supporter ni la comédie, ni le reniement, et Matthieu se comportait comme s’il lui fallait s’amputer de son passé, il parlait avec un accent forcé qui n’avait jamais été le sien, un accent d’autant plus ridicule qu’il lui arrivait de le perdre u détour d’une phrase avant de se raviser en rougissant et de reprendre le cours de sa grotesque dramaturgie identitaire d’où la moindre pensée, la plus petite manifestation de l’esprit étaient exclues comme des éléments dangereux. Et Libero lui-même, qu’Aurélie avait toujours considéré comme un garçon fin et intelligent, semblait résolu à suivre le même chemin…
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Son professeur d'éthique était un jeune normalien extraordinairement prolixe et sympathique qui traitait les textes avec une désinvolture brillante jusqu'à la nausée, assénant à ses étudiants des considérations définitives sur le mal absolu que n'aurait pas désavoiué un curé de campagne, même s'il les agrémentait d'un nombre considérable de références et citations qui ne parvenaient pas combler leur vide conceptuel ni à dissimuler leur absolue trivialité.
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Il n’a pas changé. Il croit toujours qu’il suffit de détourner le regard pour renvoyer au néant des pans entiers de sa propre vie. Il croit toujours que ce qu’on ne voit pas cesse d’exister.
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... Bernard Gratas n'avait pas encore entamé la métamorphose physique qui serait bientôt le symptôme d'un bouleversement intérieur plus considérable et irréversible. Il se tenait derrière le comptoir, sérieux et droit, un chiffon à la main, près de son épouse qui veillait sur la caisse, et semblait immunisé contre toute forme envisageable de bouleversement, ce que Libero résuma d'une seule formule concise :
- Il a vraiment l'air d'un gros con.
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La perspective de s'envoler pour Paris lui semblait maintenant redoutable. Matthieu se rendait parfaitement compte que sa peur était grotesque mais il était incapable de lutter contre elle. Il regardait Libero qui fixait son verre, les dents serrées, et il vit qu'ils partageait la même peur, ils n'étaient pas des dieux, mais seulement des démiurges, et c'était le monde qu'ils avaient créé qui les tenait maintenant sous l'autorité de son règne tyrannique, une voix insistante annonça que les passagers Libero Pintus et Matthieu Antonetti étaient attendus d'urgence, ils restèrent assis, et ce fut le dernier appel, et quand l'avion eut décollé, ils se levèrent en silence, prirent leurs sacs et regagnèrent le monde auquel ils appartenaient.
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